dimanche 2 septembre 2018

Tous autistes.

   Hier, dans mon élan paternaliste du moment, j'ai proposé à une amie de m'occuper de son petit-fils, Timéo, qui est autiste. Il a essentiellement des problèmes de sociabilisation et, parfois, des réactions de violence dues surtout à l'incompréhension des autres.
   Les "autres", j'avais omis, dans mon immense naïveté, que c'était nous deux qui étions autres, il m'aura fallu le regard des autres pour en prendre conscience. Alors, une fois n'est pas coutume, j'ai laissé croire que Timéo était mon fils, il a accepté l'idée :"parce que avec toi, j'apprends des choses!", ce n'est pas plus difficile de se faire adopter, dommage de ne l'apprendre qu'avec l'âge!
   Les nuages, but premier de notre promenade, ayant décidé de nous faire faux bond, nous nous sommes rabattus sur les arbres et leurs fructifications aussi diverses que les nuages...et laissant autant de place à deux imaginations originales.
   Mon joyeux compagnon fut d'autant plus enthousiaste que le premier fruit était celui qui nous ressemble le plus, celui du Chêne, le gland!  Après avoir bien ri de la comparaison, Timéo me fit une remarque propre à tous les passionnés de plantes, la différence de taille entre la graine et l'arbre, surtout que nous avions affaire à un pluri-centenaire fort accueillant puisque nous étions juchés dans sa majestueuse ramure.
   Cependant, les regards majoritairement hostiles des passants nous poussèrent à continuer notre quête au sol. Bien nous en pris, les contacts se firent un peu plus nombreux et mon asocial compagnon me surprit en étalant fièrement ses connaissances fraîchement acquises, qu'il avait parfaitement assimilées!
   Cela nous autorisa à rejoindre une aire de jeux d'escalade qui faisait briller les yeux de Timéo qui a d'abord refusé de se mêler aux "autres". Une fois le rapport de confiance établi, les enfants informés des différences, tout s'est bien passé...pour eux.
   De mon côté, j'étais absolument seul, ce sont les parents de ces mêmes enfants qui m'ont regardé comme "autre", et c'est Timéo l'asocial, bande d'autistes! Comme s'il était sensible à ma situation, mon jeune ami ne s'attarda pas sur les jeux, prétextant préférer les arbres et leurs histoires racontées par leurs stigmates.
   C'est l'avantage de l'enfance, accentuée peut-être par les différences de Timéo, qui se contente déjà de la découverte du mot avant même que l'arbre ne nous ait livré sa fantastique histoire. Dans le même temps, tandis que je lui présentais les arbres de ma connaissance, Timéo faisait une récolte de leurs graines afin de les semer.
   Voilà, l'après-midi s'est achevée par un retour joyeux chez sa grand-mère, nanti d'un magnifique bouquet champêtre de sa composition, mon nouvel ami était aussi éreinté qu'heureux et son magnifique sourire vaut tous les mercis.
   Même si, du coup, je me demande pourquoi le courant passe si bien avec les personnes différentes!

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