jeudi 30 août 2018

Vanités.

   Comment l'humain peut-il se croire responsable du réchauffement climatique alors que nous n'en sommes que l'accélérateur, il aurait lieu même sans notre existence. Cela ne semble être qu'une réaction de défense de la Terre lorsque certaines limites sont franchies, mais ce n'est pas la première fois, loin s'en faut.
   Notre civilisation ne semble avoir connu que deux ou trois réchauffements climatiques, dont le principal a été accentué par la chute d'une météorite sur  la Terre. Mais le but principal de la planète était de se débarrasser de ses encombrants dinosaures, elle a transformé les tyrannosaures en poulets, imaginez ce qu'elle va nous faire subir! Si ça se trouve, les fourmis sont des humains qui vivaient au temps des dinosaures ou pire, les porcs étant très proches de nous génétiquement et vu que nous nous comportons déjà comme des cochons, ce ne serait qu'un juste retour à notre nature!
   Mais plutôt que d'étudier les possibilités d'atténuer les dégâts que causera ce réchauffement, nous préférons dépenser notre argent et nos énergies à poursuivre des chimères. Si nous prenons la peine de nous informer un peu, il est de nombreuses recherches scientifiques qui ne semblent pas essentielles à la survie de l'humanité et qui bénéficient de crédits accordés aux dépens des recherches utiles.
   Cependant je ne suis pas un scientifique, il est donc normal que la recherche de planètes au fin fond de l'univers ne me semble pas capitale, sans doute parce que je ne serai jamais assez riche pour me payer des vacances sur Pluton, il faudrait d'abord que je décroche la Lune!
   De même, la lutte acharnée de certains médecins contre le vieillissement qui ne se réduit qu'à des fantasmes de rajeunissement par la chimie ou la chirurgie, délaissant la lutte contre les vraies sources de problèmes. Comme pour la planète, on attend que les dégâts soient commis pour, mal, réparer et on fait semblant d'être pleins d'espoir pour l'avenir.
   Ainsi, si un front dégagé et ridé est un signe que l'on peut avoir des problèmes cardiaques, je ne suis pas certain que "replanter" et retendre le front suffise à nous en prémunir, on a juste l'air plus jeune lors du transfert aux urgences:
   Cela ne suffisant pas, il est cinq praticiens, je n'ose parler de médecins, Anglais de surcroît, qui prétendent pouvoir rajeunir les cellules. Ce sont les prisonniers qui vont être contents! Je me permets cette mauvaise plaisanterie uniquement parce que dans l'article qui en parle, il est un autre scientifique qui dit que ça se fera en détruisant d'autres cellules et que c'est inapplicable actuellement!
   Voilà, quelques bonnes raisons de ne pas s'inquiéter pour l'avenir, nous irons sur une autre planète, dans des corps régénérés et en plastique puisque c'est le seul matériau quasi indestructible...et que c'est nous qu'on l'a créé! Pour une fois qu'on fait quelque chose de durable...

mercredi 29 août 2018

Aubade au crépuscule.

   Hier matin, j'étais debout de bonne heure et j'ai pu profiter des premiers rayons du soleil, j'adore ce moment particulier où l'humidité de l'air dessine les rayons solaires dans les cieux. Puis, peu à peu, la lumière dévoile, dans un masque de brume, les contours de la nature s'éveillant.
   Déjà les animaux s'ébrouent, les oiseaux échauffent leurs voix en égayant l'air de leurs chants, les premiers insectes se mettent en quête de nourriture, eux-même servant de petit déjeuner aux oiseaux pré-cités. L'éveil des uns signifie la mort des autres, heureusement pour eux, je ne mange pas d'oiseaux au petit-déjeuner.
   Un tel ensoleillement méritait un hommage, je décidais donc de partir errer sur les sentiers du hasard dès le matin. Ma rencontre avec le soleil fut une parfaite réussite, il ne m'a pas quitté de la journée, ce n'était pas un luxe, le vent ayant décidé d'être de la partie. Nous sommes à Saint-Malo, il se trouve toujours quelque havre qui offre l'abri du vent, juste pour reprendre son souffle.
   J'avais décidé de rencontrer l'astre matinal dans la partie campagne, si elle n'est pas très riche, la lumière compensait largement ce léger défaut. Puis j'ai rejoint la côte par des chemins de traverse, ils sont très nombreux et il est bon de s'y laisser perdre, c'est là que se cachent les oiseaux qui ne sont ni goélands, ni pigeons!
   Il est amusant de constater combien la lumière du soleil, dans son déplacement, va jusqu'à changer la physionomie de certains lieux, je les vois sous un nouveau jour! Puis, m'approchant du rivage, je constatais avec joie que la Manche a enfin compris le peu d'attrait que j'ai pour elle, elle se retirait devant mes pas, à moins que ce ne soit la marée, j'ai des doutes!
   Le mariage des lueurs, le soleil se reflétant dans les flots, un rayon se marie à une vague et paraît surfer sur elle. L'eau semble s'éclairer de transparence, nous offrant des images qu'on a que peu l'occasion de voir. Les couleurs des plantes de mer n'ayant rien à envier aux plantes terrestres, leurs formes particulières ajoutant à leur charme.
   Il m'aura fallu passer la journée avec le soleil pour me rendre compte que les équinoxes ne sont que la période d'équilibre jour-nuit, douze heures chacun! Là, je suis au moment où l'heure de la jonction approche, face à l'astre dardant ses rayons dans un dernier éclat qui n'appartient qu'à ceux qui étaient là, na!

lundi 27 août 2018

Changer de vie.

   Encore et toujours, comme un leitmotiv plus qu'un refrain, comme un destin voué à la mobilité avec pour adage : "Sur place ne restera" voire "A sa place ne saura rester"?
   Je n'ai plus même à en décider, la vie se charge de me mener au but, s'il existe, mais il est une certitude qui se fait jour, je ne suis plus maître de mes choix. Il est des barrières qui peu à peu se font plus infranchissables, mon principal allié me fait défaut, pas par lassitude, hélas, cela ressemble plus à une défection, mais mon corps me lâche.
   S'il n'était que mon impuissance à lutter contre le fléau je me ferai aider, mais la médecine est encore en plein tâtonnements sur le sujet et les professionnels n'arrivent qu'à peine à s'accorder entre eux. Le paradoxe vient du fait que leurs hésitations me rassurent, j'ai au moins l'impression qu'ils cherchent et je suis certain que dès qu'ils sauront ce qu'ils cherchent, ils le trouveront!
 La preuve, on explore les immensités célestes alors que l'on ne connaît pas encore tous les organes du corps humain!
   En attendant, je ne puis compter que sur mon ressenti pour essayer de comprendre mieux le fonctionnement de ce corps qui se refuse de plus en plus souvent à ma libre mobilité. Autant j'ai réussi à intégrer les divers obstacles que Mère nature a, dans son espièglerie, mis en travers de ma route, autant, là, je me trouve dans ce lieu sombre cherchant le rai de lumière de l'espoir.
   J'avais le choix en un panel très large d'affections souvent maîtrisées par la médecine moderne, mais cette volonté de ne jamais être dans le moule ne m'appartenait donc pas totalement, mon corps (défendant?) et ma santé ont joué sur mon inconscient dans le choix des orientations de vie.
   Je m'étais cru maître d'une vie que je n'ai, pour son essentiel, que subie en me laissant porter par les flots rendus tumultueux par mes propres soins! Mon optimisme s'est chargé du reste, occultant le peu de raison à avoir tenté une percée.
   Là, il faut que je raisonne ma raison, il n'y a pas de raisons que j'échoue, pour peu que je me trouve une raison!

dimanche 26 août 2018

Quelle chienne!

   Je viens de passer deux jours en charmante compagnie, mais je n'ai pas abordé le sujet comme il se doit car c'est plein d'appréhensions que j'abordais cette fin de semaine, un couple d'amis m'ayant demandé de garder leur chienne.
   Jusque là tout va bien me direz-vous, seulement ils me l'avaient demandé il y a fort longtemps et j'en ai été surpris. C'est que la chienne en question n'est pas une chienne aux yeux d'une majorité de nos concitoyens, elle est une staff, comme je la connais, je la sais gentille et douce mais il n'y a que sa race qui se voit pour les autres et, à part deux suicidaires, je n'ai croisé personne!
   Me refusant à lui faire subir ce que je ne saurais accepter, je ne mettais pas sa muselière à Tia, autant l'appeler par son nom, malgré le risque d'amende potentielle ainsi que d'emprisonnement de la pauvre bête! Nous partîmes donc, libres comme l'air ou presque, une simple laisse nous reliant, le courant est très bien passé entre nous.
   Notre entente spontanée me poussa à prendre les chemins de traverse pour rentrer, bien m'en pris c'est une race de grands sportifs qui doit courir et se dépenser pour être en forme, tout le contraire de moi! Heureusement que je suis l'humain, donc le plus intelligent, je m'étais sagement muni d'une balle en caoutchouc pour la faire courir sans me mouvoir plus que d'un bras!
   Outre le fait qu'elle m'a fait rouler dans l'herbe dans des simulacres de bagarres, la balle ne fit pas long feu entre ses puissantes mâchoires. Surtout qu'il a fallu, qu'exténué, je me redresse au bout de trois quarts d'heure et lui intime l'ordre de lâcher la balle, pour qu'elle me la dépose aux pieds! C'est bon d'être le plus intelligent, redis-je, simplement un peu essoufflé!
   Après nous être bien dépensés, Tia émit l'idée de rentrer se désaltérer et se reposer un peu, à moins que ce ne fut moi, je ne sais plus bien, nous avions l'air fatigué tous les deux, c'est tout ce dont je me rappelle! Pour cela, il nous fallait traverser des zones fréquentées par des humains, là ce fut un délire entre ceux qui voulaient absolument lui faire une caresse et ceux qui la fuyaient.
   J'ai même vu une dame se précipiter dans son camping-car à notre arrivée, je n'avais jamais fait fuir avant, moins encore les dames. Imaginez l'intensité de ma joie!  Je m'engouffrais dans le premier parc public ouvert afin d'y faire le vide, moins de dix minutes plus tard il n'y a plus une mémé à yorkshire!
   Finalement, pendant ces deux jours nous ne nous sommes fait que deux copines, Tia et moi, une dame de quatre-vingt deux printemps en pleine forme et sa chienne, une yorkshire pourtant, allez comprendre les chiens lorsque vous êtes trop intelligent, hein,!!!
   Voilà, elle est repartie dans sa famille et je rassure tout de suite les amis des animaux, il n'est pas question que je renouvelle l'expérience!
 

vendredi 24 août 2018

Fluctuations.

   C'est ce qui me rend si optimiste, le désarroi d'hier a disparu avec les symptômes, du coup j'ai été grimper dans les rochers, escalader pourrais-je dire. Quand je disais qu'il fallait juste que je sois plus rapide que la maladie!
   Donc, malgré quelques risques de sautes d'humeur de la météo, après deux jours quasi-enfermé par la faiblesse d'un corps trop vieux....Mais qu'est-ce que je raconte, moi, ce ne sont que quelques troubles passagers dus aux drogues que m'oblige à prendre ma dealeuse, euh, ma neurologue.
   Je me décidais, DONC, à aller errer par les chemins malgré un temps incertain, bien m'en pris puisque le soleil n'attendait que moi pour apparaître, ou presque! En fait, la météo était nuancée, elle variait dans les teintes, allant du gris foncé au bleu ciel en passant par le blanc, suivi du jaune soleil, mais j'étais trop motivé à la ballade pour manger un oeuf sur le plat!
   Mais plus j'approchais de la côte plus je croisais de migrants...de touristes étrangers, voulais-je dire, il n'y a pas de migrants chez nous, nous le saurions autrement! En tout cas, le pléthore d'étrangers me fit fuir vers les rochers et leurs circonvolutions propres à faire fuir même le plus intrépide des étrangers.
   Le stratagème a d'autant mieux fonctionné que les lieux étaient plus propices à un sportif équipé qu'à un vieux baba-cool en sandales avec la sacoche en bandoulière! Trop tard, j'étais lancé, il en allait de mon honneur aux yeux des touristes qui regardaient déjà ailleurs, d'ailleurs.
   Je ne les voyais plus de toute façon, concentré que j'étais de l'endroit où poser mes mains et, surtout, mes pieds, tandis que l'escarpement s'escarpait de plus en plus. Tant et si bien qu'à un moment m'est apparu ce qu'il convient d'appeler un mur infranchissable, de prime abord. Après avoir fait l'amer constat de mon incapacité à rebrousser chemin, je me décidais à chercher une voie de secours autre qu'un bain de mer, tout habillé, après une chute de cinq mètres, on a parfois de ces lubies!
   Je finissais par trouver une voie, durant laquelle je me suis promis d'acheter au moins les chaussures du sportif précité, et arriver tout entier en-bas, sans avoir même éraflé mes sandales! Tant pis pour la promesse faite aux sportifs, je ne leur ferai pas l'honneur de leur ressembler!
   Que voulez-vous, je suis fluctuant...

jeudi 23 août 2018

Fluctuat nec mergitur?

   Comment titrer autrement le désarroi qui m'envahit en cette période de dégradation de ma santé, ce sont ces instabilités qui rendent la situation difficilement acceptable. La soudaineté des pertes d'équilibre est telle que j'ai appris que "raser les murs" n'était pas qu'une expression.
   Je suis un optimiste alors je continue de lutter, mais certaines réalités se font jour qui me sont, pour l'instant, très dures à vivre. Le premier deuil est celui de l'artillerie médiévale, les canons du Boutefeu ne tonneront plus, ma voix ne résonnera plus sur les "champs de batailles", ou alors une ultime fois afin de me laisser une opportunité de partir dans le panache...de fumée!
   J'avais réussi à me faire à l'idée de ne plus conduire et de ne plus travailler parce que la marche était une compensation, voire un but. Et là, force m'est d'avouer que même cette simple activité ne peut être pratiquée que prudemment, réduisant à néant les projets que j'avais formés.
   Cette pernicieuse maladie qui m'affecte refuse de me laisser le moindre répit, dès que je crois avoir trouvé un nouvel équilibre elle place un nouvel obstacle. En fait il faut que j'innove plus vite qu'elle, mais elle est très imaginative dans les façons de se manifester!
   Alors je vais apprendre à nager dans les tourbillons afin de ne pas me laisser entraîner vers le fond, déjà que l'eau est froide!
   Sans doute est-ce pour me préparer à ce challenge que j'ai mené une vie à contre-courant!
 

mardi 21 août 2018

Oser le dire.

   Nous vivons dans un silence assourdissant toutes les injustes décisions de nos indécis, autant qu'indécents, décisionnaires. Il n'est aucune voix pour s'élever contre les inepties d'un homme qui s'est fait élire par tromperie, laissant à croire qu'il serait plus à gauche qu'à droite alors qu'il pratique l'ultra-libéralisme!
   Mais s'il n'était que les frasques présidentielles qui nous laissent muets cela ne mériterait plus un texte, la vérité se fera jour seule. Les silences les plus inquiétants sont ceux de tous les jours, tous ces petits détails qui nous irritent sans que personne n'ose le dire.
   Je ne veux parler que de la poubelle qui déborde, des petits branleurs qui se prennent pour des caïds, ces personnes marchant de front qui vous obligent à descendre d'un trottoir, sans même vous en remercier.
   Que dire de ces gens à la vulgarité agressive, qui engendre une gêne apeurée des témoins, sans qu'un seul d'entre eux ne songe même à tenter de raisonner l'agressif. Ce n'est pas que par peur de la réaction de l'individu, j'ai parfois le sentiment que c'est pour rester invisibles que la plupart d'entre nous acceptent ces désagréments dans le silence.
   Seulement nous avons nos limites toutes humaines, il est un moment où trop c'est trop, le cerveau a besoin de relâcher toute cette tension accumulée. C'est alors qu'apparaissent ces réactions démesurées de citoyens jusque là paisibles, voiture dans la foule, coups de couteau, violences déchaînées n'ayant pour limite que la mort de l'un des protagonistes.
   Nous nous mettons en colère de façon disproportionnée aux faits qui la déclenchent, elle est déplacée, incongrue et, surtout, stérile sauf dans ses conséquences.
   Tout ça parce que nous n'avons pas su exprimer cette colère verbalement au moment opportun, lorsque nous étions encore aptes à quelque réflexion. D'une conversation quelque peu animée, nous passons à une violence physique incontrôlée.
   Alors nous devrions retrouver le plaisir de la conversation badine qui permet d'exprimer tous ces petits tracas, ouvrant souvent les yeux des gêneurs qui ne se rendent plus compte de leur abusive arrogance puisque personne ne leur en fait reproche!
   Osons le dire à nouveau, ce sont les non-dits qui font le plus de bruit mais quelques petits mots contre des gros mots évitent bien des maux!

mardi 14 août 2018

Camping-caricaturistes.

   J'ai tenté de résister, mes propres parents en étant devenus des adeptes, mais la traversée d'un parking rempli de camping-cars m'y pousse malgré moi. Il s'agit donc d'eux, les adeptes forcenés du camping-car et de ses innombrables avantages, si nombreux qu'ils en deviennent innommables!
   Je ne faisais que passer puisque le soleil me poussait vers la côte, ce parking n'est qu'un raccourci d'habitude, je ne m'attendais pas à ce qu'il devienne une telle source d'inspiration. Les occupants  du lieu semblaient s'être passé le mot pour m'offrir un lot de caricatures qui, pour paraître exagérées, n'en sont pas moins réelles.
   Le premier détail à m'avoir interpellé est le regroupement par nationalités, l'Europe physiquement représentée sur un parking malouin par six pays différents! Mais ce n'est pas encore très fusionnel, les langues restent une barrière infranchissable alors on se retrouve entre gens qui se comprennent.
   Ensuite ce fut la diversité des véhicules qui me surpris, toutes les tailles et toutes les formes, diversement équipés il y en a qui ont même l'antenne satellite et le panneau solaire! De véritables palaces roulants, il prennent tant de place qu'il leur en faut deux pour se garer, mais ça ne gène pas le camping-cariste, il a l'habitude d'encombrer, ce n'est pas lui le problème, ce sont tous ces mauvais conducteurs de voitures!
   Ce qui m'a poussé à rester un peu plus longtemps sur place est le nombre important de ces personnes qui étaient installés avec tables de camping, transats, parasols et autres accessoires de confort à un endroit totalement bitumé, près de la voie ferrée et aucun point de vue autre que les maigres arbustes en massifs!
   Il y a un grand soleil, vous êtes à Saint-Malo en plein après-midi, un service de transport gratuit pour aller intra-muros ou vers les plages mais cela ne suffit pas à les décoller de leur base! Ils sont installés pour la nuit et ils s'affairent à préparer leur soirée, monsieur contrôle les niveaux tout en mirant les voisins, des fois qu'ils aient besoin de ses, forcément précieux, conseils. Pendant ce temps, madame s'occupe de l'intendance, c'est qu'il faut préparer le repas de ce soir et il est déjà quinze heures!
   Mais ils ne sont pas tous aussi affairés, certains se comportent comme s'ils étaient en vacances...dans leur jardin! Confortablement installés sur leurs transats, ils lisent, discutent ou dorment sur ce parking inconfortable, alors qu'il y a une plage à cinq cent mètres du lieu!
   En espionnant leurs conversations, j'ai compris leur façon de visiter une ville, ils passent aux endroits réputés dans leurs bahuts et ne s'arrêtent que s'ils trouvent des places gratuites, sinon ils passent leur chemin, quelques photos et la ville est visitée! Ils ne mentiront pas en disant qu'ils ont passé la nuit à Saint-Malo, mais sans aucune vue sur Saint-Malo!
   Bon, ils ne sont pas tous ainsi, loin s'en faut, là il y avait environ un tiers des propriétaires présents, les autres étaient partis se promener, je les ai croisés qui rentraient en fin d'après-midi. Ils avaient les bras chargés par les sacs estampillés au nom de la grande surface voisine, mais je ne voudrais pas en tirer des conclusions par trop hâtives!

Pardonnez-moi, j'ai pêché!

   Cela me pendait au nez, à force de fréquenter des Malouins, grands pêcheurs devant l'éternel, je ne pouvais que mal tourner. J'ai donc franchi le cap mais celui de Bonne Espérance, juste celui du fort national à Saint-Malo, ce qui n'est déjà pas si mal vu que nous étions à pied!
   Nous partîmes trois, armés de nos seules mains et d'un courage motivé par cet amour immodéré que nous portons aux fruits de la mer, enfin surtout à leur goût! Dès le départ, il y eut un léger achoppement sur la tenue à adopter, je compris très vite que garder mes sandales eut été un scandale. J'adoptais ma seule alternative, à savoir mes chaussures de bateau, là encore il y eut une certaine réticence, face à leurs croquenots et grosses chaussettes, je paraissais habillé léger effectivement.
   Après avoir traversé la plage la plus cotée de Saint-Malo, le sillon, sous le regard mi-effaré, mi-goguenard des touristes ignorants des grandes marées et de leur déploiement de pêcheurs suréquipés.
   Je me gaussais quelque peu des tenues de mes camarades, je ne savais pas encore ce qui nous attendait sur les lieux de pêche. Adoptant des tenues aussi diverses que bigarrées, nos concurrents étaient impressionnants, tous équipés de bottes, lorsque ce n'était pas des cuissardes, des râteaux, pelles, épuisettes et que sais-je encore.
   Ah! Si, la paire de gants est un élément obligatoire pour soulever les cailloux, disent-ils, j'ai eu beau expliquer que la maçonnerie m'avait durci les mains, il s'est même trouvé un inconnu pour me proposer l'une de ses paires! Oui, vous avez bien lu, une de ses paires, il en avait une en maille métallique, des fois qu'il tombe sur "Super Homard", vous savez, celui avec la cape bleue!!
   Bref, nous nous mîmes au travail car il y a effectivement beaucoup de cailloux à bouger et ces coquins de crabes se cachent sous les gros, bien sûr! Nous avons fini par entrer dans l'eau, jusqu'à mi-cuisse, voire un peu plus mais ce ne fut pas volontaire, heureusement l'eau était bonne!
   Nous avons passé ainsi plus de deux heures à retourner des rochers en glissant sur les algues, mais heureux de ramener deux crabes et un homard, que nous dévorions sans le moindre scrupule au vu de la haute lutte qu'il nous fallut livrer à mains nues!
   Le plus drôle est que nos vaillants pêcheurs n'ont pas fait de récoltes plus importantes, comme quoi, aucun matériel ne peut supplanter la gourmandise!
   J'ai donc pêché en commettant un péché, le goût si particulier du homard me fait douter de la sincérité de ma demande de pardon, il faudra que je vérifie ça à la prochaine grande marée!
 

mardi 7 août 2018

T'as tout du tatou.

   N'ayant pour l'instant pas d'autres capacités, je compense mon inactivité par de longues marches propices à l'observation de mes contemporains.
   Le début de l'été était propice au troisième âge, ce sont des familles qui l'ont remplacé sur les plages malouines. Mais ce n'est pas forcément ce qui offre une plus grande variété dans les comportements, ni dans les apparences.
   Là, ce sont les tatouages qui ont remplacé les rides, des coiffures étranges égaient leurs crânes, de gris les cheveux sont devenus multicolores tandis que des barbes épaisses ornent les mentons mâles.
   Les poils sont bannis de tout le corps alors ce doit être pour conserver un semblant de dignité virile que les nouvelles générations sont contraintes de se laisser pousser une barbe, sans doute un réflexe instinctif!
   Mais les poils à peine bannis, tout le monde, femmes et hommes, éprouva un manque alors les tatouages ont fleuri sur beaucoup de peaux épilées. Mais pouvons-nous parler d'une mode lorsqu'il s'agit de d'un dessin indélébile, je parlais des rides, je me demande ce que deviendront alors ces magnifiques(?) oeuvres!
   Il y a cependant un petit détail qui m'a poussé à engager la conversation avec certains membres de cette étrange communauté, c'est la grande variété sociale qui la compose. Ce sont des personnes de tous milieux, il n'y a que les dessins qui présentent peu de variété! Alors je me suis permis de demander à une mère de famille qui exhibait un hiéroglyphe maori sur un mollet, la raison de ce tatouage.
   Aussi incroyable que cela puisse paraître, les traces inscrites dans sa peau auraient un sens, elles disent qu'elle est une bonne mère! Outre que ça paraisse un peu péremptoire comme jugement, je ne comprends pas bien l'intérêt de le signifier d'une manière incompréhensible pour qui n'est pas Maori!
   Puis il y a les petites fleurs, les papillons et autres dessins qui offrent au moins un attrait esthétique, mais ne sont pas toujours à un endroit que la décence permet de regarder!  Au moins est-ce plus discret que ceux qui dévoilent les potentielles qualités de leurs porteurs, mais ils ont en commun de se faire torturer pour introduire du poison sous leur peau!
   Voilà, je suis regardé comme marginal avec mes sandales de moine et mon bermuda, je me fait pourtant l'effet d'être le moins bizarre de la bande. Je sais, je vais me faire tatouer "parfaitement normal" sur le front, mais en maori pour entretenir le doute!

dimanche 5 août 2018

Un conte de fée.

   Il me faut conclure la trilogie, laissons la place à l'imaginaire puisque l'ordinaire n'a plus sa place, mon épilepsie s'est transformée en "haut-mal" et me place ainsi, à l'instar des malades du moyen-âge, en contact direct avec les anges!
   Ils m'ont conté une belle histoire, je ne résiste pas à l'envie de vous la rapporter car c'est une histoire de mots dont le héros se nomme Vocabulon.
   Il naquit il y a un certain temps et à une date incertaine, mais nous n'en sommes pas sûrs, ainsi éviterons nous d'être aigris.
   Une bonne fée vint se pencher sur son berceau et lui attribua un don, la maîtrise totale des mots, que ce soit dans leurs utilisations ou par leurs définitions. Tout aurait pu s'annoncer pour le mieux si un problème important n'avait pas été négligé par la fée, le niveau d'éducation des parents du prodige n'était pas à la hauteur.
   Pour eux, le mot livre n'évoquait que le poids des aliments, quand à la lecture, elle n'était qu'un art abstrait pour ces gens frustres. Aussi Vocabulon fut-il envoyé chez les moines, les seuls à vous nourrir sans avoir à travailler!
    Là, il put faire la démonstration de son don, il comprenait le sens et l'origine des mots avant même que d'avoir étudié le latin à tel point que ses précepteurs y perdaient le leur! Il leur ôtait littéralement les mots de la bouche en réécrivant leurs traductions afin qu'elles traduisent mieux les pensées de l'auteur.
   Les moines, sans mot dire, commencèrent par le maudire puis par médire, ils réussirent à s'en débarrasser en l'envoyant en pèlerinage à Rome, sans le moindre sou, cela va sans dire! Ils étaient convaincus que sa façon de s'exprimer en ferait un incompris et qu'il ne mettrait pas longtemps à mourir de faim.
    Mais sa curiosité sincère alliée à sa gentillesse le firent accepter facilement partout où il passait, de plus il écrivait les courriers importants avec le vocabulaire adapté. Son voyage fut donc une promenade et il arriva à Rome détendu et enrichi de nombreuses expériences, la misère étant la plus marquante.
   Le choc fut d'autant plus grand au milieu de ors et richesses exhibées par la papauté, partout s'étalait un luxe indécent, aussi s'empressa-t-il de fuir les gens de religion. Il se rendit très vite compte que les gens biens étaient rarement les gens de biens, aussi fit-il le bien pour rien.
   C'est ainsi que les peuples apprirent à mettre leurs maux en mots se faisant ainsi mieux comprendre de qui de droit. C'est donc bien à Vocabulon et non à une soi-disant révolution française que l'on doit l'égalité parfaite qui règne entre les diverses couches de la population.
   Voilà, une première vérité rétablie, d'autres suivront mais je ne saurais vous dire quand puisque je suis tributaire de mes potentielles crises d'épilepsie, euh, de "haut mal", voulais-je dire!