jeudi 30 novembre 2017

Handicapé.

   Aujourd'hui, je devais franchir un nouveau pas dans l'acceptation de mon état, j'ai pris contact avec un organisme spécialisé dans l'art de valoriser son handicap.
   Ils ne veulent pas de moi, ce qui me permet d'écrire ce texte en toute décontraction!
   Le sujet en est pourtant grave, il me faut réellement accepter ma nouvelle situation, je suis handicapé.
   J'ai commencé par vouloir utiliser un synonyme, mais aucun n'exprimait mieux mon état.
   Je vais tenter de vous en restituer la liste, de façon non-exhaustive, dans les quelques lignes qui vont suivre.
 
   Or donc, me voici handicapé
   Par une défaillante santé
   En cette si saine société
   Je suis devenu inadapté
   Je suis estropié
   Sans être amputé
   J'ai l'air mutilé
   Je ne suis que déshérité
   Pas encore retardé
   Je reste un incurable
   Et complet anormal

   Je l'ai écrit sous vague forme poétique, cela m'est une agréable surprise de le découvrir, la maladie rendrait mes doigts romantiques!
   Heureusement, parce que le vocabulaire, lui, est sans concessions. Car, si le handicap est un désavantage, voire une infirmité, il ne saurait être une infériorité, n'en déplaise aux dictionnaires!

mercredi 29 novembre 2017

Vent debout.

   Dans la direction opposée à celle que l'on veut suivre sur un voilier, mais il est des moments où l'expression peut mettre pied à terre!
   J'ai vraiment le sentiment que ma vie est liée au climat, je suis en pleine période de turbulences, mais j'ai surtout le sentiment d'avancer vent debout. Quelle que soit la direction choisie, j'ai le vent de face et je le trouve particulièrement agressif.
   Le bon sens devrait me pousser à ne plus lutter, sans pour autant me laisser emporter, tirer des bords, ou zigzaguer pour les terriens, pour résister et avancer, pas à pas.
   Mais il y a l'image que l'on a de soi, le souvenir de luttes passées, qui s'annonçaient pires que celle que j'ai à mener aujourd'hui et dont je suis sorti debout, quel que soit le sens du vent!
   Là, je ne suis pas même sûr d'avoir la force de border les voiles, l'envie de les laisser faseyer me tente beaucoup.
   Mais il y a toujours cette nature qui dit debout, même, et surtout, vent debout. Je dois accepter de prendre le temps, mais je n'ai pas le sentiment de l'avoir. Alors, je courbe l'échine, je rentre la tête dans les épaules et je me laisse croire que j'avance.
   Cependant, ce n'est que le souffle contraire du vent qui provoque ce sentiment.
   Il ne me reste plus qu'à louvoyer en attendant la fin de l'avis de tempête, là ce sera un duel entre mes envies et mes réalités.
   Il m'est, cependant, une réalité qui apparaît établie.
   Je ne me sentirai, vraiment, heureux que lorsque l'on me dira que mon projet va dans une direction opposée à celle que l'on s'attendait à me voir suivre!

mardi 28 novembre 2017

Comme un goéland dans le vent.

   Passant outre une météo plutôt défavorable, je décidais d'aller m'aérer, c'est le bon terme! J'ai décidé, pour me motiver, d'aller prendre rendez-vous chez ma toubib ( c'est le seul mot qui me permette d'éluder l'horrible "doctoresse" que l'on prétend nous imposer!) en direct, plutôt que d'appeler.
   Ce que je n'avais pas prévu, c'est que l'aller se ferait en vent contraire et il était très fraîchissant comme le disent les météorologues, froid et pénétrant, en Français! L'avantage d'un vent de face à l'aller, c'est qu'on l'a dans le dos au retour!
   C'est à ce moment que j'ai pu, vraiment, observer les alentours et surtout le ciel, j'aperçus alors quelques goélands jouant dans le vent. Là, une idée folle m'est venue, peut-être pourrais-je moi aussi me lancer dans le vent et le laisser m'emmener au gré de ses caprices.
   Je prenais la direction des petites rues sinueuses et m'y laissait guider par les caprices du vent.  Suivant du regard les gracieuses circonvolutions de mes aériens cousins, au milieu de nuages porteurs d'ondées aussi brèves qu'intenses, mêlant grêle et pluie froide.
   Le vent fut parfois si violent qu'il me transperçait les oreilles, aérant mon cerveau, chassant ce qui n'y avait pas sa place. J'errais emporté par la folie du vent, gagné peu à peu par elle, devenu un goéland!
   C'est ainsi que, de nuage en nuage, j'arrivais chez ma charmante élève du moment, échevelé, les joues rougies éclairées du sourire béat de celui qui, tout à coup, prend conscience qu'il fait très froid dehors!
   Nous avons, comme d'habitude, terminé nos révisions par une promenade littéraire, où j'essaie peu à peu d'enrichir le vocabulaire de mon intéressante épigone. Par l'un de ces curieux hasards de la vie, Maéva m'invite à regarder le ciel où elle "adore regarder les oiseaux dans le ciel"!
   Nous avons donc devisé ornithologie, elle a appris les noms des oiseaux qu'elle ne connaissait pas et m'a lancé le défi de les orthographier, sans fautes, lors de notre rendez-vous de demain!
   Voila, ensuite j'ai dû rentrer avec le vent en pleine face, mais je n'en ai pas été incommodé le moins du monde, allez savoir pourquoi!

lundi 27 novembre 2017

Dialogue de sourds.

   Je vis dans un appartement, juste en-dessous d'un couple de retraités aussi sympathiques qu'ils sont sourds, ils vivent donc en réalité, auditive, augmentée!
    Tous les volumes sont au maximum, une seconde sonnerie stridente a été ajoutée au téléphone qui ne fonctionne qu'avec le haut-parleur! Je ne vis pas ça comme une contrainte, ils ne sont guère bruyants et leurs conversations ne sont pas nombreuses.
   C'est juste que j'ai, parfois, l'impression de faire partie de la famille, ainsi ai-je pris le petit déjeuner en leur compagnie!
   Je ne vous rapporterai pas le détail de la conversation. Il vous suffit de savoir que ce sont deux personnes âgées qui s'aiment d'autant plus qu'elles sont devenues le soutien l'une de l'autre.
   Au fil de leur vie, ils ont su apprendre à compenser les faiblesses de l'autre, cela s'entend, très fort, dans leurs échanges, j'ai parfois l'impression que c'est à moi qu'ils parlent!
   Je trouve cette situation plus drôle que contraignante, cela me rappelle les premiers logements occupés où l'on avait l'impression de vivre avec les voisins. Le confort nous a menés à l'isolement!
   Si je me décide à vous parler d'eux maintenant, c'est que ce matin ils se sont surpassés pour m'offrir un dialogue de sourds dans tous les sens du terme.
   Madame devait s'absenter et tentait d'expliquer à son mari ce qu'il devait faire pour préparer le déjeuner.
   Mais, elle avait beau lui crier les consignes, il n'est de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre!
   Il se fit répéter trois fois les directives pour la cuisson des pommes de terre, c'est vous dire sa mauvaise volonté!
   Je dois vous avouer que j'ai attendu le retour de madame pour écrire ce texte, je voulais savoir si le mari avait pris le risque de ne rien faire!
   Je n'ai eu droit qu'à un :"tu vois quand tu veux", qui' étrangement, me ramena à mes parents!
   Finalement, les philosophes se sont trompés quand ils ont prétendu que l'amour ne pouvait durer, je pense, au contraire, que le vieillissement de l'amour le magnifie!

dimanche 26 novembre 2017

Sustentation.

   Comme vous le savez déjà, ou pas, ce qui importe peu puisque je vais vous le dire, ou redire! Il se trouve que j'ai maigri à un point qui en arrive à m'effrayer, c'est vous dire s'il y a de quoi s'inquiéter.
   Je ne résiste pas au seul plaisir que m'apporte cette nouvelle, la tête déconfite de certaines de mes amies lorsqu'elles prennent conscience que nous faisons le même poids, mais je mesure un mètre quatre-vingt-quatre!
   Bon, je suis passé sous la barre des soixante-sept kilos, ce qui ne fait plus beaucoup, ça doit me ramener vers mes treize ans! Quand je vous dis que je rajeunis!
   Mais trêve de forfanterie, il me faut, impérativement reprendre du poids, mais vous connaissez la médecine, ça ne s'annonce pas simple!
   Je dois m'alourdir sans faire de gras, ou le moins possible, manger des aliments qui ne font pas grossir pour grossir. Après les neurologues un peu neuneus, les diététiciens ascètes et on nous exhorte à avoir confiance dans la médecine!
   Bref, je dois revoir mes bases de sustentation, pour retrouver un équilibre alimentaire qui me permette d'élargir mon quadrilatère de sustentation! Si vous ne comprenez rien à la phrase précédente, vous n'avez qu'à consulter un dictionnaire, ainsi que je le fis, bande d'illettrés!
   Vous savez l'appétence que j'ai pour les nourritures et leurs goûts, me sustenter mieux ne pouvait me déplaire. Mais il est des contraintes médicales qui sont en totale opposition avec les contraintes gustatives.
   Un exemple, cette charmante doctoresse me dit que je peux continuer à boire du chocolat chaud en mangeant des tartines.
   Jusque là tout va bien, mais, très vite, il y a achoppement.
   Lorsqu'elle me dit que le chocolat doit être allégé, noir, sans sucre, je me réjouis.
   Lorsqu'elle me dit que le lait doit être écrémé et surtout pas bouilli, je commence à m'inquiéter.
   Lorsqu'elle me dit qu'il faut mettre très peu de beurre sur mes tartines et qu'il vaut mieux qu'il soit doux, mon sang ne fait qu'un tour!
   Par chance, je parviens à maîtriser le flot d'imprécations en le ravalant, redonnant à ma façade une trompeuse apparence de calme.
   J'étais en état de sustentation, mais grande était la tentation d'atterrir brutalement pour mieux lui expliquer l'inconcevabilité* de son plan, manger sans plaisir n'est pas se nourrir, lui dis-je.
   Semblant sourde à mes récriminations, ma chère interlocutrice pensa pouvoir me parler de compléments alimentaires sous forme de pilules, me rendant sourd à ses élucubrations.
   Voilà, je vais aller me faire cuire une crêpe, avec "suffisamment" de beurre et, peut-être, du fromage, du jambon et un œuf, il me faut un régime complet!

*Je sais que ce mot n'existe pas, mais il devrait!

samedi 25 novembre 2017

Coup d'air.

   Il m'était devenu vital de sortir malgré la météo, on ne peut pas vivre sur la côte bretonne et être arrêté par un simple coup de tabac de saison!
   Armé de ma seule volonté, aidée par mon cabig, une bonne écharpe marocaine pour l'exotisme et des gants, au cas où j'aurai à sortir mes mains de mes poches!
   Ma première impression fut la bonne, je ne l'ai constaté qu'un peu tard, il faut toujours se fier à ses instincts primitifs.
   C'est un magnifique rayon de soleil qui salua mon audace car, outre les personnes qui allaient faire leurs courses, il n'y avait pas de promeneurs au sens propre du terme. Seuls quelques groupes épars animaient de leurs seules présences les alentours. L'entrée d'une cage d'escalier pour les fumeurs de joints, l'entrée d'une cave pour les alcooliques!
   Passant outre ces potentielles nouvelles rencontres, je prenais le chemin de la gare, ce n'est qu'une fois lancé, la musique dans les oreilles, que je levais les yeux au ciel. Il y avait toujours ce rayon de soleil, certes, mais il paraissait bien seul au milieu de toutes ces gigantesques masses nuageuses sombres comme un crépuscule.
   Malgré un pas soutenu, je ne me réchauffais pas beaucoup, mais l'air froid me faisait du bien, je sentais déjà mon regard plus attentif.
   Après m'être régalé des formes et lumières que provoque la rencontre du soleil avec les nuées d'automne, le ciel s'emplissant de masses multicolores, des nuances de gris (pas perverses celles-là!), de verts et de jaunes qui, se mêlant créent de nouvelles tonalités. Des couleurs qui n'existent que dans l'instant, si fugaces qu'elles en semblent irréelles.
   Le problème, avec ce genre de beautés, c'est qu'elles se méritent, un violent et très froid coup de vent m'annonça, un peu tard, l'arrivée d'une averse de grêlons. Ce coup de frais balaya mes dernières pensées sombres et c'est l'esprit clair que je décidais de continuer ma promenade.
   J'approchais d'un bar, il y avait quelques personnes en train de fumer devant, fumant coûte que coûte! C'est en passant près d'eux et en les saluant que je compris pourquoi ils ne semblaient pas gênés par le climat! Certains m'ont vu et même entendu, puisqu'ils m'ont salué de retour, c'est tout ce que j'en dirais!
   J'avançais d'un pas décidé vers un but non encore fixé, mais c'était le seul moyen de me réchauffer un peu. Le vent m'aida dans mes choix d'orientation, cela me mena vers Saint-Servan et son embouchure de La Rance. Là encore, le spectacle récompensa mon audace, mais le froid, devenu par trop tenace, me força au repli.
   J'ai regonflé mon moral avec un coup de vent, c'est efficace contre les coups de pompe!

Mots à maux.

   Faire de l'humour juste avant de se coucher et se réveiller avec ce foutu bourdon qui envahit l'esprit, déjà les premières larmes se font sentir.
   Rien d'autre à faire que supporter, essayer de passer une musique joyeuse, monsieur Higelin venez à mon aide! Mais non, pas même lui n'y arrive, avouez que pleurer sur des chansons de Jacques Higelin semble assez inconcevable.
   Aux grands maux, les grands mots, je n'hésite pas plus longtemps, messire Brel saura-t-il être plus efficace que son prédécesseur? Bon, si les deux Jacques ne m'empêchent pas de pleurer, au moins ont-ils des conversations passionnantes!
   La météo semble avoir décidé de se raccorder à mes états d'âme, instable avec des éclaircies entrecoupées d'averses orageuses!
   Alors me voici, face à cet écran, espérant que mes mots seront plus efficaces que ceux des autres contre mes maudits maux.
   Comment puis-je accepter une telle insulte à mon être sans un sentiment de révolte? Pourquoi moi, bordel de merde!!!
   Si ma vie n'est pas exemplaire, j'ai toujours essayé de faire le bien au mieux de mes moyens, mais me suis-je vraiment donné les moyens?
   Ces larmes qui, inexplicablement, s'écoulent ne sont-elles pas une rédemption, je ne puis m'empêcher de me sentir puni par la vie.
   D'abord physique, m'empêchant tout effort, limitant ma mobilité, voici l'agression du mental, faudra-t-il que je pleure toutes les larmes de mon corps pour expier?
   Ce ne sont que quelques lignes, mais les mots ont chassé les maux, c'est ce qui importe.
   Au cas où, ce texte est pour moi, si je le publie, c'est pour ne pas l'oublier!

vendredi 24 novembre 2017

Epineuse épilepsie.

    C'est une épigraphe, plus que le titre d'un texte que je voudrais une épigramme.
   Je suis devenu épileptique, je l'ai déjà dit, la médecine considère cela comme un handicap et il semblerait que ce soit vrai, moi, je n'en sais rien, je n'ai aucun souvenir!
   Si elle n'avait été qu'épisodique, elle n'eut été qu'une épine dans le pied, devenue chronique, elle est une épine dans le cœur. Mais, en bon épicurien, je ne vais pas écrire mon épitaphe alors que ce nouveau challenge pourrait bien épicer ma vie!
   Je ne dois pas avoir de réaction épidermique car ma maladie n'est pas qu'épicrânienne, certes, il n'y a pas de quoi en faire une épiclèse, ni même faire appel à l'épiscopat!
   Il ne me semble pas plus utile d'aller à Epidaure que d'étudier l'épidémiologie, je ne vais pas non plus en écrire une épître épique!
   Je vais vivre en épiphyte de la société, car, même si je n'ai pas un épieu dans l'épigastre, j'ai l'épiglotte qui coince!
   Ne voulant pas devenir l'épigone d'Epicure, peut-être deviendrai-je épilateur, ou épicier, mais si j'écris mes textes seront épicènes!
   Et p'is c'est tout!!!
 

Les vieux.

   Depuis quelques temps, la météo étant clémente, je rencontre de plus en plus de personnes âgées lors de mes déambulations pédestres. Ils ont tous un point commun, ils sont très seuls, même lorsqu'ils sont en couple, ils ont donc un énorme besoin de communiquer, pour un bavard patenté, c'est du pain béni.
   Mais, au-delà de conversations souvent restreintes, c'est surtout leurs apparences, je ne sais comment le dire autrement. Ils ont de l'allure, quelle qu'elle soit elle exprime une noblesse, celle du grand âge.
   C'est un magnifique couple qui a déclenché l'écriture de ce texte, il a quatre-vingt neuf ans, elle n'en avoue "que" quatre-vingt-cinq! Ils profitent de chaque journée ensoleillée pour sortir et marcher, il est grand et se tient encore droit, relativement bien sûr, elle est plus petite et paraît fragile. Dans la conversation, il apparaît qu'il a toujours assumé son rôle de chef et soutien de sa famille, elle s'est occupée à "tenir sa maison" comme le disent encore certaines générations.
   La vieillesse leur a joué un drôle de tour, il a de plus en plus de mal à se déplacer, alors c'est elle qui le soutient maintenant. Ce qui m'a vraiment plu, c'est qu'ils avaient l'air de prendre ça comme une nouvelle façon de se prouver leur amour, tant que je n'ai pas osé en demander la durée.
   Ils sont sereins parce qu'ils n'ont plus à se soucier du futur, ils n'ont plus qu'à profiter du temps.
   Il m'arrive aussi de croiser un gang de mamies, je ne saurai autrement les définir, elles sont toujours quatre et leurs âges semblent peu différer. C'est par leurs vêtements qu'elles diffèrent tant qu'elles ont l'air de n'avoir pas du tout le même âge! Il y a les deux mamies traditionnelles, habillées de gros manteaux tirant des caddies d'un autre temps, la troisième paraît être plus attentive à sa mise, coiffure, manteau, jusqu'au sac de courses aux couleurs d'un grand couturier. Mais c'est la quatrième qui impressionne le plus, outre ses vêtements colorés genre hippie, sa volubilité et ses diatribes dignes de certains textes de ce blog, mais clamées haut et fort dans la rue!
   Il faut être vieux pour se permettre un tel luxe de liberté et être très seul pour supporter une amie pareille!
   Il y a une recrudescence de vieux à déambulateurs aussi, à cette allure là, nous pourrons bientôt organiser des courses. Mais étant un déambulateur passionné, je me refuse à aller plus loin dans ma description forcément ironique du phénomène.
   Cependant, il est un type de vieux qui me touchent plus que les autres, ceux qui veulent conserver leur indépendance, farouchement. Ils ont parfois beaucoup de mal à simplement cheminer et refusent toute proposition d'aide, réagissant comme s'ils étaient insultés! Comme si cette simple fierté suffisait à les maintenir en vie, mais n'est-ce pas aussi simple que ça?

jeudi 23 novembre 2017

Exclusivement inclusif.

   L'écriture inclusive revient hanter les débats stériles des prétendu-e-s tenant-e-s de la pureté de la langue française, comme s'il ne devait y avoir qu'une seule façon d'user d'une langue si riche!
   Je dois bien avouer que ce sujet ne m'émeut pas plus que ça, les femmes et les hommes qui pensent que cela rétablira une forme d'égalité me semblent aussi vains, dans leurs désirs, que leurs contradicteurs-euses sont dérisoires, dans leurs arguties.
   Mais c'est dans l'air du temps, la domination de l'homme a assez duré, il faut supprimer jusqu'aux abus masculins de la grammaire.
   Il y aura donc de nouvelles règles grammaticales à apprendre, de nouvelles heures de torture en perspective.
   Zut, je viens d'écrire une phrase essentiellement composée de mots féminins, je devrais penser à intégrer une phrase masculine, par souci d'égalité, pour ne pas avoir les masculinistes sur le dos! Surtout que l'idée d'avoir un homme dans mon dos m'y fait froid.
   L'une de ces règles est que c'est le dernier cité qui fera le genre, ainsi une phrase telle que: "les garçons et les filles sont égaux" deviendrait: "les garçons et les filles sont égales". Fort bien, que voici une belle règle, simple  à intégrer, mais qui me semble bien vaine, étant bien éduqué, je donne systématiquement la préséance aux femmes.
   Ainsi continuerai-je d'écrire: " les filles et les garçons sont égaux"!
   Une autre règle essentielle à cette écriture qui en tire son nom, l'inclusion, comme pratiquée dans la première phrase. Ce que j'aime dans cette façon d'écrire, c'est que, contrairement à ce que prétendent les contradicteurs-euses, cela n'alourdit aucunement les textes!
   Au cours de mes aventures textuelles, j'ai dû commettre bien des impairs auprès de la gent féminine. Mais je n'avais pas conscience que mes mots pouvaient être assimilés à une forme d'abus sexuel! J'étais un homministe involontaire, je vais féminiser mes prochains écrits, enfin, peut-être!

mercredi 22 novembre 2017

Aide aux devoirs.

   Ayant du temps libre à ne plus savoir qu'en faire, j'ai accueilli avec une joie intense la demande d'une amie pour aider sa fille. Laquelle ne saurait qu'à peine lire et écrire alors qu'elle est en CM1! Les associations ne suffisant à compenser le manque de personnel, l'aide aux devoirs n'est apportée qu'un jour par semaine à chaque élève demandeur. Un grand merci à notre président qui prouve que s'il se donne les moyens de promettre, il ne se donne pas celui de tenir ses promesses!
   Me voici donc, en ce mercredi après-midi, alors qu'il fait un temps splendide, enfermé face à des cahiers qui paraissent bien rébarbatifs. L'éveil de quelques mauvais souvenirs provoqua un déclic, je proposais donc à mon "élève" de commencer ses devoirs par une promenade.
   Il fallait, justement, sortir le chien et il y avait une poésie à finir d'apprendre, deux bonnes raisons de ne pas se voir opposer de refus par les parents. Mon cerveau s'étant déclaré officiellement comme parfaitement inutile, j'avais décidé de confier à mon instinct la prise de contact avec ma future victime!
   Bien m'en a pris, outre le plaisir de profiter des rayons du soleil, nous avons cheminé en se récitant mutuellement la poésie. Les gestes et mimiques accompagnant mes déclamations ont beaucoup fait rire Maëva, qui, se prenant au jeu, en fit de même, facilitant l'apprentissage.
   C'est donc après un premier travail parfaitement et simplement réalisé que nous remontions afin de continuer la séance de torture par des mathématiques et de l'orthographe.
   Là, quelle ne fut pas ma surprise de constater que nous étions sensés nous installer sur la table du salon. Sachant que se tenaient là, outre ses deux parents "sur écran", son grand frère "sur écran" et sa petite soeur de deux ans "sur batterie"!
   Après l'une de ces diatribes virulentes, qui me rassurent quant à la survie de mon cerveau, dont j'ai toujours eu le secret, ses parents semblèrent trouver logique que les devoirs se fassent dans un environnement plus propice.
   Ce n'est qu'une fois dans la chambre de la jeune fille que je compris l'ampleur de la tâche, il n'y avait, pour seule table, que celle qui servait à supporter une télévision!
   Une fois enlevé l'objet du crime contre l'intelligence, appuyé par une diatribe rigolote mais bien sentie afin que Maëva comprenne la nuisance de l'écran. Mais, à ma grande surprise, elle n'avait aucun besoin d'entendre ce qui, déjà, lui nuisait, les écrans qui s'interposent entre ses parents et elle.
   Nous avons, très vite, terminé les devoirs, sans que je ne constate de véritables problèmes, si ce n'est la confirmation de cette légère dyslexie en cours de traitement. Une enfant éveillée, souriante et heureuse que, simplement, un adulte s'occupe d'elle, sans autre pensée que faire son devoir d'adulte, être à son écoute, vraiment!
   Je pense, sincèrement, que je serai reparti sans autre souci que la date de notre prochain rendez-vous avec Maëva.
   Mais,  entre-temps, sa maman était partie acheter le cadeau de Noël de la petite, une télévision, un lecteur DVD et le meuble qui va avec! Elle a deux ans!!
   Ainsi, ma première journée d'aide aux devoirs fut-elle plus effective pour les parents que pour l'enfant. Elle n'a besoin que d'attention, ce sont eux qui ont besoin d'éducation!

mardi 21 novembre 2017

Normal.

   Ce matin, j'ai dû prendre un bus de bonne heure, celle des travailleurs, en cette période d'inactivité forcée cela ne pouvait que me faire du bien. J'allais passer à nouveau pour un travailleur normal.
   C'est donc d'un pas allègre que je prenais la direction de l'arrêt de bus croisant, voir saluant les passants qui, en cette heure matinale, se rendaient au travail.
   Je me sens redevenu un homme normal, pour ce matin en tout cas!
   Puis, j'attendais le bus, en face de l'hôpital, comme pour lui faire un pied de nez, mais, à peine monté, mon sourire de triomphe s'estompait quelque peu. Il n'y avait que des travailleurs handicapés qui descendirent devant un ESAT d'un village voisin!
   En fait de pied de nez, les hasards de la vie me rappellent souvent à l'ordre en ce moment!
   Redevenu moi-même, à savoir un homme normal en situation de handicap, j'ai pu profiter du voyage pour me rappeler qui j'étais.
   Ouvrant enfin les yeux sur la réalité qui m'entoure, je me rends compte que ce voyage matinal entre Saint-Malo et Dinan est un enchantement. Le soleil ayant décidé de confier la diffusion de sa lumière aux nuages légers moutonnant le ciel de dentelles.
   Les vallonnements et les arbres se dévoilaient lentement, semblant sortir de l'ombre en reprenant une forme reconnaissable. Les feuillages chatoyants de l'automne ajoutant leurs luminosités pleines de couleurs, quelques bancs de brumes éthérées ajoutant de la magie, Bretagne, quand tu nous tiens!
   Puis, nous traversons une suite de villages s'éveillant tranquillement, le bar et la boulangerie, seuls commerces déjà en activité, comme point commun, outre le charme de certaines demeures anciennes.
   Nous arrivons, trop vite, à Dinan, à peine descendu de l'autocar je retrouve le plaisir, plusieurs fois magnifié, de la déambulation dans cette ville au charmes si attractifs. J'y ai même retrouvé une de mes normalités de base, bavarder dans la rue avec d'anciens voisins!
   Sur le chemin du retour, le constat s'est imposé, je venais bel et bien de passer une journée parfaitement normale!
 

dimanche 19 novembre 2017

Imprévisible.

   Je suis arrivé avec quelque avance le jour de mon apparition sur cette terre, une arrivée inopportune qui eût pu faire passer mes parents pour imprévoyants.
   Je me demande si ce n'est pas beaucoup plus simple que ça, je crois, en fait, que je suis imprévisible...de naissance!
   Ce qui pouvait passer pour une instabilité chronique n'est, en fait, qu'un léger défaut dans la conception. Ce n'est pas un héritage parental, c'est chromosomique, je n'ai plus de raisons d'en vouloir à mon père, sur ce sujet là, en tout cas.
   Maintenant que je sais le problème génétique, je n'ai plus qu'à attendre que la science ait suffisamment évolué pour me rendre ma stabilité. Les généticiens sont si imprévisibles que cela met en confiance. S'ils ont besoin de volontaires pour avancer plus vite, je suis prêt à en recruter autant qu'il en faudra!
   C'est qu'il ne manque pas de personnes plus très utiles, il suffira de leur faire croire que c'est pour le bien de tous.
   Prenons, par exemple, les retraités, ils ne font plus que nous coûter de l'argent et, en plus, ils râlent tout le temps! En plus, si on fait passer ça pour une cure miracle de rajeunissement, les retraités les plus riches se battront pour être en tête de liste. Monsieur le président sera content, le déficit sera plus vite résorbé, les riches serviront enfin à quelque chose d'utile et ça fera évoluer la science.
   Bref, en attendant, je reste plus encore imprévisible depuis que ma santé a décidé de favoriser mon état d'indécision chronique. Car, s'il était prévisible que mon dos finisse par céder aux efforts consentis, cette histoire d'épilepsie est déroutante, même pour quelqu'un qui hésitait sur le chemin à prendre.
   Imprévisibles aussi, les résultats d'examens se déroulant sur six longs mois, eux seuls, pourtant, pourront me permettre de prévoir une suite à ma succession d'histoires.
   Le plus incroyable, c'est que je ne peux pas même puiser dans mon passé professionnel, malgré son immense diversité. Mon état de décrépitude est tel qu'il m'est devenu impossible de reprendre une activité connue, nouvel impondérable!
   Mais je ne puis m'empêcher d'éprouver une certaine fierté car cet état de fait, loin de me nuire, me permet d'être enfin apte à prévoir....que je risque de rester imprévisible, déroutant, inattendu mais, je l'espère, pas impondérable!
 
 
 
 
 

vendredi 17 novembre 2017

Spirale.

   Un titre surgi nuitamment, de mon inconscient, je vais demander à la Rouquine si elle peut m'éclairer. Suite de circonvolutions, d'enroulements; fil métallique hélicoïdal servant à assembler les feuilles de cahiers, de carnets, Peut-être serait-ce lié à mes écrits, mais la dernière définition fait déjà frémir mes doigts: montée rapide et irrésistible d'un ensemble de phénomènes en interaction!
   Il y a, dans cette définition, quelque chose qui m'interpelle, la succession de phénomènes en interaction sur ma santé me semble une réalité.
   Je puis donc la considérer comme une spirale, ce qu'il faut savoir c'est si elle est ascendante ou descendante. Dans le cas particulier de la dégradation de ma santé, la spirale ascendante pourrait être contraire au bon sens et finir par me faire manquer de ressort!
   Mais j'ai plus le sentiment de n'être que dans l’œil du cyclone de ma spirale, n'ayant pas encore choisi si l'ascendance doit prendre l'ascendant.
   Partant du principe que ma santé, pour s'être dégradée, semble s'être stabilisée, je devrais retrouver un nouveau souffle, certes un peu cacochyme, mais vital pour ma vitalité afin de n'être plus alité par la fatalité!
   J'ai donc, dans un élan d'optimisme un peu naïf, essayé de négocier le remboursement de mes chocolats par le conseiller de la sécurité sociale. Mais il ne s'est pas laissé infléchir par le goût du chocolat que je lui avais offert, afin de mieux appuyer mon argumentation, j'ai laissé le sujet du cannabis de côté et je suis ressorti la tête basse!
   Pour me redonner le moral, je n'avais plus qu'une solution, manger de ces chocolats que j'avais promis à des amis. Heureusement, j'ai pris une truffe au citron qui m'a envoyé au septième ciel, du coup, je suis rentré en volant et j'ai pu ramener quelques chocolats encore vivants. J'ai été contraint de les partager avec les amis, mais leurs mines réjouies quand ils les dégustent sont une autre forme de jubilation.
   Porté par la joie, je décidais d'aller assister au coucher du roi, je me dirigeais vers Alet et ses bords de Rance. Je pus profiter des dernières luminosités de l'astre solaire faisant jouer leurs ombres sur les flots et les roches. Les caprices du vent ont alors donné à un nuage la forme d'une spirale et elle semblait vouloir se dresser vers le ciel.
   Je n'ai plus qu'à écouter la nature pour mieux retrouver ma nature!

jeudi 16 novembre 2017

Les yeux dans les cieux.

   J'ai écrit le peu d'attrait qu'exerçait cette ville où actuellement je réside, tant je lui trouvais de laideurs. Mais, depuis, aidé par ma médecin (je sais que ça choque mais c'est ça ou doctoresse, mais il paraît que c'est désuet!), j'ai vaincu la tristesse qui m'envahissait, j'ai donc levé la tête.
   C'est du ciel qu'a jaillit la lumière, ça ne s'invente pas! C'est en regardant vraiment en l'air que j'ai compris où résidait la beauté de Saint-Malo.
    Le soleil, par sa lumière rasante d'automne, illumine les lieux ainsi que les cieux d'une clarté emprunte de magie.
   Les multiples déchirements de la côte contribuent à rendre les vents incertains, torturant les nuages en les déformant sans cesse, créant, en leur sein, des jeux d'ombres et de lumières.
   Jusqu'à ce que l'un d'entre eux parvienne à masquer le soleil dont, seuls, les rayons apparaissent magnifiés.
   De la même manière, les arbres côtiers sont ils tant secoués qu'ils semblent danser des gigues échevelées.
   Leurs feuillages d'automne mêlant leurs couleurs créent de véritables tableaux impressionnistes vivants.
   Les flots, brillent des mille feux que créent leurs vagues, éclairant si bien les rochers qu'ils en semblent respirer.
   Justement, inspirant une grande bouffée d'air iodé, je relevais le regard vers ces magnifiques circonvolutions nuageuses.
   Ces énormes masses grises effilochées jusqu'à n'être plus que des cheveux d'anges, poussent à la rêverie.
   Mais ces rêves là n'appartiennent qu'à ceux qui les font!

mercredi 15 novembre 2017

Rêves d'Amour.

   Il y avait longtemps que je n'avais rendu hommage à mon Amour, il est pourtant essentiel dans cette période trouble!
   Après avoir écris le texte précédent, éreinté, je m'endormais, bercé par les battements de mon cœur. Aussitôt, je sombrais dans les rêves, emporté par un tourbillon jusqu'aux nuées célestes afin que, perché sur un nuage, mes songes prennent leur envol.
   Mon cœur donnant le rythme de cette chevauchée céleste, c'est vers mon Amoureuse que me portèrent mes premières visions oniriques.
   Elle eut tôt fait de me rejoindre afin d'unir jusqu'à nos regards et de mieux mirer les cieux environnants. Nos pensées se joignant de concert, c'est bercés par une musique céleste que nous avons erré Amoureusement liés, indéfectiblement liés.
   Puis, main dans la main, nous nous sommes envolés pour mieux observer cette si belle nature qui fait nos vies si heureuses. Resserrant nos liens, nous avons effleurés les flots tumultueux, ne prenant de risques que pour mieux se rappeler que rien ne peut nous arriver, puisque nous sommes Amoureusement liés, infiniment liés.
   Enfin, lentement, je l'ai raccompagnée jusqu'à ce lieu que nous ne partageons plus, depuis que, pour nous, c'est mieux.
   Puisque, pour nous Aimer, nous avons les cieux, où, les yeux dans les yeux, nous reformulons nos vœux.
   Amoureusement liés, intimement liés.
Puis je me suis réveillé, pour mieux continuer de t'Aimer, mon Amour

mardi 14 novembre 2017

Encore en vie.

   Il n'est plus que les battements de mon cœur pour me maintenir en vie, j'ai le sentiment que mes autres organes ne font plus qu'acte de présence.
   Mon cerveau s'est mis en berne, mes yeux aperçoivent plus qu'ils ne voient, mes oreilles n'écoutent plus, mon estomac, habituellement si prompt à se mettre en avant, semble toujours repu.
   Même mes doigts ne sont plus aussi agiles sur le clavier, comme raidis par le manque d'inspiration.
   Je fuis les conversations, n'ayant plus la capacité, ni l'envie d'échanger, mon esprit s'est vidé de toute spiritualité, l'incapacité de mes oreilles à entendre n'arrange pas la situation.
   Je n'arrive pas à lire plus de trois phrases avant que mes yeux refusent d'aller plus loin, confortés par l'inactivité du cerveau.
   La simple idée de manger me coupe l'appétit, aussi bien que si j'avais fait un bon repas, je dois me contraindre à me sustenter! Je crois que c'est ce qui m'inquiète le plus, ayant toujours pensé que si je devais simplement me priver de certains aliments, je me laisserai mourir et là, je me prive tout seul de manger!
   L'action du médicament ne peut être la seule cause d'un tel mal-être. Est-ce la découverte de mon épilepsie qui, à contretemps, me met au désespoir?
   Je dois trouver, mais c'est rendu difficile par le vide abyssal emplissant ma boîte crânienne, je dois poser mon regard et écouter mes oreilles. La réponse est là, palpable, j'en sens les contours, j'en devine la forme, mais je n'ose encore être affirmatif.
   Mais, tout à coup, mon voisin de salon, à savoir l'ami qui m'héberge, émet un ronflement, le regard surpris que je tourne vers lui me le confirme.
   En fait, je l'ai décris tel que perçu par nos amis, maintenant, il ne me reste plus qu'à lui faire lire le texte, et espérer que ça marche!
 
 

lundi 13 novembre 2017

Ça roule.

   J'avais, il y a peu, épinglé les trottoirs de Saint-Malo, allant jusqu'à penser qu'ils n'étaient pas faits pour les piétons. Les arbres, par le choix irréfléchi d'essences inadaptées, me semblaient les principaux vecteurs de destruction des cheminements piétonniers. En fait, c'est pire, l'expérience d'aujourd'hui me pousse à croire que c'est un choix politique de la municipalité, chasser les piétons de la ville!
   Comme le climat avait décidé de faire preuve d'une clémence toute Bretonne, nous avons décidé, avec Dominique, mon copain hospitalisé, et son fauteuil roulant qu'il était temps qu'ils prennent l'air. Nous avons choisi le chemin le plus court jusqu'à de potentiels commerces, quatre cent mètres en légère pente ascendante.
   J'ai besoin de faire de l'exercice et Dominique, qui a commencé sa rééducation, pouvait m'aider. Mais nous n'avions pas prévu de traverser un champ de mines! Les trottoirs défoncés, sans même la présence d'un seul arbre, les bateaux handicapés hauts de cinq centimètres, nous avons dû rouler sur la route, seul endroit en bon état.
   Je ne m'étais jamais rendu compte, à ce point, de la difficulté de vivre en fauteuil roulant. Mais là, nous sommes arrivés exténués en haut de la "légère pente", transformée en côte du Tourmalet par la négligence des services de la voirie.
   Le temps de restituer ses vingt euros à une vieille dame qui les avait perdus sous nos yeux, je vous l'ai dit, je vais finir riche....un de ces jours! D'aller ensuite arroser ma bonne action dans un bar voisin, nous reprenions le chemin du retour.
   Nous étions dans le sens de la descente, mais je me demande si ce ne fut pas plus laborieux encore qu'à l'aller. La circulation automobile s'étant densifiée, nous dûmes emprunter les trottoirs et c'est un fauteuil tout terrain qu'il nous eut fallu!
   Bon, nous sommes arrivés à bon port à peu près entiers, éreintés mais vivants! Sur place, nous attendait un autre patient qui nous avait chargé de quelques courses. Après lui avoir remis ses emplettes et son argent qu'il m'avait demandé de lui retirer, quelle ne fut pas ma surprise, il me remit un billet de vingt euros dans la main. "Tu m'as rendu un très grand service" répondit-il à mes velléités de refus, ce que confirmait Dominique en me remettant, lui aussi, vingt euros!
   Vous voyez que je vais devenir riche, ça prendra juste un peu de temps!

Chevaucher les nuages.

   Ce dimanche s'annonçait joyeux, la tempête de la veille ayant dégagé les cieux, le soleil brillait de mille feux magnifiant les couleurs automnales. Aucune place au questionnement, à cette époque de l'année, il faut profiter de chaque opportunité de sortir.
   Je m'habillais chaudement, le soleil n'étant plus un gage de chaleur en cette saison et je sortais. Dès le début, j'aurais dû écouter mon instinct, les premières gifles assénées par le vent laissaient augurer d'une promenade aérée!
   Malgré tout, c'est d'un pas décidé que je prenais la direction du quartier de la gare, j'avais quelques emplettes à y faire pour "mes" hospitalisés. En prenant les rues de traverse, j'arrivais à éviter les zones les plus venteuses, c'est vers l'hippodrome que ça s'est compliqué. Une longue ligne droite, avec le vent de face, c'est courbé par l'effort que j'avançais avec peine.
   Mais, tout à coup, le vent a forci, me bloquant sur place, je m'accroupissais pour n'être point emporté, le vent s'engouffra dans mon caban. Celui-ci, se gonflant comme un parachute, me projeta cinq mètres en arrière. Je m'apprêtais à ramper jusqu'au caniveau, seul endroit protégé, quand le vent m'accorda une accalmie.
   C'est en me relevant que je voyais, dans le ciel, un magnifique nuage en forme de cheval, je bondissais aussitôt, aidé par le vent dans mon ascension, je rejoignais le nuage que j'enfourchais résolument. Quel magnifique spectacle s'étala alors sous mes yeux, le soleil illuminant de tous ses feux le spectacle des arbres aux feuilles multicolores. Ces mêmes arbres qui, du sol, pourraient sembler être générateurs de ce vent, deviennent, vus des cieux, les victimes qu'ils sont en réalité.
   Leurs dernières feuilles, jaunies par l'automne, semblent s'accrocher à la vie, résistant aux bourrasques, comme si leur présence retardait l'arrivée de l'hiver. Les branches, secouées dans tous les sens, font la preuve de leur grande souplesse, se laissant mener dans un sens, puis un autre, toujours pliant sans jamais se rompre, admirable nature!
   Puis, je tourne mon regard vers la mer, écumante, qui fait l'étalage de sa force par d'énormes vagues qui déferlent sans cesse. Concentré sur le spectacle d'une nature déchaînée, je ne remarquais le renforcement du vent que lorsqu'il m'eut désarçonné de ma monture. Je fus brutalement ramené les pieds sur terre, poussé dans la réalité par le vent qui me menait droit vers mes devoirs hospitaliers!         Après une lutte acharnée, j'arrivais enfin à atteindre mon but où abrité du vent, je pouvais reprendre mon souffle. Mais, en me voyant arriver, ébouriffé, les joues colorées par le froid, mon ami Dominique m'annonça qu'il renonçait à notre promenade dominicale. Nouvelle que j'accueillis avec soulagement, promener quelqu'un en fauteuil roulant par grand vent, c'est un coup à finir les roues voilées!
   Nous nous sommes donc installés avec café et gâteaux, face à une baie vitrée d'où nous avons pu regarder le défilé des nuages, ballottés par les vents par eux-même générés. C'était une magnifique chevauchée, illuminée par le soleil se préparant au coucher, permettant aux esprits de librement vagabonder.

dimanche 12 novembre 2017

Un gentil effacement.

   Ce texte s'annonçait comme triste et un de ces heureux hasards en a transformé jusqu'au titre, mes doigts se chargeront de la suite!
   Tout a commencé face à ma très aimable nouvelle médecin traitant, puisqu'il serait inconvenant de dire médecine traitante, je dis ça pour de potentielles féministes acharnées! Plus exactement, face à l'écran de son pèse-personne et aux soixante-sept kilogrammes affichés sur l'écran digital, je dois avouer que le choc fut rude.
   Parti de quatre-vingt-cinq, il y a environ quinze ans, je n'ai, depuis, cessé de perdre du poids. Au début, je trouvais cela réjouissant, au moment où mon corps m'obligeait à arrêter le sport, un miracle me permettait de continuer à faire bonne chère sans contrainte.
   Mais là, à force de fondre, j'aurais disparu avant de mourir, comme si j'essayais de m'effacer!
   A moins que je ne régresse vers l'enfance, j'attrape des maladies qui devraient s'être déclarées à l'adolescence, je devrais me mesurer, si je rétrécis, c'est normal que je pèse moins lourd!
   Bref, c'est le moral dans les chaussettes que je m'apprêtais à reprendre le chemin de mes pénates. Je décidais, malgré tout, de passer voir mon ami hospitalisé, surtout histoire de me donner bonne conscience, je dois bien l'avouer.
   Ce n'est que sur place que j'ai su qu'il y avait une raison cachée à mon passage contraint. Je retrouvais une de mes précédentes "rencontre hospitalière" lors de ma première incarcération et il avait grand besoin qu'on lui rende service, lui aussi.
   Je repartais de l'hôpital le cœur léger avec en tête une liste de courses plutôt que des idées noires. Je revins un peu plus tard, les bras chargés mais accueilli par deux magnifiques sourires qui me rendaient le mien!
   Encore une belle leçon de madame la vie, faire le bien fait du bien, donner le sourire rend le sourire, je vais me mettre à distribuer mon argent comme ça je deviendrais riche!

jeudi 9 novembre 2017

Amusements.

   Je dois avouer que j'ai un peu honte d'avoir osé parler de mes problèmes médicaux comme s'ils étaient graves. Il y a une épidémie qui menace la France dans son intégrité, faisant passer mon épilepsie pour une maladie bénigne. Il faut, en urgence semble-t-il, redresser la barre, c'est la formule adaptée à la situation puisque nous manquons cruellement de sperme!
   Vous avez bien lu, c'est une terrible nouvelle, où l'on apprend que la France, le pays de l'amour est victime d'un assèchement de liqueur séminale!
   Cela n'a pourtant rien de surprenant, depuis le temps que nous sommes les champions d'Europe du nombre de naissances, il fallait bien que la source se tarisse!
   D'ailleurs, en lisant mieux l'article, il n'y a que les donneurs qui manquent, ce n'est pas une paupérisation de notre semence, juste un peu d'avarice. Mais sans vouloir paraître insistant, c'est assez logique, vu le nombre de bébés, les potentiels donneurs préfèrent faire les dons en direct!
   Quand à la façon de recruter des volontaires, il y a des chercheurs qui ont démontré qu'il faudrait éjaculer au moins vingt fois par mois pour protéger la prostate! Si une information devait  tomber au bon moment, le hasard fait bien les choses, en plus les chercheurs qui ont fait cette découverte ne sont pas Français, cela lui fait gagner en crédibilité.
   Ah, ce sont des scientifiques de Boston, ce qui en fait des Américains, bon, tant pis!
   Ce n'est pas grave, feignons d'ignorer l'origine du fait scientifique, en ces temps de lutte contre le harcèlement et en orientant bien la communication, les centres de recueil du sperme devraient déborder rapidement!

mercredi 8 novembre 2017

Abusements.

   C'est dans l'air du temps, le néologisme est le seul moyen de suivre l'actualité de façon compréhensible. Celui de ce soir m'est inspiré par les annonces quotidiennes de noms de personnes riches ayant triché par mégarde sur leurs déclarations.
   Ils ne sont que les innocentes victimes de gestionnaires peu scrupuleux, je suis sûr qu'ils vont proposer spontanément le remboursement des sommes détournées. D'ailleurs, il est surprenant que notre très coûteux, pardon, cher président n'ait pas saisi l'occasion de confirmer que l'ISF était la seule raison qu'avaient ces pauvres gens d'être victimes d'escrocs financiers.
   Mais le sentiment que l'on a, est que les riches s'amusent de leurs abus, d'où le titre, aucun ne cherche même à se dédouaner! Parce que, vu l'énormité du déballage, on peut, naïvement, penser que les autorités n'étaient pas dupes de ces vols de l'état français, donc nous.
   Heureusement, cette théorie est invalidée par les déclarations de monsieur Macron, lors de la suppression de cette horrible injustice financière qui n'affectait que les très riches. L'immense sincérité de cette promesse, que les riches nous rendraient l'argent que l'état ne leur prendrait plus, est tant battue en brèche qu'il en reste coi sur cette triste affaire!
   Dans le même temps, on comprend mieux pourquoi certaines grandes entreprises ont accepté de débourser neuf milliards sans mot dire. Ce sera un argument en leur faveur lors du procès factice que ne manqueront pas d'organiser les autorités.
   Quelques uns vont y perdre leurs bateaux, d'autres y laisseront quelques plumes, mais tous continueront de mener grand train, à nos dépens!
   Puisque, dans les nombreux débats générés, jamais l'on entend la seule vérité contre laquelle il conviendrait de s'élever. Comment et, surtout, pourquoi ont-ils tant d'argent qu'ils ne sachent plus que faire d'autre que d'en avoir plus encore....abusivement?!!!

Dépression.

   Le titre m'est venu spontanément pendant que j'écoutais les informations, débutant par la météo, puis les nouvelles du jour, tous ne parlaient que dépression! Comme, dans le même temps, mon médicament commençait son action dépressive, il me fallait réagir avant que la dépression ne vire au cyclone!
   Je me décidais donc à sortir malgré les conditions météorologiques dépressionnaires, le vent et la pluie associés ont le mérite de tout balayer. Par un de ces curieux hasards, mes pas m'ont guidé vers l'un de ces spécialistes de la lutte contre la dépression. Il faut savoir se faire aider quand la lutte est par trop inégale et là, je dois avouer mon échec, il me faut un moyen efficace de combattre la mélancolie.
   Ce n'est qu'une fois devant l'entrée que le doute m'a assailli, ne vais-je pas tomber dans une addiction irréversible? Certes, le spécialiste est connu et reconnu, la qualité de ses produits aussi, justement, cela ne devrait-il pas me rendre circonspect?
   Tant pis, je ne puis résister, même le vent et le froid semblent m'y pousser, ma dépression me met trop la pression. Je me retrouve face à la charmante préposée à la vente des divers produits, elle connaît parfaitement son sujet. Après m'avoir présenté l'assortiment des différentes herbes, elle n'hésita pas à me proposer des mélanges plus corsés, audacieux pour certains.
   Autant aller au bout de ma démarche, je prends un assortiment, l'important est d'arrêter l'accablement qui me pèse. Je n'avais pas encore quitté les lieux que, déjà, je me précipitais sur la marchandise afin d'en vérifier l'efficacité.
   Le contact avec la langue à peine établi, j'avais ma confirmation, ma dépression s'est transformée en anticyclone! Voila, j'ai trouvé le meilleur moyen de lutter contre les effets secondaires de mon médicament, seulement il me faudra consentir à quelques sacrifices financiers.
   C'est dommage, mais les chocolats, même de très grande qualité ne sont toujours pas remboursés!

mardi 7 novembre 2017

Plus simple est la lutte.

   Il ne me reste aucune autre solution que sortir m'aérer, profiter de ce magnifique soleil, exposer mes sombres pensées en pleine lumière. C'est le pas décidé que je m'engage sur la piste de la joie retrouvée, direction le port, les bateaux, la mer!
   Arrivé sur place, le vol des mouettes qui volent autour des fous de Bassans qui pêchent en nageant, c'est pour ça qu'on les dit fous, pour leur voler leur pêche en passant, crée une certaine confusion dans mon esprit. J'observe un peu le spectacle espérant y puiser quelque raison d'en sourire, peine perdue le bourdon prend le dessus sur les oiseaux. Je me pose alors dans un coin discret bien qu'ensoleillé et je me roule une cigarette d'herbes venues d'ailleurs pour m'emmener ailleurs! Si elles ne me rendent pas toujours le sourire, elles me permettent d'omettre un peu les douleurs dorsales.
   Je fumais en déambulant tranquillement le long du quai quand vint accoster, un peu en avant de moi, la vedette des douanes. Le temps que j'arrive à leur hauteur, ils étaient encore à quelques mètres du quai, à la manœuvre, ce qui me permit de les saluer aimablement dans un grand sourire enfumé!
   Ma joie m'a été rendue par une conjonction de faits, pas par le seul pétard, c'est important pour moi. Mais le plus important reste le sourire retrouvé, je peux croiser le regard des passants, enfin pas de trop près! Je peux même passer devant la boutique du chocolatier fermée sans que cela ne m'affecte le moins du monde. Bon, peut-être un peu, mais je serai là demain à dix heures cinq, donc c'est supportable!
   Du coup, j'ai été exprimer ma joie de vivre chez une charmante pâtissière, me laissant séduire par deux magnifiques éclairs au chocolat, dont j'allais faire présent à mon ami toujours hospitalisé. Ma joie étant retrouvée, il me faut la partager pour qu'elle dure plus longtemps. C'est l'impression que ça me laisse, faire le bien me fait du bien.
   Voila, cette foutue tristesse chimique peut-être mise de côté, il suffit juste de s'astreindre à quelques bonnes actions, manger de bonnes choses et, peut-être, fumer un petit pétard de temps en temps!

lundi 6 novembre 2017

Plus dure est la chute.

   J'avais effleuré le sujet en précisant qu'il me faudrait le vivre pour mieux le raconter, je veux parler de ce spleen agressif déclenché par la médication de mon épilepsie.
   C'est par cette splendide matinée bretonne, les cieux nettoyés par la tempête, éclairés de magnifiques lumières automnales que la tristesse, tout à coup envahit mon corps. Une affliction profonde m'affecte, les larmes jaillissent de mes yeux sans que je n'y puisse rien, l'intensité du désarroi est telle que la lutte n'est pas même permise.
   Il ne reste alors que l'isolement pour tenter de ne pas provoquer l'attention des autres, qui par leurs attentions pleines de bonnes intentions ne feraient qu'envenimer la situation.
   C'est une solitude larmoyante, traversée de moments de chagrin puissant que seule la mort d'un proche devrait pouvoir provoquer. L'épisode n'annonce jamais sa durée, la taille du mouchoir utile varie du simple carré de papier absorbant à la serviette éponge!
   Ce qui fait la difficulté est cette durée qui jamais ne s'annonce, si je sens l'épisode avant son arrivée, rien n'en laisse jamais présager le terme.
   Il survient aussi brutalement qu'était apparue l'agression, tout à coup, le sourire n'est plus contraint, les muscles se relâchent, la crise est passée. Je retrouve ma joie de vivre intacte, renforcée ou simplement plus assurée, mais heureusement présente.
   Ce n'est qu'un inconfort pour empêcher de plus importants inconforts, mais j'ai le sentiment que je ne suis malade que parce que je me soigne! Une crise d'épilepsie est, à n'en pas douter, plus violente que ces crises de spleen, mais elles ne laissent aucun souvenir, au contraire de ces dernières.
   Je sais que j'apprendrais à maîtriser les effets négatifs de cette drogue, mais le peu d'inquiétude du monde médical quand aux effets secondaires, me laisse à penser que c'est seul qu'il faudra remédier au remède!

dimanche 5 novembre 2017

L'homme est une femme qui s'ignore.

   Force est de constater que l'homme est une espèce en voie d'extinction, pour peu que l'on se donne la peine d'être attentif, il est des signes qui ne trompent pas.  Nous avons assez abusé, la nature va reprendre le cours des choses en main et tout sera pour le mieux. Après tout, cela fait maintenant des milliers d'années que ça dure, il est donc évident que cela doit cesser.
    Nous avons enfin décidé de changer notre façon de juger, simplement, et il semble que ce soit déjà un point de départ positif. Mais il ne faut pas se contenter de juste inverser la donne, au risque de produire de nouveaux abus. En effet, si nous nous contentons de remplacer l'excessive virilité par une excessive féminité, cela ne marchera pas plus. S'il faut que les hommes oublient leur préhistoire, les femmes feraient bien de s'y replonger avant que de prétendre au pouvoir.
   Chaque homme a une part féminine, léguée par La Femme, sa mère, qu'il l'accepte ou non. Chaque femme a une part de masculinité, léguée par L'Homme, son père, qu'elle l'accepte ou non.
   Alors, je vais faire mon Fleuriquet, en espérant que Boutefeu saura se contenir! C'est qu'il m'est arrivé aussi de me faire harceler, même si jusqu'à ce jour je ne l'avais pas ressenti comme un traumatisme. Il aura suffi de ces témoignages qui se succèdent pour, qu'enfin, je prenne conscience que j'avais été traumatisé de façon si perverse que je l'ignorais!
   Tout a commencé lorsque je n'étais qu'un enfant innocent, mon père, oui mon propre père et, pire encore, cautionné par ma mère, m'obligea à faire mes devoirs. Comment voulez-vous ne pas haïr les hommes après ça? Puis, vinrent les instituteurs, toujours beaucoup plus sévères que les institutrices qui adoraient cette bonne bouille souriante, au regard aussi franc que bleu. Comment ne pas trouver la féminité plus agréable?
   Puis arrivèrent les fabuleuses années du collège, là encore les professeurs me semblaient mieux professer au féminin. Ainsi en allait-il de mes amitiés, la compagnie des filles me plaisait plus que celle des "copains", où il fallait sans cesse faire étalage de sa virilité naissante. La mienne aussi commençait à poindre, mais je sentais confusément que c'était en me faisant des copines que je réglerais le problème! C'est là qu'ont commencé les problèmes, beaucoup de mes copines auraient souhaité être "ma" copine et je n'ai jamais aimé dire non à une femme. Ma galanterie a fait de moi la victime innocente de viles harceleuses!
   Je ne parlerai que peu des années lycées tant le traumatisme est grand. Entre les élèves plus âgées, voire certaines professeurs, j'étais entouré par le vice et la débauche, harcelé de toutes parts! Heureusement, j'étais déjà amoureux, cela m'évitait de sombrer dans la luxure, mais imaginez la torture pour un adolescent! De plus, certains hommes, vous voyant ne pas céder aux nombreuses sollicitations féminines, pensant y voir une homosexualité potentielle, n'hésitent pas à "tâter le terrain"!
   Tout ça pour essayer de démontrer que le harcèlement peut se subir au masculin aussi bien qu'au féminin et que ce n'est que le juste équilibre qui apporte...l'équilibre?

samedi 4 novembre 2017

Vivant.

   Ma petite balade sucrée d'hier m'inspire ce matin, il m'aura fallu ces quelques chocolats pour reprendre conscience d'une évidence qui semblait m'avoir échappé.
   Je fais pourtant des efforts, je prends soin des amies et amis qui en ont besoin, j'essaie d'être attentif aux autres, j'ai même réussi à ne pas m'énerver face au préposé de la sécurité sociale, c'est tout dire!       Mais là, manger ces chocolats sans autre préoccupation que mon plaisir immédiat, égoïstement, souriant benoîtement, mais pas aux passants, seulement aux anges qui apparaissaient à chaque bouchée, à moi seul, donc!
   Ce n'est qu'au réveil, ce matin, que m'est apparue la vérité, crue, virulente comme seule la vérité sait l'être: "qu'ils aillent tous se faire voir", bon, dans mon esprit, c'était un peu moins poliment formulé! Je vais bel et bien retourner acheter des chocolats, mais ce ne sera que pour moi! Les cieux, en s'emplissant d'humides nébulosités retiendront les velléités accompagnatrices, j'aurais les fesses humides mais je serais seul en mon paradis!
   Après tout, nous n'avons aucune preuve que les anges ne vivent pas le cul dans l'eau!
   Ensuite, peut-être consentirais-je à retourner vers la société, mais seulement si elle me sied, sinon je retournerais vers les solitaires poésies de mon esprit vagabond. En d'autres termes, je ne me préoccuperai que de moi et de mes envies, accompagné de cet entêté de bourdon qui ne me lâche plus. Je vais respirer un autre air que le vôtre, je vais regarder d'autres paysages que les vôtres, tout en restant l'un des vôtres.
   Je veux me détacher de ce monde, tout en restant dans ce monde, c'est à son apparente immobilité que je veux échapper. Certaines personnes me donnent l'impression de vivre l'ennui comme si c'était la seule façon de vivre et je ne parle pas que des seuls drogués de mon entourage! Peut-être voient-ils l'ennui d'une autre façon, c'est alors moi qui les ennuie!
   Tant mieux, j'aurais encore moins de scrupules à manger mes chocolats tout seul!
   Voila, je n'aurais pas eu besoin de plus que quelques chocolats pour me rappeler que, même malade, je reste d'abord vivant!

vendredi 3 novembre 2017

Balade sucrée.

   Aujourd'hui, j'ai décidé de laisser mes pieds décider du chemin à prendre, tout ça pour constater que j'ai les pieds gourmands! Figurez-vous qu'ils m'ont mené face à la devanture d'un chocolatier, je grattais le fond de ma poche afin de savoir combien je pouvais miser et j'entrais.
   Dès le début, je dois avouer que j'ai été séduit, l'assortiment, par sa qualité autant que sa quantité laissait augurer des meilleures surprises. Le premier geste de la charmante préposée au service, à savoir me tendre un chocolat à l'aneth, pour me "laisser surprendre", et quelle ne fut pas ma surprise, ô émerveillement des papilles.
   Là, évidemment, elles prirent le relais de mes pieds et insistèrent pour que le budget soit revu à la hausse, ce que mon estomac, qui avait entre-temps reçu livraison de la bouchée, soutint de tout mon cœur! La lutte étant perdue d'avance, j'abandonnais mes derniers deniers mais l'estomac aussi délié que ma bourse!
   Bien m'en pris, après avoir gaiement devisé avec la vendeuse, cependant qu'elle m'assurait une vingtaine de goûts aussi différents que surprenants à base d'épices et, plus particulièrement, six poivres, je ressortais avec mon sachet de chez monsieur Pochon, ça ne s'invente pas!
   Décidant qu'il me fallait retrouver un peu de raison, je commandais à mes yeux de tracer la route, mais à peine le temps de traverser la route! Déjà, un premier chocolat s'était engouffré dans ma bouche, provoquant la fermeture des paupières afin d'augmenter les capacités gustatives! Le quai étant suffisamment large en cet endroit, je pouvais me laisser aller à une déambulation papillaire.
   La suite ne fut qu'un mélange entre des voyages exotiques au gré des goûts et des rêves de voyages lointains entretenus par les magnifiques voiliers du port. Le chocolat me transportait, à travers les océans, en quête des épices rares dont la saveur se dévoilait au détour de son enrobage, quel bonheur!
   Et voila, j'allais rendre visite à mon ancien voisin de chambre à l'hôpital, c'est les mains vides mais les yeux encore pétillants que j'arrivais, il attendra demain, mais il a déjà commencé à y prendre plaisir!

mercredi 1 novembre 2017

C'est aussi simple que ça!

   La conclusion se transforme en titre sans rapport avec les précédentes lignes, mais l'idée me fait sourire, au moment même où je voudrais pleurer.
   Il se fait jour, dans mon esprit, de la réalité des problèmes que j'ai à régler avec ma santé, ils sont graves et sérieux, tout le contraire de moi! La vraie difficulté tient à l'art de "n'être point malade" que j'ai développé jusqu'à ce que ma première moitié de siècle ne m'explose à la face, une forme de paradigme pour artilleur!
   Moquant le passage des cinquante ans, je ne pensais pas qu'il me serait aussi cruel, à la torture physique, il ajoute une étrange agression morale.
   Cinquante ans passés, mon dos a cédé, il ne peut plus porter plus que le poids des ans, à cela vient s'ajouter une maladie considérée comme handicapante par la médecine et la société.
   Deux façons d'exprimer un grand désarroi, je dois me considérer comme malade si je veux accepter de me soigner, ou pire, de me laisser soigner! Les derniers jours ont été contraignants physiquement, je me suis senti aidé par la providence dans mon cheminement, d'où ces lignes.
   Il faut décrire le ressenti, alors j'arriverais sans doute à croire ce que j'aurais écrit, c'est de la source que jaillit la réponse. C'est une cruelle ironie de la part de mon corps, me laisser intactes mes envies et, dans le même temps, m'empêcher de les vivre vraiment. Il faut apprendre à avoir envie autrement, plus lentement correspondrait mieux à mon état.
   Hier, j'ai été voir un couple d'amis, j'y vais à pied régulièrement et je sais mettre vingt minutes à arriver chez eux, mais là, cela m'en a pris quarante-cinq. Je n'étais pas pressé et le soleil brillait, j'aurais déambulé plus que marché. Si ce n'avait été cette légère gène, ces sournoises petites douleurs qui, au fil des jeux en compagnie d'Izia, deux ans, se faisaient de moins en moins discrètes.
   Après avoir écourté pour de fallacieuses raisons ma visite, je rentrais me vautrer de tout mon long afin de retrouver figure humaine. C'est lors de ce voyage de retour, je peux l'appeler ainsi tant il me parut long que m'est apparue la vérité sur mon état.
   Quel choc, heureusement adouci par quelque regard féminin expressif, puisqu'il ne semblait y avoir que moi pour m'offusquer de mon rythme. J'ai miré plus encore que de coutume le paysage, j'ai souri aux passants que le hasard avait mis sur ma voie, j'ai pris mon temps puisque j'en ai à revendre en ce moment!
   Je suis rentré harassé malgré tout, mais ce n'était pas une malsaine fatigue physique, ce n'était que la maladie, c'est plus simple comme ça!

Si on chantait!

      Mes pauvres oreilles sont encore traumatisées, je viens d'entendre cette grosse baderne ventrue de Depardieu massacrer une chanson de Barbara, la pauvre et ils osent appeler ça un hommage!
   Heureusement, le reste de la soirée m'a rassuré, il existe de vrais chanteurs et ils ont droit de cité, même si, pour n'en point omettre, je n'en citerais aucun! L'important est l'art, tant qu'il est magnifié.       S'il se contentait de faire son cinéma, je n'aurais que du bien à dire de son talent, mais cela ne doit pas permettre les abus et se faire cautionner par son simple nom pour imposer ses ululements est un abus! Déjà, les émissions de télé nous ont obligé à sélectionner précautionneusement nos choix de médias, avec leurs reprises parfois douloureuses de grandes chansons. Que va-t-il nous rester pour entendre des nouveautés sans risquer la crise d'apoplexie? Je vais en parler à ma neurologue, des fois que ce soit une piste pour mon épilepsie!
    Heureusement, il existe des pistes afin de pouvoir se créer une liste musicale variée et riche, autant de ses charmes anciens que de ses nouveautés. Mais, la richesse du nombre de lieux voués à la musique a un coût, moral essentiellement, mais c'est parfois très impressionnant.
   J'ai toujours eu beaucoup de respect pour l'audace, si une personne a fois en elle, il faut qu'elle ose. Mais, je pense aussi qu'il peut-être important d'écouter les avis de personnes ayant prouvé leur maîtrise dans la spécialité concernée. Ainsi, votre serviteur n'a-t-il pas persisté dans le théâtre, ce qui ne m'empêche pas de me donner en spectacle, il faut juste s'adapter...ou travailler.
   Même si, dans l'art particulièrement, le travail peut ne pas suffire! Mais il en faut pour tous les goûts, fussent-ils mauvais, je n'oblige personne à me lire! En tout cas, le talent ne vaut que par le travail, c'est une certitude.
   D'ailleurs, Jacques vient me le confirmer en chantant Amsterdam, quelles  paroles puissantes, la poésie sait parfois se faire séduisante, quand on la dépouille de ses règles ce me semble. Tiens, Bob lui succède, mais lequel direz-vous, ils sont si nombreux, le grand Bob, vous répondrais-je, mais à chacun son grand Bob, n'est-ce pas?
   Bon, allez, je vous donne une piste, le mien ne chante que des chansons aux paroles sensées, qui expriment le bien ou le mal, qui racontent la vie, simplement, ah bon, le votre aussi! Alors, musicalement, le mien joue des mélodies populaires, souvent enjouées, qui rendent serein, comment ça, le votre aussi, ils sont donc plusieurs à être unique!
   C'est aussi simple que ça!