vendredi 23 août 2019

Plier les genoux..

   Ce n'est pas que prier ou s'abaisser, c'est aussi faire preuve de souplesse, celle qui m'a manqué au moment le plus inopportun d'une parenthèse parentale jusque-là particulièrement sereine.
   J'ai vécu un temps fort, très inhabituel, une conversation avec mon père qui ne soit pas un dialogue de sourds, et qu'il va me falloir continuer de creuser en utilisant la bonne pelle, mais surtout en adoptant la posture idoine, au vu de la fragilité de mon épine dorsale. Pour que le bât ne blesse pas, il suffit de ne pas se comporter en âne bâté, ça paraît très simple à lire, encore faut-il bien l'écrire.
   Ce fut une semaine trop vite passée à retrouver un père que je croyais avoir perdu, quelques phrases plus tard, il n'était plus même égaré, pas plus que moi d'ailleurs. Nous avions la boussole mais nous avions omis de la regarder et là, tel un phare au milieu d'une nuit océane, apparaît cette lueur magnifique, puisque de vie.
   Qu'il et bon de croire à nouveau en un Père, ne fût-il pas même dieu mais que l'on puisse aimer comme tel.
   Tout ce temps pour se rendre compte, pour effacer toutes ces traces que l'on voulait croire indélébiles, pour enfin savoir ce qu'est le pardon vrai, celui que l'on accorde avec la même intensité qu'il est demandé.
   Cette sérénité absolue, si totale que rien n'a de valeur autre que celle que l'on veut bien lui accorder, permet d'accéder enfin à  la liberté. Là, par exemple, au moment si plein d'émotion de quitter mon Père, je suis resté à ma taille, à savoir que je n'ai pas plié les genoux pour être à sa hauteur, treize centimètres plus bas, mais ce n'est plus important puisque ce n'est que l'expression sincère de l'amour que je porte à mon Papa et réciproquement, n'est-ce pas?
 

mardi 6 août 2019

Ecarts de langage.

   En cette période estivale il est aisé de cultiver son rapport aux langues étrangères, il y en a de toutes les origines mais ils ne sont pas des étrangers, ils sont des touristes. Les premiers dialogues sont de sourds, ponctués de langage des signes, nous devenons déjà polyglottes, leurs dialectes diffèrent parfois beaucoup, mais les Européens restent les plus compréhensibles, à mes oreilles en tout cas. Autre point commun, dès que vous avez renseigné l'un d'entre eux de façon compréhensible, ils se précipitent, toutes origines européennes confondues, pensant que vous en comprenez tous les dialectes, surtout que la France a ses propres dialectes, aussi variés que les autres pays européens réunis!
   Nous finissons par nous entendre c'est l'essentiel, je peux progresser dans ma connaissance des autres formes de langage, particulièrement celles qui me sont étrangères, américaines...du sud, indiennes, africaines et arabes ou asiatiques. J'ai volontairement cité les ressortissants de l'Asie en dernier, ce sont les seuls dont je n'ai pu décrypter le moindre signe, surtout les Chinois, ils n'émettent que des cliquetis qui ressemblent à s'y méprendre aux bruits des appareils photos et ne vous regardent qu'à travers un objectif, me faisant douter de leur objectivité d'ailleurs, vraiment d'ailleurs!
   Mais le plus étrange des langages et l'un des plus complexes à maîtriser, puisque ses représentants  souventes fois se mésentendent, provoquant d'incompréhensibles incompréhensions frisant la mésentente. Car, figurez vous, ces "chez gens là" pour reprendre le titre de monsieur Brel, la définition des mots n'est point la notre et ce qui se règle par "hein?" dans certains endroits pouvant atteindre, dans le meilleur des cas, un "pardon?" devient une "guerre larvée" chez eux.
   Dans la ville de Saint-Malo, ils se sont parqués tous seuls dans la fausse vieille ville, l'endroit le plus inconfortable des lieux, qui pourrait inspirer les pseudo re-bâtisseurs de leur Dame de Paris. "On ne fait pas du neuf avec du vieux", disait-on dans un langage du passé, refaire ce qui a été fait n'est qu'une répétition pas très constructive, se tourner vers le passé est un signe de la peur de l'avenir, une bouée avant la montée des eaux!
   Revenons-en à nos moutons bêlants mais point rebelles, si ce n'est à la pauvreté visible et ils ont l'œil s'ils n'ont pas d'ouïe, ils repèrent les étrangers, pas les touristes entendons nous bien, mais ceux qui viennent d'au-delà des murs. Si un simple coup d'œil ne suffit pas, il reste ce fameux langage qui est sensé n'appartenir qu'à eux, alors que ce n'est qu'un français qui se rend étrange par le mauvais usage de ses vocables les plus riches, ce ne sont que des mots mal dits qui causent tant de maux
   Il est tant de mots pour ne simplement définir qu'un seul d'entre eux dans notre langage, ce français qui, par simple synonymie, peut magnifier la description d'une forme de vie ou d'inertie comme risquer d'en faire la pire, par un mauvais usage du verbe.
   Il est si important de pouvoir verbaliser à nouveau sans qu'il n'y ai la moindre incompréhension, mais la verbalisation, contrairement à ce qu'en disent les dictionnaires, n'est-elle pas la plus belle des façons d'exprimer notre langage, à l'instar des vocalises!












jeudi 1 août 2019

Esthétisme.

   Encore un mot dont le sens est dévoyé mais je ne suis pas en cause cette fois-ci, notre société et ses évolutions est seule en cause. Il n'est qu'à voir les efforts, le temps et l'argent dépensés à seule fin de sauver les apparences, car c'est bien de cela qu'il s'agit, sembler être ce que l'on ne saurait être sans artifices.
   Or donc, comme je me suis fait outrageusement draguer hier, j'ai décidé de m'amuser avec mon apparence physique qui, ce me semble, ne laisse pas certaines femmes indifférentes. J'ai donc revêtu mes plus beaux atours, soigné mon corps et je suis parti à la conquête des regards féminins. Ma naïveté reste grande malgré mon âge et dès les premières rencontres j'ai compris que ce n'est pas moi qui serait le plus regardé. 
   En effet, dès que je croisais un regard féminin, il se détournait avec un air gêné, me prouvant par là même que la dragueuse d'hier ne représentait qu'une minorité. En fait j'ai, à force d'attention, remarqué la raison des regards détournés, ce n'était que la gêne provoquée par mon attention soutenue. C'est alors qu'un détail m'a poussé à continuer mon petit jeu, à chaque fois que je posais mon regard sur une représentante de la gent féminine, celle-ci avait tendance à se recoiffer, regarder si les pans de la jupe sont bien en place, se redresser et marcher de façon un peu plus sensuelle. Le succès a très vite dépassé mes espérances, même mariées et accompagnées, le phénomène se reproduisait systématiquement. Une majorité de femme se  plaît à plaire et apprécie le regard d'un homme inconnu, pour peu qu'il soit celui de l'esthète, pour le regard pervers je ferais appel au goujat précédemment rencontré!
   Ce petit jeu m'a permis de faire un autre constat, j'étais en bordure de plage et le temps couvert et un peu frais n'incitait pas à jouer la saucisse sur le sable. Mais là encore, se faisant fi du climat, il y avait quelques cadavres épars allongés en maillot de bain, dans l'espoir de ramener des couleurs attestant qu'ils ont été en vacances. Ce n'est pas leur présence qui m'a le plus surpris, mais leur arrivée. En effet, les naïades, aux formes généreuses comprimées par des vêtements trop étroits dont elles débordaient allègrement, se transformaient, aussitôt dévêtues, en femmes aux formes beaucoup moins généreuses, pour ne pas dire absentes. Que dire des hommes qui les accompagnaient, souvent nantis de ces barbes ramasse-poussière à la mode en ce moment, qui une fois en maillot de bain laissent apparaître un torse totalement épilé! C'est donc ça le secret, ils passent tant de temps à s'épiler le torse qu'ils n'en ont plus pour le menton!
   Après cet étrange constat, je ne pus résister à l'envie de trouver, parmi les passants, ce qui se cachait réellement derrière les attributs vestimentaires. Une fois encore, mon attention fut détournée par les vêtements eux même tant leur variété est grande, tout autant que l'originalité de leurs formes. Jamais le mot unisexe n'aura été tant justifié, c'est uniforme, je ne saurais le dire autrement, les pantalons sont trop étroits pour les femmes tandis qu'ils sont trop grands pour les hommes. Beaucoup d'entre eux semblent apprécier d'être affublés en homme sandwich, affichant  en grand le nom de la marque en travers de leur dos ou sur le sac à main de madame. L'aspect du vêtement devenant secondaire, ils porteraient des slips en place de bonnets, pour peu que le logo adapté y soit imprimé.
   Bref, je suis rentré de ce périple en continuant d'observer les passants et les passantes surtout, mais n'y voyez aucune malice, lorsqu'une femme se promène en ville comme si elle était à la plage, pour peu qu'elle soit en plus jolie, il ne faut pas qu'elle joue les offusquées d'être regardée par tant d'hommes puisqu'ils ne sont, pour lors, que des adeptes de l'esthétisme!

Une dragonne.

   Je sais ce que peuvent penser les personnes qui connaissent le sens véritable du vocable à savoir, pour les moins férus de langage qui se seraient égarés, une lanière reliée à un objet et que l'on peut passer à son poignet.
   Effectivement, ce texte n'a pas de rapport avec le sens premier, je pensais naïvement que l'égalité entre les sexes avait permis d'admettre un féminin au dragon, mais non, elle n'est qu'une courroie! Tant pis, je veux lui garder ce sens imaginaire que je lui prête car cette après-midi, en déambulant sur une plage de Saint-Malo, errant de rochers en amas d'algues afin de réaliser quelques photos sortant un peu de l'ordinaire vue de la mer, j'ai fait une rencontre qui m'a laissé pantois.
   Le climat est quelque peu capricieux ces jours-ci et une averse virulente m'a obligé à rejoindre une zone abritée, très vite rejoint par plusieurs personnes qui s'étaient allongées sur le sable, afin de bronzer sans doute même si cela paraît douteux! Une femme s'est alors approchée de moi et a engagé la conversation sans ambages, n'ayant pu s'empêcher de me remarquer, selon ses propres propos, elle apprécierait de jeter un œil sur mes clichés. Surpris, mais surtout flatté, je reste un homme, j'acceptais sans détours, ce n'est que lorsqu'elle s'est littéralement collée à moi, afin de mieux regarder, que j'ai commencé à avoir des doutes sur ses intentions véritables.
   En effet, elle s'est vite désintéressée de l'écran pour mieux me complimenter sur mon apparence, bien plus agréable à regarder que mes photos, pourtant très réussie, selon elle. Elle s'est immédiatement présentée et m'a proposé un rendez-vous galant dans la même phrase, provoquant mon visible ahurissement. Je tentais de parer la demande en expliquant que mon cœur était définitivement acquis à une autre femme et que je ne saurais avoir une autre relation. Mais elle n'y attacha aucune importance et me répondit avec un grand sourire qu'il n'était question que de, je cite, "s'envoyer en l'air pendant toute la nuit"!
   Heureusement qu'elle n'a pas parlé de baiser, après le texte précédent ma réaction eut été plus vive, je ne lui ai donc opposé qu'un aimable refus,  laissant au passage un ou deux célibataires pantois!
   Si elle n'a pas insisté, son attitude m'a inspiré le titre de ce texte, je me suis fait draguer comme jamais je n'aurais osé le faire avec une femme, par une femme. Un homme aussi cavalier est surnommé un macho, mais si je nomme leur équivalent féminin machette, il risque d'y avoir confusion, surtout que le sentiment de castration est bien réel, je reste donc convaincu que dragonne leur convient mieux.