samedi 29 septembre 2018

L'automne m'étonne.

   Profitant de l'air estival de ces premières journées d'automne, je m'accordais une escapade végétale, en cette saison il est de nombreux fruits dont nous gratifie la nature. Ma première surprise fut l'abondance des fructifications, quels que soient les arbres, ils en étaient couverts alors je faisais bombance de noisettes, faines, châtaignes et même des noix, mais ce ne fut pas ma plus grande surprise. Dans un parc vivent quelques Oliviers qui sont couverts d'olives, pas prêtes à mûrir je vous le concède, mais elles sont nombreuses et de belle forme...si notre été indien se prolongeait jusqu'en octobre, qui sait!?
   Justement, s'il est quelqu'un qui sait, ce sont les plus vieux arbres, je m'approchais des plus majestueux et collais mon oreille à leurs troncs afin de mieux communiquer. Au premier, je dis :"Ô mon Hêtre, parles et j'écouterais!", à quoi il me fut répondu : "crrrc, crrc!", je cherche encore le sens secret du message!
   Je me tournais alors vers d'autres arbres afin de voir s'ils étaient plus diserts :"parles-moi afin que je ne me fasses pas de mauvais sang, Chêne." ; "....." , pas même de réponse! Ce Chêne me prendrait-il pour un gland? A propos de glander, je cherchais un Bouleau qui est parfois plus facile d'accès que ces vieux caractériels de plus de deux cents ans. Mais celui que je rencontrais se prenait pour un Saule et passait son temps à pleurer!
   Puis le hasard mit un Noyer sur mon chemin, mais lui se prenait pour un dindon et glougloutait à qui mieux-mieux, heureusement que j'ai pu sauver quelques fruits de la noyade! Là, je dus admettre que la folie semble s'être emparée de la nature.
   En effet, si les arbres se mettent à raconter n'importe quoi, cependant que leurs feuillages refusent même de jaunir, tandis que des arbustes dont les floraisons devraient être terminées parent les sous-bois de leurs couleurs qui ne semblent pas vouloir se faner. Cette promenade d'automne ressemble à s'y méprendre à une ballade de fin de printemps, les insectes eux-même semblent participer de cette folie par des ballets déchaînés.
   Voilà, je préférais rentrer au plus vite, fuyant cette déraison de la nature je m'installais sur une solide branche de Catalpa, mais il a refusé de justifier son nom et j'ai dû rentrer à pied en grignotant un bout de Pin!

dimanche 23 septembre 2018

Réfutation.

   Mot voisin du déni d'existence qui n'est qu'à une lettre, pourtant, d'une existence plus que reconnue, il est dans l'air du temps. La réfutation est dans l'air du temps mais à un tel point qu'elle se refuse à simplement être nommée.
   Nous sommes pourtant entrés dans l'ère de la prolepse, où l'on efface de potentielles contradictions avant même qu'elles ne se fassent jour, faisant ainsi passer les contradicteurs pour des gens vains, voire nuisibles!
   Le plus surprenant est que le titre me semblait inspiré par mon propre déni de mes problèmes de santé. Je pensais qu'il suffisait de faire comme si j'allais bien pour que j'aille bien, jusque là le stratagème fonctionnait parfaitement, du moins le croyais-je! En fait, les douleurs n'étaient que superficielles sur un corps qui avait encore la capacité de masquer la réalité des dégâts, mais cela ne dure qu'un temps!
   Il est un moment où le corps ne veut plus se soumettre à la simple volonté d'un cerveau qui est lui-même en phase de doute, heureusement que je suis un optimiste! Je sais, grâce à lui, que je vais m'adapter à cette situation nouvelle mais c'est la brutalité avec laquelle elle s'est imposée qui me trouble, pour ne pas dire plus.
   C'est en voulant observer la façon qu'ont les autres d'affronter cette épineuse transition que j'ai fait un surprenant constat. Je ne suis pas le seul à avoir des difficultés avec la réfutation, il semblerait même qu'elle soit devenue essentielle à nos dirigeants et autres responsables, particulièrement au sujet de l'écologie!
   Toutes les solutions présentées comme écologiques sont tuées dans l'oeuf uniquement par les tenants d'une continuité des profits financiers, juste cela! Par exemple, les éoliennes et les panneaux solaires généreront tant de déchets indestructibles que nous en serons submergés et, de toute façon, ils ne produiront jamais assez d'électricité pour que nous puissions continuer à ce rythme. On se donne déjà bien assez de mal à dissimuler la réalité des déchets nucléaires!
   Le discours est convenu, nul ne l'ignore, mais je ne puis m'empêcher de faire un rapprochement avec ma situation, nous risquons de nous éveiller un matin pour constater que plus rien ne sera pareil, quoi que l'on fasse il sera trop tard, il faudra nous adapter!
   Peut-être devrions-nous commencer par cesser de réfuter son véritable rôle à notre Terre, celui de mère de tous les peuples. Ainsi pourrions-nous cesser de nous abriter derrière un hypothétique dieu rédempteur de nos erreurs, n'omettons plus que notre seul vrai héritage, ce sont nos enfants et que c'est leur lieu de vie que nous détériorons!
 
 

lundi 17 septembre 2018

Une Mère.

   Drôle de challenge que je veux m'imposer ce soir, tenter de décrypter ou, au moins, de comprendre cette transformation que subissent beaucoup de femmes dès qu'elles ont enfanté.
   Tous les pères pourraient en témoigner, il est un moment où nous n'avons plus qu'une valeur d'apparence aux yeux de nos dulcinées, encore faut-il être très investi dans son rôle de père. Même ainsi, nous sommes souvent perçus comme encombrants, surtout les premiers mois, c'est lorsque les enfants grandissent et s'enhardissent que les pères retrouvent une certaine utilité, donc valeur, aux yeux de la mère de leurs enfants.
   Le problème qui se pose entre une mère et un père est, parfois, aggravé car il y a déjà deux femmes entre eux, qu'ils le veuillent ou non. Elles sont les Mamans de chacun des protagonistes et sont, surtout pour la femme, Le modèle à suivre. Pour l'homme, c'est moins évident, il essaie souvent de se démarquer de son éducation, mais "chassez le naturel, il revient au galop"!
   En fait, nous n'arrivons pas à nous défaire de l'amour aveugle que nous portons tous à nos mères respectives. Elles sont les seules femmes que l'on ne peut cesser d'aimer, avec nos filles évidemment mais ce n'est pas la même façon de l'exprimer.
   Je traverse l'une de ces périodes troubles de la vie où il est bon d'être rassuré sur les sentiments de nos proches. Il est rassérénant de penser qu'il existe quelque part au moins une personne qui s'inquiète vraiment, je pensais naïvement que c'était l'une des attributions de la mère, aimer aveuglément ses enfants, tous ses enfants.
   Seulement si j'ai vanté la froideur de l'amour des mamans bretonnes, c'est que je ne pensais pas qu'elle pouvait atteindre à une telle distance. Là, je prends définitivement conscience que si je veux conserver un semblant de relation avec ma maman, il me faudra le faire dans une forme de soumission à l'ordre établi, jusqu'à l'acceptation d'un géniteur qui refuse d'être mon père.
   Je ne peux pas ne plus aimer ma mère, tout le monde sait ça, mais je veux, par ces quelques lignes, créer une distance suffisante pour apprendre à "égarer ma mère", afin que je puisse continuer cette route de façon plus sereine.
   Et, puisque je ne puis plus être un digne fils, je tenterai de ne pas être un père indigne, ainsi rétablirais-je une forme d'équilibre qui me permettra de définitivement me retrouver, faute de retrouver une vraie maman!

dimanche 16 septembre 2018

Conversation avec des morts.

   Cela fait un bon moment que je me rends dans un petit cimetière de Saint-Servan, il est si discret que peu de personnes le fréquentent, ce qui en fait un havre de paix plus qu'appréciable, presque intimiste!
   Il se trouve qu'au milieu de ce cimetière ont été plantés six ifs qui ont maintenant plus de deux siècles d'implantation et ils ont été disposés en cercle au centre du lieu. Or, je me suis rendu compte qu'en me tenant au centre du cercle (sans doute d'inspiration Celte, soit dit en passant!), je pouvais entendre les voix des défunts!
   Mais les messages n'étaient pas très clairs, la réception n'était pas parfaite parce que le centre exact du cercle était déjà occupé. C'est encore cet olibrius qui gâche déjà mes anniversaires, ce Jésus-christ, qui prend toute la place, si encore il servait d'antenne avec ses bras en croix mais non, pas de communication!
   Bref, malgré ces interférences, j'ai pu en entendre certains mais ce n'était pas toujours très audible, ainsi le premier d'entre eux a dit exactement :"mmm''mmmm", par contre, je suis absolument certain que le son venait du centre du cercle. J'aurais autant apprécié qu'ils soient dans leurs tombes, j'aurais pu lire leur nom!
   Surtout que, pensant que je le entendais, ils furent plusieurs à venir me solliciter, j'ai le sentiment qu'il y avait plus de femmes ou qu'elles parlaient plus fort, en tout cas j'ai bien entendu le nom de deux d'entre-elles, Marie Fouché et Célina Geffroy. Si je peux orthographier leurs noms correctement, c'est que j'ai retrouvé leurs tombes, Marie est partie en 1898 et Célina l'avait précédée en 1871, ça fait longtemps qu'elles sont là!
   A ma question angoissée sur la vie après la mort :"restons nous dans le même endroit pour l'éternité?", elles me dirent qu'elles ne voyaient pas de raisons d'envoyer leurs âmes ailleurs que dans ce jardinet tranquille.
   J'allais alors voir le plus âgé des pensionnaires du lieu, Louis ne vit plus là depuis 1854, il en a vu passer des enterrements et ça arrive encore! C'est toujours le même scénario de gens éplorés, sauf lorsque le défunt est un peu glorieux, alors il y a quelques fioritures à la cérémonie!
   Ce qui fut le cas lors de l'enterrement d'une gloire locale, l'amiral Bouvet, en 1860, il y avait même des hommes politiques de l'époque! Ce ne fut que lorsqu'un de ces discours retraça sa carrière militaire que nous prîmes conscience que l'amiral avait servi sous tous les régimes politiques de la France.
   Il a entamé sa carrière sous la royauté, a continué sous les ordres de la république avant de passer sous régime impérial et retour aux sources royalistes avec la Restauration! Lorsque je lui exprimais mon admiration pour sa carrière exemplaire et riche, il émit un petit rire en disant que nous étions sous un régime qui regroupait les quatre qu'il avait connus.
   Un président de la république qui est plus royaliste que le roi et qui pense avoir l'empire sur tout son peuple! Au moins, à son époque, établissait-on des différences!
   Voilà, j'ai laissé les morts à leurs réflexions, repartant convaincu que la voix des arbres, finalement, n'est que celle de nos ancêtres, qui qu'ils soient!

mardi 4 septembre 2018

J'aimerais rentrer.

   Drôle de rentrée que celle de cette année, même si une certaine distance nous séparait, je vivais celles de mon fils malgré tout. C'est la première année où je n'ai plus d'élève, le dernier des trois a cessé les cours et, comme ses soeurs, enchaîné par un travail rapidement obtenu.
   Mais il aura fallu cette journée pour que j'en prenne totalement conscience, de voir tous ces parents préoccupés m'a réjoui, pour une fois qu'il est bon de vieillir je ne vais pas me refuser ce plaisir! Alors je me suis fait le témoin privilégié de ces scènes délirantes générées par les rentrées de primaire, déprimaires devrais-je dire tant certaines mines sont déconfites, mais ce sont rarement celles des enfants.
   En fait, je n'arrive pas à cerner les raisons de ces mines attristées, j'ai le sentiment que certains parents ont l'impression d'abandonner leurs enfants chéris. Comme s'ils rejoignaient un monde plein de dangers où les autres élèves n'attendent que leur départ pour agresser leurs bébés d'amour.
   Alors que ces mêmes enfants n'attendent que le départ de leurs enquiquineurs de parents pour laisser éclater leur joie de retrouver leurs amis! La cour de récréation  devient un haut-lieu de débats passionnés dès les derniers parents partis et il n'est que l'appel pour ramener un semblant d'ordre, l'enfance ne change pas, toute en sincérité et joie de vivre.
   Les quelques enfants qui jouaient au ballon en fin d'après-midi, attendant leurs retardataires de parents, avaient le regard encore brillant de l'excitation de cette si importante journée. En leur restituant leur ballon qui avait fugué je me suis rendu compte qu'ils étaient heureux, tout simplement heureux, d'avoir repris l'école.
   Cela m'a paru moins évident le lendemain, en passant devant les collèges, il y a moins de parents et ils n'osent qu'à peine sortir de leurs voitures, larguant leurs adolescents plus qu'ils ne les déposent. S'ils attendent, ce n'est que pour vérifier que leur rebelle entre bien dans l'établissement, mais il va tergiverser. Maintenant qu'il va devoir couper son téléphone pendant la journée il faut qu'il envoie le plus de "bouteilles à la mer" possible avant que d'être coupé du monde "réel"!
   Il y a aussi quelques fumeurs, voire vapoteurs, à treize-quatorze ans mais je ne porterais pas de jugement, ça appartient à chacun. Quelques groupes expriment leur joie de se retrouver, à cet âge là aussi les amitiés scolaires sont importantes. Finalement, la rentrée dans l'établissement se fit dans le même brouhaha que la veille dans les écoles primaires, il est des habitudes qui ne sauraient changer!
   Voilà, j'ai tant décroché de la rentrée que j'en suis à ne plus même rentrer chez moi, peut-être est-ce une manière de ne plus rater mes entrées!

dimanche 2 septembre 2018

Tous autistes.

   Hier, dans mon élan paternaliste du moment, j'ai proposé à une amie de m'occuper de son petit-fils, Timéo, qui est autiste. Il a essentiellement des problèmes de sociabilisation et, parfois, des réactions de violence dues surtout à l'incompréhension des autres.
   Les "autres", j'avais omis, dans mon immense naïveté, que c'était nous deux qui étions autres, il m'aura fallu le regard des autres pour en prendre conscience. Alors, une fois n'est pas coutume, j'ai laissé croire que Timéo était mon fils, il a accepté l'idée :"parce que avec toi, j'apprends des choses!", ce n'est pas plus difficile de se faire adopter, dommage de ne l'apprendre qu'avec l'âge!
   Les nuages, but premier de notre promenade, ayant décidé de nous faire faux bond, nous nous sommes rabattus sur les arbres et leurs fructifications aussi diverses que les nuages...et laissant autant de place à deux imaginations originales.
   Mon joyeux compagnon fut d'autant plus enthousiaste que le premier fruit était celui qui nous ressemble le plus, celui du Chêne, le gland!  Après avoir bien ri de la comparaison, Timéo me fit une remarque propre à tous les passionnés de plantes, la différence de taille entre la graine et l'arbre, surtout que nous avions affaire à un pluri-centenaire fort accueillant puisque nous étions juchés dans sa majestueuse ramure.
   Cependant, les regards majoritairement hostiles des passants nous poussèrent à continuer notre quête au sol. Bien nous en pris, les contacts se firent un peu plus nombreux et mon asocial compagnon me surprit en étalant fièrement ses connaissances fraîchement acquises, qu'il avait parfaitement assimilées!
   Cela nous autorisa à rejoindre une aire de jeux d'escalade qui faisait briller les yeux de Timéo qui a d'abord refusé de se mêler aux "autres". Une fois le rapport de confiance établi, les enfants informés des différences, tout s'est bien passé...pour eux.
   De mon côté, j'étais absolument seul, ce sont les parents de ces mêmes enfants qui m'ont regardé comme "autre", et c'est Timéo l'asocial, bande d'autistes! Comme s'il était sensible à ma situation, mon jeune ami ne s'attarda pas sur les jeux, prétextant préférer les arbres et leurs histoires racontées par leurs stigmates.
   C'est l'avantage de l'enfance, accentuée peut-être par les différences de Timéo, qui se contente déjà de la découverte du mot avant même que l'arbre ne nous ait livré sa fantastique histoire. Dans le même temps, tandis que je lui présentais les arbres de ma connaissance, Timéo faisait une récolte de leurs graines afin de les semer.
   Voilà, l'après-midi s'est achevée par un retour joyeux chez sa grand-mère, nanti d'un magnifique bouquet champêtre de sa composition, mon nouvel ami était aussi éreinté qu'heureux et son magnifique sourire vaut tous les mercis.
   Même si, du coup, je me demande pourquoi le courant passe si bien avec les personnes différentes!