jeudi 31 janvier 2019

Partir pour ne pas y rester.

   C'est d'une logique imparable, si l'on est sur le départ au moins est-on sûrs de ne pas rester sur ce même lieu, celui du départ, bien sûr, puisque celui d'arrivée n'est pas encore défini, un départ n'impliquant pas forcément une arrivée, dans des termes précis en tout cas.
   Mais il ne faut pas confondre, ce n'est pas comme partir pour partir. Il ne s'agit pas d'une fuite,  plutôt d'une échappatoire, un moyen de s'échapper vraiment d'un quotidien devenant mortifère. Mais le rythme n'y est plus, une succession de rappels à l'ordre m'oblige à tenir compte d'une maladie plus inamicale qu'escompté, naïf que j'étais, je le suis toujours d'ailleurs, mais un peu moins!
   Je vais donc errer par les chemins de ronde afin de contourner cette chère Bretagne, à un rythme beaucoup plus lent que prévu au départ. J'aurai plus de temps pour admirer le paysage et puis je n'ai aucune raison de me presser puisque je ne le suis plus!
   Certes, ce n'est qu'au printemps que je pourrai démarrer, à moins que le réchauffement climatique ne s'en mêle, je peux me préparer sereinement à la déambulation sur les chemins bretons. C'est le seul moyen de lever les doutes quant à la faisabilité du projet, mes faiblesses actuelles n'étant peut-être pas que passagères.
   Ne pas y rester prend une toute autre valeur, l'immobilité contrainte ne fait en aucun cas partie de mes projets d'avenir, je suis trop vivant pour accepter même une petite mort. Il y a maintenant un mois que je ne peux plus marcher comme je l'entend et ça m'est déjà insupportable.
   Je me suis interdit toute activité sociale, ne me sentant pas le droit de "faire ma crise" devant d'autres personnes. Je ne sors que pour l'essentiel et, même là, comme une épée de Damoclès, ma maladie me pousse à rentrer au plus vite, je fuis la société!!!
   Alors je confie à la médecine le devoir de me remettre en état de partir, à pied, retrouver cette liberté vraie, la déambulation curieuse. J'y vois mon seul avenir possible, la sédentarisation de ceux qui m'entourent me paraît impossible à accepter, je ne pourrais jamais me fixer en un point. Je dois déployer mes ailes même si, pour le coup, elles ressemblent à des pieds!
   Le dédain, je n'ose parler d'abandon, de certains de mes proches ne m'apparaît pas comme une lâcheté mais comme un moyen de motiver plus encore mes envies de départ, au moins ne leur manquerais-je pas! (c'est bien à toi que je m'adresse, je sais que tu t'es reconnue. C'est la deuxième fois que tu fuis, mais je ne sais faire autrement que de t'aimer encore)

mercredi 30 janvier 2019

Avis de tempête.

   Le coup de tabac de ce week-end a été plein de virulentes turbulences venteuses, qui ont directement affecté mes envies de sortie. J'ai pourtant toujours aimé déambuler dans le vent, il vaut mieux en Bretagne littorale, les mouvements de vagues et leurs déferlements en sont l'un des charmes permettant d'oublier les conditions climatiques.
   Jusque là, seules les déferlantes pouvaient passer pour un obstacle, mais j'ai découvert que ce spectacle ne serait sans doute plus à mon programme, le vent agissant directement sur mes douleurs dorsales.
   Les jours de tempête ne sont plus les bienvenus et cela m'attriste au plus haut point, quand un simple coup de vent fait monter des larmes de douleur, il est des questions qui se posent, surtout pour un Breton!
   Heureusement que le changement climatique est bien parti pour faire de notre région une zone tropicale!
   Cela me pose un gros problème cependant, mes envies de voyages à pied ne peuvent se faire sans un minimum de matériel qu'il me faudra porter, d'une manière ou d'une autre. Et je ne puis me permettre d'attendre que Jupiter rétablisse, officiellement, l'esclavage!
   Mes envies de voyages pédestres ont du plomb dans l'aile tout à coup, en complément de cette foutue épilepsie qui joue les capricieuses. Je dois bien avouer que même mon optimisme suffit à peine à m'aider. En attendant d'y glisser mes pieds, c'est le moral que j'ai dans les chaussettes.
   J'en suis à un tel stade que j'ai demandé à être hospitalisé afin de subir de nouveaux examens, d'essayer d'améliorer mon état, voire simplement de stabiliser cette maladie qui a décidé de gâcher ma vie. Ceux qui me connaissent apprécieront, mais je n'ai que le choix de faire confiance à la médecine, même ma volonté et mon enthousiasme ne suffisent plus.
   C'est pourquoi j'ai annoncé un avis de tempête en titre, c'est généralement l'annonce de l'arrivée imminente d'une grosse dépression. Alors je vais laisser des spécialistes continuer à tripoter mon cerveau, s'ils réussissent, tant mieux, s'ils échouent, tant mieux aussi, au moins pourrais-je remplacer la dépression par la colère!
 

samedi 26 janvier 2019

C'est la crise.

   Nous avons tous entendu parler de la crise de la quarantaine, voire de la cinquantaine mais je ne m'attendais pas à ce que la mienne prenne une forme aussi épileptique!
   Il y a maintenant un peu plus d'un an que je tente de m'adapter à mes nouvelles capacités, même si elles ressemblent plus à des calamités, la route semblait se dégager pour m'ouvrir de nouveaux horizons.
   Les effets secondaires des drogues dures prescrites par la médecine finissant par s'estomper avec le temps, la constance dans l'effort me permettait de retrouver un rythme digne de mes envies de pèlerinage.
   Je pensais n'avoir plus qu'un écueil à mes envies de voyage, un dos devenu quelque peu récalcitrant à l'effort. Comme je ne peux améliorer son état que par l'exercice, il s'est un peu plaint au début, mais il a très vite compris l'intérêt du mouvement.
   J'avais donc l'optimisme au beau fixe, les crises d'épilepsie semblant être maîtrisées par la médication.
   Et puis, tout à coup, rien ne va plus, j'enchaîne les crises malgré le médicament et elles ne sont même plus à heures fixes. Je vais devoir tester une autre drogue, plus puissante, mais ce n'est pas ce qui me gène le plus.
   Cette instabilité soudaine me rend fragile, j'ai peur de me retrouver dans les lieux publics, tout autant que de rester seul trop longtemps, jamais je n'avais manqué à ce point de confiance en moi. Je me sens dépossédé par la maladie, mes décisions sont toutes liées à elle.
   Forcément, il y a achoppement, avec mon foutu caractère je me sens agressé dans ce que j'ai de plus cher, la liberté de mouvement. Si ne plus pouvoir conduire me semblait un clin d'œil de la vie, me poussant à marcher toujours plus, ne plus même pouvoir marcher me semble la plus injuste des punitions.
   En attendant, je vais devoir reprendre mon "parcours santé", mais j'ai un peu peur que mon optimisme en souffre un peu, cette fois-ci!

mercredi 23 janvier 2019

Comment ça, pas aimable?

   Il me faut bien en faire le constat, je ne semble pas aussi aimable que je voudrais le croire, les péripéties que je rencontre m'ont ouvert les yeux. Sans doute est-ce un pied de nez que me fait la vie, pour me remettre en mémoire le peu de soutien que j'ai pu apporter à ceux que je prétendais aimer, dans les moments où leur santé vacillait.
   Cependant, ayant été officiellement déclaré optimiste par la médecine, je peux voir le côté positif de cet état de fait. Il est déjà assez difficile d'accepter d'être malade sans qu'une bande d'olibrius ne passe son temps à remuer le couteau dans la plaie en prenant, trop souvent, des nouvelles qui n'en sont plus!
   Tout à coup, je m'apparais tel que je suis, ce ne sont pas les autres qui ne m'aiment pas, c'est moi qui ne me rend pas aimable, je refuse l'amour d'où qu'il vienne.
   Ce sont deux femmes qui m'ont ouvert les yeux, cela n'a rien de surprenant me direz-vous, alors que je traversais une période douloureuse. La première, alors que mon dos me torturait, me fit remarquer que si je ne lui laissais pas me faire de câlins il était normal que la douleur soit plus violente, parce que quand sa maman lui en fait, même les gros bobos s'en vont! Ah, oui, elle a sept ans, alors je me suis laisser câliner et, si la douleur n'est pas partie, je dois bien dire que je me suis senti mieux!
   La deuxième était plus expérimentée et m'a prouvé que je donnais plus d'importance au bien-être des autres qu'au mien, nous étions sur une aire de jeux et je me proposais de l'aider dans ses évolutions, "offrant" mon dos à la douleur ainsi qu'elle me le fit comprendre. Je suis d'agréable compagnie, "même sans faire le fou" m'a-t-elle affirmé, ah, oui, elle a onze ans!
   Ces deux anecdotes auraient pu rester lettre morte si elle ne m'avaient tant éclairé sur cette incapacité à me laisser aimer si je n'offre pas quelque chose en retour. Et en ce moment, ma santé très défaillante me laisse penser que je ne peux plus apporter quoi que ce soit d'autre que des soucis.
   Je ne me sens plus capable, tout simplement capable, il faut que je me redécouvre afin de m'aimer à nouveau, alors je pourrais laisser ceux qui m'aiment me trouver aimable à nouveau.