lundi 22 octobre 2018

Solitude

   Actuellement je vis en colocation contrainte, entendez par là que je n'ai rien choisi, ni le lieu, ni la durée, ni même la situation, la maladie ne m'autorisant pas à vivre seul pour le moment. J'avais bien pris ça au départ, pensant que l'on me rendait service par amitié, naïf que j'étais!
   Mon état de santé ne s'améliorant pas assez, l'expérience se prolonge au-delà du raisonnable, j'en ai de plus en plus conscience. Alors je passe mes journées dehors, marchant de plus en plus longtemps, de plus en plus loin, au moins je m'entraîne pour le pèlerinage, quelque soit le climat!
   Car, s'il est vrai que je fais des découvertes surprenantes sur la nature humaine, je ne suis pas certain que ce soit un enrichissement!
   De voir un homme s'enraciner dans son fauteuil, je ne saurai le dire autrement, ne daignant en sortir que pour aller s'acheter des cigarettes ou un énième polar de bas étage. Les tâches ménagères ne me sont laissées à charge que parce que je fais trop souvent le ménage, quand une fois par mois suffirait bien!
   Le temps se passe donc en lecture, entrecoupée de sieste dans la position, là je dois avouer que je suis impressionné. S'endormir avec le livre ouvert, posé sur la cuisse d'une jambe croisée avec l'autre, parfois plus d'une heure et pouvoir se relever sans être ankylosé, il y a de quoi être jaloux, enfin un peu seulement! Et, s'il ne se lève pas, il reprend la lecture comme si de rien n'était, sauf quand les pages ont tourné pendant l'interruption, là, cinq minutes après la reprise de lecture, il lui faut rechercher les mots sur lesquels il s'est endormi!
   Ensuite arrivent ses amis joueurs d'échecs qui, de concert, s'endorment face à l'échiquier tout en s'extasiant de la durée de leurs parties! Car, s'il fallait porter un jugement, je crains que ce ne soit qu'un constat d'échec!
   Alors il n'y a pas d'autre solution que fuir le lieu, partant errer seul dans les rues ou sur les sentiers malouins, espérant une rencontre fortuite pleine de sympathie et d'échanges. Mais le Malouin "traditionnel" est avare de ses mots et reste méfiant dès que l'on évoque ses origines étrangères, à savoir Morbihannaises dans mon cas!
   Je me retrouve ainsi cerné par diverses formes de solitude, ne jamais pouvoir tenir une vraie conversation, développer divers sujets avec un tant soit peu de passion par exemple. Être seul à s'extasier de la magie de lueurs vespérales, les autres passants semblant plus attentifs à mon comportement qu'au véritable spectacle, je pourrais presque croire que je brille plus qu'un soleil couchant!
   Mais je m'en retourne toujours aussi seul, ne conversant qu'avec moi-même, pour aller dîner en compagnie de bruits de mastication, à peine entrecoupés de grommellements de satisfaction. Aussitôt le repas terminé, je quitte la pièce pour ne point avoir à subir les inepties télévisuelles qui meubleront le silence.
   Cette solitude étrange me pèse, seulement je suis optimiste donc je préfère penser que c'est une motivation supplémentaire pour partir sur la route, vivement le printemps!
 

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