dimanche 30 décembre 2018

Les aventures rocambolesques de l'huître facétieuse.

   C'est de saison me direz-vous, mais elles n'ont pas toutes le même sens de l'humour.
Il convient de la regarder droit dans les yeux au moment de l'ouverture, ce n'est que là que l'huître se dévoile dans son entière vérité.
   C'est un bref instant de communion entre l'écailleur et sa victime, mais il est essentiel pour détecter ce regard si particulier, cette œillade pourrais-je dire, propre à l'huître facétieuse. N'étant pas la victime de service le jour de Noël, je n'ai pas opéré de tri avant que de m'en délecter.
   Ce n'est qu'en "cours de route" que j'ai pris conscience que l'une d'entre-elles n'avait pas produit le même effet que ses consoeurs, en arrivant à l'estomac plus exactement. Mais, et c'est là le propre de l'huître facétieuse, l'effet n'en est pas immédiat, elle se cache dans un quelconque recoin de l'estomac en attendant son heure, masquée derrière les goûts variés des autres mets.
   La soirée se déroule, le problème est oublié, digéré par le cerveau en attendant mieux, un peu de vin, du manger, de nouveau du vin et le doute est levé, à propos de l'huître je veux dire! Plus le repas avance, moins il semble y avoir de doute, l'huître, pour facétieuse qu'elle semblait, paraît avoir été digérée.
   En fait, il n'en est rien, de facétieuse elle devient pernicieuse, nageant telle une sirène au milieu de divers nutriments en cours de digestion, mais elle refuse, devenue capricieuse, d'en suivre le cheminement naturel. Elle reste là, attendant un ascenseur pour quitter cet estomac qui, décidemment ne lui convient pas.
   Comme nous sommes le soir du réveillon, chacun s'offre un petit cadeau avant que d'aller se coucher et puis au lit, des fois qu'un père noël passe!
   Ce n'est qu'au réveil, le lendemain matin, que mon huître facétieuse a laissé s'exprimer son "sens de l'humour", je n'ai eu que le temps de prendre un verre d'eau avec mon traitement, le café qui devait suivre ayant refusé l'entrée, la suite n'est pas racontable si ce n'est que mon huître est sortie en chevauchant mon remède.
   Je savais risquer une crise, c'est dans les bras d'une infirmière que j'ai passé un Noël épileptique, essayant de la convaincre que je n'étais que la victime de l'huître facétieuse. Par chance, le neurologue de service en avait déjà rencontré une, donnant tout son crédit à mon histoire, ils m'ont donc relâché rapidement.
   Mais, s'il est une leçon que je puis tirer de cet épisode, c'est que, dorénavant, je ne laisserais à personne le soin d'ouvrir mes huîtres!

mardi 11 décembre 2018

Il faudrait...

   Plus qu'un simple titre, c'est une devise qui émaille toutes les réponses aux justes révoltes qui grondent de plus en plus fort au sein du peuple. Qu'il s'agisse des politiciens, des experts en tous genres, des journalistes, toujours ils répondront: "ce qu'il faudrait...", parfois le temps de conjugaison peut varier, mais le verbe reste le même. Il s'agit simplement de ne jamais le conjuguer au présent!
   Mais n'est-ce que l'adage des classes dirigeantes? Ne serions-nous pas tous un peu plus que concernés par ce verbiage, ainsi qu'il conviendrait de le nommer?
   L'exemple le plus fréquent en ces périodes de doute est le fameux "il faudrait" des experts en climat et écologie. Nous nous empressons de réutiliser leur formule pour excuser nos refus de changement de style de vie.
   Nous devons passer en mode moins, déplacements, gaspillages, déchets et dès qu'un gouvernement veut en faire un programme national, nous descendons dans la rue pour crier que l'on veut bien changer mais pas en souffrir, alors même que nos souffrances seront amplifiées par le refus de changement!
   Ce qu'il faudrait en fait, c'est un miracle, mais les prières n'ont pas l'air très audibles vu le peu de réaction de leur destinataire.
   Nous agissons comme si nous n'avions pas de descendance ou comme si elle ne comptait pas, nous pouvons bien vilipender Donald la trompe, nous refusons autant que lui la réalité climatique mais au moins le reconnaît-il officiellement.
   Nos villes éclairées de trop nombreux lampadaires, aidés par les enseignes de commerces ne provoquent toujours pas de "il faudrait", pas plus que les trop nombreux déplacements d'avions, de bateaux tous toujours plus gros, comme les voitures particulières, tous toujours plus polluants, plus nombreux ne font pas même partie du débat.
   Mais, nous, simples citoyens, il faudrait que nous l'acceptions tout en faisant des sacrifices vains en leur lieu et place...il faudrait!
  

lundi 19 novembre 2018

Les cocus mécontents.

   Je n'ai pas pu trouver d'autre dénomination pour parler de ces personnes, sans doute pleines d'espoirs, qui ont voté pour le tenant actuel du pouvoir et qui sont d'autant plus marries qu'elles sont les premières victimes des besoins d'argent grandissants de notre Auguste.
   Entre ses incessantes allées et venues, un coup à gauche, un coup à droite, à force d'être partout il finit par ne plus être nulle part, si ce n'est dans le bas de notre dos!
   Alors les taxes augmentent dans tous les sens, ce qui met ces citoyens dans un état proche de la colère, ils n'ont fait qu'enfiler leurs gilets jaunes et bloquer quelques points stratégiques. Force est de reconnaître que cela ne s'est pas trop mal déroulé, excepté une victime que l'on pourrait dire expiatoire, puisque retraitée obligée de reprendre un emploi, les autres ont continué à manifester en son nom!
   Il est vrai que d'avoir voté pour un vieux déguisé en jeune, euh, pour un ancien déguisé en nouveau, voulais-je écrire, a de quoi rendre irritable! Seulement, il est de justes colères que l'on ne peut laisser justement éclater, d'où le titre!
   Ils ont essayé d'avancer masqués afin d'attirer d'autres mécontents, mais ont fini par se dévoiler au fil des interviews médiatiques, désarçonnés par le dédain somptueux dont a fait preuve notre omnipotent président.
   Nos chers révoltés n'ont eu que le fou du roi à se mettre sous la dent, le ministre de l'intérieur a pu faire le pitre à son aise et c'est le premier ministre qui est chargé d'annoncer que rien ne va changer!
   J'ai le pressentiment que les manifestations vont continuer de plus belle, parce que je ne connais rien de plus rancunier qu'un cocu déclaré, surtout laissé à son désespoir!
  
   

dimanche 28 octobre 2018

C'est pour votre bien.

   Je ressors d'une série d'examens médicaux aussi vaine que les précédentes puisque toujours orientée dans la recherche de ces fameux symptômes qui refusent de se montrer, sont-ils coquins, tout de même! Mais les spécialistes du corps médical, neurologues pour ce cas précis, sont aussi obtus que des hommes politiques, ils semblent entendre nos idées mais sont incapables de simplement imaginer les essayer.
   Ce refus de chercher les "sources du mal" ailleurs que dans les raisons médicales connues, conduit au refus de tenter une improvisation ou même de chercher différemment.
   Mais ce n'est pas le plus épique de la situation, face à mon mal-être exprimé la réponse fut des plus déroutante. Au vu de tous les examens subis, cherchant la moindre possibilité de cancer à "quelque endroit que ce fut" de mon corps qui, en plus d'être divin, s'avère en pleine santé! Si l'on excepte l'état de certaines vertèbres et cette épilepsie surprenante.
   Il ne me reste plus qu'à rendre visite à l'Haroun Tazieff de la radiologie, celui qui s'occupe de visiter les cavités sombres, muni d'une caméra de surcroît! Je m'en fous, j'irais témoigner sur #mee too!
   Ce texte n'est que le résultat des répétitions d'examens aussi douloureux qu'inutiles, IRM, ponctions lombaires, électro-encéphalogrammes, pour m'annoncer qu'il n'y a rien à m'annoncer. Mais il ne faut pas s'en inquiéter puisque seuls cinq pour cent des épileptiques en connaissent la cause, je me sens moins seul, faute d'être rassuré!
   Il reste cependant un espoir avec d'autres spécialistes qui vont chercher d'autres pistes, puisque les neurologues n'ont pas l'air d'avoir beaucoup d'imagination, paradoxe de personnes étudiant un monde inconnu!
   J'espère juste que ce sera un peu plus plaisant et moins douloureux, surtout pour eux d'ailleurs, je pourrais finir par croire qu'ils me veulent du mal malgré leurs dénégations, en tout cas je suis de moins en moins certain que ce soit pour mon bien!

lundi 22 octobre 2018

Solitude

   Actuellement je vis en colocation contrainte, entendez par là que je n'ai rien choisi, ni le lieu, ni la durée, ni même la situation, la maladie ne m'autorisant pas à vivre seul pour le moment. J'avais bien pris ça au départ, pensant que l'on me rendait service par amitié, naïf que j'étais!
   Mon état de santé ne s'améliorant pas assez, l'expérience se prolonge au-delà du raisonnable, j'en ai de plus en plus conscience. Alors je passe mes journées dehors, marchant de plus en plus longtemps, de plus en plus loin, au moins je m'entraîne pour le pèlerinage, quelque soit le climat!
   Car, s'il est vrai que je fais des découvertes surprenantes sur la nature humaine, je ne suis pas certain que ce soit un enrichissement!
   De voir un homme s'enraciner dans son fauteuil, je ne saurai le dire autrement, ne daignant en sortir que pour aller s'acheter des cigarettes ou un énième polar de bas étage. Les tâches ménagères ne me sont laissées à charge que parce que je fais trop souvent le ménage, quand une fois par mois suffirait bien!
   Le temps se passe donc en lecture, entrecoupée de sieste dans la position, là je dois avouer que je suis impressionné. S'endormir avec le livre ouvert, posé sur la cuisse d'une jambe croisée avec l'autre, parfois plus d'une heure et pouvoir se relever sans être ankylosé, il y a de quoi être jaloux, enfin un peu seulement! Et, s'il ne se lève pas, il reprend la lecture comme si de rien n'était, sauf quand les pages ont tourné pendant l'interruption, là, cinq minutes après la reprise de lecture, il lui faut rechercher les mots sur lesquels il s'est endormi!
   Ensuite arrivent ses amis joueurs d'échecs qui, de concert, s'endorment face à l'échiquier tout en s'extasiant de la durée de leurs parties! Car, s'il fallait porter un jugement, je crains que ce ne soit qu'un constat d'échec!
   Alors il n'y a pas d'autre solution que fuir le lieu, partant errer seul dans les rues ou sur les sentiers malouins, espérant une rencontre fortuite pleine de sympathie et d'échanges. Mais le Malouin "traditionnel" est avare de ses mots et reste méfiant dès que l'on évoque ses origines étrangères, à savoir Morbihannaises dans mon cas!
   Je me retrouve ainsi cerné par diverses formes de solitude, ne jamais pouvoir tenir une vraie conversation, développer divers sujets avec un tant soit peu de passion par exemple. Être seul à s'extasier de la magie de lueurs vespérales, les autres passants semblant plus attentifs à mon comportement qu'au véritable spectacle, je pourrais presque croire que je brille plus qu'un soleil couchant!
   Mais je m'en retourne toujours aussi seul, ne conversant qu'avec moi-même, pour aller dîner en compagnie de bruits de mastication, à peine entrecoupés de grommellements de satisfaction. Aussitôt le repas terminé, je quitte la pièce pour ne point avoir à subir les inepties télévisuelles qui meubleront le silence.
   Cette solitude étrange me pèse, seulement je suis optimiste donc je préfère penser que c'est une motivation supplémentaire pour partir sur la route, vivement le printemps!
 

lundi 15 octobre 2018

Et l'homme créa dieu.

   Il était une fois un humain, mais comme notre histoire se déroulait il y a très, très longtemps, il conservait ses traits simiesques, il était debout et c'est le plus important, semble-t-il, avec l'utilisation de ses mains comme outils. Il commença à réfléchir dans la foulée, c'est là que les choses se sont gâtées, je le crains.
   Les questions existentielles ont eu l'air de très vite prendre beaucoup de place, en fait la première profession du monde n'est pas la prostitution mais bel et bien cette foutue psychologie! Les fameuses questions :"qui suis-je, où vais-je, que fais-je là?", ont dû occuper plus d'une soirée au coin du feu!
   Le principal sujet de préoccupation était de comprendre pourquoi nous pouvions nous réunir au coin du feu pour discuter et pas les autres animaux. Mais ils eurent beau les cuisiner, ces derniers refusèrent de répondre alors ils les jetèrent hors de leurs écoles et les animaux n'ont pas pu apprendre à se tenir debout, sauf les quelques malins qui ont su s'infiltrer!
   Bref, un soir de pluie de météorites, l'un d'entre eux émis l'idée d'un père en colère après ses créations et qu'ils risquaient la crémation s'ils ne le vénéraient pas. Et de créatures, ils devinrent les créateurs du créateur qui en a fait des créations, ils n'étaient pas naïfs mais allez découvrir le génome avec quelques grommellements pour tout vocabulaire!
   D'ailleurs, tout laisse à penser que s'ils s'en étaient restés là, dieu se serait appelé groumf et on ne se serait pas fait autant de guerres, juste en son nom! D'ailleurs, au début du livre des trois religions monothéistes, il est clairement spécifié qu'il ne faut pas donner de nom à dieu. Les règles de bienséance elles-mêmes précisent qu'il ne faut pas dire le "nom de dieu"!
   Mais le mal était fait, le ver était dans le fruit, ce fut la fin de la bonne entente, le jardin d'Eden était donc au sommet de la tour de Babel! Certains comprirent l'autorité qu'ils en tiraient et commencèrent à exploiter leurs congénères au nom de ces forces supérieures, ça a tellement bien marché qu'ils ont été au bout de leur démarche, finissant par nommer leur dieu du nom d'argent.
   Lorsque tous les peuples se seront ralliés à cette nouvelle déité, il n'y aura plus qu'un seul dieu, et palpable celui-là! C'est rassurant, il ne devrait pas faire de vieux os!
   En attendant, l'humain a décidé que le plus simple était de devenir dieu, nous influons sur tout ce qui se passe sur notre planète selon les nouvelles autorités religieuses! Donc, si nous levons tous la main en criant stop, le réchauffement climatique prendra un coup de froid!
   Ensuite, plus de problèmes, nous irons vivre sur une autre planète puisque nous investissons l'argent dans la recherche spatiale plutôt que dans la préparation d'un réchauffement qui aura lieu, avec ou sans nous.
   Mais on s'en fout, il paraît que les dieux savent voler!
 
 

dimanche 7 octobre 2018

L'adieu aux armes.

   Les dégradations de ma santé me laissent à penser que je ne traînerai pas ma carcasse aussi longtemps que j'eusse aimé le faire. Je ne m'en offusque pas, c'est la vie et mourir en fait partie, seulement je veux le faire debout.
   Ma seule véritable frustration est de ne pouvoir faire tout ce qu'il me reste à faire, je dois établir une hiérarchie dans mes envies et agir en conséquence, abandonnant ainsi cette inconséquence qui a tant enrichi ma vie. Mais si je ne suis plus inconséquent, je crains d'y perdre ce grain de folie douce qui m'a permit de tant prendre de plaisir à vivre des expériences inédites.
   Alors je dois continuer à dédaigner les problèmes, quand bien même ils sont si virulents, mais je ne saurais le faire avec les mêmes exutoires, je dois abandonner certaines passions parmi les plus fortes et c'est là que le bât blesse. Il est des pages que l'on ne peut tourner aussi facilement, le déchirement empêtre le mouvement, le coeur s'en mêle faisant exploser le chagrin, puisque c'est bien d'explosions qu'il s'agit.
   Je dois faire mon adieu aux armes et de simplement l'écrire me rend cette idée inadmissible, mais il ne saurait en être autrement. Mes forces vives m'ont abandonné, je n'ai plus assez de cette énergique folie qui m'a tant animé, ce n'est plus mon cerveau qui décide du mouvement de mon corps (si, si, il m'est arrivé de réfléchir avant d'agir, parfois!).
   Il me faut tenter de refermer cette plaie à mon coeur par d'autres exutoires, qui pourront éveiller ma passion éteinte tant qu'elle fume encore, il me faut me recharger, à l'instar de mes canons, si je veux tonner encore! Mais comment accepter l'inacceptable, j'ai beau chercher, rien ne pourra plus me permettre de pratiquer la reconstitution médiévale, je lui ai trop donné pour accepter de n'être qu'une présence.
   J'ai bien commencé à étudier des textes anciens afin d'y trouver l'inspiration, mais je sens qu'il m'est plus difficile d'apprendre. Là encore, il me faudrait un temps dont je ne semble plus disposer, les jours passent de plus en plus vite. Alors je vais marcher jusqu'à l'épuisement pour, qu'abruti de fatigue, je puisse m'endormir sans questionnements.
   Mais le pire n'est pas là, il est des vérités que l'on ne saurait annoncer à ses proches sans anicroche, alors je mens par amour, acceptant d'être délaissé quand j'aurais besoin d'être entouré. J'ai toujours survécu, ils ne voient pas comment le roc pourrait se fendre, ne se rendent pas compte que c'est par l'intérieur que les fissures gagnent du terrain.
   Je dois juste leur prouver que je les aime vraiment, c'est ma dernière épreuve donc je ne me plains pas, pour ne pas les encombrer. C'est plus efficace que je n'aurai pu l'espérer, mais au moins je sais que je peux disparaître sans que ça ne provoque trop d'émois, au moins partirai-je le coeur léger!
   Faire un adieu aux armes
   Sans verser de larmes
   Le désespoir enfonçant sa lame
   Jusqu'au tréfonds de l'âme?

mercredi 3 octobre 2018

Une immortalité héréditaire.

   S'il est une personne que l'on ne peut qu'aimer, quoiqu'il arrive, c'est notre Maman, je n'en ai pas le moindre doute. La simple idée de ne plus la voir est inconcevable, n'est-ce pas?
   Si je veux ici rendre cet hommage à ma Maman, c'est qu'elle vient d'échapper au pire lors d'un accident de la route, elle aurait pu nous quitter comme ça, en pleine santé. Je pourrais, bien sûr, épiloguer sur ce ton et vous faire verser les larmes que je n'ai pu retenir, mais, à l'instar de cette même Maman, je suis un incorrigible optimiste!
   Alors je préfère y voir un autre héritage maternel, cette fameuse immortalité dont je me targue dans l'un de mes textes précédents, je la tiendrais donc de ma Maman! D'ailleurs les brefs messages que nous avons pu échanger me le confirment, elle a aussi conservé son sens de l'humour!
   S'il est ce qui me permet d'écrire ces lignes le coeur léger, cet accident m'a surtout ouvert les yeux, si je dois écrire l'amour que je porte à ma Maman autant le faire de son vivant!
   Ô toi, Maman, petit bout de femme aussi discrète qu'efficace, entourée de quatre mâles, dont trois sont tes fils. Tu as su conserver notre respect, même dans les périodes les plus irrespectueuses de l'adolescence, ce qui n'est pas peu dire!
   Certes, ta façon de montrer ton amour aurait pu nous laisser croire à une forme de dédain, alors que ce n'est que cette foutue pudeur bretonne, ne rien laisser paraître. Je n'ai qu'un seul souvenir d'un véritable mouvement d'humeur, je vois encore tes lunettes glisser sur la table de la cuisine!!! La suite ne m'appartient pas.
   Il nous aura donc fallu grandir pour comprendre que la stabilité et la fiabilité étaient tes qualités, mais elles étaient occultées par un voile de peur qui, là encore, ne m'appartient pas.
   Ce n'est qu'en soulevant le voile que l'on peut percevoir toute la force dont tu as fait preuve pour essayer de conserver un aspect de famille à un groupe devenu aussi disparate.
   J'ai pleinement conscience, ma chère Maman, de ton courage, comment aimer des hommes qui ne s'aiment pas? C'est une étrange question, qui est pourtant ta réalité, mais, là encore, je crains que cela ne m'appartienne plus.
   Ce qui m'appartient totalement, par contre, ce sont les sentiments à ton égard qui m'animent Maman. D'abord cet amour immodéré que je te porte, m'éclairant sur ce que je prenais pour des défections alors que tu étais, tout autant que moi, victime. Ensuite, ce respect que tu as su m'inspirer par la confiance aveugle que l'on pouvait te faire, par ces moments où tu m'expliquais la cuisine à laquelle j'essayais, tant bien que mal, d'apporter mon aide, aujourd'hui encore c'est comme toi que je cuisine!
    Ce n'est pas la seule de tes qualités dont j'ai hérité, mais il était une ombre qui m'empêchait d'en avoir une vision claire, maintenant que je laisse à nouveau filtrer la lumière tout s'éclaire.
   C'est tellement simple qu'avec ton bon sens j'aurais dû y penser plus tôt, j'aurais pu te dire bien avant combien je t'aime, Maman.





















samedi 29 septembre 2018

L'automne m'étonne.

   Profitant de l'air estival de ces premières journées d'automne, je m'accordais une escapade végétale, en cette saison il est de nombreux fruits dont nous gratifie la nature. Ma première surprise fut l'abondance des fructifications, quels que soient les arbres, ils en étaient couverts alors je faisais bombance de noisettes, faines, châtaignes et même des noix, mais ce ne fut pas ma plus grande surprise. Dans un parc vivent quelques Oliviers qui sont couverts d'olives, pas prêtes à mûrir je vous le concède, mais elles sont nombreuses et de belle forme...si notre été indien se prolongeait jusqu'en octobre, qui sait!?
   Justement, s'il est quelqu'un qui sait, ce sont les plus vieux arbres, je m'approchais des plus majestueux et collais mon oreille à leurs troncs afin de mieux communiquer. Au premier, je dis :"Ô mon Hêtre, parles et j'écouterais!", à quoi il me fut répondu : "crrrc, crrc!", je cherche encore le sens secret du message!
   Je me tournais alors vers d'autres arbres afin de voir s'ils étaient plus diserts :"parles-moi afin que je ne me fasses pas de mauvais sang, Chêne." ; "....." , pas même de réponse! Ce Chêne me prendrait-il pour un gland? A propos de glander, je cherchais un Bouleau qui est parfois plus facile d'accès que ces vieux caractériels de plus de deux cents ans. Mais celui que je rencontrais se prenait pour un Saule et passait son temps à pleurer!
   Puis le hasard mit un Noyer sur mon chemin, mais lui se prenait pour un dindon et glougloutait à qui mieux-mieux, heureusement que j'ai pu sauver quelques fruits de la noyade! Là, je dus admettre que la folie semble s'être emparée de la nature.
   En effet, si les arbres se mettent à raconter n'importe quoi, cependant que leurs feuillages refusent même de jaunir, tandis que des arbustes dont les floraisons devraient être terminées parent les sous-bois de leurs couleurs qui ne semblent pas vouloir se faner. Cette promenade d'automne ressemble à s'y méprendre à une ballade de fin de printemps, les insectes eux-même semblent participer de cette folie par des ballets déchaînés.
   Voilà, je préférais rentrer au plus vite, fuyant cette déraison de la nature je m'installais sur une solide branche de Catalpa, mais il a refusé de justifier son nom et j'ai dû rentrer à pied en grignotant un bout de Pin!

dimanche 23 septembre 2018

Réfutation.

   Mot voisin du déni d'existence qui n'est qu'à une lettre, pourtant, d'une existence plus que reconnue, il est dans l'air du temps. La réfutation est dans l'air du temps mais à un tel point qu'elle se refuse à simplement être nommée.
   Nous sommes pourtant entrés dans l'ère de la prolepse, où l'on efface de potentielles contradictions avant même qu'elles ne se fassent jour, faisant ainsi passer les contradicteurs pour des gens vains, voire nuisibles!
   Le plus surprenant est que le titre me semblait inspiré par mon propre déni de mes problèmes de santé. Je pensais qu'il suffisait de faire comme si j'allais bien pour que j'aille bien, jusque là le stratagème fonctionnait parfaitement, du moins le croyais-je! En fait, les douleurs n'étaient que superficielles sur un corps qui avait encore la capacité de masquer la réalité des dégâts, mais cela ne dure qu'un temps!
   Il est un moment où le corps ne veut plus se soumettre à la simple volonté d'un cerveau qui est lui-même en phase de doute, heureusement que je suis un optimiste! Je sais, grâce à lui, que je vais m'adapter à cette situation nouvelle mais c'est la brutalité avec laquelle elle s'est imposée qui me trouble, pour ne pas dire plus.
   C'est en voulant observer la façon qu'ont les autres d'affronter cette épineuse transition que j'ai fait un surprenant constat. Je ne suis pas le seul à avoir des difficultés avec la réfutation, il semblerait même qu'elle soit devenue essentielle à nos dirigeants et autres responsables, particulièrement au sujet de l'écologie!
   Toutes les solutions présentées comme écologiques sont tuées dans l'oeuf uniquement par les tenants d'une continuité des profits financiers, juste cela! Par exemple, les éoliennes et les panneaux solaires généreront tant de déchets indestructibles que nous en serons submergés et, de toute façon, ils ne produiront jamais assez d'électricité pour que nous puissions continuer à ce rythme. On se donne déjà bien assez de mal à dissimuler la réalité des déchets nucléaires!
   Le discours est convenu, nul ne l'ignore, mais je ne puis m'empêcher de faire un rapprochement avec ma situation, nous risquons de nous éveiller un matin pour constater que plus rien ne sera pareil, quoi que l'on fasse il sera trop tard, il faudra nous adapter!
   Peut-être devrions-nous commencer par cesser de réfuter son véritable rôle à notre Terre, celui de mère de tous les peuples. Ainsi pourrions-nous cesser de nous abriter derrière un hypothétique dieu rédempteur de nos erreurs, n'omettons plus que notre seul vrai héritage, ce sont nos enfants et que c'est leur lieu de vie que nous détériorons!
 
 

lundi 17 septembre 2018

Une Mère.

   Drôle de challenge que je veux m'imposer ce soir, tenter de décrypter ou, au moins, de comprendre cette transformation que subissent beaucoup de femmes dès qu'elles ont enfanté.
   Tous les pères pourraient en témoigner, il est un moment où nous n'avons plus qu'une valeur d'apparence aux yeux de nos dulcinées, encore faut-il être très investi dans son rôle de père. Même ainsi, nous sommes souvent perçus comme encombrants, surtout les premiers mois, c'est lorsque les enfants grandissent et s'enhardissent que les pères retrouvent une certaine utilité, donc valeur, aux yeux de la mère de leurs enfants.
   Le problème qui se pose entre une mère et un père est, parfois, aggravé car il y a déjà deux femmes entre eux, qu'ils le veuillent ou non. Elles sont les Mamans de chacun des protagonistes et sont, surtout pour la femme, Le modèle à suivre. Pour l'homme, c'est moins évident, il essaie souvent de se démarquer de son éducation, mais "chassez le naturel, il revient au galop"!
   En fait, nous n'arrivons pas à nous défaire de l'amour aveugle que nous portons tous à nos mères respectives. Elles sont les seules femmes que l'on ne peut cesser d'aimer, avec nos filles évidemment mais ce n'est pas la même façon de l'exprimer.
   Je traverse l'une de ces périodes troubles de la vie où il est bon d'être rassuré sur les sentiments de nos proches. Il est rassérénant de penser qu'il existe quelque part au moins une personne qui s'inquiète vraiment, je pensais naïvement que c'était l'une des attributions de la mère, aimer aveuglément ses enfants, tous ses enfants.
   Seulement si j'ai vanté la froideur de l'amour des mamans bretonnes, c'est que je ne pensais pas qu'elle pouvait atteindre à une telle distance. Là, je prends définitivement conscience que si je veux conserver un semblant de relation avec ma maman, il me faudra le faire dans une forme de soumission à l'ordre établi, jusqu'à l'acceptation d'un géniteur qui refuse d'être mon père.
   Je ne peux pas ne plus aimer ma mère, tout le monde sait ça, mais je veux, par ces quelques lignes, créer une distance suffisante pour apprendre à "égarer ma mère", afin que je puisse continuer cette route de façon plus sereine.
   Et, puisque je ne puis plus être un digne fils, je tenterai de ne pas être un père indigne, ainsi rétablirais-je une forme d'équilibre qui me permettra de définitivement me retrouver, faute de retrouver une vraie maman!

dimanche 16 septembre 2018

Conversation avec des morts.

   Cela fait un bon moment que je me rends dans un petit cimetière de Saint-Servan, il est si discret que peu de personnes le fréquentent, ce qui en fait un havre de paix plus qu'appréciable, presque intimiste!
   Il se trouve qu'au milieu de ce cimetière ont été plantés six ifs qui ont maintenant plus de deux siècles d'implantation et ils ont été disposés en cercle au centre du lieu. Or, je me suis rendu compte qu'en me tenant au centre du cercle (sans doute d'inspiration Celte, soit dit en passant!), je pouvais entendre les voix des défunts!
   Mais les messages n'étaient pas très clairs, la réception n'était pas parfaite parce que le centre exact du cercle était déjà occupé. C'est encore cet olibrius qui gâche déjà mes anniversaires, ce Jésus-christ, qui prend toute la place, si encore il servait d'antenne avec ses bras en croix mais non, pas de communication!
   Bref, malgré ces interférences, j'ai pu en entendre certains mais ce n'était pas toujours très audible, ainsi le premier d'entre eux a dit exactement :"mmm''mmmm", par contre, je suis absolument certain que le son venait du centre du cercle. J'aurais autant apprécié qu'ils soient dans leurs tombes, j'aurais pu lire leur nom!
   Surtout que, pensant que je le entendais, ils furent plusieurs à venir me solliciter, j'ai le sentiment qu'il y avait plus de femmes ou qu'elles parlaient plus fort, en tout cas j'ai bien entendu le nom de deux d'entre-elles, Marie Fouché et Célina Geffroy. Si je peux orthographier leurs noms correctement, c'est que j'ai retrouvé leurs tombes, Marie est partie en 1898 et Célina l'avait précédée en 1871, ça fait longtemps qu'elles sont là!
   A ma question angoissée sur la vie après la mort :"restons nous dans le même endroit pour l'éternité?", elles me dirent qu'elles ne voyaient pas de raisons d'envoyer leurs âmes ailleurs que dans ce jardinet tranquille.
   J'allais alors voir le plus âgé des pensionnaires du lieu, Louis ne vit plus là depuis 1854, il en a vu passer des enterrements et ça arrive encore! C'est toujours le même scénario de gens éplorés, sauf lorsque le défunt est un peu glorieux, alors il y a quelques fioritures à la cérémonie!
   Ce qui fut le cas lors de l'enterrement d'une gloire locale, l'amiral Bouvet, en 1860, il y avait même des hommes politiques de l'époque! Ce ne fut que lorsqu'un de ces discours retraça sa carrière militaire que nous prîmes conscience que l'amiral avait servi sous tous les régimes politiques de la France.
   Il a entamé sa carrière sous la royauté, a continué sous les ordres de la république avant de passer sous régime impérial et retour aux sources royalistes avec la Restauration! Lorsque je lui exprimais mon admiration pour sa carrière exemplaire et riche, il émit un petit rire en disant que nous étions sous un régime qui regroupait les quatre qu'il avait connus.
   Un président de la république qui est plus royaliste que le roi et qui pense avoir l'empire sur tout son peuple! Au moins, à son époque, établissait-on des différences!
   Voilà, j'ai laissé les morts à leurs réflexions, repartant convaincu que la voix des arbres, finalement, n'est que celle de nos ancêtres, qui qu'ils soient!

mardi 4 septembre 2018

J'aimerais rentrer.

   Drôle de rentrée que celle de cette année, même si une certaine distance nous séparait, je vivais celles de mon fils malgré tout. C'est la première année où je n'ai plus d'élève, le dernier des trois a cessé les cours et, comme ses soeurs, enchaîné par un travail rapidement obtenu.
   Mais il aura fallu cette journée pour que j'en prenne totalement conscience, de voir tous ces parents préoccupés m'a réjoui, pour une fois qu'il est bon de vieillir je ne vais pas me refuser ce plaisir! Alors je me suis fait le témoin privilégié de ces scènes délirantes générées par les rentrées de primaire, déprimaires devrais-je dire tant certaines mines sont déconfites, mais ce sont rarement celles des enfants.
   En fait, je n'arrive pas à cerner les raisons de ces mines attristées, j'ai le sentiment que certains parents ont l'impression d'abandonner leurs enfants chéris. Comme s'ils rejoignaient un monde plein de dangers où les autres élèves n'attendent que leur départ pour agresser leurs bébés d'amour.
   Alors que ces mêmes enfants n'attendent que le départ de leurs enquiquineurs de parents pour laisser éclater leur joie de retrouver leurs amis! La cour de récréation  devient un haut-lieu de débats passionnés dès les derniers parents partis et il n'est que l'appel pour ramener un semblant d'ordre, l'enfance ne change pas, toute en sincérité et joie de vivre.
   Les quelques enfants qui jouaient au ballon en fin d'après-midi, attendant leurs retardataires de parents, avaient le regard encore brillant de l'excitation de cette si importante journée. En leur restituant leur ballon qui avait fugué je me suis rendu compte qu'ils étaient heureux, tout simplement heureux, d'avoir repris l'école.
   Cela m'a paru moins évident le lendemain, en passant devant les collèges, il y a moins de parents et ils n'osent qu'à peine sortir de leurs voitures, larguant leurs adolescents plus qu'ils ne les déposent. S'ils attendent, ce n'est que pour vérifier que leur rebelle entre bien dans l'établissement, mais il va tergiverser. Maintenant qu'il va devoir couper son téléphone pendant la journée il faut qu'il envoie le plus de "bouteilles à la mer" possible avant que d'être coupé du monde "réel"!
   Il y a aussi quelques fumeurs, voire vapoteurs, à treize-quatorze ans mais je ne porterais pas de jugement, ça appartient à chacun. Quelques groupes expriment leur joie de se retrouver, à cet âge là aussi les amitiés scolaires sont importantes. Finalement, la rentrée dans l'établissement se fit dans le même brouhaha que la veille dans les écoles primaires, il est des habitudes qui ne sauraient changer!
   Voilà, j'ai tant décroché de la rentrée que j'en suis à ne plus même rentrer chez moi, peut-être est-ce une manière de ne plus rater mes entrées!

dimanche 2 septembre 2018

Tous autistes.

   Hier, dans mon élan paternaliste du moment, j'ai proposé à une amie de m'occuper de son petit-fils, Timéo, qui est autiste. Il a essentiellement des problèmes de sociabilisation et, parfois, des réactions de violence dues surtout à l'incompréhension des autres.
   Les "autres", j'avais omis, dans mon immense naïveté, que c'était nous deux qui étions autres, il m'aura fallu le regard des autres pour en prendre conscience. Alors, une fois n'est pas coutume, j'ai laissé croire que Timéo était mon fils, il a accepté l'idée :"parce que avec toi, j'apprends des choses!", ce n'est pas plus difficile de se faire adopter, dommage de ne l'apprendre qu'avec l'âge!
   Les nuages, but premier de notre promenade, ayant décidé de nous faire faux bond, nous nous sommes rabattus sur les arbres et leurs fructifications aussi diverses que les nuages...et laissant autant de place à deux imaginations originales.
   Mon joyeux compagnon fut d'autant plus enthousiaste que le premier fruit était celui qui nous ressemble le plus, celui du Chêne, le gland!  Après avoir bien ri de la comparaison, Timéo me fit une remarque propre à tous les passionnés de plantes, la différence de taille entre la graine et l'arbre, surtout que nous avions affaire à un pluri-centenaire fort accueillant puisque nous étions juchés dans sa majestueuse ramure.
   Cependant, les regards majoritairement hostiles des passants nous poussèrent à continuer notre quête au sol. Bien nous en pris, les contacts se firent un peu plus nombreux et mon asocial compagnon me surprit en étalant fièrement ses connaissances fraîchement acquises, qu'il avait parfaitement assimilées!
   Cela nous autorisa à rejoindre une aire de jeux d'escalade qui faisait briller les yeux de Timéo qui a d'abord refusé de se mêler aux "autres". Une fois le rapport de confiance établi, les enfants informés des différences, tout s'est bien passé...pour eux.
   De mon côté, j'étais absolument seul, ce sont les parents de ces mêmes enfants qui m'ont regardé comme "autre", et c'est Timéo l'asocial, bande d'autistes! Comme s'il était sensible à ma situation, mon jeune ami ne s'attarda pas sur les jeux, prétextant préférer les arbres et leurs histoires racontées par leurs stigmates.
   C'est l'avantage de l'enfance, accentuée peut-être par les différences de Timéo, qui se contente déjà de la découverte du mot avant même que l'arbre ne nous ait livré sa fantastique histoire. Dans le même temps, tandis que je lui présentais les arbres de ma connaissance, Timéo faisait une récolte de leurs graines afin de les semer.
   Voilà, l'après-midi s'est achevée par un retour joyeux chez sa grand-mère, nanti d'un magnifique bouquet champêtre de sa composition, mon nouvel ami était aussi éreinté qu'heureux et son magnifique sourire vaut tous les mercis.
   Même si, du coup, je me demande pourquoi le courant passe si bien avec les personnes différentes!

jeudi 30 août 2018

Vanités.

   Comment l'humain peut-il se croire responsable du réchauffement climatique alors que nous n'en sommes que l'accélérateur, il aurait lieu même sans notre existence. Cela ne semble être qu'une réaction de défense de la Terre lorsque certaines limites sont franchies, mais ce n'est pas la première fois, loin s'en faut.
   Notre civilisation ne semble avoir connu que deux ou trois réchauffements climatiques, dont le principal a été accentué par la chute d'une météorite sur  la Terre. Mais le but principal de la planète était de se débarrasser de ses encombrants dinosaures, elle a transformé les tyrannosaures en poulets, imaginez ce qu'elle va nous faire subir! Si ça se trouve, les fourmis sont des humains qui vivaient au temps des dinosaures ou pire, les porcs étant très proches de nous génétiquement et vu que nous nous comportons déjà comme des cochons, ce ne serait qu'un juste retour à notre nature!
   Mais plutôt que d'étudier les possibilités d'atténuer les dégâts que causera ce réchauffement, nous préférons dépenser notre argent et nos énergies à poursuivre des chimères. Si nous prenons la peine de nous informer un peu, il est de nombreuses recherches scientifiques qui ne semblent pas essentielles à la survie de l'humanité et qui bénéficient de crédits accordés aux dépens des recherches utiles.
   Cependant je ne suis pas un scientifique, il est donc normal que la recherche de planètes au fin fond de l'univers ne me semble pas capitale, sans doute parce que je ne serai jamais assez riche pour me payer des vacances sur Pluton, il faudrait d'abord que je décroche la Lune!
   De même, la lutte acharnée de certains médecins contre le vieillissement qui ne se réduit qu'à des fantasmes de rajeunissement par la chimie ou la chirurgie, délaissant la lutte contre les vraies sources de problèmes. Comme pour la planète, on attend que les dégâts soient commis pour, mal, réparer et on fait semblant d'être pleins d'espoir pour l'avenir.
   Ainsi, si un front dégagé et ridé est un signe que l'on peut avoir des problèmes cardiaques, je ne suis pas certain que "replanter" et retendre le front suffise à nous en prémunir, on a juste l'air plus jeune lors du transfert aux urgences:
   Cela ne suffisant pas, il est cinq praticiens, je n'ose parler de médecins, Anglais de surcroît, qui prétendent pouvoir rajeunir les cellules. Ce sont les prisonniers qui vont être contents! Je me permets cette mauvaise plaisanterie uniquement parce que dans l'article qui en parle, il est un autre scientifique qui dit que ça se fera en détruisant d'autres cellules et que c'est inapplicable actuellement!
   Voilà, quelques bonnes raisons de ne pas s'inquiéter pour l'avenir, nous irons sur une autre planète, dans des corps régénérés et en plastique puisque c'est le seul matériau quasi indestructible...et que c'est nous qu'on l'a créé! Pour une fois qu'on fait quelque chose de durable...

mercredi 29 août 2018

Aubade au crépuscule.

   Hier matin, j'étais debout de bonne heure et j'ai pu profiter des premiers rayons du soleil, j'adore ce moment particulier où l'humidité de l'air dessine les rayons solaires dans les cieux. Puis, peu à peu, la lumière dévoile, dans un masque de brume, les contours de la nature s'éveillant.
   Déjà les animaux s'ébrouent, les oiseaux échauffent leurs voix en égayant l'air de leurs chants, les premiers insectes se mettent en quête de nourriture, eux-même servant de petit déjeuner aux oiseaux pré-cités. L'éveil des uns signifie la mort des autres, heureusement pour eux, je ne mange pas d'oiseaux au petit-déjeuner.
   Un tel ensoleillement méritait un hommage, je décidais donc de partir errer sur les sentiers du hasard dès le matin. Ma rencontre avec le soleil fut une parfaite réussite, il ne m'a pas quitté de la journée, ce n'était pas un luxe, le vent ayant décidé d'être de la partie. Nous sommes à Saint-Malo, il se trouve toujours quelque havre qui offre l'abri du vent, juste pour reprendre son souffle.
   J'avais décidé de rencontrer l'astre matinal dans la partie campagne, si elle n'est pas très riche, la lumière compensait largement ce léger défaut. Puis j'ai rejoint la côte par des chemins de traverse, ils sont très nombreux et il est bon de s'y laisser perdre, c'est là que se cachent les oiseaux qui ne sont ni goélands, ni pigeons!
   Il est amusant de constater combien la lumière du soleil, dans son déplacement, va jusqu'à changer la physionomie de certains lieux, je les vois sous un nouveau jour! Puis, m'approchant du rivage, je constatais avec joie que la Manche a enfin compris le peu d'attrait que j'ai pour elle, elle se retirait devant mes pas, à moins que ce ne soit la marée, j'ai des doutes!
   Le mariage des lueurs, le soleil se reflétant dans les flots, un rayon se marie à une vague et paraît surfer sur elle. L'eau semble s'éclairer de transparence, nous offrant des images qu'on a que peu l'occasion de voir. Les couleurs des plantes de mer n'ayant rien à envier aux plantes terrestres, leurs formes particulières ajoutant à leur charme.
   Il m'aura fallu passer la journée avec le soleil pour me rendre compte que les équinoxes ne sont que la période d'équilibre jour-nuit, douze heures chacun! Là, je suis au moment où l'heure de la jonction approche, face à l'astre dardant ses rayons dans un dernier éclat qui n'appartient qu'à ceux qui étaient là, na!

lundi 27 août 2018

Changer de vie.

   Encore et toujours, comme un leitmotiv plus qu'un refrain, comme un destin voué à la mobilité avec pour adage : "Sur place ne restera" voire "A sa place ne saura rester"?
   Je n'ai plus même à en décider, la vie se charge de me mener au but, s'il existe, mais il est une certitude qui se fait jour, je ne suis plus maître de mes choix. Il est des barrières qui peu à peu se font plus infranchissables, mon principal allié me fait défaut, pas par lassitude, hélas, cela ressemble plus à une défection, mais mon corps me lâche.
   S'il n'était que mon impuissance à lutter contre le fléau je me ferai aider, mais la médecine est encore en plein tâtonnements sur le sujet et les professionnels n'arrivent qu'à peine à s'accorder entre eux. Le paradoxe vient du fait que leurs hésitations me rassurent, j'ai au moins l'impression qu'ils cherchent et je suis certain que dès qu'ils sauront ce qu'ils cherchent, ils le trouveront!
 La preuve, on explore les immensités célestes alors que l'on ne connaît pas encore tous les organes du corps humain!
   En attendant, je ne puis compter que sur mon ressenti pour essayer de comprendre mieux le fonctionnement de ce corps qui se refuse de plus en plus souvent à ma libre mobilité. Autant j'ai réussi à intégrer les divers obstacles que Mère nature a, dans son espièglerie, mis en travers de ma route, autant, là, je me trouve dans ce lieu sombre cherchant le rai de lumière de l'espoir.
   J'avais le choix en un panel très large d'affections souvent maîtrisées par la médecine moderne, mais cette volonté de ne jamais être dans le moule ne m'appartenait donc pas totalement, mon corps (défendant?) et ma santé ont joué sur mon inconscient dans le choix des orientations de vie.
   Je m'étais cru maître d'une vie que je n'ai, pour son essentiel, que subie en me laissant porter par les flots rendus tumultueux par mes propres soins! Mon optimisme s'est chargé du reste, occultant le peu de raison à avoir tenté une percée.
   Là, il faut que je raisonne ma raison, il n'y a pas de raisons que j'échoue, pour peu que je me trouve une raison!

dimanche 26 août 2018

Quelle chienne!

   Je viens de passer deux jours en charmante compagnie, mais je n'ai pas abordé le sujet comme il se doit car c'est plein d'appréhensions que j'abordais cette fin de semaine, un couple d'amis m'ayant demandé de garder leur chienne.
   Jusque là tout va bien me direz-vous, seulement ils me l'avaient demandé il y a fort longtemps et j'en ai été surpris. C'est que la chienne en question n'est pas une chienne aux yeux d'une majorité de nos concitoyens, elle est une staff, comme je la connais, je la sais gentille et douce mais il n'y a que sa race qui se voit pour les autres et, à part deux suicidaires, je n'ai croisé personne!
   Me refusant à lui faire subir ce que je ne saurais accepter, je ne mettais pas sa muselière à Tia, autant l'appeler par son nom, malgré le risque d'amende potentielle ainsi que d'emprisonnement de la pauvre bête! Nous partîmes donc, libres comme l'air ou presque, une simple laisse nous reliant, le courant est très bien passé entre nous.
   Notre entente spontanée me poussa à prendre les chemins de traverse pour rentrer, bien m'en pris c'est une race de grands sportifs qui doit courir et se dépenser pour être en forme, tout le contraire de moi! Heureusement que je suis l'humain, donc le plus intelligent, je m'étais sagement muni d'une balle en caoutchouc pour la faire courir sans me mouvoir plus que d'un bras!
   Outre le fait qu'elle m'a fait rouler dans l'herbe dans des simulacres de bagarres, la balle ne fit pas long feu entre ses puissantes mâchoires. Surtout qu'il a fallu, qu'exténué, je me redresse au bout de trois quarts d'heure et lui intime l'ordre de lâcher la balle, pour qu'elle me la dépose aux pieds! C'est bon d'être le plus intelligent, redis-je, simplement un peu essoufflé!
   Après nous être bien dépensés, Tia émit l'idée de rentrer se désaltérer et se reposer un peu, à moins que ce ne fut moi, je ne sais plus bien, nous avions l'air fatigué tous les deux, c'est tout ce dont je me rappelle! Pour cela, il nous fallait traverser des zones fréquentées par des humains, là ce fut un délire entre ceux qui voulaient absolument lui faire une caresse et ceux qui la fuyaient.
   J'ai même vu une dame se précipiter dans son camping-car à notre arrivée, je n'avais jamais fait fuir avant, moins encore les dames. Imaginez l'intensité de ma joie!  Je m'engouffrais dans le premier parc public ouvert afin d'y faire le vide, moins de dix minutes plus tard il n'y a plus une mémé à yorkshire!
   Finalement, pendant ces deux jours nous ne nous sommes fait que deux copines, Tia et moi, une dame de quatre-vingt deux printemps en pleine forme et sa chienne, une yorkshire pourtant, allez comprendre les chiens lorsque vous êtes trop intelligent, hein,!!!
   Voilà, elle est repartie dans sa famille et je rassure tout de suite les amis des animaux, il n'est pas question que je renouvelle l'expérience!
 

vendredi 24 août 2018

Fluctuations.

   C'est ce qui me rend si optimiste, le désarroi d'hier a disparu avec les symptômes, du coup j'ai été grimper dans les rochers, escalader pourrais-je dire. Quand je disais qu'il fallait juste que je sois plus rapide que la maladie!
   Donc, malgré quelques risques de sautes d'humeur de la météo, après deux jours quasi-enfermé par la faiblesse d'un corps trop vieux....Mais qu'est-ce que je raconte, moi, ce ne sont que quelques troubles passagers dus aux drogues que m'oblige à prendre ma dealeuse, euh, ma neurologue.
   Je me décidais, DONC, à aller errer par les chemins malgré un temps incertain, bien m'en pris puisque le soleil n'attendait que moi pour apparaître, ou presque! En fait, la météo était nuancée, elle variait dans les teintes, allant du gris foncé au bleu ciel en passant par le blanc, suivi du jaune soleil, mais j'étais trop motivé à la ballade pour manger un oeuf sur le plat!
   Mais plus j'approchais de la côte plus je croisais de migrants...de touristes étrangers, voulais-je dire, il n'y a pas de migrants chez nous, nous le saurions autrement! En tout cas, le pléthore d'étrangers me fit fuir vers les rochers et leurs circonvolutions propres à faire fuir même le plus intrépide des étrangers.
   Le stratagème a d'autant mieux fonctionné que les lieux étaient plus propices à un sportif équipé qu'à un vieux baba-cool en sandales avec la sacoche en bandoulière! Trop tard, j'étais lancé, il en allait de mon honneur aux yeux des touristes qui regardaient déjà ailleurs, d'ailleurs.
   Je ne les voyais plus de toute façon, concentré que j'étais de l'endroit où poser mes mains et, surtout, mes pieds, tandis que l'escarpement s'escarpait de plus en plus. Tant et si bien qu'à un moment m'est apparu ce qu'il convient d'appeler un mur infranchissable, de prime abord. Après avoir fait l'amer constat de mon incapacité à rebrousser chemin, je me décidais à chercher une voie de secours autre qu'un bain de mer, tout habillé, après une chute de cinq mètres, on a parfois de ces lubies!
   Je finissais par trouver une voie, durant laquelle je me suis promis d'acheter au moins les chaussures du sportif précité, et arriver tout entier en-bas, sans avoir même éraflé mes sandales! Tant pis pour la promesse faite aux sportifs, je ne leur ferai pas l'honneur de leur ressembler!
   Que voulez-vous, je suis fluctuant...

jeudi 23 août 2018

Fluctuat nec mergitur?

   Comment titrer autrement le désarroi qui m'envahit en cette période de dégradation de ma santé, ce sont ces instabilités qui rendent la situation difficilement acceptable. La soudaineté des pertes d'équilibre est telle que j'ai appris que "raser les murs" n'était pas qu'une expression.
   Je suis un optimiste alors je continue de lutter, mais certaines réalités se font jour qui me sont, pour l'instant, très dures à vivre. Le premier deuil est celui de l'artillerie médiévale, les canons du Boutefeu ne tonneront plus, ma voix ne résonnera plus sur les "champs de batailles", ou alors une ultime fois afin de me laisser une opportunité de partir dans le panache...de fumée!
   J'avais réussi à me faire à l'idée de ne plus conduire et de ne plus travailler parce que la marche était une compensation, voire un but. Et là, force m'est d'avouer que même cette simple activité ne peut être pratiquée que prudemment, réduisant à néant les projets que j'avais formés.
   Cette pernicieuse maladie qui m'affecte refuse de me laisser le moindre répit, dès que je crois avoir trouvé un nouvel équilibre elle place un nouvel obstacle. En fait il faut que j'innove plus vite qu'elle, mais elle est très imaginative dans les façons de se manifester!
   Alors je vais apprendre à nager dans les tourbillons afin de ne pas me laisser entraîner vers le fond, déjà que l'eau est froide!
   Sans doute est-ce pour me préparer à ce challenge que j'ai mené une vie à contre-courant!
 

mardi 21 août 2018

Oser le dire.

   Nous vivons dans un silence assourdissant toutes les injustes décisions de nos indécis, autant qu'indécents, décisionnaires. Il n'est aucune voix pour s'élever contre les inepties d'un homme qui s'est fait élire par tromperie, laissant à croire qu'il serait plus à gauche qu'à droite alors qu'il pratique l'ultra-libéralisme!
   Mais s'il n'était que les frasques présidentielles qui nous laissent muets cela ne mériterait plus un texte, la vérité se fera jour seule. Les silences les plus inquiétants sont ceux de tous les jours, tous ces petits détails qui nous irritent sans que personne n'ose le dire.
   Je ne veux parler que de la poubelle qui déborde, des petits branleurs qui se prennent pour des caïds, ces personnes marchant de front qui vous obligent à descendre d'un trottoir, sans même vous en remercier.
   Que dire de ces gens à la vulgarité agressive, qui engendre une gêne apeurée des témoins, sans qu'un seul d'entre eux ne songe même à tenter de raisonner l'agressif. Ce n'est pas que par peur de la réaction de l'individu, j'ai parfois le sentiment que c'est pour rester invisibles que la plupart d'entre nous acceptent ces désagréments dans le silence.
   Seulement nous avons nos limites toutes humaines, il est un moment où trop c'est trop, le cerveau a besoin de relâcher toute cette tension accumulée. C'est alors qu'apparaissent ces réactions démesurées de citoyens jusque là paisibles, voiture dans la foule, coups de couteau, violences déchaînées n'ayant pour limite que la mort de l'un des protagonistes.
   Nous nous mettons en colère de façon disproportionnée aux faits qui la déclenchent, elle est déplacée, incongrue et, surtout, stérile sauf dans ses conséquences.
   Tout ça parce que nous n'avons pas su exprimer cette colère verbalement au moment opportun, lorsque nous étions encore aptes à quelque réflexion. D'une conversation quelque peu animée, nous passons à une violence physique incontrôlée.
   Alors nous devrions retrouver le plaisir de la conversation badine qui permet d'exprimer tous ces petits tracas, ouvrant souvent les yeux des gêneurs qui ne se rendent plus compte de leur abusive arrogance puisque personne ne leur en fait reproche!
   Osons le dire à nouveau, ce sont les non-dits qui font le plus de bruit mais quelques petits mots contre des gros mots évitent bien des maux!

mardi 14 août 2018

Camping-caricaturistes.

   J'ai tenté de résister, mes propres parents en étant devenus des adeptes, mais la traversée d'un parking rempli de camping-cars m'y pousse malgré moi. Il s'agit donc d'eux, les adeptes forcenés du camping-car et de ses innombrables avantages, si nombreux qu'ils en deviennent innommables!
   Je ne faisais que passer puisque le soleil me poussait vers la côte, ce parking n'est qu'un raccourci d'habitude, je ne m'attendais pas à ce qu'il devienne une telle source d'inspiration. Les occupants  du lieu semblaient s'être passé le mot pour m'offrir un lot de caricatures qui, pour paraître exagérées, n'en sont pas moins réelles.
   Le premier détail à m'avoir interpellé est le regroupement par nationalités, l'Europe physiquement représentée sur un parking malouin par six pays différents! Mais ce n'est pas encore très fusionnel, les langues restent une barrière infranchissable alors on se retrouve entre gens qui se comprennent.
   Ensuite ce fut la diversité des véhicules qui me surpris, toutes les tailles et toutes les formes, diversement équipés il y en a qui ont même l'antenne satellite et le panneau solaire! De véritables palaces roulants, il prennent tant de place qu'il leur en faut deux pour se garer, mais ça ne gène pas le camping-cariste, il a l'habitude d'encombrer, ce n'est pas lui le problème, ce sont tous ces mauvais conducteurs de voitures!
   Ce qui m'a poussé à rester un peu plus longtemps sur place est le nombre important de ces personnes qui étaient installés avec tables de camping, transats, parasols et autres accessoires de confort à un endroit totalement bitumé, près de la voie ferrée et aucun point de vue autre que les maigres arbustes en massifs!
   Il y a un grand soleil, vous êtes à Saint-Malo en plein après-midi, un service de transport gratuit pour aller intra-muros ou vers les plages mais cela ne suffit pas à les décoller de leur base! Ils sont installés pour la nuit et ils s'affairent à préparer leur soirée, monsieur contrôle les niveaux tout en mirant les voisins, des fois qu'ils aient besoin de ses, forcément précieux, conseils. Pendant ce temps, madame s'occupe de l'intendance, c'est qu'il faut préparer le repas de ce soir et il est déjà quinze heures!
   Mais ils ne sont pas tous aussi affairés, certains se comportent comme s'ils étaient en vacances...dans leur jardin! Confortablement installés sur leurs transats, ils lisent, discutent ou dorment sur ce parking inconfortable, alors qu'il y a une plage à cinq cent mètres du lieu!
   En espionnant leurs conversations, j'ai compris leur façon de visiter une ville, ils passent aux endroits réputés dans leurs bahuts et ne s'arrêtent que s'ils trouvent des places gratuites, sinon ils passent leur chemin, quelques photos et la ville est visitée! Ils ne mentiront pas en disant qu'ils ont passé la nuit à Saint-Malo, mais sans aucune vue sur Saint-Malo!
   Bon, ils ne sont pas tous ainsi, loin s'en faut, là il y avait environ un tiers des propriétaires présents, les autres étaient partis se promener, je les ai croisés qui rentraient en fin d'après-midi. Ils avaient les bras chargés par les sacs estampillés au nom de la grande surface voisine, mais je ne voudrais pas en tirer des conclusions par trop hâtives!

Pardonnez-moi, j'ai pêché!

   Cela me pendait au nez, à force de fréquenter des Malouins, grands pêcheurs devant l'éternel, je ne pouvais que mal tourner. J'ai donc franchi le cap mais celui de Bonne Espérance, juste celui du fort national à Saint-Malo, ce qui n'est déjà pas si mal vu que nous étions à pied!
   Nous partîmes trois, armés de nos seules mains et d'un courage motivé par cet amour immodéré que nous portons aux fruits de la mer, enfin surtout à leur goût! Dès le départ, il y eut un léger achoppement sur la tenue à adopter, je compris très vite que garder mes sandales eut été un scandale. J'adoptais ma seule alternative, à savoir mes chaussures de bateau, là encore il y eut une certaine réticence, face à leurs croquenots et grosses chaussettes, je paraissais habillé léger effectivement.
   Après avoir traversé la plage la plus cotée de Saint-Malo, le sillon, sous le regard mi-effaré, mi-goguenard des touristes ignorants des grandes marées et de leur déploiement de pêcheurs suréquipés.
   Je me gaussais quelque peu des tenues de mes camarades, je ne savais pas encore ce qui nous attendait sur les lieux de pêche. Adoptant des tenues aussi diverses que bigarrées, nos concurrents étaient impressionnants, tous équipés de bottes, lorsque ce n'était pas des cuissardes, des râteaux, pelles, épuisettes et que sais-je encore.
   Ah! Si, la paire de gants est un élément obligatoire pour soulever les cailloux, disent-ils, j'ai eu beau expliquer que la maçonnerie m'avait durci les mains, il s'est même trouvé un inconnu pour me proposer l'une de ses paires! Oui, vous avez bien lu, une de ses paires, il en avait une en maille métallique, des fois qu'il tombe sur "Super Homard", vous savez, celui avec la cape bleue!!
   Bref, nous nous mîmes au travail car il y a effectivement beaucoup de cailloux à bouger et ces coquins de crabes se cachent sous les gros, bien sûr! Nous avons fini par entrer dans l'eau, jusqu'à mi-cuisse, voire un peu plus mais ce ne fut pas volontaire, heureusement l'eau était bonne!
   Nous avons passé ainsi plus de deux heures à retourner des rochers en glissant sur les algues, mais heureux de ramener deux crabes et un homard, que nous dévorions sans le moindre scrupule au vu de la haute lutte qu'il nous fallut livrer à mains nues!
   Le plus drôle est que nos vaillants pêcheurs n'ont pas fait de récoltes plus importantes, comme quoi, aucun matériel ne peut supplanter la gourmandise!
   J'ai donc pêché en commettant un péché, le goût si particulier du homard me fait douter de la sincérité de ma demande de pardon, il faudra que je vérifie ça à la prochaine grande marée!
 

mardi 7 août 2018

T'as tout du tatou.

   N'ayant pour l'instant pas d'autres capacités, je compense mon inactivité par de longues marches propices à l'observation de mes contemporains.
   Le début de l'été était propice au troisième âge, ce sont des familles qui l'ont remplacé sur les plages malouines. Mais ce n'est pas forcément ce qui offre une plus grande variété dans les comportements, ni dans les apparences.
   Là, ce sont les tatouages qui ont remplacé les rides, des coiffures étranges égaient leurs crânes, de gris les cheveux sont devenus multicolores tandis que des barbes épaisses ornent les mentons mâles.
   Les poils sont bannis de tout le corps alors ce doit être pour conserver un semblant de dignité virile que les nouvelles générations sont contraintes de se laisser pousser une barbe, sans doute un réflexe instinctif!
   Mais les poils à peine bannis, tout le monde, femmes et hommes, éprouva un manque alors les tatouages ont fleuri sur beaucoup de peaux épilées. Mais pouvons-nous parler d'une mode lorsqu'il s'agit de d'un dessin indélébile, je parlais des rides, je me demande ce que deviendront alors ces magnifiques(?) oeuvres!
   Il y a cependant un petit détail qui m'a poussé à engager la conversation avec certains membres de cette étrange communauté, c'est la grande variété sociale qui la compose. Ce sont des personnes de tous milieux, il n'y a que les dessins qui présentent peu de variété! Alors je me suis permis de demander à une mère de famille qui exhibait un hiéroglyphe maori sur un mollet, la raison de ce tatouage.
   Aussi incroyable que cela puisse paraître, les traces inscrites dans sa peau auraient un sens, elles disent qu'elle est une bonne mère! Outre que ça paraisse un peu péremptoire comme jugement, je ne comprends pas bien l'intérêt de le signifier d'une manière incompréhensible pour qui n'est pas Maori!
   Puis il y a les petites fleurs, les papillons et autres dessins qui offrent au moins un attrait esthétique, mais ne sont pas toujours à un endroit que la décence permet de regarder!  Au moins est-ce plus discret que ceux qui dévoilent les potentielles qualités de leurs porteurs, mais ils ont en commun de se faire torturer pour introduire du poison sous leur peau!
   Voilà, je suis regardé comme marginal avec mes sandales de moine et mon bermuda, je me fait pourtant l'effet d'être le moins bizarre de la bande. Je sais, je vais me faire tatouer "parfaitement normal" sur le front, mais en maori pour entretenir le doute!

dimanche 5 août 2018

Un conte de fée.

   Il me faut conclure la trilogie, laissons la place à l'imaginaire puisque l'ordinaire n'a plus sa place, mon épilepsie s'est transformée en "haut-mal" et me place ainsi, à l'instar des malades du moyen-âge, en contact direct avec les anges!
   Ils m'ont conté une belle histoire, je ne résiste pas à l'envie de vous la rapporter car c'est une histoire de mots dont le héros se nomme Vocabulon.
   Il naquit il y a un certain temps et à une date incertaine, mais nous n'en sommes pas sûrs, ainsi éviterons nous d'être aigris.
   Une bonne fée vint se pencher sur son berceau et lui attribua un don, la maîtrise totale des mots, que ce soit dans leurs utilisations ou par leurs définitions. Tout aurait pu s'annoncer pour le mieux si un problème important n'avait pas été négligé par la fée, le niveau d'éducation des parents du prodige n'était pas à la hauteur.
   Pour eux, le mot livre n'évoquait que le poids des aliments, quand à la lecture, elle n'était qu'un art abstrait pour ces gens frustres. Aussi Vocabulon fut-il envoyé chez les moines, les seuls à vous nourrir sans avoir à travailler!
    Là, il put faire la démonstration de son don, il comprenait le sens et l'origine des mots avant même que d'avoir étudié le latin à tel point que ses précepteurs y perdaient le leur! Il leur ôtait littéralement les mots de la bouche en réécrivant leurs traductions afin qu'elles traduisent mieux les pensées de l'auteur.
   Les moines, sans mot dire, commencèrent par le maudire puis par médire, ils réussirent à s'en débarrasser en l'envoyant en pèlerinage à Rome, sans le moindre sou, cela va sans dire! Ils étaient convaincus que sa façon de s'exprimer en ferait un incompris et qu'il ne mettrait pas longtemps à mourir de faim.
    Mais sa curiosité sincère alliée à sa gentillesse le firent accepter facilement partout où il passait, de plus il écrivait les courriers importants avec le vocabulaire adapté. Son voyage fut donc une promenade et il arriva à Rome détendu et enrichi de nombreuses expériences, la misère étant la plus marquante.
   Le choc fut d'autant plus grand au milieu de ors et richesses exhibées par la papauté, partout s'étalait un luxe indécent, aussi s'empressa-t-il de fuir les gens de religion. Il se rendit très vite compte que les gens biens étaient rarement les gens de biens, aussi fit-il le bien pour rien.
   C'est ainsi que les peuples apprirent à mettre leurs maux en mots se faisant ainsi mieux comprendre de qui de droit. C'est donc bien à Vocabulon et non à une soi-disant révolution française que l'on doit l'égalité parfaite qui règne entre les diverses couches de la population.
   Voilà, une première vérité rétablie, d'autres suivront mais je ne saurais vous dire quand puisque je suis tributaire de mes potentielles crises d'épilepsie, euh, de "haut mal", voulais-je dire!

mardi 31 juillet 2018

Un conte de faits.

   Le bilan d'une vie se doit d'être affiché pour acquérir sa valeur, ne pas rester lettre morte et apporter des éclairages sur les zones d'ombre. Il s'agit d'une vie à raconter, sans racontars, je ne dois compter que sur ma mémoire, même si elle est moins fiable que celle des autres protagonistes de ma vie,  c'est moi qui conte!
   Les premiers souvenirs sont diffus, la caserne de gendarmerie Ganeval à Strasbourg, l'école primaire, "Sainte Aurélie", mme Le Moal, melle Brunner, mes copains, Nicolas, Fanfan, "ma" Toutoune. Tout ça partagé avec mes deux frères, surtout le grand.
   Puis vint le déménagement dans la grande banlieue de Strasbourg, plus en campagne, plus d'espaces et de libertés! Mais ce n'était que le début, quelques années plus tard, c'était le Grand départ pour la Bretagne, j'allais avoir douze ans.
   Exit la gendarmerie, bonjour l'horticulture qui offrit l'avantage de nous plaire à mon grand frère et moi, ce sont mes parents qui ont choisi, c'est nous qui sommes tombés dedans!
   Paysagiste ne sera que la première de la longue liste des diverses professions que j'ai eu l'opportunité de visiter, voire de pratiquer pour certaines d'entre elles! Mais le premier métier que je peux revendiquer comme tel est vendeur de plantes sur les marchés, nous étions devenus de vrais professionnels, le frangin et moi.
   Puis, vers dix-neuf ans, mon cher géniteur m'ayant prestement invité à ne pas passer mes vacances scolaires sous son toit, ni même à ses frais, j'eus la chance de me rendre compte que je n'étais pas fait pour le métier de serveur. Ce n'est qu'en septembre, à la rentrée, que je pris conscience de n'être pas fait pour être fils non plus, un heureux concours de circonstances me permit d'achever une scolarité vaine.
   Ensuite ce fut mon plus bel emploi, vendeur de pommes et arboriculteur, il fallut le service militaire pour me le faire perdre. A mon retour, je m'essayais à la profession de commercial mais je ne voulais pas devenir gros et ne penser qu'à l'argent, alors j'essayais de me mettre à mon compte, comme paysagiste, mais je ne sais définitivement pas compter!
   C'est dans cette période, où il me fallait rembourser pas mal de dettes, que je visitais divers métiers, maçon, électricien, déménageur, vendeur en magasins de bricolage, en jardineries, ouvrier d'usines diverses toujours en contrat à durée déterminée dont je refusais souvent le renouvellement, par goût de la variété!
   Puis, une certaine stabilité étant requise pour l'éducation des enfants, je choisissais le métier le pire de tous ceux croisés, rémunérateur certes, mais éreintant physiquement, l'étanchéité des toitures. C'est pourtant la profession qui a occupé le plus de place en durée, dix-sept années.
   C'est elle qui a fini de pourrir ma santé, les autres ayant déjà bien préparé le terrain, j'ai essayé de me recycler par deux fois, bien que diplômé le poste de grutier n'est pas accessible à un dos dans l'état du mien et le poste de veilleur de nuit m'est interdit par l'épilepsie, il ne me reste plus que la préretraite!
   Mais là, l'histoire tiendrait du conte de fée...
 
 

Un compte de fait?

   J'ai réussi à trouver un côté pratique à la maladie qui m'affecte, elle me contraint à faire le point sur ce que j'ai fait et sur ce que je croyais avoir fait. Tout compte fait, si ce ne fut pas un conte de fée, il y a beaucoup de faits qui comptent, enfin je voulais le penser.
   Mais il est des attitudes qui ne peuvent tromper, je semble être le seul à vouloir oublier les erreurs passées, je ne dois attendre aucun soutien de la part de mes proches. Je suis responsable de cette situation, à n'en pas douter, il y a une telle unanimité que je suis contraint d'accepter ces silences, qui confinent pourtant au dédain.
   Je me croyais malade, suffisamment pour attirer quelque attention, mais cela ne semble jamais assez, ça résiste à tout un Alain, semblent-ils penser! Même une hypersensibilité officialisée par la médecine les laisse de marbre!
   Bon, je dois bien admettre que la colère provoquée me permet d'avancer plus vite dans mon éducation à ma nouvelle vie de pré-retraité, puisque c'est l'avenir qui se dessine de plus en plus.
   Je vais pouvoir entreprendre la "longue marche", celle qui ne mène nulle part en particulier donc partout où il y a un chemin.
   Le but étant de n'avoir aucun but.
   De plus, n'ayant plus à donner de nouvelles, je pourrais éluder certaines étapes qui jusque là me semblaient aussi contraignantes qu'utiles, les visites de famille! C'est ce détail qui me fait prendre conscience que j'ai préparé le terrain, pendant une vingtaine d'années je n'ai pas eu de contacts véritables, je me suis cru évincé alors que je n'ai fait que m'exclure, tout seul.
   Voilà, maintenant je vais me préparer à partir et le faire sans avoir de comptes à rendre, c'est ce qui compte....tout compte fait!
 

dimanche 29 juillet 2018

Ne pas rester en place.

   Ce texte n'est pas une suite, il n'aura peut-être aucun rapport avec le précédent, je n'en sais encore rien, je suis dans l'une de ces périodes où mes doigts semblent penser par eux-même, ils seront donc responsables des mots qui vont suivre.
   Je devrais être en train de faire sursauter des foules et pleurer des enfants, mais je sors d'hospitalisation et ils m'ont dit: "pas d'exercices physiques ce week-end", le tout est de  savoir si l'artillerie médiévale est un exercice physique....Bon, admettons!
   Je suis contraint à l'inactivité, il me faut apprendre à vivre comme si j'étais malade, puisque mon affection est très discrète mais d'une redoutable efficacité pour se rappeler à mon souvenir de temps en temps.
   Seulement voilà, si ma tête et mes doigts sont capables d'indépendance, il se trouve que mon corps obéit plus à ses ressentis qu'à ceux de mon cerveau. Je devrais parler de ce problème à ma neurologue, mes doigts et mon corps peuvent-ils déclencher l'épilepsie? Si ça n'ouvre pas de pistes, ça nous permettra au moins d'en rire!
   Bref, il me faut bouger, je n'ai pas le choix, même de saines lectures ne sauraient m'immobiliser plus d'une heure, alors je pars déambuler sans autre but que la dépense physique. De toute façon, les autres dépenses se font souvent à mon insu et mon porte-monnaie maigrit plus vite que moi!
   Or donc, disais-je, avant que d'être interrompu par la fuite des capitaux, je dois bouger physiquement de façon quasi permanente dès qu'éveillé. Une fois utilisés les habituels subterfuges de ménage et autres nettoyages corporels, il faut trouver un but, n'étant point en ma demeure je ne puis bricoler comme je l'entends.
   Alors je chausse mes sandales et je pars en vadrouille sans autre but qu'une marche curieuse, de potentielles rencontres ou une heureuse solitude. Jusque là, je n'avais pas encore pris conscience de l'arrivée des touristes, qui semblent être les mêmes d'une année sur l'autre au vu des habitudes qu'ils affichent déjà.
   Ils n'ont pu atteindre la plage où ils se trouvent que parce que c'est la plus proche de leurs lieux de villégiature. Ils n'y sont venus que parce qu'ils ne savent pas que faire d'autre et qu'il faut bien se donner une raison d'être venus "à la côte"!
   Tout à coup, passant devant ces hardes de corps étalés, je me rends compte que c'est l'immobilisme qui est l'activité la plus pratiquée! C'est comme si j'étais au milieu de mes amis et de leurs échevelées parties d'échecs, la seule différence est que nous sommes en extérieur.
   Nous sommes peu nombreux à ne pas être vautrés sur le sable, surtout des enfants d'ailleurs, c'est ce qui me rassure, ce sont les vivants qui ne tiennent pas en place!
 

lundi 23 juillet 2018

Rester à sa place.

   Depuis que l'humain est un être, il ne doit sa survie qu'à son sens de l'évolution, ayant compris qu'il vivait sur une planète toujours en mouvement.
   Nous sommes ainsi passés de l'hominidé à l'homme moderne, en fait la différence n'est pas si grande, quelques poils en moins, un cerveau soi-disant plus gros et le développement du verbe.
   Il est un fond de préhistoire dont nous ne pouvons nous défaire, l'instinct reste en veille et c'est le refus de cet état de fait qui nous rend si inadaptés à la survie dans ce monde en plein bouleversement géologique sur lequel nous n'avons aucun pouvoir.
   La Terre Mère nous remet à notre place, de vains microbes tout juste un peu bruyants!
   Tous ces scientifiques ne travaillent plus que sur des probabilités mathématiques qui ne sont que de la masturbation intellectuelle puisqu'elles n'ont aucune réalité matérielle.
   Le problème est que nous bâtissons notre avenir sur ces mêmes probabilités, nous sommes devenus immatériels, des humains se sont chargés d'éteindre la race humaine sans que nous en ayons eu la moindre conscience.
   Ils pensent pouvoir être plus forts que la nature et agissent en conséquence, elle doit se plier à nos caprices ou laisser la place semblent penser les "dits" grands penseurs, qui, comme le laisse apparaître leur nom, pensent beaucoup et de beaucoup à trop, il y a peu.
   Il est donc naturel que la planète Mère fasse ce que les peuples ne savent plus faire, se révolter!
   Un bon observateur peut pourtant aisément déceler les signes avant-coureurs des évolutions qu'entraîne la rotation de notre planète, des révolutions ont lieu sous nos pieds que nous ne pourrons que subir si elles le décident!
   En fait, nous apprenons à nager quand il conviendrait d'apprendre à naviguer, nous bâtissons des villes côtières modernes et excessivement coûteuses, alors que ce sont les renforcements de digues  qui assureront un avenir durable. Ce n'est pas grave, on augmentera les impôts pour le faire dans l'urgence!
   Finalement, la seule véritable action des gouvernements est d'augmenter les taxes, voire d'en inventer de nouvelles mais pas pour faire de l'écologie, ce n'est jamais qu'un présentateur de télévision notre ministre, mais pour effacer les dettes de l'état.
   Tout le monde le sait, bien sûr, mais plus personne ne dit rien, c'est ça "rester à sa place"!

jeudi 19 juillet 2018

Je n'ai pas inventé la poudre.

   Contrairement à une idée reçue, je ne suis que l'un des premiers utilisateurs de cette matière, plus grise que noire, mais que l'on nomme poudre noire! C'était vers la fin du quatorzième siècle, il y a donc, euh, je suis nul en mathématiques alors débrouillez-vous. Je ne suis qu'un conteur content de conter, certes pas un compteur comptant les acomptes!
   Je tiens donc à rétablir une certaine vérité , je n'ai pas inventé la poudre, d'ailleurs ceux qui me connaissent personnellement le savaient, avant même que j'utilise mes canons! Ces derniers sont mieux lotis que moi, puisqu'ils ont une lumière et une âme que les chrétiens me refusent!
   Bon, ce n'est pas ce qui m'inquiète le plus, j'ai besoin de "voir pour croire" et là, force est de reconnaître qu'on a pas vu grand-chose! De plus, pour des gens qui semblent entendre la voix de leur dieu, je les trouve très sourds aux justes réclamations de leurs peuples.
   Peut-être est-ce pour cette raison qu'ils déclenchent des guerres, pour que le bruit de mes canons couvrent les cris du peuple, sans doute appellera-t-on ça "enfumer les gens", dans le futur. Peu m'importe, ils me paient grassement pour aller assassiner allègrement d'autres gars comme moi, des mercenaires, alors j'adhère au système! Surtout que nous sommes envahis par ces imbéciles d'Anglais qui n'ont toujours pas compris, là ce ne sont plus des crimes, ce sont des actes de rédemption, même obtus, ils finiront par comprendre!
   Je dois avouer que j'ai pu me laisser aller à une certaine exaltation lorsque j'ai compris la puissance réelle de mes canons, mais je ne fus pas le seul, Charles V a décidé de créer une armée ordonnancée avec une artillerie à la première place. C'est pourtant à ce moment que les guerres sont devenues moins civiles, vu qu'on en tuait plus qu'avant!
  Puis, d'Evolution en évolutions, les guerres ont finalement atteint leurs cibles, les innocents, vous savez ces gens qui, apparemment, se promènent avec une cible sur le dos et qui courent en zigzagant.
   Peu importe, l'important c'est l'évolution des armes, l'humain suivra, il s'est bien adapté à une nature sauvage, ce ne sont pas quelques morceaux de plomb qui vont l'éteindre.
   Sans doute ont-ils raison, l'homme va se transformer, mais il convient de rester méfiants, quand on voit que la nature, seule, a transformé les dinosaures en poulets!

mercredi 18 juillet 2018

Le confusianisme.

    Il m'aura fallu cinq longues années d'études des divers courants de pensée au fil des siècles, passés et à venir. N'omettons pas que je suis né à la fin du quatorzième siècle, période obscure s'il en est, un seul courant de pensée, croire aveuglément au châtiment divin! J'ai eu la chance d'être excommunié par mon activité d'artilleur, ce qui m'a permit d'aller voir ailleurs.
   Ayant effleuré la culture des Chinois, inventeurs de la poudre, j'ai eu l'occasion d'entendre parler d'un certain Confucius, dont l'étude n'était point possible à mon époque. Mais lorsque j'ai pu accéder à son savoir, même les meilleures traductions restaient de l'hébreu pour votre serviteur, d'où la confusion qui fit naître le confusianisme.
   J'allais consulter les seules personnes à détenir un quelconque savoir à l'époque, les moines reclus dans un monastère. Il suffit de poser la question à l'un d'entre eux et ils se la transmettent de moine en moine, jusqu'à ce qu'elle arrive au moine haut qui possède tous les savoirs sur les religions impies. C'est la communication par internés, il paraît que ça a de l'avenir, mais il convient de se méfier des buses!?
   Il m'aura fallu revoir mon jugement aussi souvent que je changeais de traducteur, surtout avec les gens de savoir laïcs, au moins les moines ne donnaient-ils qu'une seule réponse même peu crédible, cela leur donnait un certain crédit.
   Mais, que ce soit par les uns ou les autres, il régnait une certaine confusion d'où il ressortit qu'un certain Marco Polo avait écrit avec plus de précisions sur la Chine. Je consultais donc ses notes pour comprendre que je ne comprenais pas l'italien, ce qui augmenta encore ma confusion et, là, la lumière a jailli.
   Du coup, j'ai été aveuglé, ce qui a semé le trouble dans mon esprit déjà perturbé, égaré par cet imbroglio d'avis divergents émis par des gens divers. Il me fallait trouver le repaire du repère dû si je ne voulais pas m'égarer, surtout que je n'ai pas de voiture!
   Bref, je poursuis ma quête en menant l'enquête, mais l'enchevêtrement de pistes me laisse penser que j'ai mis les pieds dans une pétaudière, heureusement que je suis un artilleur ce sera moins confus!

dimanche 15 juillet 2018

Tais-toi...Erasme!

   A force de lire des philosophes, c'était prévisible, j'ai sombré définitivement dans la folie. Heureusement, il semblerait que ce ne soit que cette douce Folie dont le Sieur Erasme fit si bien l'éloge, il y a quelque temps déjà!
   Je ne sais ce que m'a le plus inspiré cette lecture, la description de notre société actuelle par un auteur du début du seizième siècle qui pense, de surcroît, ne décrire et décrier que sa société, a de quoi rendre inquiet.
   Ce qui rend optimiste est que la Folie est restée la même, nous n'en avons changé que les apparences. Il est quelques passages qu'il me faut restituer sous la forme de citations, mais il ne s'agit que de rendre hommage à la folie d'un philosophe si observateur. Voici donc de courts extraits de "L'éloge de la Folie" d'Erasme.
   "Les femmes pourraient-elles m'en vouloir de leur attribuer la folie, à moi qui suis femme et la Folie elle-même? Assurément non. A y regarder de près, c'est ce don de folie qui leur permet d'être à beaucoup d'égards plus heureuses que les hommes.", "Peu d'êtres reçoivent la beauté, présent de Vénus, moins encore l'éloquence, don de Mercure, Hercule n'accorde pas la richesse à beaucoup de monde, ni Jupiter homérique le sceptre au premier venu... Neptune noie plus de monde qu'il n'en sauve... , Châtiments, Fiévres, n'en parlons pas; ce ne sont pas des êtres divins, mais des bourreaux.", "Une race très folle et très sordide est celle des Marchands, puisqu'ils exercent un métier fort bas et par des moyens forts déshonnêtes. Ils mentent à qui mieux mieux, se parjurent, volent, fraudent, trompent et n'en prétendent pas moins à la considération, grâce aux anneaux d'or qui encerclent leurs doigts. Ils ont, au reste, l'admiration des moinillons adulateurs, qui les appellent en public "vénérables", probablement pour s'assurer leur part dans l'argent mal acquis.".
   Voilà, ce n'est pas totalement d'actualité mais avouez qu'il y a de belles ressemblances avec ce qui fonde notre société actuelle, quatre cents ans plus tard, quelle évolution!
   Ce qui me gêne un peu dans cette lecture, c'est que certains de mes textes pourraient être taxé de plagiat des écrits du sieur Erasme. Que voulez-vous, même déguisé en rebelle, nous ne faisons que de la reproduction mais c'est peut-être tout simplement ça, l'évolution!

jeudi 12 juillet 2018

Incompréhensible incompris.

   Il est de forts utiles pieds de nez que seule la vie peut provoquer. Je me suis assez plaint des termes trop techniques des médecins pour être compris, jusqu'à ce que je comprenne que je souffrais du même défaut!
   A ne lire que de vieux philosophes il fallait s'y attendre, il est un moment où l'on se questionne sur soi-même, là j'ai eu l'aide, bien involontaire, des gens de mon entourage, voire de certains membres de ma famille.
   Il se trouve que je me suis mis à m'exprimer avec un vocabulaire riche et varié, les enfants que j'accompagnais m'en avaient fait la remarque, mais comme cela les amusait, je ne m'étais pas posé plus de questions.
   Le problème vient, pour beaucoup, des vocables qu'il m'arrive d'utiliser, il est de nombreuses personnes pour ne pas dire leur incompréhension d'un mot et qui, par conséquent, ne font que semblant d'écouter. En fait, je laisse mes interlocuteurs sans voix par la richesse de mon verbe, ce quel que soit le milieu social.
    Il y a une réalité qui s'impose, quel que soit le lieu nous n'avons plus le droit de nous exprimer librement. Ainsi les personnes que je fréquente en ce moment trouvent stériles tous les débats d'idée, ils semblent ne jamais avoir eu le moindre espoir d'évoluer. Cela reste un enrichissement, je sais ce que je refuse dans le vieillissement, l'immobilisme qu'il peut entraîner!
   Alors je passe mes journées à essayer de rencontrer d'autres personnes, mais pour engager une conversation durable, il convient de s'adapter à son interlocuteur. Je passe beaucoup de mon temps dans un quartier de Saint-Malo réputé pour l'aisance financière de ses résidents, il est surtout, à mes yeux, le plus beau quartier de la ville. Surtout, les sentiers y sont propices aux rencontres, les promeneurs sont plus enclins à la conversation, tant que l'on ne laisse pas apparaître d'origines douteuses.
   J'en ai fait l'expérience une seule fois, mais elle a été très parlante, par la distance qui s'est créée très rapidement entre un couple et moi. La conversation était plaisante, portant sur la beauté du site essentiellement, jusqu'à ce que la dame me demande ma profession. Je ne sais pourquoi, alors qu'habituellement je mets en avant mon métier de paysagiste, là j'ai avoué avoir été un ouvrier du bâtiment.
   Ils ont dû comprendre maçon, vu leur rapidité à bâtir un mur entre eux et moi! Je compris, par leurs propos, cependant qu'ils me fuyaient, que la gêne venait pour beaucoup de mon expression orale inadaptée à ma condition d'ouvrier.
   Heureusement , je ne suis nullement affecté par ces comportements, au contraire je m'amuse des situations ambiguës que provoque la richesse de notre langue, cela ne me semble pas si incompréhensible!

mardi 10 juillet 2018

Un petit bout de cuir.

   Il m'est arrivé ce qui n'aurait dû être qu'un incident, seulement ma situation actuelle a augmenté son incidence, déclenchant une réaction de désespoir si profond qu'il me faut l'évacuer par les mots si je ne veux pas le laisser aggraver mes maux.
   Ce matin, je me suis rendu compte que j'avais perdu mon portefeuille, j'eus beau retourner l'appartement, il me fallut admettre l'inadmissible. Cette réalité à peine admise, une autre s'est fait jour, ce n'est pas qu'un simple objet que j'ai perdu mais bel et bien ma vie.
   Tous mes papiers, cartes, ordonnances médicales ont disparu avec le portefeuille, les problèmes de santé m'ont réduit à rien, voilà que je ne suis plus personne!
   C'est l'ampleur désarroi qui s'est emparé de moi qui me gène, je n'ai pu empêcher les pleurs de jaillir tels une source, la petite goutte d'eau qui ne devait pas tomber a chu!
   Là, le petit bout de cuir un peu usé, même pas beau en plus, s'est avéré être le seul objet auquel j'attache une vraie valeur puisqu'il contient ma vie. C'est le constat de cet état de fait, plus que l'état de fait qui m'a tant désespéré, un simple portefeuille est le garant de mon existence!
    En pleine étude des philosophes Grecs, je me sentais proche des épicuriens, je ne suis qu'un et puis plus rien! C'est une belle leçon pour quelqu'un qui aime apprendre.
   Bon, si je peux terminer ce texte avec un peu de légèreté, c'est que les autorités compétentes en ont fait preuve, l'objet du délit a été aimablement déposé par le citoyen qui l'avait retrouvé! Mais l'histoire ne s'arrête pas tout à fait, en récupérant mon bien j'y retrouvais, outre mes précieux papiers, tout l'argent qu'il contenait.
   Du coup j'ai fait un don aux bonnes oeuvres de la police nationale, je n'en reviens toujours pas d'ailleurs, c'est fou ce que la joie peut provoquer, non?

lundi 9 juillet 2018

L'âne qui portait les braies.

   C'était un matin qui ressemblait à tous les autres, les yeux à peine ouverts, je m'attendais à voir arriver Marcel avec mon bol d'avoine.
   Quelle ne fut pas ma surprise de voir entrer une cohorte de gens costumés, bizarrement je comprenais leurs paroles.
   Ainsi, le premier s'avança vers moi plein de déférence, avec une écharpe tricolore dans les mains, il me la passa sur les épaules en le faisant l'accolade et me disant :"monsieur le président, toutes mes félicitations!".
   "Que se passe-t-il?" m'entendis-je dire, plus surpris de pouvoir articuler que de comprendre les mots des humains, au fait, je suis un âne et je m'appelle Albert, d'où mon étonnement.
   Mais pas question de s'en poser, déjà ses comparses m'entraînaient vers une camionnette aménagée spécialement pour moi, très confortable avec une double ration d'avoine! Mais les paroles de l'huissier m'ouvraient les portes de la compréhension en me coupant l'appétit.
   "Plusieurs présidents successifs ayant prouvé leur incapacité à gouverner avec sagesse, nous avons décidé de procéder par un tirage au sort plutôt que des élections, c'est de toute façon aussi hasardeux, et il se trouve que c'est votre nom qui a été tiré au sort." me dit-il avec un sourire en coin.
   "Je suis peut-être un âne, mais ne me pensez pas bête!" m'entendis-je répondre, toujours aussi surpris d'avoir la parole, "un âne brait mais ne saurait porter des braies, surtout présidentielles!".
   "Vous ne serez pas le premier, mais cela ne se voit plus dès que l'écharpe est ceinte, déjà vous avez l'usage de la parole et nombre de vos prédécesseurs ont prouvé qu'il n'était nul besoin d'être intelligent!", cet huissier avait réponse à tout!
   Puis nous arrivâmes devant une étable comme je n'en avais jamais vu, gigantesque, étalant une richesse...indécente! Comme j'en faisais la remarque à l'huissier, celui-ci me répondit que c'était normal pour un pays riche.
   "Ce n'est pas ce qu'a l'air de penser mon maître Marcel, l'avoine est difficile à gagner et ne se transforme jamais en blé, dit-il de plus en plus souvent!".
   "Peu importe, tant que l'état peut paraître, le peuple peut bien mourir de ne point se nourrir!" me répondit le goujat.
   Aussi, je le plantais là sur une dernière ruade verbale, c'est alors que Marcel me réveilla en hurlant des borborygmes incompréhensibles. Ouf, ce n'était qu'un cauchemar!

samedi 7 juillet 2018

Esprit critique.

   Depuis que mon incapacité au travail a été officialisée, comme toute personne désoeuvrée, je me laisse aller à lire les philosophes. Je ne puis renier ma propre philosophie, c'est donc au hasard de mes déambulations littéraires que je rencontre les divers auteurs, toutes époques confondues, sinon ce ne serait pas drôle!
   Je passe mon temps à découvrir le tout et son contraire au gré des auteurs visités, les écrits des uns contredisant systématiquement ceux des autres, mais il est un point où tous tombent d'accord, ils ont raison, toujours raison!
   Là n'est pas le sujet, je viens de lire "L'éloge de la folie" du sieur Erasme qui m'a orienté vers d'autres auteurs à l'esprit critique mais teinté d'humour, Coluche ou Pierre Desproges de l'antiquité pour simplifier.
   Il est une évidence qui se fait jour, le droit de critiquer a toujours été essentiel au maintien d'une certaine retenue des dirigeants, mais il est de plus en plus difficile de le faire tant nos libertés de parole ont été muselées, que ce soit par des lois ou le "politiquement correct".
   Nous n'avons plus le droit de crier haut et fort : "monsieur Emmanuel Macron, vous n'êtes que le président de la France, pas le roi des cons, de grâce adoptez un comportement plus digne de vos fonctions!" sans risquer le procès pour diffamation. On commence toujours par porter atteinte à la liberté de parole, il n'y a qu'à regarder les élections en Russie ou en Turquie, pour démarrer une dictature fut-elle celle de la bien-pensance!
   Aussi, il ne reste plus qu'à tenter, du haut de mes modestes moyens, l'écriture d'une satire afin de pouvoir mieux éreinter ceux qui le méritent, sans qu'ils ne puissent s'en plaindre au risque de dévoiler eux-même leur identité!
   Je veux développer cet esprit critique qui tant m'éreinte par les colères qu'il déclenche, afin de le mieux utiliser pour qu'enfin il porte ses fruits, la confiance et la tolérance qui mènent à la joie de vivre.
   Alors, à bientôt, sous une forme ou une autre!
 

mardi 3 juillet 2018

Apparaître à part.

   Mon dos, par ses douloureuses contributions, m'a contraint à des promenades en des lieux aménagés à cet effet, donc sur le front de mer avec tous ses désagréments. La chaleur s'étant associée à la surabondance de touristes, je refluais vers les rues adjacentes qui sont beaucoup moins fréquentées mais, surtout, qui sont "mieux" fréquentées.
   Je veux parler de cette catégorie de riches qui ne sont pas assez riches pour habiter sur le front de mer, alors ils vivent dans le dos des plus nantis qu'eux. Avouons que ce n'est déjà pas un grand signe d'intelligence, ils arrivent pourtant à en rajouter par des exhibitions de paraître.
   Il y a la grosse voiture que l'on se donne une raison de tripoter, du coup de chiffon sur les jantes à la remise en place imaginaire du rétroviseur, il convient de montrer à qui elle appartient! Les vêtements sont à l'avenant, il convient que la marque soit parfaitement visible, la différence avec les gosses de banlieues ne se fait que sur la taille des lettres mais je trouve ça aussi pitoyable, plus encore de la part de gens qui ne font pas pitié!
   D'ailleurs, au vu des regards auxquels j'ai eu droit, ils ne semblent pas même savoir ce qu'est la pitié ou alors par l'expression "quelle pitié!". Le plus simple est de les saluer, leur éducation les contraint à répondre, elle leur permet de rester encore de vrais êtres humains ou d'y ressembler en tout cas.
   Mais ces façons de vous détailler des pieds à la tête avec une moue réprobatrice, les yeux exprimant tout le dédain que leurs bouches n'ont pas le droit de dire, suffisent. Il était cependant écrit que cette promenade contrainte en des lieux dont seule l'originalité de l'architecture a un charme, serait bénéfique.
   Depuis quelques semaines il est une question que je me pose, j'ai, comme tous les étés, pris très vite mon teint hâlé et cela provoque toujours les mêmes réactions. La plupart des personnes que je croise me sourient aimablement et je me suis toujours réjoui de cet état de fait, sauf cette année.
   Il m'est difficile de rester souriant quand j'entends les habituelles remarques sur ma bonne mine alors que je vis très mal ma maladie. Cela m'a amené à me poser une question qui ne m'avait jamais effleuré, si ce n'est lors de mon adolescence.
   Comment les gens que je croise me perçoivent-ils? Un grand escogriffe tout maigre, bronzé, en sandales et bermuda, déambulant le nez en l'air, les yeux en recherche de points de vue sortant de l'ordinaire d'une ville côtière.
   Et c'est justement lors de ma balade qu'une réponse s'est fait jour. Un père et sa fille d'une vingtaine d'années sortaient d'un lieu levant tout doute quand à leur niveau de richesse, lorsqu'elle m'aperçut, la charmante demoiselle n'a pu s'empêcher de lâcher un "qu'est-ce c'est que ça!" des plus explicatifs.
   La sincérité avec laquelle elle s'est exprimée me permet au moins de lever un peu le doute, je ne suis cependant pas certain d'en apprécier la valeur!
 

vendredi 29 juin 2018

Regarder le soleil se coucher.

   Hier soir, j'avais décidé de m'offrir un spectacle qui n'a de banal que le nom, un coucher de soleil sur la mer. Il est vrai que les couleurs offrent des teintes particulières aux lieux, la Côte d'Emeraude n'usurpe pas son nom.
   J'étais seul face à la mer, ayant été aimablement dirigé par des adolescents en goguette vers un promontoire un peu particulier. Il s'agit de la racine d'un pin maritime dont le tronc est au-dessus du vide, la falaise s'érodant au fil des marées. En plus d'un certain confort et d'une vue imprenable, le lieu offrait l'avantage de m'isoler de la foule des touristes.
   Bien qu'ils soient en groupes bruyants, il est un moment du spectacle qui leur intime le silence, les rendant aussi seuls que moi. Il n'est que le silence pour rendre hommage à cet instant de magie pure offert par la Nature dans ce qu'elle a de plus resplendissant.
   C'est la jonction du soleil avec la ligne d'horizon, il semble littéralement plonger dans le mer. Quelques nuages apparaissent comme pour magnifier plus encore les chatoiements colorés de l'astre solaire, illuminant les visages de sourires béats.
   Mais la forme étrange des nuages, évoquant plus un panache de fumée que de hasardeuses nuées, éveille en moi une drôle d'idée. Le soleil se couche dans la mer, comme il est très chaud son contact fait bouillir la mer, créant les nuages!
   Prouvant ainsi que des générations de scientifiques nous mentent depuis des années en inventant cette grotesque histoire d'évaporation. Il ne me reste qu'à éluder le mystère du rallumage du soleil, mais je ne serais pas surpris qu'il ressorte de l'eau vers l'Australie, ça a l'air très sec par là-bas, ils ont tout le temps une bière à la main!
   D'ici à ce que le soleil se lève ivre, il n'y a qu'un pas que je franchirais allègrement puisqu'il se lève souvent dans le brouillard. C'est aussi pour ça que les pôles ne sont éclairés que la moitié de l'année, le soleil va réellement se coucher dans l'océan.
   Je comprends pourquoi les philosophes de la Grèce antique en ont perdu leur latin, le soleil était à la fois Zeus et Poséidon, la lune n'étant pour lors que le soleil en train de sécher!
   Le problème qu'il me reste à résoudre est de savoir si ce sont mes médicaments ou les couchers de soleil qui nuisent à ma santé mentale!
   Allez, éteignez ces ordinateurs et allez éclairer vos regards en regardant l'extinction du soleil.