mercredi 30 décembre 2020

Solidaires solitaires.

   Les errances pédestres, qu'autorise encore le peu de liberté qui nous est laissé par la situation actuelle, me permettent de croiser de nouvelles personnes plus disertes qu'à l'habitude, plus nous sommes enfermés moins nous sommes renfermés, c'est une bonne nouvelle pour un bavard comme moi. Plus nos dirigeants nous exhortent à l'isolement, plus nous allons vers les autres, ce pourrait être un lieu commun en France où la désobéissance semble une seconde nature, mais ce n'est pas le cas.

   Tout le monde porte ce masque tant critiqué, j'ai même le sentiment que beaucoup d'entre nous y prennent plaisir, comme un nouveau moyen de vivre caché dans cette société qui exhibe tout. Il y a un autre côté positif, nous nous regardons dans les yeux lors des conversations, c'est une habitude que beaucoup d'entre nous avaient perdue. Cette pandémie aura des retombées positives, la peur de mourir nous apprend à vivre en nous rappelant que notre voisin est aussi un être humain, que le respect  dû aux personnes âgées est un devoir et que le mot entraide n'est pas vain. 

   Nous ne faisions plus que nous croiser, les contacts étaient de plus en plus rares, les promenades de plus en plus solitaires ont laissé la place à des promenades de plus en plus solidaires. Il est surprenant de constater qu'une maladie contagieuse pousse les gens à être plus ouverts aux autres. Plus nos décideurs font preuve d'incertitude, plus nous réagissons par nous-même, il nous faut une crise sanitaire pour développer notre esprit critique à nouveau et cesser enfin de subir les décisions ineptes de nos gouvernants sans réaction. Tout notre système de valeurs est remis en cause, à commencer par les règles de savoir-vivre, mais aussi dans nos modes de consommation, de déplacement, voire de travail. 

   Cependant, ce qui me séduit le plus dans ces échanges avec les personnes croisées est la prise de conscience écologique qu'entraîne cette situation particulière. Bizarrement l'humain prend conscience que c'est son comportement qui a permis le développement de cette maladie et qu'il est enfin temps de respecter cette nature comme la mère qu'elle est, nous devons cesser d'être son enfant capricieux. Ce qui me gène le plus est que c'est la peur qui pousse à agir une majorité de personnes, comme pour la pandémie. 

   Mais, pour l'instant, cela ressert les liens entre nous, nous réapprend la solidarité et le respect, le savoir-vivre ensemble. Finalement l'ombre de la mort nous rappelle que la vie est courte et que nos voisins sont, eux-aussi, des êtres humains que nous croisons tous les jours et, surtout, que nous ne sommes pas seuls.