dimanche 28 octobre 2018

C'est pour votre bien.

   Je ressors d'une série d'examens médicaux aussi vaine que les précédentes puisque toujours orientée dans la recherche de ces fameux symptômes qui refusent de se montrer, sont-ils coquins, tout de même! Mais les spécialistes du corps médical, neurologues pour ce cas précis, sont aussi obtus que des hommes politiques, ils semblent entendre nos idées mais sont incapables de simplement imaginer les essayer.
   Ce refus de chercher les "sources du mal" ailleurs que dans les raisons médicales connues, conduit au refus de tenter une improvisation ou même de chercher différemment.
   Mais ce n'est pas le plus épique de la situation, face à mon mal-être exprimé la réponse fut des plus déroutante. Au vu de tous les examens subis, cherchant la moindre possibilité de cancer à "quelque endroit que ce fut" de mon corps qui, en plus d'être divin, s'avère en pleine santé! Si l'on excepte l'état de certaines vertèbres et cette épilepsie surprenante.
   Il ne me reste plus qu'à rendre visite à l'Haroun Tazieff de la radiologie, celui qui s'occupe de visiter les cavités sombres, muni d'une caméra de surcroît! Je m'en fous, j'irais témoigner sur #mee too!
   Ce texte n'est que le résultat des répétitions d'examens aussi douloureux qu'inutiles, IRM, ponctions lombaires, électro-encéphalogrammes, pour m'annoncer qu'il n'y a rien à m'annoncer. Mais il ne faut pas s'en inquiéter puisque seuls cinq pour cent des épileptiques en connaissent la cause, je me sens moins seul, faute d'être rassuré!
   Il reste cependant un espoir avec d'autres spécialistes qui vont chercher d'autres pistes, puisque les neurologues n'ont pas l'air d'avoir beaucoup d'imagination, paradoxe de personnes étudiant un monde inconnu!
   J'espère juste que ce sera un peu plus plaisant et moins douloureux, surtout pour eux d'ailleurs, je pourrais finir par croire qu'ils me veulent du mal malgré leurs dénégations, en tout cas je suis de moins en moins certain que ce soit pour mon bien!

lundi 22 octobre 2018

Solitude

   Actuellement je vis en colocation contrainte, entendez par là que je n'ai rien choisi, ni le lieu, ni la durée, ni même la situation, la maladie ne m'autorisant pas à vivre seul pour le moment. J'avais bien pris ça au départ, pensant que l'on me rendait service par amitié, naïf que j'étais!
   Mon état de santé ne s'améliorant pas assez, l'expérience se prolonge au-delà du raisonnable, j'en ai de plus en plus conscience. Alors je passe mes journées dehors, marchant de plus en plus longtemps, de plus en plus loin, au moins je m'entraîne pour le pèlerinage, quelque soit le climat!
   Car, s'il est vrai que je fais des découvertes surprenantes sur la nature humaine, je ne suis pas certain que ce soit un enrichissement!
   De voir un homme s'enraciner dans son fauteuil, je ne saurai le dire autrement, ne daignant en sortir que pour aller s'acheter des cigarettes ou un énième polar de bas étage. Les tâches ménagères ne me sont laissées à charge que parce que je fais trop souvent le ménage, quand une fois par mois suffirait bien!
   Le temps se passe donc en lecture, entrecoupée de sieste dans la position, là je dois avouer que je suis impressionné. S'endormir avec le livre ouvert, posé sur la cuisse d'une jambe croisée avec l'autre, parfois plus d'une heure et pouvoir se relever sans être ankylosé, il y a de quoi être jaloux, enfin un peu seulement! Et, s'il ne se lève pas, il reprend la lecture comme si de rien n'était, sauf quand les pages ont tourné pendant l'interruption, là, cinq minutes après la reprise de lecture, il lui faut rechercher les mots sur lesquels il s'est endormi!
   Ensuite arrivent ses amis joueurs d'échecs qui, de concert, s'endorment face à l'échiquier tout en s'extasiant de la durée de leurs parties! Car, s'il fallait porter un jugement, je crains que ce ne soit qu'un constat d'échec!
   Alors il n'y a pas d'autre solution que fuir le lieu, partant errer seul dans les rues ou sur les sentiers malouins, espérant une rencontre fortuite pleine de sympathie et d'échanges. Mais le Malouin "traditionnel" est avare de ses mots et reste méfiant dès que l'on évoque ses origines étrangères, à savoir Morbihannaises dans mon cas!
   Je me retrouve ainsi cerné par diverses formes de solitude, ne jamais pouvoir tenir une vraie conversation, développer divers sujets avec un tant soit peu de passion par exemple. Être seul à s'extasier de la magie de lueurs vespérales, les autres passants semblant plus attentifs à mon comportement qu'au véritable spectacle, je pourrais presque croire que je brille plus qu'un soleil couchant!
   Mais je m'en retourne toujours aussi seul, ne conversant qu'avec moi-même, pour aller dîner en compagnie de bruits de mastication, à peine entrecoupés de grommellements de satisfaction. Aussitôt le repas terminé, je quitte la pièce pour ne point avoir à subir les inepties télévisuelles qui meubleront le silence.
   Cette solitude étrange me pèse, seulement je suis optimiste donc je préfère penser que c'est une motivation supplémentaire pour partir sur la route, vivement le printemps!
 

lundi 15 octobre 2018

Et l'homme créa dieu.

   Il était une fois un humain, mais comme notre histoire se déroulait il y a très, très longtemps, il conservait ses traits simiesques, il était debout et c'est le plus important, semble-t-il, avec l'utilisation de ses mains comme outils. Il commença à réfléchir dans la foulée, c'est là que les choses se sont gâtées, je le crains.
   Les questions existentielles ont eu l'air de très vite prendre beaucoup de place, en fait la première profession du monde n'est pas la prostitution mais bel et bien cette foutue psychologie! Les fameuses questions :"qui suis-je, où vais-je, que fais-je là?", ont dû occuper plus d'une soirée au coin du feu!
   Le principal sujet de préoccupation était de comprendre pourquoi nous pouvions nous réunir au coin du feu pour discuter et pas les autres animaux. Mais ils eurent beau les cuisiner, ces derniers refusèrent de répondre alors ils les jetèrent hors de leurs écoles et les animaux n'ont pas pu apprendre à se tenir debout, sauf les quelques malins qui ont su s'infiltrer!
   Bref, un soir de pluie de météorites, l'un d'entre eux émis l'idée d'un père en colère après ses créations et qu'ils risquaient la crémation s'ils ne le vénéraient pas. Et de créatures, ils devinrent les créateurs du créateur qui en a fait des créations, ils n'étaient pas naïfs mais allez découvrir le génome avec quelques grommellements pour tout vocabulaire!
   D'ailleurs, tout laisse à penser que s'ils s'en étaient restés là, dieu se serait appelé groumf et on ne se serait pas fait autant de guerres, juste en son nom! D'ailleurs, au début du livre des trois religions monothéistes, il est clairement spécifié qu'il ne faut pas donner de nom à dieu. Les règles de bienséance elles-mêmes précisent qu'il ne faut pas dire le "nom de dieu"!
   Mais le mal était fait, le ver était dans le fruit, ce fut la fin de la bonne entente, le jardin d'Eden était donc au sommet de la tour de Babel! Certains comprirent l'autorité qu'ils en tiraient et commencèrent à exploiter leurs congénères au nom de ces forces supérieures, ça a tellement bien marché qu'ils ont été au bout de leur démarche, finissant par nommer leur dieu du nom d'argent.
   Lorsque tous les peuples se seront ralliés à cette nouvelle déité, il n'y aura plus qu'un seul dieu, et palpable celui-là! C'est rassurant, il ne devrait pas faire de vieux os!
   En attendant, l'humain a décidé que le plus simple était de devenir dieu, nous influons sur tout ce qui se passe sur notre planète selon les nouvelles autorités religieuses! Donc, si nous levons tous la main en criant stop, le réchauffement climatique prendra un coup de froid!
   Ensuite, plus de problèmes, nous irons vivre sur une autre planète puisque nous investissons l'argent dans la recherche spatiale plutôt que dans la préparation d'un réchauffement qui aura lieu, avec ou sans nous.
   Mais on s'en fout, il paraît que les dieux savent voler!
 
 

dimanche 7 octobre 2018

L'adieu aux armes.

   Les dégradations de ma santé me laissent à penser que je ne traînerai pas ma carcasse aussi longtemps que j'eusse aimé le faire. Je ne m'en offusque pas, c'est la vie et mourir en fait partie, seulement je veux le faire debout.
   Ma seule véritable frustration est de ne pouvoir faire tout ce qu'il me reste à faire, je dois établir une hiérarchie dans mes envies et agir en conséquence, abandonnant ainsi cette inconséquence qui a tant enrichi ma vie. Mais si je ne suis plus inconséquent, je crains d'y perdre ce grain de folie douce qui m'a permit de tant prendre de plaisir à vivre des expériences inédites.
   Alors je dois continuer à dédaigner les problèmes, quand bien même ils sont si virulents, mais je ne saurais le faire avec les mêmes exutoires, je dois abandonner certaines passions parmi les plus fortes et c'est là que le bât blesse. Il est des pages que l'on ne peut tourner aussi facilement, le déchirement empêtre le mouvement, le coeur s'en mêle faisant exploser le chagrin, puisque c'est bien d'explosions qu'il s'agit.
   Je dois faire mon adieu aux armes et de simplement l'écrire me rend cette idée inadmissible, mais il ne saurait en être autrement. Mes forces vives m'ont abandonné, je n'ai plus assez de cette énergique folie qui m'a tant animé, ce n'est plus mon cerveau qui décide du mouvement de mon corps (si, si, il m'est arrivé de réfléchir avant d'agir, parfois!).
   Il me faut tenter de refermer cette plaie à mon coeur par d'autres exutoires, qui pourront éveiller ma passion éteinte tant qu'elle fume encore, il me faut me recharger, à l'instar de mes canons, si je veux tonner encore! Mais comment accepter l'inacceptable, j'ai beau chercher, rien ne pourra plus me permettre de pratiquer la reconstitution médiévale, je lui ai trop donné pour accepter de n'être qu'une présence.
   J'ai bien commencé à étudier des textes anciens afin d'y trouver l'inspiration, mais je sens qu'il m'est plus difficile d'apprendre. Là encore, il me faudrait un temps dont je ne semble plus disposer, les jours passent de plus en plus vite. Alors je vais marcher jusqu'à l'épuisement pour, qu'abruti de fatigue, je puisse m'endormir sans questionnements.
   Mais le pire n'est pas là, il est des vérités que l'on ne saurait annoncer à ses proches sans anicroche, alors je mens par amour, acceptant d'être délaissé quand j'aurais besoin d'être entouré. J'ai toujours survécu, ils ne voient pas comment le roc pourrait se fendre, ne se rendent pas compte que c'est par l'intérieur que les fissures gagnent du terrain.
   Je dois juste leur prouver que je les aime vraiment, c'est ma dernière épreuve donc je ne me plains pas, pour ne pas les encombrer. C'est plus efficace que je n'aurai pu l'espérer, mais au moins je sais que je peux disparaître sans que ça ne provoque trop d'émois, au moins partirai-je le coeur léger!
   Faire un adieu aux armes
   Sans verser de larmes
   Le désespoir enfonçant sa lame
   Jusqu'au tréfonds de l'âme?

mercredi 3 octobre 2018

Une immortalité héréditaire.

   S'il est une personne que l'on ne peut qu'aimer, quoiqu'il arrive, c'est notre Maman, je n'en ai pas le moindre doute. La simple idée de ne plus la voir est inconcevable, n'est-ce pas?
   Si je veux ici rendre cet hommage à ma Maman, c'est qu'elle vient d'échapper au pire lors d'un accident de la route, elle aurait pu nous quitter comme ça, en pleine santé. Je pourrais, bien sûr, épiloguer sur ce ton et vous faire verser les larmes que je n'ai pu retenir, mais, à l'instar de cette même Maman, je suis un incorrigible optimiste!
   Alors je préfère y voir un autre héritage maternel, cette fameuse immortalité dont je me targue dans l'un de mes textes précédents, je la tiendrais donc de ma Maman! D'ailleurs les brefs messages que nous avons pu échanger me le confirment, elle a aussi conservé son sens de l'humour!
   S'il est ce qui me permet d'écrire ces lignes le coeur léger, cet accident m'a surtout ouvert les yeux, si je dois écrire l'amour que je porte à ma Maman autant le faire de son vivant!
   Ô toi, Maman, petit bout de femme aussi discrète qu'efficace, entourée de quatre mâles, dont trois sont tes fils. Tu as su conserver notre respect, même dans les périodes les plus irrespectueuses de l'adolescence, ce qui n'est pas peu dire!
   Certes, ta façon de montrer ton amour aurait pu nous laisser croire à une forme de dédain, alors que ce n'est que cette foutue pudeur bretonne, ne rien laisser paraître. Je n'ai qu'un seul souvenir d'un véritable mouvement d'humeur, je vois encore tes lunettes glisser sur la table de la cuisine!!! La suite ne m'appartient pas.
   Il nous aura donc fallu grandir pour comprendre que la stabilité et la fiabilité étaient tes qualités, mais elles étaient occultées par un voile de peur qui, là encore, ne m'appartient pas.
   Ce n'est qu'en soulevant le voile que l'on peut percevoir toute la force dont tu as fait preuve pour essayer de conserver un aspect de famille à un groupe devenu aussi disparate.
   J'ai pleinement conscience, ma chère Maman, de ton courage, comment aimer des hommes qui ne s'aiment pas? C'est une étrange question, qui est pourtant ta réalité, mais, là encore, je crains que cela ne m'appartienne plus.
   Ce qui m'appartient totalement, par contre, ce sont les sentiments à ton égard qui m'animent Maman. D'abord cet amour immodéré que je te porte, m'éclairant sur ce que je prenais pour des défections alors que tu étais, tout autant que moi, victime. Ensuite, ce respect que tu as su m'inspirer par la confiance aveugle que l'on pouvait te faire, par ces moments où tu m'expliquais la cuisine à laquelle j'essayais, tant bien que mal, d'apporter mon aide, aujourd'hui encore c'est comme toi que je cuisine!
    Ce n'est pas la seule de tes qualités dont j'ai hérité, mais il était une ombre qui m'empêchait d'en avoir une vision claire, maintenant que je laisse à nouveau filtrer la lumière tout s'éclaire.
   C'est tellement simple qu'avec ton bon sens j'aurais dû y penser plus tôt, j'aurais pu te dire bien avant combien je t'aime, Maman.