vendredi 28 février 2020

Au fond, bien au fond.

   En cette période qui sent déjà le printemps et un dos de plus en plus en accord avec mes velléités de mouvement, je vois la vie sous son meilleur jour. La personne qui m'héberge ayant constaté que je ne faisais plus de crises d'épilepsie m'a enjoint de quitter les lieux avant mars, mais cela me réjouit plutôt, j'ai retrouvé un logement temporaire en attendant la fin de certains soins médicaux et me tient prêt à partir. Plus rien ne peut m'affecter de toute façon, mon optimisme est revenu avec une relative santé et je deviens à nouveau insupportable pour les inertes qui m'entourent surtout depuis que je ne fume plus!
   Mais la vie est parfois pernicieuse et elle en a profité pour tenter de me remettre les bâtons dans les roues, pas de chance pour elle, j'ai revendu mon vélo! Elle s'est permis malgré tout un tour à sa façon par l'entremise d'un huissier de justice qui m'a signifié une saisie sur mon compte en banque, mandaté qu'il était par pôle emploi me réclamant un trop perçu. Sur le coup, bien sûr, j'ai été aussi surpris qu'atterré, cependant l'huissier, devant ma mine déconfite, m'a demandé ce qui me surprenait puisque ses soins ne sont utilisés qu'en dernier recours, je devais connaître l'existence de ce litige. Lorsque je lui eu exposé ce que je savais du dossier, il a très vite compris qu'effectivement il y avait maldonne quelque part, alors il m'a prodigué de précieux conseils pour pouvoir me sortir d'affaire au plus vite.
   Je me suis donc retrouvé devant un parcours d'obstacles judiciaires, je ne saurais les nommer autrement car, malgré les conseils de l'huissier, j'ai été confronté à la mauvaise volonté et au dédain des autorités judiciaires. Il m'a fallu faire preuve de beaucoup de patience pour convaincre mes interlocuteurs de la nécessité d'agir vite, c'est à ce moment là que mon optimisme a été mis à rude épreuve mais a parfaitement tenu son rôle. Enjambant les barrières qui se succédaient, j'ai fait sauter le verrou et obtenu gain de cause, à savoir simplement les conseils avisés d'un avocat qui, touché par mon optimisme et l'humour qu'il exprime, il va suivre mon dossier jusqu'au bout pour les procédures de justice qu'il me faut engager. Les faits sont très clairs et l'erreur de pôle emploi totalement avérée donc j'ai bien fait de rester optimiste!
   Mais je ne cite mon cas que pour exemple car j'ai dû demander une aide d'urgence et gratuite, n'étant plus très argenté pour ne pas dire pauvre puisque nos décideurs estiment que mille euros par mois suffisaient pour que l'on ne soit plus aidé financièrement! C'est surtout ce fait que je veux dénoncer ici, outre les problèmes financiers pour accéder à une aide gratuite, ou moins coûteuse en tout cas, les démarches a effectuer sont aussi opaques que les jugements prononcés. Nous savons tous depuis longtemps que le droit ne s'applique pas de la même manière selon que l'on soit riche ou pauvre, mais là ils poussent le vice jusqu'à rendre le droit inaccessible aux plus démunis. Dès le départ, par un langage opaque, ils empêchent un égal accès à la loi que nul n'est sensé ignorer, mais qui se rend incompréhensible par un vocabulaire accessible qu'aux gens de loi, et encore même eux je les soupçonne de ne pas tout comprendre.
   Une aide juridictionnelle est accordée aux personnes les pus démunies qui, souventes fois, sont ceux qui n'ont pas traîné sur les bancs d'école et maîtrisent mal jusqu'au vocabulaire le plus simple. Là, il leur est demandé de remplir un dossier seuls alors que ce dernier est écrit en hiéroglyphes, même pour quelqu'un d'un peu éduqué comme votre serviteur!
   Pouvoir être défendu quand  on en a pas les moyens est une véritable gageure, alors voir des personnes reconnues coupables ne pas même être condamnées, alors que leurs fautes sont autrement plus graves que les nôtres est une insulte, non seulement à nous même, mais aussi à cette démocratie qui nous promet l'égalité des droits. Seulement il ne faut pas être au fond par manques de fonds pour le vivre bien à fond sinon nous risquons de l'avoir bien profond!!!

jeudi 27 février 2020

Perfectionimbus.

   La perfection ne peut exister à mes yeux, elle est impossible puisque nous ne pouvons plaire à tout le monde cela semble évident, et pourtant, chacun à sa façon, nous continuons notre impossible quête. Certains prétendent même l'avoir trouvée, voire atteinte, cette fabuleuse perfection cela reste un simple fait de leur imagination mais l'important n'est-il pas d'y croire vraiment?
   J'ai un étrange sentiment à ce sujet en cette période de transition que je vis actuellement, j'ai toujours aimé le changement mais celui-ci prends son temps pour aboutir, et c'est peu de le dire! Seulement, maintenant que je maîtrise enfin ces problèmes de santé, plus ou moins en tout cas, intervient cette fameuse perfection. La logique voudrait que je ne puisse plus l'atteindre, puisque je ne l'ai pas même effleurée quand j'étais encore vaillant. Seulement, s'il est une qualité qui m'est restée c'est bien ma passion pour l'illogisme, il est donc très logique que j'atteigne enfin à la perfection, ou que je le croies en tout cas.
   Il n'aura fallu que deux rencontres pour que s'opère la magie, la première fut celle d'un professeur de français en vacances, bien sûr, et qui est aussi passionné que moi par l'escalade des rochers. Il m'a été d'autant plus facile d'engager la conversation qu'il n'est pas Malouin d'origine, donc pas misanthrope, et nous avons déambulé et discuté tout un après-midi dans les parties escarpées de la côte. Le premier sujet était lié à l'écologie du fait de la proximité du barrage de la Rance, selon mon interlocuteur il est la vraie réponse écologique au besoin, sans cesse grandissant, d'électricité, l'envasement du fleuve n'étant qu'un problème technique. Heureusement, je n'ai pas eu à répondre à ses affirmations puisque je ne m'y connais pas assez et, qu'opportunément, un nid de frelons asiatiques nous apparu, accroché à la roche deux mètres au-dessus de la ligne de marée. J'escaladais les rochers pour m'en approcher et le prendre en photo au grand dam de mon nouvel ami qui était effrayé par la découverte. Je lui expliquais alors qu'à cette époque de l'année nous avions peu de chances d'en apercevoir. Alors il enchaînait sur les risques que je prenais en montant aussi haut dans les rochers, lorsque je lui répliquai que les roches volcaniques présentaient suffisamment d'aspérités pour se sécuriser, il en fut tout abasourdi. Comme la plupart des personnes que j'ai pu rencontrer dans ces lieux, il pensait que ce n'était que du granit, nous fîmes alors une revue des divers minéraux présents, il crû alors que j'en étais un spécialiste, alors que je ne suis qu'intéressé par le sujet.
   Puis notre conversation dévia sur la violence en général, je lui expliquais que j'étais devenu totalement non-violent après un coup de poing donné à un homme et les conséquences de ce geste qui aurait pu être fatal. Mais face à mon argument qui veut que s'il n'y avait pas d'armées nous éviterions les guerres, il ne fut absolument pas d'accord et affirma avec conviction que les armées empêchaient les guerres alors, pour couper court, je lui disais que mon fils voulait s'engager et que j'en acceptais complètement l'idée.
   Ensuite, revenant sur des chemins balisés, nous passions à côté de ces canons sacrifiés par les autorités malouines dont j'ai déjà parlé, en fait ils les ont utilisés pour accrocher les chaînes qui délimitent certaines zones de la ville. Devant son incrédulité, je lui prouvais que je disais la vérité en lui montrant que le petit trou près de l'extrémité était la lumière qui permettait de bouter le feu, lui expliquant au passage ma passion immodérée pour l'histoire médiévale et son artillerie en particulier.
   C'est à peu près à ce moment là que la perfection fit son apparition, il était subjugué par le nombre de sujets que je maîtrisais et ne pu s'empêcher de me dire toute son admiration devant la perfection de mes explications. J'en fus très surpris, je n'ai jamais pensé que j'étais un homme de savoir et il m'annonçait que j'étais un homme de savoirs! Sans me rengorger, cela me fit pourtant un bien fou et me fit prendre conscience de la valeur et du nombre de sujets dont je pouvais traiter, moi un intellectuel, cela risque de faire sourire beaucoup de mes lecteurs qui me connaissent!
   Et il y eut une deuxième rencontre très sympathique avec une jeune femme qui a pris contact par instagram avec, ce me semble, l'envie de me séduire ou de simplement me draguer. Mais à force de conversations, j'ai réussi à la convaincre qu'un homme de mon âge et dans mon état de santé ne saurait être autre chose qu'un obsédé sexuel voulant se "taper" une petite jeune et, qu'à l'inverse une aussi jolie jeune femme courtisant un homme bien plus âgé n'est qu'en recherche d'un père qui n'a pas su s'occuper d'elle comme elle l'attendait. Il s'est alors engagé une série de conversations d'une grande honnêteté au cours desquelles ma lanterne a fini par être éclairée, dans le désamour avoué de son père cette charmante personne m'a ouvert les yeux sur le rejet dont je suis victime de la part de ma deuxième fille.
   Elle est l'unique enfant  de ses parents et n'en veut à son défunt père que parce qu'il n'a pas cédé à toutes ses volontés, alors je me suis permis de me servir de ses récriminations pour comprendre, ou essayer de comprendre, le comportement de ma propre enfant. Dans sa recherche de l'homme idéal cette jeune demoiselle ne cherche que l'homme qui sera à ses pieds, prêt à tous les sacrifices pour devenir son idéal à elle et elle seule, sans s'inquiéter de ce que lui pourra penser, une forme d'esclave en quelque sorte. J'ai pu en parler franchement avec elle car, contrairement à ma propre fille, elle a eu le courage d'écouter une autre vérité que la sienne et d'en tirer des conclusions qui lui permettent d'ouvrir les yeux sur sa réalité qui n'est pas la réalité. Je ne suis toujours pas plus psychologue et mes paroles, dans leur franchise, n'ont pas été faites que de compassion, il me semble même lui avoir dit que la recherche d'une "bite reproductrice" ne permettait pas de trouver le père idéal qu'elle recherche en fait. Mais surtout qu'un homme à l'opposé de son père ne ferait pas forcément un bon père, puisque la nature elle même ne nous y autorise pas, tant la mère est prédominante dans l'enfantement, le père idéal n'est qu'un fantasme.
   C'est au fil de nos enrichissantes conversations que cette charmante personne s'est mise à m'idéaliser, arguant que j'étais un père parfait, encore cette fameuse perfection, et qu'elle espérait trouver un homme comme moi pour faire d'elle une femme comblée! Là, je me suis senti obligé de lui expliquer toutes les erreurs que j'avais pu commettre dans ma paternité et les conséquences qu'elles avaient eu, surtout sur ma deuxième enfant. Mais loin de ramener à ma vraie valeur, elle s'est servie de mes propres arguments pour m'idéaliser un peu plus encore, arguant qu'un homme qui savait admettre ses erreurs était forcément parfait!
   C'est, je crois, ce qui me plaît le plus dans nos conversations, quoique je puisse dire la renforce dans le sentiment que je suis la perfection faite homme, tout à l'inverse de ma fille chérie qui utilise chacun de mes arguments pour les retourner contre moi et se renforcer dans sa haine aveugle de son père. D'où le titre de ce texte, finalement la perfection n'est qu'une question de point de vue et le point de vue n'est-il pas une forme de cécité?

jeudi 13 février 2020

La lune a rencontré le soleil.

   Je me demande parfois pourquoi je continue de me lever aux aurores alors que je n'ai rien de particulier à faire. Et il est des matins qui me répondent qu'il y a toujours une bonne raison de se lever avant le soleil!
   Ainsi, déambulant vers un rendez-vous pour lequel j'avais beaucoup d'avance, je me suis rendu compte que la lune, non contente d'être ronde comme une queue de pelle brillait de mille feux, alors même que le soleil laissait entrapercevoir ses premiers rayons. Au vu de la hauteur où elle se tenait, il m'apparut évident que la rencontre était inévitable, je m'arrêtais sur une petite hauteur pour mieux assister à l'évènement, bien m'en pris.
   La lune semblait vouloir rivaliser avec le soleil qui se levait en étirant ses rayons de plus en plus lumineux, elle le toisait soudain prise de l'ivresse du pouvoir en continuant d'être plus haute dans les cieux libres de tout nuage. Les deux entités célestes parurent échanger quelques mots, le ton montait en même temps que le soleil tandis que la lune pâlissante continuait son déclin.
   Mais elle persistait dans sa volonté de tenir tête au grand astre, après tout elle a autant d'importance que lui, pour nous en tout cas. Cependant, comme sur terre, même aussi utiles les uns que les autres il s'en trouve toujours un pour se décréter chef, les cieux n'échappent pas à la règle et c'est le soleil qui joue au chef.
   Et voilà, après avoir tancé vertement la lune au point de la faire pâlir jusqu'à n'être plus visible, il la força à se coucher mettant ainsi un terme à ce moment de pure magie offerte par notre si généreux environnement.
   Peut-être devrions nous songer à plus le respecter, plutôt que de passer notre temps à vouloir décrocher la lune!
 

jeudi 6 février 2020

Nom de zeus!!!

   Il m'arrive un truc tellement délirant que je n'ai trouvé aucun titre aussi approprié que cette exclamation liée à ma découverte de l'antiquité grecque au collège, je l'utilise lorsque je ne trouve plus mes mots, vous en rêviez, hein? Profitez de l'instant car il ne durera qu'un instant… voilà!
   J'ai donc rencontré un chirurgien dont mes parents m'avaient fait la promotion, avec raison comme des parents, ce docte docteur ayant le don de réparer les dos capricieux, comme le mien en ce moment, faut-il le préciser. Or donc, ce fabuleux homme, dans son immense respect de son art et de son patient, a réussi à me convaincre que je pouvais réparer mon dos tout seul puisque j'avais déjà commencé, où que mon dos avait commencé à mon insu, peu importe l'essentiel est là. Il est si doué qu'il a même réussi à me faire comprendre pourquoi nous prenons le nom de patient tant il a de retard!
   Je suis ressorti de ces entretiens convaincu que je n'avais qu'à suivre les consignes de cet homme avisé pour ne plus avoir de problèmes de dos. Nous avons mis au point, avec mon kiné, très avisé lui aussi, une stratégie de combat adaptée à l'explosif personnage que je peux être parfois, surtout que j'ai arrêté de fumer..tout ce qui peut se fumer.. du coup je suis un peu électriquement énergiquement hyperactif. Heureusement, mon corps l'a bien compris et m'a mis en mouvement sans demander à ma tête.
   Parti pour ma boucherie préférée qui est à quelque distance de ma cuisine, c'est nanti de ma viande et d'un saucisson à l'ail que je me suis égaré sous le soleil breton et son éclatante lumière. Mes pieds m'ont alors mené vers la côte où la marée était haute ne laissant qu'une bande de rochers accessibles par des sentiers étroits. C'était l'heure et l'endroit des gens qui courent, équipés comme des gens qui courent après de quelconques performances, ou pour être sûrs qu'ils ont bien fait ce qu'ils ont fait, en tout cas ils ont les preuves avec tous ces appareils, sanglés de partout, ils ressembleraient à des rôtis s'ils étaient plus gras. Bref, je faisais un peu dépareillé avec ma tenue "de ville", seules  mes chaussures étaient adaptées, c'est pour ça que mes pieds n'ont pas eu la moindre hésitation à m'emmener dans une drôle de promenade.
   Les personnes  croisées m'expliquant, au fur et à mesure des rencontres, le chemin à suivre, je ne me suis pas égaré tout de suite, c'est un escalier peu sympathique qui m'a poussé hors du sentier convenu. Les rochers qui longeaient l'escalier et l'escarpement auquel il menait étaient très accessibles, me semblait-il suffisamment pour que je m'y engage allègrement. Bien m'en pris, la vue magnifique sur la mer et, plus encore, sur ces arbres bien vivants, accrochés à la paroi de granit par des racines bretonnes profondément enfoncées dans la roche.
   Tout à mon extase du regard, je ne prenais plus garde à mes pas qui, continuant de maintenir mon équilibre, me menèrent au bord du précipice pourrais- je dire tant les rochers me parurent soudain escarpés. De magnifiques entailles dans la masse granitique me barraient le passage, profondes et raides comme de petites falaises elles inciteraient à la plus grande prudence si le demi-tour n'était compromis par la marée haute. Il fallait donc continuer par de l'escalade, heureusement facilitée par les trous du magma millénaire.
   Je vous passe les détails du périlleux passage puisque ce ne sont que des détails, j'ai fini par retrouver le droit, bien que serpentueux, chemin et ses sportifs qui, au vu de leurs regards, parurent très surpris de me voir apparaître par cet endroit vêtu comme je l'étais. J'étais d'ailleurs aussi surpris d'avoir eu l'audace de les surprendre que j'ai dû m'assoir un moment pour me remettre de mes émotions. Elles étaient d'autant plus fortes que je venais de me rappeler que j'avais oublié que, si mon dos appréciait de ne plus être malade, il n'en allait pas de même de l'autre problème dont j'omets jusqu'au nom bien que cela reste un problème.
   C'est à peu près à ce moment là que m'est venue mon exclamation, face au soleil couchant, assis sur une marche de pierre, méditant sur cette joie retrouvée d'être fou à nouveau en mangeant mon saucisson à l'ail comme une banane pour goûter.
   Une impression de renaissance confirmée au fil de mes pas sur le chemin du retour à la civilisation par les échanges de saluts autant que de regards aimables, ce qui n'est pas une tradition malouine habituellement!

dimanche 2 février 2020

Je ne m'enfuis pas.

   C'est sans doute ce qu'ont pu croire les personnes qui ont croisé ma route, que je m'enfuyais toujours plus avant alors que je ne sais simplement pas m'arrêter sans finir par m'ennuyer. Il n'est aucun lieu, aucune personne, aucune activité qui puisse me contenir dans l'immobilité, je sais que cela finirait dans l'immobilisme.
   Alors, une fois encore je pars, je quitte, je m'enfuis pour certaines personnes si cela les rassure de le croire, peu importe le verbe, je ne veux que disparaître de mon vivant afin de devenir immortel, la disparition n'est pas une mort, tout au plus un effacement de la mort certifiée.
   Ma vie entière n'a été qu'un effacement, je me suis porté disparu aux yeux de ceux qui m'ont connu de mon propre chef, jusqu'à convaincre mes plus proches de m'effacer au point qu'ils m'oublient déjà. Je ne suis resté en certains lieux que pour rendre service, pour aider beaucoup de personnes à se lancer, à s'installer, à réussir leurs projets, mais je me refuse à accepter la réussite et je suis parti sans attendre la couronne de lauriers ou même un simple merci. Les faits m'ont donné raison puisque aucun des services rendus n'a provoqué de remerciements, tout le monde semble avoir trouvé normal d'avoir pu profiter de mon aide sans contreparties, quelles qu'en soient les formes.
   Alors je vais partir pour ne plus avoir à m'arrêter que par étapes qui m'emmèneront plus loin puisque c'est ailleurs qu'il me faut aller et il est toujours d'autres ailleurs, jusqu'à ce fabuleux bout du chemin. Je reprends ma liberté, égoïstement peut-être mais je pense en avoir gagné le droit. Je ne veux plus aider que moi-même, pour mieux réapprendre à m'aimer et à me respecter dans la sérénité  de la solitude.
   Je vais disparaître en silence par mon silence, ce qui n'est pas compliqué dans ce monde absurde où il n'est qu'à se taire pour être aussitôt effacé, remplacé par le moindre bruit que l'on ose appeler communication. Mais cela ne va que dans un sens, de plus en plus de personnes parlent, de moins en moins de personnes écoutent et plus personne ne semble entendre cette cacophonie. Comme les mots ne portent plus, ce sont les images qui les remplacent, mais même là, les mots qui les accompagnent n'étant pas lus, chacun en invente le sens selon sa vision qui, comme précisé dans le texte précédent en fait une relative vérité qui n'a plus rien à voir avec la vérité.
   Comment  pourrais-je avoir envie de rester dans ce monde où les mots n'ont plus de valeur quand seuls mes mots me donnent de la valeur. Je continuerais cependant d'écrire pour décrire ce que je vivrai dans un futur proche, mes rares lecteurs n'auront d'autres preuves de mes péripéties que les mots. Il faudra faire preuve d'imagination pour en avoir une image, cela donnera à chacun la liberté de voir ce qu'il veut dans mes descriptions, sans la certitude de la vérité des propos.
    C'est ainsi que je pourrai prouver ne pas m'être enfui, mais bel et bien parti pour ne pas même savoir ce qu'en pensent ceux qui ne veulent se nourrir que de preuves physiques de la réalité. La promenade du rêveur solitaire ne sera qu'un texte, il suffira de réapprendre à lire pour la voir et ce n'est pas une image, juste de l'iconoclasme...au sens propre du terme!