mardi 14 août 2018

Pardonnez-moi, j'ai pêché!

   Cela me pendait au nez, à force de fréquenter des Malouins, grands pêcheurs devant l'éternel, je ne pouvais que mal tourner. J'ai donc franchi le cap mais celui de Bonne Espérance, juste celui du fort national à Saint-Malo, ce qui n'est déjà pas si mal vu que nous étions à pied!
   Nous partîmes trois, armés de nos seules mains et d'un courage motivé par cet amour immodéré que nous portons aux fruits de la mer, enfin surtout à leur goût! Dès le départ, il y eut un léger achoppement sur la tenue à adopter, je compris très vite que garder mes sandales eut été un scandale. J'adoptais ma seule alternative, à savoir mes chaussures de bateau, là encore il y eut une certaine réticence, face à leurs croquenots et grosses chaussettes, je paraissais habillé léger effectivement.
   Après avoir traversé la plage la plus cotée de Saint-Malo, le sillon, sous le regard mi-effaré, mi-goguenard des touristes ignorants des grandes marées et de leur déploiement de pêcheurs suréquipés.
   Je me gaussais quelque peu des tenues de mes camarades, je ne savais pas encore ce qui nous attendait sur les lieux de pêche. Adoptant des tenues aussi diverses que bigarrées, nos concurrents étaient impressionnants, tous équipés de bottes, lorsque ce n'était pas des cuissardes, des râteaux, pelles, épuisettes et que sais-je encore.
   Ah! Si, la paire de gants est un élément obligatoire pour soulever les cailloux, disent-ils, j'ai eu beau expliquer que la maçonnerie m'avait durci les mains, il s'est même trouvé un inconnu pour me proposer l'une de ses paires! Oui, vous avez bien lu, une de ses paires, il en avait une en maille métallique, des fois qu'il tombe sur "Super Homard", vous savez, celui avec la cape bleue!!
   Bref, nous nous mîmes au travail car il y a effectivement beaucoup de cailloux à bouger et ces coquins de crabes se cachent sous les gros, bien sûr! Nous avons fini par entrer dans l'eau, jusqu'à mi-cuisse, voire un peu plus mais ce ne fut pas volontaire, heureusement l'eau était bonne!
   Nous avons passé ainsi plus de deux heures à retourner des rochers en glissant sur les algues, mais heureux de ramener deux crabes et un homard, que nous dévorions sans le moindre scrupule au vu de la haute lutte qu'il nous fallut livrer à mains nues!
   Le plus drôle est que nos vaillants pêcheurs n'ont pas fait de récoltes plus importantes, comme quoi, aucun matériel ne peut supplanter la gourmandise!
   J'ai donc pêché en commettant un péché, le goût si particulier du homard me fait douter de la sincérité de ma demande de pardon, il faudra que je vérifie ça à la prochaine grande marée!
 

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