mercredi 20 juillet 2011

Lettre à Mamie.

   Il me faut aller jusqu'au bout, mais je t'ai gardée pour la fin, Mamie Louise, ma petite Mamie, maman de ma maman, parce qu'il faut toujours garder le meilleur pour la fin et que tu fus la meilleure, la plus gentille et la plus grande des mamies qu'aucun petit fils n'eut pu rêver. Tu étais un petit bout de femme, à l'instar d'une Edith Piaf, mais ta gentillesse était plus grande et puissante que sa voix et jamais je ne fus plus fier que le jour où ma fille a porté ton prénom, les lumières qui ont brillé dans tes yeux éclairent encore ma route.
   Je crains d'avoir du mal à trouver les mots pour te dire toute l'adoration que je te portais, Mamie, tu étais une grand mère d'exception, tu nous as donné de l'amour à la pelle et ta gentillesse a fait de toi le havre où nos coeurs meurtris pouvaient trouver le repos et la paix. Tu relativisais nos problèmes, les ramenant à leur vraie valeur, tu nous a appris que personne n'est totalement mauvais, mais que personne n'est totalement parfait et qu'il convient donc de toujours modérer nos jugements. Je te demande pardon d'avoir mis si longtemps à comprendre cela, mais je sais aussi que ta gentillesse vraie t'a permis de toujours pardonner, même l'impardonnable!
   Ainsi étais tu,Mamie, tu menais ta vie comme tu tenais la boucherie, toujours dans le compromis, jamais dans la soumission. Tu étais une maîtresse femme à une époque où les femmes se devaient d'être soumises et ton mari, Grand Père Jules, t'a aimée pour ça, j'en suis d'autant plus sur que j'ai, moi aussi, trouvé ma maîtresse femme et que c'est avec elle que je finirai mes jours, mais tu le sais déjà, n'est ce pas, Mamie?
   Tu es la seule à t'être opposée à la sévérité démesurée de notre père, ne nous laissant punir que lorsque nous le méritions vraiment, ce qui n'arrivait pas souvent, pourquoi ris tu ainsi Mamie? Il est vrai que nous n'étions pas très sages, mais tu nous laissais la liberté suffisante pour que nous puissions te respecter autant que les règles que tu tentais de nous imposer.
   Les vacances chez toi étaient des moments de relâche totale, nous partions en randonnée des journées entières convaincus de n'être pas surveillés alors que tout le monde à des kilomètres à la ronde savait que nous étions les petits enfants de Louise, nous étions plus surveillés que le pentagone, mais nous ne nous en doutions pas et c'est cela la vraie liberté, ce ne fut pas le moindre de tes cadeaux, mais il nous a appris la débrouillardise.
   Les repas étaient de véritables fêtes, tu nous servais des portions d'homme quand nous n'étions que des enfants et mon appétit parfois gargantuesque est un héritage que je tiens de toi, tu as fait de nous des gastronomes passionnés de nourritures terrestres. Ce n'est pas le moindre de tes héritages mais il nous a appris à respecter la nourriture, ta fille, ma chère maman ayant aussi développé ce don de "donner faim" à ses convives, il est étonnant que nous soyons si "maigres" (sauf Pierre-Yves, mais c'est normal, il est vieux!!!).
   Voilà, ma chère Mamie, ce que je voulais que tu saches, mais certainement le savais tu déjà tant tu as toujours su pénétrer nos coeurs et je te sais heureuse de me voir enfin heureux, parce que tu es ma Mamie et que tu seras toujours ma Mamie, même assise à la droite de Dieu, ce dont je ne doute pas.
         Ton petit fils qui t'aime, Alain.

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