vendredi 28 décembre 2012

J'aime râler.

   C'est incroyable, des scientifiques viennent à mon secours, des vrais pas des Américains, ceux là sont Allemands, avouez qu'ils gagnent en crédibilité. Ces chers chercheurs, c'est coûteux un chercheur, ont, de façon très professionnelle, prouvé que les râleurs vivent plus vieux que ceux qui n'osent ou ne veulent pas récriminer à tout bout de champ. Toutes ces personnes qui critiquent les gens, comme moi expressifs de l'extrême, tous ces silencieux qui préfèrent râler intérieurement, ces hypocrites de la pensée remâchent les pensées qu'ils n'ont pas voulu exprimer à haute voix, ce qui provoque une macération des mauvaises humeurs, accélérant le pourrissement de leurs organes sensoriels, le coeur en priorité!
   D'ailleurs, le râle n'est il pas le nom que l'on donne aux sons émis par un agonisants? Il prolonge ainsi sa vie de quelques instants, vérifiez la prochaine fois que vous croiserez un mourant, s'il ne râle pas, il survivra moins longtemps, agonir empêche d'agoniser! C'est une preuve éclatante de la nécessité absolue de râler pour se sentir vivant, seuls les morts se taisent! Il faut aussi noter que l'adjectif râlant signifie fâcheux, contrariant, il faut donc râler pour rendre éviter d'être contrarié et non l'inverse, n'en déplaise aux silencieux de la pensée!
   Vous n'êtes pas encore convaincus? Vous ne voulez pas en démordre, vous savez que le râleur ne saurait avoir de raisons d'être, vous bouilliez intérieurement de colère sourde, puisque muette, face aux arguments que je vous expose, vous êtes ma plus belle preuve! Vous sentez le sang affluer à vos tempes, vos battements de coeur se font plus violents, vous éprouvez une sensation d'étouffement, c'est contre nature de ne point râler, allez, laissez vous faire et, pour une première fois, je ne vous contraindrais pas à parler, il vous suffira d'écrire vos râlements sur les commentaires de ce texte.
   Bon, j'ai gardé une botte secrète pour les plus sceptiques, vous savez ceux qui tiquent sept fois juste parce qu'ils ne veulent pas râler! Il y a plein de mots de la langue française qui ont la même étymologie, prenons, par exemple et au hasard, ralenti, hein! Ça vous en bouche un coin, le ralenti, c'est lent, c'est calme, ça fait un petit bruit régulier, avec quelques hoquets, je vous l'accorde, mais tout de même, c'est parlant comme exemple. Ensuite, c'est le verbe rallier, voilà bien la preuve qu'un râleur peut rassembler, rallonger est aussi une des réactions déclenchées par le râleur. Mais j'ai gardé le meilleur pour la fin, le verbe rallumer, il exprime à lui tout seul toutes les qualités propres à celui qui râle, c'est la flamme de la passion exprimée qui est rallumée par un râleur patenté, oserais je dire professionnel?
   Allez, longue vie à tous les caractériels qui s'expriment, serait ce en râlant!

jeudi 27 décembre 2012

L'hypoallergique.

   Préparez vos dictionnaires, les amis, ce texte s'annonce difficile à comprendre, tout ça à cause d'un de mes voisins médecin qui m'a éclairé sur le peu de professionnalisme dont font preuve certains carabins. Plein de cette naïveté qui fait notre charme à nous autres béotiens, je croyais que des personnes ayant fait le serment d'Hypocrite, ah, non! Celui là ce sont les hommes politiques qui le font. C'est rageant, j'ai son nom sur le bout de la langue, mais elle n'est pas assez longue pour que je puisse le lire, ça y est, c'est le serment d'Hypocras, ben non, ça c'est celui des adorateurs de Bacchus!
   Ce n'est pas non plus Hypostase, ça c'est pour ceux qui croient en la sainte trinité, celui d'hypochrome est pour les anémiés. Vraiment, plus je cherche et moins je trouve, le serment d'hypothèque est réservé à ceux qui croient que l'immobilier est une religion, quant à celui d'hypoxie est pour ceux qui manquent d'air, ils finissent d'ailleurs par prêter serment à hypocondrie! S'ils respectaient la promesse d'hypogée, nous pourrions dire qu'ils creusent nos tombes, ce qui n'est pas totalement faux, soit dit en passant!
   Je vais finir par faire une crise d'hypomanie si je ne trouve pas, mon cerveau va se mettre en hypotonie (ben si, mon cerveau est un muscle, c'est pour ça que je porte des objets sur la tête, à l'instar des femmes africaines, je muscle mon cerveau, alors, ce n'est pas une preuve scientifique, c'est bien plus qu'une hypothèse, en tout cas!). En attendant, personne ne m'a écrit pour me dire comment s'appelle le serment des médecins, faut il que j'utilise une tournure hypocoristique pour vous séduire, mes petits lecteurs chéris que j'aime?
   Une idée me vient tpout à coup, et si je m'étais totalement fourvoyé, peut être que le nom ne s'écrit pas Hy, mais Hi, oui, évidemment, c'est le serment d'Hipparque, non, c'est un peu cavalier comme erreur. Hippiatre, c'est pour les docteurs des chevaux, mais pas des hippogriffes, je en vais pas faire un cours d'hippologie, je finirais par faire dans l'hippophagie! Bon, je vais m'arrêter là, je pourrais devenir hippopotamesque, allez, je fais ici le serment de ne plus jamais tenter d'écrire sur Hippocrate!

dimanche 23 décembre 2012

J'aime ruer.

   Normal, me direz vous après avoir lu quelques uns des textes les plus virulents, mais je ne veux pas parler de ruer dans le sens que le dictionnaire lui accorde, je prends, une fois de plus, la liberté de changer la définition de ce verbe. J'habite maintenant une rue de Dinan, c'est la rue de l'école, située juste après la porte de Saint Malo, perspicaces comme vous l'êtes, vous n'aurez pas manqué de prendre conscience qu'elle est dans la vieille ville, abritée par les remparts.
   Je ne saurais vous dire si c'est ce particularisme qui en fait une rue si particulière, mais le fait est qu'elle sort bel et bien de l'ordinaire et ce, aussi loin que portent les souvenirs. Il m'arrive de rencontrer, au cours de mes pérégrinations, qu'elles soient professionnelles ou verbales, des personnes qui ont demeuré dans cette rue à un moment ou un autre de leur vie, ils sont unanimes pour en parler en bien et, souvent, regretter de n'y plus vivre. J'ai même une voisine qui, ayant passé son enfance à un bout de la rue, est venue habiter à l'autre extrémité à l'âge adulte, elle semble bien décidée à y finir ses jours...dans fort longtemps soit entendu!
   J'aurais pu dire: "une aimable voisine", mais ce serait un pléonasme tant, en cette rue, tout le monde semble touché par la grâce, je crois que vivent en ces lieux les gens les plus gracieux qu'il m'ait été donné de rencontrer, comme si la rue elle même dégageait une onde de sympathie et qu'elle la transmettait à ses résidents, c'est une rue enchantée. Tous ceux qui y viennent sont pris d'un sentiment profond de gentillesse et d'amitié sincère pour ceux qu'ils y croisent, les simples passants comme les habitués.
   Vous l'aurez compris, il règne une ambiance de franche convivialité dans notre rue, tout le monde parle à tout le monde et les quelques exceptionnels râleurs préfèrent se taire. Les sourires sont aussi épanouis que les éclats de rire sont fréquents et il n'est pas rare que se tiennent, sur le pavé, de vraies réunions de voisins, juste pour le plaisir de converser ensemble. C'est à se demander si nous ne passons pas plus de temps hors que dans nos demeures! L'un de nos voisins a trouvé l'expression idéale pour résumer le ressenti que nous avons, nous sommes devenus des "voisamis"!
   Voilà, c'est la raison pour laquelle j'aime ruer, me tenir dans la rue si vous préférez, mais les conversations qui s'y tiennent ressemblent beaucoup à des ruades verbales, surtout que les rires de certains pourraient être qualifiés de chevalins!

jeudi 20 décembre 2012

La mare aux fables.

   Ce texte ne voit le jour que pour appuyer le précédent, je me vois contraint de me mettre aux fables, ce n'est pas que je sois faible, ni que je veuille enfiler le tablier de fabuliste en tenant un fablier, mais le sablier, inéluctablement, égrène le temps et me presse de laisser des écrits qui, s'ils ne sont pas fabuleux, n'en sont pas moins des fabulations.
   En cette période de pluie intense, il est difficile de trouver à s'occuper, alors nous pouvons prendre le temps d'observer les évènements qui se déroulent autour de nous et que le beau temps nous empêche de percevoir, sauf pour les percepteurs qui, comme chacun le sait, ont un sens aigu de la perception. Ne pensez pas que c'est par facilité que je vous offre ce bon mot, ça ne marche pas à tous les coups, un percolateur, par exemple n'a pas vraiment de qualité de percolation et le perchoir n'est pas le lieu de vie de la perche, puisque tout le monde sait que la perche vit dans les stades, surtout au moment des jeux olympiques!
   Bon, je digresse et cela m'éloigne de mon sujet de départ,, d'ailleurs si l'un d'entre vous se le rappelle qu'il me le fasse savoir, qui n'est pas l'endroit où l'on range le savon, je tiens à le préciser, c'est le savonnier. Il ne faut, d'ailleurs, pas confondre ce dernier avec le savetier, qui est l'arbre à savates, enfin je crois, à moins que ce ne soit ce monsieur très poli qui demande à tout le monde si ça va. Par contre, je suis sûr que le coquetier est la pièce où les coquettes se préparent, ce qui leur permet de coqueter à tout va, comme dans un poulailler, enfin il me semble!
   Je suis de plus en plus égaré dans ce texte, je dois reprendre le train de mon histoire, comme ça je pourrais me re-garer, sans regarder, ni retarder, ça c'est le privilège de la SNCF et je ne voudrais pas avoir ses syndicalistes sur le dos, c'est qu'ils sont virulents, surtout lents d'ailleurs! Où en étais je? AH, oui, je tentais d'étayer mon discours, faute de pouvoir l'égayer puisque je passe mon temps à m'égailler, enfin, tant qu'il n'est pas égrillard! Je suis de plus en plus grillé, ça sent le roussi, je ne vais pas pouvoir aller au bout de mon texte, j'en ai perdu la texture, textuellement!
   Voilà, j'étais parti pour vous écrire une fable, mais je suis trop instable, il faudra que vous tabliez sur un autre texte, sinon je vous aurai sur le râble, mais je vous enverrai un câble.

jeudi 13 décembre 2012

Je suis un homme à fables.

   C'est un fait que vous, lecteurs de ce blog, ne pouvez nier, certains de mes textes sont des fables qui ressemblent à des affabulations alors qu'elles ne sont que des histoires fabuleuses. Je suis un hommes aussi affable qu'à fables, je déclenche des joies ineffables quand je fabule, c'est mon point faible mais je reste fiable puisque mes histoires sont identifiables. C'est fabuleux l'intérêt que je porte à ces fariboles, à tel point que ça en devient inénarrable comme certaines aventures que je vous narre, ce ne sont pourtant point des fables puisque je n'affabule pas, peut-être sont ce des nouvelles, mais je n'innove point, je crois qu'en fait,  c'est indéfinissable.
   Pour vous prouver ma haine de la poésie, j'en avais écrit une, donc pour parler de mon amour pour les fables, je ne vais pas en écrire une! Sur quel sujet pourrais je inventer une fable, d'ailleurs, je suis en plein lancement de mon entreprise paysagiste et j'ai l'esprit à des choses plus concrètes qu'une historiette délirante. Tout au plus, je peux vous raconter une anecdote qui m'est arrivée dans le jardin d'une cliente, une Anglaise pour tout vous dire, non, je n'affabule pas, j'ai des clientes Anglaises et elles ont l'air très contente de ma façon de jardiner!
   J'étais en train de bêcher un coin de gazon afin d'implanter un massif de fleurs, comme souvent dans ces cas là, un rouge gorge s'est aventuré près de moi, ils raffolent des vers et insectes que le bêchage ne manquera pas de ramener en surface. Je vous ai déjà dit que je discutais avec les oiseaux et les plantes lorsque je travaille dans les jardins, j'engageais donc la conversation avec ce charmant petit volatile. Evidemment, il ne parle pas le langage des humains, je sifflotais mes phrases afin de mieux me faire comprendre, je commençais par me présenter car je ne l'avais jamais rencontré auparavant.
   Quelle ne fut pas ma déception quand je le vis pencher la tête sur le côté et me regarder avec un air de dépit et de défi, comme s'il ne comprenait pas ce que je venais de lui dire. Je recommençais mon sifflotement en apportant quelques stridulations à mes paroles, mais peine perdue, il m'ignora tout simplement et entama son repas sans autre forme de procès. J'étais abasourdi et déçu, jamais un oiseau ne m'avait ainsi snobé, même si je faisais des mouvements brusques, il restait stoïque, voire flegmatique!
   La cliente fit son apparition à ce moment là, j'allais lui expliquer le désarroi dans lequel m'avait plongé le rougeoyant volatile quand elle se mit à siffler et, là, chose absolument inouïe, le rouge-gorge lui répondit aussi sec! " C'est incroyable" m'exclamais je éberlué par la scène à laquelle je venais d'assister, "j'ai l'habitude de converser avec les congénères de ce charmant oiseau, qui, d'habitude, n'hésitent pas à engager la conversation, mais lui refuse même de me voir et voilà qu'il vous parle, serait ce l'un de vos intimes?" lui demandais je plein d'amertume.
   Elle me jeta un regard amusé et me dit: " c'est normal, vous avez sifflé en Français et c'est un rouge-gorge Anglais, il ne parle que cette langue comme tout Anglais qui se respecte."! Je ne lui ai pas dit qu'étant Anglaise, elle n'aurait pas dû parler notre langue mais, c'est une cliente et je ne suis pas sûr qu'elle aurait su faire preuve de cet humour si propre aux Anglais! J'attendis donc qu'elle rentre dans sa maison pour me venger sur ce snobinard d'emplumé, je l'ai prévenu qu'il ferait mieux de s'envoler et d'aller quérir sa pitance un peu plus loin, il n'a pas bougé, il s'est pris le coup de bêche de plein fouet, peut-être aurais je dû le prévenir en Anglais, enfin, c'est trop tard, souhaitons que ça serve de leçons à tous ces envahisseurs qui viennent picorer sur nos terres!

dimanche 9 décembre 2012

J'aime l'attente.

   J'aime l'attente, pas la tante, ni même la tente, juste l'attente latente devant la porte battante, pas vacante mais sans bacchantes, pas la porte, juste la tante pas impotente, ni importante, je tente de vous expliquer, ce n'est pas un procès que j'intente, simplement j'aime l'attente! Bon, maintenant que vous avez compris l'intitulé de ce texte, je mets un terme à l'attente qui vous ronge, l'entente entre nous sera, enfin, parfaite.
   J'ai vécu, cette semaine, le dernier acte de ma présence sur les listes de chômeurs. Je suis là pour un ultime rendez vous avec un conseiller de pôle emploi. Je viens me faire attribuer ma "prime de licenciement", entendez par là l'aide qui est allouée aux demandeurs d'emploi qui créent leur entreprise. Je suis dans la dernière ligne droite et l'attente, si elle est toujours aussi longue, ne me fait pas perdre patience, j'ai le coeur léger de celui qui sait où il va.
   C'est en observateur attentif que j'opère, c'est un moment privilégié que je vis en ces instants, c'est, j'ose l'espérer, la dernière fois que je croise mes "collègues" désoeuvrés. Je les regarde d'un oeil plus compatissant, nous ne sommes plus en concurrence, C'est comme si nous n'appartenions plus au même monde, la mémoire humaine est parfois surprenante, mais les faits sont là, je me sens étranger puisque mon attente n'est plus la même que les leurs.
   Le premier constat est quelque peu effrayant et sans appel, le marché de l'emploi s'est grandement dégradé depuis mon inscription en ces lieux et le panel des gens touchés par le chômage s'est élargi. Il y a beaucoup de nouveaux inscrits, cela se voit à leurs mines déconfites et s'entend aux questions, tellement pleines d'espoirs qu'elles en paraissent naïves, qu'ils posent aux conseillers.
   Eux aussi, sont en pleine attente, mais je crains qu'ils n'y prennent pas autant de plaisir que moi. Il y a ceux, éternels, qui ne sont là que pour obtenir un sursis à leurs allocations, il y a ceux qui, quoique l'on fasse, n'obtiendront plus de nouvel emploi, trop vieux, trop incapables, trop fainéants, trop feignants de chercher ou, tout simplement, trop malchanceux. Mais il y a aussi ceux, qui sont la majorité, des personnes présentes en ce lieu maudit contraintes et forcées et qui sont remplies de l'espoir que cela ne durera pas trop longtemps. Leur seul point commun étant qu'ils sont tous dans l'attente ( non, pas dans la tente...et moins encore dans la tante!), mais ils ne savent pas exactement de quoi.
   Mais voilà, je suis devenu si différent de tous ces gens que, m'étant muni d'un crayon et d'un papier pour écrire ce texte, j'eus à peine le temps d'en tracer les prémices que j'entends quelqu'un m'appeler, je n'aurais attendu que quelques minutes, passant devant ces personnes qui étaient là avant moi et qui le resteront bien après! J'aimais l'attente et ils m'en ont privé, la dernière attente a pris fin de façon inattendue, devenu l'objet de toute leur attention, je n'ai plus à attendre et, contre toute attente, j'en ai éprouvé un certain plaisir car mes futurs clients, eux, n'aiment pas l'attente!