lundi 13 novembre 2017

Ça roule.

   J'avais, il y a peu, épinglé les trottoirs de Saint-Malo, allant jusqu'à penser qu'ils n'étaient pas faits pour les piétons. Les arbres, par le choix irréfléchi d'essences inadaptées, me semblaient les principaux vecteurs de destruction des cheminements piétonniers. En fait, c'est pire, l'expérience d'aujourd'hui me pousse à croire que c'est un choix politique de la municipalité, chasser les piétons de la ville!
   Comme le climat avait décidé de faire preuve d'une clémence toute Bretonne, nous avons décidé, avec Dominique, mon copain hospitalisé, et son fauteuil roulant qu'il était temps qu'ils prennent l'air. Nous avons choisi le chemin le plus court jusqu'à de potentiels commerces, quatre cent mètres en légère pente ascendante.
   J'ai besoin de faire de l'exercice et Dominique, qui a commencé sa rééducation, pouvait m'aider. Mais nous n'avions pas prévu de traverser un champ de mines! Les trottoirs défoncés, sans même la présence d'un seul arbre, les bateaux handicapés hauts de cinq centimètres, nous avons dû rouler sur la route, seul endroit en bon état.
   Je ne m'étais jamais rendu compte, à ce point, de la difficulté de vivre en fauteuil roulant. Mais là, nous sommes arrivés exténués en haut de la "légère pente", transformée en côte du Tourmalet par la négligence des services de la voirie.
   Le temps de restituer ses vingt euros à une vieille dame qui les avait perdus sous nos yeux, je vous l'ai dit, je vais finir riche....un de ces jours! D'aller ensuite arroser ma bonne action dans un bar voisin, nous reprenions le chemin du retour.
   Nous étions dans le sens de la descente, mais je me demande si ce ne fut pas plus laborieux encore qu'à l'aller. La circulation automobile s'étant densifiée, nous dûmes emprunter les trottoirs et c'est un fauteuil tout terrain qu'il nous eut fallu!
   Bon, nous sommes arrivés à bon port à peu près entiers, éreintés mais vivants! Sur place, nous attendait un autre patient qui nous avait chargé de quelques courses. Après lui avoir remis ses emplettes et son argent qu'il m'avait demandé de lui retirer, quelle ne fut pas ma surprise, il me remit un billet de vingt euros dans la main. "Tu m'as rendu un très grand service" répondit-il à mes velléités de refus, ce que confirmait Dominique en me remettant, lui aussi, vingt euros!
   Vous voyez que je vais devenir riche, ça prendra juste un peu de temps!

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