dimanche 3 mars 2019

Faire long-feu.

   C'est le drame de tout artilleur médiéval qui se respecte, je n'en ai pas vécu souvent, mais ils furent tous mémorables, n'étant évoqués que dans les rires. Du feu de bengale de Marie-Jeanne aux pets foireux de ma Fanette, je me suis offert une gamme diversifiée d'échecs qui, bizarrement, n'ont fait qu'améliorer mon image d'artilleur fou!
   Mais là, trois ans après ma dernière salve, c'est ma vie qui fait long-feu, je voudrais encore être tonitruant quand il me faudrait ne faire que murmurer. Tout ce que j'ai essayé d'entreprendre finit invariablement par buter sur cette barrière épileptique, je n'ai plus le droit de décider seul de mes orientations, de mes envies.
   Même s'il m'est arrivé d'accepter des professions pour lesquelles je n'avais aucun attrait, je savais que ce n'était que passager et il m'est arrivé, plusieurs fois, de licencier mes patrons. La grande différence se situe là, ils ne veulent pas même m'essayer alors qu'ils manquent de main-d'œuvre, pourtant je sens bien que c'est à regret mais personne ne veut prendre le risque.
   Il aura fallu que mon foutu optimisme guide mes pas jusqu'à un forum pour l'emploi, dans l'espoir de trouver au moins une piste exploitable. Comme je savais que j'aurais peu de chance de trouver un emploi, je m'étais muni d'un CV digne de Fleuriquet, dont le titre, seul, donne la teneur : "recherche d'un emploi, ouvert à toutes propositions…"! Si vous voulez connaître la suite, il vous faudra m'envoyer une offre d'emploi, hé, hé, hé!
   Bon, malgré l'assortiment d'employeurs potentiels, je n'ai pas trouvé chaussure à mon pied, à peine me suis-je amusé à traiter d'esclavagistes les marchands de viande avariée, euh, de hamburger. Mais c'était peine perdue, mon handicap ne m'était jamais paru si présent.
   Alors, l'idée me venait de chercher une formation de formateur, avec toutes mes expériences, je trouvais une série d'interlocuteurs qui remettait mon optimisme au beau fixe! Maintenant que je dois agir au ralenti, enfin moins vite, je ne devrais pas traumatiser mes élèves tout de suite. D'ailleurs, au fur et à mesure des rencontres, ma confiance revenait, il semblait ne rester que l'écueil du financement, ma situation d'handicapé devant m'aider à le surmonter.
   Mais non, là encore, j'ai fait long-feu, de handicapé je deviens pestiféré, je suis reparti la tête basse une fois de plus, je ne peux pas accepter d'être une victime.
   Seulement je ne sais plus où est mon écouvillon, pour tasser la poudre, afin de pouvoir à nouveau bruisser, ne serait-ce qu'une dernière fois...pour pouvoir accepter de faire silence.

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