vendredi 22 mai 2020

Tomber les masques.

   L'épidémie du coronavirus semble décliner, nous avons été relâchés de nos prisons virtuelles atteignant enfin ce fabuleux "jour d'après". Les réactions pendant le confinement ont prouvé à quel point ce monde est devenu vain, les promesses de révolution, de têtes qui doivent tomber, d'un monde nouveau où nous deviendrions vertueux quand au respect de la nature, ne resteront que des vœux pieux. Les actes ne sont plus que de minables commentaires sur les réseaux sociaux ou chacun y va de sa vertueuse diatribe, mais n'agit surtout pas, ou alors dans son unique intérêt nous retranchant dans cet égoïsme devenu art de vivre.
   Dès le début de la liberté retrouvée les voitures se sont remises à circuler dans tous les sens, chacun trouvant un bon prétexte de la sortir et de rouler toujours plus, toujours plus vite, c'est qu'il y a du retard à rattraper, n'est-ce pas? Les inconditionnels du confinement ayant été bien conditionnés, chacun porte son masque et dévisage celui qu'il croise avec autant de défiance que s'il était devenu un ennemi, finies les amabilités, il convient de considérer l'autre comme un pestiféré, il faut descendre marcher sur la route pour laisser le trottoir à ces mal-éduqués qui ne nous remercient même pas du geste, les automobilistes n'hésitant pas à raser celui qui s'est décalé, imbus qu'ils sont de leurs voitures trop larges pour les voies de circulation. 
   Puis vient le Week-end, ensoleillé à souhait,  invitant à la déambulation, rendant les masques insupportables même aux plus peureux. La nature humaine reprend ses droits, oubliant la nature et le respect qui lui est dû, les masques tombent, à l'endroit où se trouvent ces goujats qui sont incapables d'attendre la prochaine poubelle, jonchant les trottoirs de ces déchets quasi indestructibles et potentiellement porteurs de ce virus invisible. Les habitudes d'antan redeviennent des réflexes, manger de la merde, semer sa merde et continuer de critiquer ceux qui osent encore marquer leurs différences, c'est à se demander comment la Mère nature a pu permettre à l'homme de se développer, le dieu des imbéciles doit vraiment exister pour que nous ayons notre place en ces lieux, un dieu aussi inhumain que nous le sommes devenus.
   Ensuite viennent ces révolutions populaires que tout le monde appelait de toutes ses forces, là encore ce n'est qu'un vœu pieu. La peur des forces de l'ordre du mini dictateur, homosexuel refoulé et mari de sa mère, ont réussi à  empêcher toute velléité de manifester, pour notre bien assurent-ils, cachés derrière leurs boucliers et armés face à leurs propres concitoyens. La peur du virus est remplacée par la peur de l'autorité, le plus terrible est que ça fonctionne, les traumatisés restent de vaines personnes enfermées dans leurs peurs irrationnelles. 
   La révolution n'aura donc pas lieu, nous en avons aujourd'hui la preuve, les moutons sont retournés dans leurs enclos et les transforment en forteresse à l'instar des seigneurs du moyen-âge, oubliant que cet enfermement nuit d'abord à leurs propres vies. Les déchets et la pollution ont encore de bonnes raisons de se répandre toujours plus, les animaux sauvages sont remplacés par les animaux de compagnie de tous ces hypocrites hypocondriaques, pour qui c'est au tour de la nature sauvage de retourner dans son confinement.
   Nous avons la mémoire courte, quand il nous reste de la mémoire, nous avons plusieurs fois appris que la nature est vengeresse même si elle prend son temps, elle saura nous faire payer notre arrogance et cela risque de devenir de plus en plus violent, c'est le prix à payer pour notre irrespect de nous même.
   Les masques tombent mais ce n'est que pour mieux dévoiler notre vilénie, notre laideur humaine, masquées derrière leurs apparences de perfection qui n'est, finalement que de la perversité.  
   Nous sommes au stade d'espérer la disparition de l'humanité, juste pour que la nature retrouve "figure humaine" !!!

jeudi 21 mai 2020

Miroir, ô mon miroir.

   La technologie est de plus en plus présente dans nos vies, quand bien même l'on voudrait s'y refuser, elle s'impose naturellement au fil du temps nous éloignant toujours plus des réalités. Il suffit d'un seul exemple, le téléphone portable, mais mérite-t-il encore cette dénomination? Il a commencé par s'imposer comme nécessité absolue, il fallait non seulement en posséder un mais, en plus, répondre au moindre appel toutes affaires cessantes, peu importe le répondeur intégré la question est toujours la même, pourquoi n'as-tu pas répondu à mon appel? Comme si la possession d'un tel appareil nous en rendait l'esclave.
   Puis les réseaux sociaux y ont été intégrés, permettant à tout un chacun d'y étaler sa vie qui, même misérable, en devenait incontournable pour ces amis qui n'en sont pas toujours, comment a-t-on pu laisser ainsi galvauder un terme qui exprime un lien aussi fort que la fraternité. Ensuite sont apparues des applications dont certaines devinrent très vite essentielles, voire vitales, transformant notre modeste téléphone en console de jeux, journaux en temps réel et centre de stockage pour nos mémoires défaillantes qui le deviennent de plus en plus puisque nous ne les faisons plus travailler, rendant l'outil absolument indispensable.
   L'apparition de l'appareil photo nous éloignait plus encore du téléphone, le mode autoportrait, ou selfie pour les anglophiles, permettant de s'immortaliser devant n'importe quel lieu, les visages déformés masquant le plus beau des lieux photographiés, mais c'est la preuve nécessaire pour que l'on prouve "qu'on y a été" !!!
   Durant toute ces évolutions notre téléphone, puisque c'est bien de lui qu'il s'agit, sert de moins en moins à se parler, les coups de fil deviennent de plus en plus rares, pourquoi s'appeler puisque tout est déjà dit sur les réseaux sociaux. La communication se fait par images, agrémentées de commentaires pétris de fautes d'orthographe, alors même qu'il y a un correcteur intégré.
   L'objet prend tout à coup une importance vitale, porte monnaie, carte bancaire, clef de contact, reléguant la téléphonie au second plan, il devient un membre supplémentaire du corps humain et il vaut mieux perdre une main que son téléphone, il nous en restera une pour le tenir. Il devient difficile d'avoir une conversation soutenue puisque le moindre bip peut, à tout moment, interrompre un échange.
   Il est cependant une utilité que les constructeurs de cette diabolique machine n'ont pas créée, à laquelle ils n'ont pas même songé, il est devenu un bouclier contre le monde extérieur, ce qui est un paradoxe pour un objet de communication. Là, sans sexisme aucun, ce sont surtout les femmes qui se servent de cette parade, il suffit d'observer leurs comportements dans la rue, dès qu'elles voient qu'elles vont devoir croiser un homme, hop l'objet, qui ne quitte plus leur main, devient un miroir où le regard est concentré afin de ne pas avoir à croiser le regard des autres. Il y en a même qui font semblant de recevoir un appel, cela s'entend bien avec un peu d'attention, tout ça pour se donner le sentiment d'être protégées par cet instrument de non communication.
   Dans cette période d'isolement contraint, où tout devait changer dès le jour d'après, il devient un masque aussi vain que son utilité réelle puisque, rappelons le  une dernière fois, ce n'est qu'un téléphone qui ne sert plus à téléphoner !!!

vendredi 8 mai 2020

Allez comprendre.

   Une vision de la solitude est un bon exercice en ces temps difficiles, il en est beaucoup pour qui ce confinement correspond à isolement, bien que l'on  puisse adorer la foule, on peut aussi aimer ces moments de répit qu'accorde la solitude, allez comprendre. Ainsi, être seul  avec soi-même se posant des questions existentielles, face à la mer qui de pleine va devenir basse, allez comprendre. Face surtout au soleil décroissant qui éclaire la ville de Saint-Malo sous un nouveau jour, les lumières du couchant transformant cette ville maudite en lieu de magie, allez comprendre.
   Nous y voilà, prendre un grand plaisir à être seul quand on aime pas la solitude, allez comprendre, puis, l'heure avançant, le soleil vient s'éteindre sur la ligne d'horizon en s'y fondant, allez comprendre. Alors apparaît un très jeune couple, à cet âge de l'adolescence où l'on n'ose pas encore se toucher, mourant pourtant d'envie de s'étreindre, allez comprendre, tandis que le grand disque jaune n'en finit plus de rougir les flots, les faisant briller de mille feux, ils n'en voient que les reflets dans les yeux de l'être aimé, allez comprendre.
   Puis le soleil disparaît, éteint par la ligne d'horizon mais ses lumières éclairent encore ces écrits, allez comprendre. Je quitte ma niche solitaire rêvant d'avenirs radieux bien que plus proche de mon coucher de soleil, allez comprendre. Les dernières lumières irradiant encore de mes yeux, je rencontre la vie sous la forme d'un jeune père, tenant sa fille de huit mois harnachée de vêtements chauds, dont seul le visage était visible orné en son milieu par deux billes rondes encore brillantes des lumières solaires, le coucher de soleil servant à l'éveil de ses sens, allez comprendre.
   Puis je reprenais le chemin de ma cellule, je ne puis l'appeler autrement, avec ses barreaux qui, pour virtuels qu'ils soient, n'en laissent pas moins de traces dans les esprits mais aussi sur les corps, allez comprendre. Cheminant sur les trottoirs à ce moment où la terre rend les premières chaleurs cumulées dans la journée, rendant l'air agréable, je rencontrais des personnes engoncées dans des vêtements hermétiquement fermés, dûment gantées et masquées, allez comprendre. Ce ne sont que les "vrais" confinés, ceux qui ne sortaient qu'en cas d'absolue nécessité, ils ont le regard inquiet dès qu'il perçoivent une forme en mouvement et approchant d'eux, là, au lieu de sympathie pour une rencontre humaine, ils changent de trottoirs en fixant comme de dangereux pestiférés les personnes croisées, allez comprendre. Ils ne répondent même plus à l'aimable salut de la personne qui s'écarte la première, plus de bonjour plus de merci, juste un regard effrayé, allez comprendre. Le déconfinement pourrait bien ressembler à une déconfiture à ce rythme là !!!
   Heureusement la lune apparut éclairant les rues du reflets du soleil, mais rendant tous ces visages émaciés encore plus pâles que lumineux, allez comprendre. Alors je concentrais mes regards sur cette planète qui toujours nous regarde en face, quelle que soit sa place, allez comprendre. Sa face, bien ronde pour l'heure, ressemblait au visage de la petite fille croisée tout à l'heure mais, en lieu et place de des deux billes rondes admirant le monde, je ne vis que deux fentes, comme si la lune avait mal aux yeux en regardant sa maman la terre, semblant déplorer cette vile façon que nous avons de l'embellir, allez comprendre.
   Voilà, les barreaux viennent de se refermer autour de moi, portant je ne me suis jamais senti aussi libre, allez comprendre.