vendredi 29 mars 2019

Dans le plus grand silence...

   ...s'il vous plaît! Je ne saurais résumer autrement les évènements qui jalonnent ma vie en ce moment, ma situation n'est pas une situation de détresse selon les divers services de l'état. Il faut être devenu cacochyme pour qu'enfin des droits se fassent accorder, en attendant ils me semblent bel et bien bafoués, par les représentants de l'état eux même de surcroît!
   Et cela se fait sans même que l'on puisse s'en plaindre puisque nous n'avons jamais affaire au bon interlocuteur ou à la bonne interlocutrice, en ça ils sont sur un pied d'égalité parfait. Il convient donc de se faire refuser tout secours dans le plus grand silence, bien que la messe soit déjà dite, dans un état laïc qui veut nous mettre à genoux, il font preuve d'une certaine logique.
   Je vis actuellement sous le seuil de pauvreté et, malgré ça, des saisies judiciaires peuvent être faites sans souci, les preuves de ma bonne foi n'y changent rien. Les serviteurs zélés de l'état ne savent que répondre avec un grand sourire, "mais vous serez remboursé dès que les procédures auront été mises en place"!
   Mon inquiétude est en partie liée au fait avéré que les mots urgence et fonctionnaire ne font pas bon ménage. Ils réagissent aussi vite que monsieur Macron comprend, c'est tout dire! Par contre, je me dois de louer leur délicatesse car ils n'ont, à aucun moment, fait mention de mon état de santé. D'ailleurs pôle emploi continue de m'envoyer des offres d'emploi pour être ouvrier paysagiste, étanchéiste ou veilleur de nuit, ce qui prouve qu'ils suivent bien mon dossier.
   J'ai donc pris le taureau par les cornes en m'inscrivant à une prestation de l'AFPA pour faire un bilan de compétences afin de savoir si je visais le bon métier. Ils ont accepté mon inscription, en tant que futur conseiller en recherche d'emploi, avec une certaine réticence, bizarrement?
   Dès le début, le formateur m'a conseillé de plutôt m'orienter vers l'animation, bizarrement? J'ai accepté, l'idée me plaisant tout autant. Mais, après une semaine d'exercices et de tests, les résultats obtenus me conduisent tout droit vers le métier de...conseiller pour la recherche d'emploi, bizarrement?
   Voilà où j'en suis, faire dans la provocation pour soulager ma colère et me découvrir une véritable vocation. Pour être honnête, ce n'est pas fait car il me faudra suivre plusieurs formations d'un niveau supérieur à celui auquel j'ai quitté l'école. Mais je suis un optimiste et je redécouvre l'énergie qu'apporte l'enthousiasme, alors je me contenterais de ce que j'ai obtenu dans la joie, quoiqu'il arrive!
 

dimanche 24 mars 2019

Hêtre où ne pas être.

   Il est un Hêtre majestueux au cœur du parc de la Briantais qui est pluri-centenaire, je n'en sais pas plus il a refusé de me donner son âge. Il étend ses branches maîtresses pour mieux marquer son territoire, elles ressemblent à des bras tendus, c'est d'ailleurs la plus basse d'entre elles qui a déclenché ce qui suit.
   Nous semblions seuls tous les deux alors je lui ai demandé si je pouvais tenter de grimper jusqu'à son cimier afin de vaincre mes vertiges. Il n'a pas dit un mot, donc il consent me suis-je dit, la première branche franchie, ses consœurs me montraient le chemin me permettant de m'envoler vers les plus hautes d'entre elles, à une hauteur d'environ quinze mètres.
   Soutenu par mon ami le Hêtre, je n'ai pas été gêné par mes troubles et c'est heureux que je m'installais sur mon perchoir. Avec le chant de mes voisins oiseaux pour musique, je profitais de la vue sur l'embouchure de la Rance s'offrant nue par la grande marée descendante! Je ne prêtais qu'une attention distraite aux promeneurs, de plus en plus nombreux, qui gesticulaient avec force gestes dans ma direction.
   Cela faisait environ une heure que je rêvassais sur mon promontoire lorsque deux agents de la police municipale, apparus soudainement, me prièrent instamment de descendre de l'arbre avant que d'en tomber. Pris d'une inspiration subite, je leur répondis que justement j'avais peur de descendre au risque de tomber!
   Je ne sais pas ce qui m'a pris, leur allure de sportifs de haut niveau peut-être, en tout cas ils refusèrent de grimper pour m'aider. Ce n'est qu'à la menace d'appeler les pompiers qui m'a fait céder, mais en leur demandant de m'aider à vaincre ma peur. Après s'être intensément regardés, ils optèrent pour l'aide morale en me guidant du bas.
   Et c'est à coup de "un peu sur la droite, descendez encore de dix centimètres le pied gauche, vous êtes sûr, oui, oui!" que je me suis retrouvé au sol. Dans le soulagement de la réussite de l'entreprise, ils ont omis de me verbaliser pour "non-respect d'un bien public"!
  C'est là que ma réponse incongrue du débuta pris tout son sens, j'ai réagi à l'instinct et il y a longtemps que ça ne m'était pas arrivé. C'est en cela que cette simple anecdote mérite de devenir texte, je me retrouve!
   Après une journée à courir entre les services sociaux et le monde médical où les réponses étaient des bonnes nouvelles, il y avait longtemps aussi, une deuxième journée de marche me rend le sourire. D'ailleurs, à part les jaloux aigris qui ont appelé la police, je n'ai croisé que d'aimables gens, prompts à me saluer en souriant, l'effet miroir sans doute, j'ai retrouvé mon vrai sourire!
   Certains penseront que ce n'est pas important, peut-être ont-ils raison, mais je suis un optimiste qui retrouve sa joie de vivre et ça mérite largement un texte!

jeudi 21 mars 2019

Des espoirs.

   Il est des moments de la vie que l'on aimerait voir passer plus vite que d'autres, je suis dans cette fameuse spirale appelée "loi des séries". J'en ai vécu d'autres qui auraient pu paraître plus insurmontables que celle-ci, mais j'étais encore plein d'une énergie qui me fait cruellement défaut. Je n'ai même plus envie de me battre tant j'ai l'impression de n'affronter que des moulins à vent.
   Je me sens orphelin de ma colère qui me fut pourtant salvatrice dans plus d'un cas épineux, elle ne m'est plus permise sans conséquences physiques. Je dois la remplacer par un aspect de grand malade au bord de la dépression, ceux qui me connaissent apprécieront!!!
   Bon, les services sociaux semblent décidés à m'aider...à acquérir cet air de dépressif, je finirais peut-être par y arriver, sans avoir à jouer un rôle!
   En attendant, j'oscille entre la résignation et la révolte dépitée, mes oreilles eussent dû cesser de me siffler...aux oreilles! La pose d'un appareil miracle n'est plus à l'ordre du jour, par son prix incroyablement élevé et le risque que cela ne serve à rien, nous avons décidé, d'un commun accord avec la commerçante, qu'il était urgent d'attendre que je trouve une solution. Il y a bien un essai gratuit mais j'ai peur que mes acouphènes soient atténuées pendant un mois, imaginez le désespoir qui m'envahirait de les retrouver!
   Alors, bien sûr, ce foutu optimisme ne peut s'empêcher de se manifester pour m'emplir d'espoir, alors je vais aller remuer ciel et terre jusqu'à faire céder tous ces remparts qui se dressent sur mon chemin.
   Car, si la colère m'a quitté, je reste Fleuriquet du Boutefeu, grand artilleur devant l'éternel, mon nom à lui seul fait déjà trembler ces murailles!!!

mercredi 20 mars 2019

Paupérisation.

      "Appauvrissement progressif et continu d'une population" nous dit le dictionnaire, il semble que nos dirigeants suivent cette définition à la lettre dans leurs modes de gouvernance. Nous aurions dû nous méfier lorsque notre président de la république a osé dire que les pauvres étaient responsables de leur état. Le mouvement des gilets jaunes leur a permis d'accélérer le mouvement, notre gouvernement pense que ce sont les travailleurs en ayant assez de payer des taxes pour ces fainéants de pauvres, donc de justifier les mesures iniques, voire inhumaines permettant de diminuer les aides sociales à un montant en dessous du seuil de pauvreté!
   Ainsi se multiplient les cas de racket officiel, l'état vole l'argent des pauvres pour renflouer ses caisses sans toucher aux riches qui le sont parce "qu'ils le méritent", n'est-ce pas monsieur Maquereau, euh, Macron, mes doigts ont fourché!
   Je suis moi-même victime de ces restrictions, je deviens pauvre parce que je suis trop malade pour être embauché, quel que soit l'emploi visé, je suis entièrement responsable de mon état doit penser cet autiste de président, alors il n'y a aucune raison pour que la société paie pour moi, ce serait une injustice, n'est-ce pas monsieur le pervers narcissique?
   Nous sommes si prompts à dénoncer les dictatures étrangères que nous ne voyons pas que l'actuel gouvernement est en train de la mettre en place sous nos yeux.
   Soyez prudents mesdames et messieurs, le peuple de France sait rapidement passer de la révolte à la révolution et vous risquez d'en perdre la tête!!!

dimanche 17 mars 2019

Ecolovie.

   Suite de mes aventures dans le monde de l'écologie avec, cette fois, des personnes qui semblent conscientes de l'ampleur de la catastrophe à venir si on ne réagit pas immédiatement. Il n'y avait pas pléthore de manifestants, surtout des familles et des personnes de ma génération, quelques lycéens complétaient le tableau, accompagnés de nos chers retraités.
   L'ambiance était très festive, très bon enfant devrais-je écrire, car je m'attendais à trouver des combattants d'une écologie vraie, totale et à adopter en urgence. Mais, dès qu'ils nous ont demandé des idées de slogans pour les pancartes, j'ai compris que je m'étais encore trompé de lieu.
   Déjà lors de mon arrivée sur le lieu de départ, j'avais été surpris du nombre de voitures à moteurs thermiques et, au vu de leurs tailles démesurées, plus polluantes que les autres. Bon, ils se sont déplacés, c'est déjà bien me suis-je dit, mais lorsque dans les propositions pour faire évoluer les comportements, j'ai dit qu'il serait sage d'arrêter d'autoriser la publicité pour les armes de destruction massive que sont les compagnies d'aviation, les voitures à moteur thermiques, les plats préparés générant tant de déchets plastiques, ce fut une levée générale de boucliers!
   Toutes ces personnes veulent faire de l'écologie un art de vivre cependant il ne doit, en aucun cas, nuire à leur petit confort personnel. Il me semble pourtant que le seul moyen d'influer sur les orientations des décideurs, politiques comme économiques, est de changer nos façons de vivre et, par dessus tout, de consommer.
   Si une majorité de clients demande des voitures électriques, les constructeurs s'y mettront très vite. Si nous ne prenons plus l'avion que pour des raisons valables, nous diminuerons le nombre d'avions qui polluent nos cieux. Si nous mangeons des produits sains et naturels, les producteurs suivront le mouvement, certains ont déjà commencé.
   C'est donc bien à nous qu'appartient la décision, pour ça les gentilles manifestations familiales, pour sympathiques qu'elles soient, ne suffiront pas. Il faut que chacun fasse le plus d'effort possible et que cela serve d'exemple à ceux qui restent sceptiques quand à l'utilité de tels changements.
   En attendant, je n'ai entendu aucun des représentants officiels de l'écologie parler du fait que, quoique l'on fasse, nous devrons de toute façon faire face à la montée des eaux et ses nombreuses conséquences, mais, là encore, il semble que l'on me trouve quelque peu excessif!
   

vendredi 15 mars 2019

Ecoloclastes.

   Encore un mot de mon invention, mais qui s'adapte parfaitement à la situation que nous traversons tant les autorités politiques et financières ont étouffé "l'affaire du siècle". Je vais aller marcher avec les autres demain, mais nous savons pertinemment bien que c'est peu utile pour faire réagir les autorités. Peu importe, les forces vives sont là et ces marches permettent la rencontre de tous types d'écologistes, de personnes qui croient encore en l'avenir de l'humanité, tout simplement.
   Car, il faut bien le reconnaître, ce sont les écoloclastes qui ont la main pour l'instant et, à l'instar de notre coûteux, pardon, cher président gesticulant vainement devant un parterre tout acquis à sa cause. Les autres dirigeants se réjouissant que l'un d'entre eux se sacrifie pour mentir à leur place, avec quel panache en plus, sacrés Français, va!
   Leurs paroles ne servent qu'à nous enfumer un peu plus, leur entêtement à continuer sur le même modèle est suspect, puisqu'ils savent la vérité sur le réchauffement ils devraient mettre en place des plans d'urgences. Ils préfèrent continuer à faire croire que les éoliennes et l'énergie solaire sont plus polluants que le nucléaire, voire même que le pétrole.
   Aucune des rares mesures prises par notre gouvernement ne va dans le sens d'une écologie devenue une absolue et urgente nécessité. Les seules concessions qui sont faites à l'écologie sont celles qui permettent de taxer un peu plus un peuple déjà exsangue. Aucun investissements dans les transports en commun fonctionnant à l'électricité pour permettre à une majorité de citoyens de ne plus prendre leurs voitures.
   C'est qu'il ne faudrait pas que les gens n'aient plus deux voitures, sinon les constructeurs automobiles seraient obligés de développer les véhicules électriques…à des prix abordables, évidemment!
   Voilà, je fais court pour cette fois, ils ne méritent pas même mes mots, je reviendrais vous raconter ma promenade écolo de demain plus tard.

mardi 12 mars 2019

L'énergumène.

   Issu du grec ancien, energoumenos désignait un homme possédé; aujourd'hui, ma copine rouquine dit que ce n'est plus qu'une personne exaltée qui parle et gesticule avec véhémence; excité, forcené! C'est étrange, cette définition me rappelle quelqu'un mais je n'arrive pas à me souvenir qui!
   En fait, un énergumène agit tel un éternuement, une expulsion d'air soudaine tant sa réactivité est aussi vive qu'intense. Et, s'il lui arrive de trébucher, toujours il se relève plus fort et plus…véhément, tous se disent alors: "quel énergumène que cet énergumène!".
   Il est vrai que je peux me retrouver, à différentes phases de ma vie, dans cette dénomination, j'ai toujours, aussi loin que remontent mes souvenirs, été une personne exaltée, même si je  préférais me croire passionné!
   Quand à être excité, au point de devenir parfois forcené, ça me ramène plus à une adolescence pour le moins agitée. La découverte de la vie en mode accéléré, je ne saurais autrement résumer cette période, les yeux grands ouverts sur ce monde de liberté qui s'offrait à moi, enfin presque!
   Une entrée dans la vie adulte qui s'est faite, elle aussi, en accéléré et même si j'ai le sentiment d'avoir subi ce passage, il m'a ouvert les yeux sur le rapport difficile que j'aurai avec l'autorité, surtout aveugle, et qui ne m'a toujours pas quitté.
   C'est ce simple refus de collaborer à la bêtise humaine qui m'a fait si souvent changer d'emploi, faisant de moi un énergumène aux yeux de beaucoup de ceux qui m'ont croisé. J'espère cependant que c'est le côté exalté plutôt que véhément qu'ils auront retenu! Je dois reconnaître pourtant que j'ai longtemps été véhément, exprimant une colère dont je ne pouvais avoir le contrôle puisque je n'en connaissais pas la source.
   Peu importe, cette véhémence me fut salutaire en maintes occasions, me donnant cette élocution et ce vocabulaire riche si propres à l'expression d'une colère que je jugeais juste, surtout si elle dénonçait les injustices qui passaient à ma portée. Je devenais utile et efficace mais toujours je restais un énergumène aux yeux de mes interlocuteurs, mais, là encore, cela offre l'avantage d'être mieux entendu.
   Il n'y a que cette fuite face à la réussite qui semble avoir jalonné ma vie qui me gène, je me suis toujours arrangé pour fuir au moment de l'aboutissement, comme si l'instabilité m'était vitale.              
   Là, c'est moi qui me pense un étonnant énergumène!

vendredi 8 mars 2019

Un murmure au creux de l'oreille.

   Il suffit parfois de peu pour changer un point de vue, surtout si celui-ci est médical et plus particulièrement neurologique. Mes acouphènes qui jusqu'ici ne déclenchaient que de respectueux silences de la part de la médecine, semblent enfin être entendues au-delà de mes oreilles internes!
   Mes chers neurologues ont consenti à reconnaître la potentielle cause de mes déséquilibres dans la présence de ces sifflements, qui ne m'ont jamais quitté depuis plus d'une trentaine d'années. Comme je suis affaibli par mes problèmes de santé, ce qui était supportable devient un véritable handicap, quand je pense au nombre d'arbres et de toits sur lesquels j'étais en équilibre...ça me déstabilise un peu!
   Bref, là n'est pas mon propos, j'avais rendez-vous en oto-rhino-laryngologie plus facilement appelé ORL, on comprend pourquoi! Pour obtenir plus rapidement ma consultation, j'avais accepté d'être confié à une ORL toute neuve, me disant qu'elle se souviendrait mieux de ses cours qu'un vieux et, par-dessus tout, m'entendrait mieux!
   Bien m'en pris, outre son physique très avenant, elle était très efficace, me faisant subir une série de tests qui, pour être utiles, n'en étaient pas moins physiques! Bon, le moment où elle m'a demandé de marcher les yeux fermés pour constater mon instabilité, en me tendant les bras et m'assurant qu'elle me retiendrait si je trébuchais, m'a paru plein de charme! En attendant, je ne puis faire le moindre pas dans le noir sans me casser la figure, même la pénombre nuit à mon équilibre, me rappelant mes plus belles années d'alcoolisme!
   La bonne nouvelle vient du fait que mes déséquilibres dans l'espace, je conserve quelques folies, pourraient bel et bien être liés à mes acouphènes qu'une machinerie diabolique pourrait atténuer. Un appareil posé sur mon oreille permettrait de diminuer, voire supprimer, ses bruits qui jamais ne me quittent.
   Il ne me reste plus qu'à attendrir un marchand d'appareils adaptés, essayer de le convaincre que sa profession en fait un bienfaiteur de l'humanité et que, par conséquent, me laisser acheter l'engin à crédit est une obligation morale! Je me sentais même prêt au sacrifice de mon corps mais là, même s'il était femme, je ne me sens pas encore assez malade pour aller jusqu'à un tel sacrifice!
   Alors je vais lui bourdonner dans les oreilles jusqu'à ce qu'il n'en puisse plus, parce que, moi, aucun appareil ne peut me faire taire!!!

dimanche 3 mars 2019

Faire long-feu.

   C'est le drame de tout artilleur médiéval qui se respecte, je n'en ai pas vécu souvent, mais ils furent tous mémorables, n'étant évoqués que dans les rires. Du feu de bengale de Marie-Jeanne aux pets foireux de ma Fanette, je me suis offert une gamme diversifiée d'échecs qui, bizarrement, n'ont fait qu'améliorer mon image d'artilleur fou!
   Mais là, trois ans après ma dernière salve, c'est ma vie qui fait long-feu, je voudrais encore être tonitruant quand il me faudrait ne faire que murmurer. Tout ce que j'ai essayé d'entreprendre finit invariablement par buter sur cette barrière épileptique, je n'ai plus le droit de décider seul de mes orientations, de mes envies.
   Même s'il m'est arrivé d'accepter des professions pour lesquelles je n'avais aucun attrait, je savais que ce n'était que passager et il m'est arrivé, plusieurs fois, de licencier mes patrons. La grande différence se situe là, ils ne veulent pas même m'essayer alors qu'ils manquent de main-d'œuvre, pourtant je sens bien que c'est à regret mais personne ne veut prendre le risque.
   Il aura fallu que mon foutu optimisme guide mes pas jusqu'à un forum pour l'emploi, dans l'espoir de trouver au moins une piste exploitable. Comme je savais que j'aurais peu de chance de trouver un emploi, je m'étais muni d'un CV digne de Fleuriquet, dont le titre, seul, donne la teneur : "recherche d'un emploi, ouvert à toutes propositions…"! Si vous voulez connaître la suite, il vous faudra m'envoyer une offre d'emploi, hé, hé, hé!
   Bon, malgré l'assortiment d'employeurs potentiels, je n'ai pas trouvé chaussure à mon pied, à peine me suis-je amusé à traiter d'esclavagistes les marchands de viande avariée, euh, de hamburger. Mais c'était peine perdue, mon handicap ne m'était jamais paru si présent.
   Alors, l'idée me venait de chercher une formation de formateur, avec toutes mes expériences, je trouvais une série d'interlocuteurs qui remettait mon optimisme au beau fixe! Maintenant que je dois agir au ralenti, enfin moins vite, je ne devrais pas traumatiser mes élèves tout de suite. D'ailleurs, au fur et à mesure des rencontres, ma confiance revenait, il semblait ne rester que l'écueil du financement, ma situation d'handicapé devant m'aider à le surmonter.
   Mais non, là encore, j'ai fait long-feu, de handicapé je deviens pestiféré, je suis reparti la tête basse une fois de plus, je ne peux pas accepter d'être une victime.
   Seulement je ne sais plus où est mon écouvillon, pour tasser la poudre, afin de pouvoir à nouveau bruisser, ne serait-ce qu'une dernière fois...pour pouvoir accepter de faire silence.