samedi 26 mars 2022

Plus dure est la chute.

       Voilà, je fais un retour en ce lieu de confidences qui me permettent d'évoluer dans la vie, avec plus de sérénité, surtout lorsqu'elle se décide à punir une langue trop mal tenue. Je pensais avoir réussi à vaincre le démon des paroles déplacées, mais ce n'était que façade, il aura suffi d'une simple parole, d'un simple mot pour que je sois à nouveau condamné à l'errance solitaire. J'ai heurté des sensibilités par l'incongruité de mon discours, la punition est irrémédiablement appliquée, sans jugement ou alors de pure forme, le bien public exige ma sortie, voire ma disparition, de la vie publique.

   Le mal est fait et j'en suis responsable, mais je ne peux m'empêcher de penser que la sanction est par trop sévère, jugé comme un homme déplacé, effrayant une part de la gent féminine jusqu'au traumatisme semble-t-il, par de simples mots, ces fameux mots de trop qui causent tant de maux, je me suis fait traiter de pervers même si mes juges eux-même n'ont jamais prononcé le mot. Ce sont des personnes qui ont l'art de dire sans nommer et elles pensent que cela suffit à ne point heurter les sensibilités, surtout en interdisant toute possibilité de défense. Je pensais avoir appris à m'exprimer mieux, mais ce n'est pas encore suffisant, il me faudrait devenir hypocrite, c'est la marche de trop, celle que je ne peux pas franchir sans me désavouer totalement. 

   Alors, en bon lecteur de ma vie, je vais continuer de tourner les pages de mon livre et espérer que le texte  prouvera que je suis vivant, que j'arrive une fois encore à franchir l'écueil sur lequel j'ai échoué, lamentablement échoué. Je voulais juste me faire une place au soleil, pas en pleine lumière juste un peu de soleil, des amitiés, quelques relations, rien de plus mais ce n'est plus possible sans devoir louvoyer entre des contraintes insurmontables pour ma franchise et mon honnêteté verbale. Je m'étais cru arrivé quelque part où enfin je pourrais m'exprimer autant qu'aider, en ayant maîtrisé cette bouillante nature qui en a tant effrayé, peine perdue, fin de la belle histoire.

   Il me faut m'en remettre si je veux me donner encore une chance de vivre en société, seulement je m'étais cru sur un piédestal alors plus dure est la chute et plus profondes sont les cicatrices, peut-être est-il temps pour moi de partir vers ce partout mais ailleurs qui tant m'attire.

vendredi 2 juillet 2021

Une boutefeu de bon aloi ?

    

   Il aura suffi d'une amitié bafouée, par une femme en qui j'avais une grande confiance, à deux reprises, et peut-être aussi au bon moment je l'avoue, mais c'est mon interlocutrice qui par ses actes a mis le feu aux poudres. Je suis parti de chez elle dans cette nouvelle colère qui m'habite encore parfois, plus pondérée certes mais toujours aussi expressive.

   Je n'eus alors d'autre choix que de laisser mes pieds guider mes pas, il me faut les suivre car ils ont décidé de décider, tout comme mes doigts ont décidé d'écrire cette histoire, je n'ai donc pas la maîtrise des mots qui vont suivre. quant à cette masse gélatineuse qui se croit au-dessus de tout, quand elle est si souvent au-dessous de tout. Quelques pas ont suffi pour que mon regard et ses heureux hasards qui ont guidé mes choix dans la bonne direction.

   Ce furent d'abord deux oiseaux qui se chamaillaient de façon quelque peu virulente au point d'attirer mes pieds tout autant que de capter mon attention. A première vue cela ne saurait surprendre un simple regard, mais l'histoire n'est pas si simple car, si cette bagarre concerne deux membres d'une même famille mais point de la même espèce. Une Mésange nonette, au ventre aussi blanc que gonflé de colère se prenait le bec avec un Moineau qui compensait par la violence de ses attaques sa petite taille. 

   Mes pieds effarés par tant de haine se prirent alors à mon cou et je dus les suivre en courant et ahanant, un peu pantois, ils se laissèrent errer sans plus y réfléchir afin de mieux laisser les poumons s'oxygéner ardemment. Recouvrant la vue et mes esprits je me vis contraint de suivre mon regard à nouveau, car il avait aperçu deux papillons qui voletaient  de concert,  semblant de la même espèce mais en pleine querelle. Cependant, à mieux y regarder, ce n'était point par dualité mais pour former un duo qui se préparait à devenir couple, rejoints par de nombreux autres membres de leur famille qui voulaient aussi agrandir leur famille pour mieux la grandir.

   Je détournais pudiquement les yeux entrainant mon regard à se porter ailleurs sans y porter  d'attention, ayant été distraits par mon inattention mes pieds se perdirent dans le dédale des directions, mon regard s'égarant à leur suite me donnait alors un aperçu réaliste de ma situation. J'en perdis l'équilibre au point de causer la chute de cette histoire qui d'une balade colérique a fait une ballade homérique, me rendant plus philosophe sur l'amitié et ses fondements.

mercredi 30 juin 2021

Un homme bien sans biens.

    Ayant repris des activités comme bénévole depuis quelques mois, dans les jardins partagés, je renais de mes cendres. Cela fait plus de trois années que je me suis éteint, pensant que je n'avais plus d'espoir de redevenir actif, mais il aura suffit d'une étincelle pour remettre le feu aux poudres. Je repars pour de nouvelles aventures, elles seront simplement plus calmes...encore que. 

   N'ayant plus la capacité de me servir de mon corps comme un outil, il me faut développer de nouvelles qualités. Mon cerveau prend enfin les commandes, mes actes sont plus réfléchis, voire mesurés. Ma réactivité instinctive s'en trouve améliorée et si je ne suis plus le moteur de ma vie, j'en suis devenu le conducteur. Je me retrouve en aidant ceux qui en ont besoin, mais c'est pour mon propre bien-être, car aider les autres c'est d'abord s'aider soi-même, aimer les autres c'est d'abord s'aimer soi-même.

   C'est dans ce nouveau cadre de vie que je déploie mes ailes, même fatiguées elles me portent toujours avec cet entrain lié à la joie de vivre enfin retrouvée. Cest là, au cours d'activités partagées que m'a été fait un magnifique compliment: " tu es un homme bien Alain ". J'en suis ému jusqu'aux larmes car jamais cela ne m'avait été dit avec une telle franchise, approuvé par les quelques personnes présentes. Tout à coup le regard change, le sourire s'épanouit dans cette sincérité qui fait tout son charme et la joie de vivre m'habite à nouveau. Ce qui n'aurait pu être qu'une simple anecdote s'est transformé en texte lorsque le compliment m'a été fait une seconde fois sous une forme encore plus surprenante. Lors d'une autre activité bénévole, une personne m'a certifié que j'étais un homme bien qui semait la joie et l'envie à tout vent. 

   Se pourrait-il qu'étant devenu conducteur je transforme les autres en moteurs, devenant le moteur de leurs envies ? Les visages que je croise se fendent toujours d'un sourire me donnant plus encore l'envie de les transformer en rires. Ma vie s'en trouve plus belle et m'entendre dire que j'ai la maîtrise de mes mots, que je suis calme et serein ne me paraît plus insultant, bien au contraire. 

   Voilà, une nouvelle vie se profile, je vais faire le bien des autres avec eux, pas contre eux. Il ne me reste plus qu'à convaincre celle qui me hait que je ne suis pas un mauvais homme et que, sans être un homme de biens, je suis un homme bien.

   Ce texte est pour toi Chloë, ma fille chérie, puisses tu me pardonner, je t'aime.

lundi 21 juin 2021

Argentophobie.

    Ce n'est pas une peur irraisonnée d'Asia Argento dont je veux parler ici, mais bel et bien de la phobie de l'argent. Il m'a fallu inventer le titre de ce texte car notre société nous refuse le droit de ne point aimer l'argent jusque dans les définitions des dictionnaires. Le pire est que je crains que les lignes qui vont suivre ne leur donnent raison ! Déjà il ne s'agit pas de l'argent au sens du métal créé par la nature mais de la monnaie d'échange créée par l'humain seulement, là aussi il n'est point de vocable répertorié pour définir une peur ou une haine de la monnaie. Tant qu'à inventer un mot, autant choisir le plus simple, monnaiephobie me paraissant douteux. 

   Peu importe puisque là n'est pas le sujet bien qu'il s'agisse de la phobie de la monnaie que je devrais donc nommer argent, j'espère que vous suivez bien car, moi, je commence à m'y perdre. Or donc, il se trouve qu'en cette période étrange que nous venons de traverser, ayant du temps pour l'introspection et, surtout, les dépenses vaines, j'ai découvert que l'argent disparaissait de mon compte bancaire, ainsi que de mes poches d'ailleurs, comme par enchantement. Je rentre toujours les mains vides sauf quelques achats alimentaires, parfois choisis je l'avoue, mais point de futilités. Pourtant mon porte-monnaie n'est plus empli que d'air à peine lesté de quelques pièces oranges, mes poches ne contiennent que les sempiternels mouchoirs en papier...rectangles, fichtre, me moucherais-je dans mes billets inconsciemment ? Tout se passe comme si l'argent me fuyait, dès que je pense avoir réussi à économiser un évènement imprévu vient réduire à néant mes quelques efforts. 

   Tout à coup une vérité semble se faire jour, et si je me trompais totalement, peut-être n'est-ce finalement que l'argent qui ne m'aime pas, il ferait une crise d'alainphobie que je ne serais pas surpris! Bon, si le fait semble établi, il n'en reste pas moins une question cruciale, comment posséder un argent que je n'aime pas plus qu'il ne m'aime? L'argent est-il à ce point contre nature pour que dans ma folie écologiste je le rejette si totalement? J'ai dû, bien inconsciemment, prendre conscience que la véritable nuisance à la vie sous toutes ses formes, venait de cette monétisation totale et absolue de tout ce qui existe sur cette terre et au-delà avec la conquête spatiale. Sans argent il ne semble plus possible de vivre pour l'espèce humaine, la preuve en est donnée par la force avec laquelle certains profiteurs se plaignent déjà de la baisse future de leurs profits, au détriment de la vie mais peu leur importe puisqu'ils sont déjà morts. 

   Comme notre Terre mère semble devoir se réchauffer, quelles que soient nos pitoyables tentatives d'enrayer le phénomène, les tenants du pouvoir de l'argent vont tenter de nous faire croire à un nouveau paradis possible, sur Mars! C'est sans doute le signe ultime de l'évolution de notre société, les religions imposaient d'être pur pour accéder au paradis de leurs hypothétiques dieux, maintenant il faut être riche pour accéder au paradis des hommes, cela deviendra de plus en plus inaccessible. Il ne restera alors aux personnes les plus démunies que l'espoir de décrocher la Lune...ou de vivre enfin en accord avec notre seule mère, la Terre. Il ne reste plus qu'à espérer que l'argentophobie est contagieuse, sinon je vous fiche mon (dernier) billet que nous sommes mal partis!!!

   

mercredi 16 juin 2021

Un don.

    Au-delà de la qualité un don est un avantage certain, dans la définition en tout cas, car il faut cultiver cet atout pour qu'il en reste un. Il s'agit de savoir apprendre à maîtriser ce don, à l'accepter pour ce qu'il est, un allié, sinon il deviendra une entrave voire pire.

   Avoir un don à soi oblige à un don de soi, même donné un don a un prix. Mais un don est aussi un cadeau, une offrande faite au connu comme à l'inconnu, il devient alors un acte gratuit. C'est bien là le paradoxe du don, donné il se paye, payé il est gratuit, aussi étrange et inconnu que son origine tout simplement.

   Quelle que soit la forme qu'il prenne, un don n'en reste pas moins à valoriser, à mettre en exergue, sinon pourquoi serait-il donné ! Malheureusement un don ne se dévoile pas toujours aisément, il est parfois ignoré jusqu'au refus. Il n'est plus alors qu'une simple qualité, pas des moindres certes, mais elle n'est déjà plus un don. La différence peut paraître ténue mais elle est essentielle, la qualité sert principalement qu'à son serviteur, le don ne sert que les autres, égoïsme ou altruisme, deux contraires que tout semble opposer, et pourtant.

   Pourtant c'est bien la période d'égoïsme qui permet d'évoluer vers l'altruisme et ce don avec les charmes qu'il dévoilera au cours de son développement. C'est là que le verbe prend toute sa valeur car celui qui ne peut aider par le don de soi, pourra faire un don qui permettra à celui qui a un don de le mettre en avant, le donateur devient bienfaiteur et verse donc aussi dans l'altruisme.

   Quand au don, ce cadeau de la nature fait à certains, cette faculté incroyable ne peut se satisfaire de commerce car sa gratuité en est le prix. Pour récompense il faut apprendre à se contenter de regards de gratitudes, de sourires attendris et de quelques rires d'enfants, mais existe-t-il de meilleur salaire ?