mardi 4 juillet 2017

Hasardeux hasards?

   Il est des moments de la vie où nous semblons perdre le contrôle des événements, où plus rien ne se déroule comme cela semblait s'annoncer. C'est une de mes spécialités de traverser ces situations,parfois difficiles, mais toujours si "vivantes", c'était, aurai-je dû pouvoir dire. Mais la vie, par un de ses pieds de nez dont elle a le secret, semble avoir réveillé le démon qui, en moi, sommeille.
   Une bizarrerie m'a chassé de ce lieu où je prétendais m'installer pour les années à venir, voire plus, mais ce ne fut qu'une rupture au sens "physique" du terme, il n'y a pas de rupture possible de notre immense Amour, juste une saine distance. J'ai eu peur de retrouver des velléités de décollage mais ce n'était pas ça du tout!
   Il y eu d'abord cette formation qui m'a permis de sortir du tunnel sombre où était parti s'aventurer mon esprit en pleine dérive. J'étais encore à Dinan, mais je n'y étais déjà plus. J'ai cru que personne ne voulait m'aider à traverser cette nouvelle épreuve, en fait c'est moi qui refusais que l'on m'aide.
   Mon départ était une nécessité, mais je ne le savais pas encore. Il me fallut trouver un lieu d'hébergement dans l'urgence, c'est là que la vie m'a offert un de ses pieds de nez dont elle a le secret.
   Je me tournais naturellement vers un ami de Saint-Malo, je savais pouvoir compter sur sa solide amitié pour ne pas me laisser dans l'embarras. C'était sans compter sur un destin qui aime à tester notre sens de l'humour.
   Je me trouvais devant une porte close et dans l'impossibilité de joindre mon salvateur d'ami, disparu! Heureusement, quelques jours plus tard, j'apprends enfin ce qu'il se passe et j'obtiens les clefs du paradis! Mais je me retrouve tout seul dans son appartement, mon ami a été hospitalisé en psychiatrie! Par chance, le mal dont il souffre peut se soigner de façon efficace.
   C'est au moment où j'entame ma formation de veilleur de nuit que ces faits se déroulent, c'est là que la situation devient cocasse. L'apprentissage de ce métier n'est pas aussi simpliste qu'attendu, il y a un côté psychologique important. Si je vais vraiment bien, ou que j'arrive à omettre réellement mes problèmes personnels, alors j'agirais bien avec les personnes dont je devrais m'occuper. Ça me paraît logique...maintenant, mais, sur le coup, ce fut un choc terrible!!!
   Je me suis retrouvé à travailler mon sens de l'écoute et, surtout, ma façon de m'exprimer oralement (que ceux qui ne me connaissent pas physiquement ne soient pas surpris, je ne parle pas aussi bien que j'écris!), des qualités essentielles pour mon futur emploi....enfin.....pour la vie de tous les jours aussi, dois-je le dire? Mais plus particulièrement encore dans le cas qui me concerne, au moment que traverse ma vie, l'écoute est devenue essentielle à la sérénité de mes relations sociales.
   Au moment où mon ami a le plus besoin d'être entendu, j'apprends à écouter, avouez que c'est de la synchronisation réussie, non?
   La cerise sur le gâteau dans cette histoire, c'est que nous avons réussi nos reclassements respectifs. Nous avons changé totalement de milieu professionnel en avançant vers une forme d'inconnu avec la même envie, avec la même réussite et dans une joie de (re)vivre incessante!
   C'est pourquoi je me suis hasardé à vous raconter ces heureux hasards afin qu'en les lisant, par hasard, vous appreniez à lire comme j'ai appris à écouter!

samedi 1 juillet 2017

Héritages

   Il y a bien longtemps que je n'ai plus "haï" de sujet, si je n'ai pas osé le mettre dans le titre, c'est que je ne suis pas absolument certain de ne pas aimer les héritages, il en est d'appréciables.
   Héritage est un mot qui peut cacher certaines richesses qui n'ont de valeur qu'aux yeux des bénéficiaires.
   Trop souvent associé à la mort, nous en oublions que nos gènes sont aussi une forme d'héritage, indéfectiblement lié à la vie. Quelle magnifique contradiction du langage!
   Or donc, si je suis totalement opposé à l'idée d'être l'héritier de biens par mes parents acquis, je suis satisfait de mes héritages génétiques....d'où qu'ils viennent!
   L'idée même de possession d'un bien terrestre, quel qu'il soit, me hérisse le poil, sans que j'en sache la raison profonde d'ailleurs. De quel héritage ai-je hérité pour être ainsi opposé à tout signe de réussite? C'est comme si, à mes yeux, devenir Le propriétaire de quoi que ce soit était une maladie. Je suis pourtant issu d'une famille qui aime à posséder les biens dans lesquels ils vivent, je me retrouve tout seul dans mon délire de non-possession. C'est en tout cas ce que les apparences pourraient laisser croire!
   En remontant le fil de mes ascendances, j'ai pris conscience qu'il était une personne qui avait tenté de fuir ces obligations sociétales de possession, c'est mon grand-père paternel. S'il a fini par céder aux sirènes en construisant de ses propres mains sa demeure, c'est, j'en suis sûr, pour que ma grand-mère puisse couler des jours tranquilles, en aucun cas par désir de possession. D'ailleurs, l'épisode de l'héritage de cette maison est quelque peu épique....comme souvent dans les histoires d'héritage!!!
   Je ne sais pas si ce que je viens d'écrire est avéré, mais cela me fait du bien de pouvoir penser que ce sont les plus secrètes et profondes volontés de mon "Papy baba-cool" que j'exécute inconsciemment! Voila un héritage dont je me sens particulièrement fier, connaître le prix de la vraie liberté!
   Mais les héritages sont aussi physiques, nous ressemblons tous à un ascendant, qu'on le veuille ou non, le tout est de retrouver cet ascendant. Cela peut sembler de peu d'importance à la plupart d'entre nous mais, à l'adolescence, quand vous ressemblez à votre maman aux dires de tous, c'est bien. Seulement quand vous dépassez vos parents de quinze et trente centimètres, cela peut poser question, surtout que la plaisanterie préférée de mon père était :"maman, c'est sûr, papa, peut-être!
   Fort heureusement, un jour que je rentrais du terrain de cultures, un peu sale et les sabots de bois aux pieds, notre voisin d'alors, Pierre, environ soixante-quinze ans, sembla se trouver mal. A mon inquiétude, il répondit ;"j'ai eu l'impression de voir venir ton grand oncle Emile, qui est décédé vers vingt ans, comme quand on revenait de l'école, avec tes sabots, tu lui ressembles beaucoup"! Imaginez ma stupéfaction quand ma grand-mère m'a confirmé qu'il était le seul a être aussi grand que moi et que je lui ressemblais effectivement, quel soulagement dans l'esprit d'un ado!!!
   Ce furent mes premiers achoppements avec l'hérédité, mais ce n'était que la partie visible de l'iceberg.
   Si j'ai hérité mon physique d'un parent un peu éloigné, il n'en va pas de même pour ce qui est du caractère! Il m'aura fallu avoir ma deuxième fille, Chloë, pour comprendre que j'ai récupéré les mauvais côtés de mes deux parents! A savoir, un cœur en or masqué par un (mauvais) caractère et une réactivité à toutes épreuves masquée par un égocentrisme de parade, c'est en tout cas ainsi que je le ressens. Certes, ce sentiment est fluctuant, mais je crois sincèrement que c'est ainsi que je me suis construit, j'essaie juste de maîtriser les fluctuations!
   Ceci étant dit, je dois bien avouer que c'est bel et bien ce qui m'a permit d'avancer dans les moments difficiles. J'arrive, à peu près, à maîtriser ces colères aussi soudaines que virulentes, qui faisaient de moi un interlocuteur insupportable.
   J'en demande pardon à ceux que je ne croiserais plus,
   les autres constateront....ou pas!
   J'apprends à écouter vraiment les autres, à voir vraiment les personnes qui m'entourent et à ne plus courir derrière des chimères, tout en continuant de rêver. Ma joie de vivre actuelle est le seul véritable héritage de mes ascendants, le reste, tout le reste, n'appartient qu'à moi...et peut-être un peu à mes enfants!!!