dimanche 26 novembre 2017

Sustentation.

   Comme vous le savez déjà, ou pas, ce qui importe peu puisque je vais vous le dire, ou redire! Il se trouve que j'ai maigri à un point qui en arrive à m'effrayer, c'est vous dire s'il y a de quoi s'inquiéter.
   Je ne résiste pas au seul plaisir que m'apporte cette nouvelle, la tête déconfite de certaines de mes amies lorsqu'elles prennent conscience que nous faisons le même poids, mais je mesure un mètre quatre-vingt-quatre!
   Bon, je suis passé sous la barre des soixante-sept kilos, ce qui ne fait plus beaucoup, ça doit me ramener vers mes treize ans! Quand je vous dis que je rajeunis!
   Mais trêve de forfanterie, il me faut, impérativement reprendre du poids, mais vous connaissez la médecine, ça ne s'annonce pas simple!
   Je dois m'alourdir sans faire de gras, ou le moins possible, manger des aliments qui ne font pas grossir pour grossir. Après les neurologues un peu neuneus, les diététiciens ascètes et on nous exhorte à avoir confiance dans la médecine!
   Bref, je dois revoir mes bases de sustentation, pour retrouver un équilibre alimentaire qui me permette d'élargir mon quadrilatère de sustentation! Si vous ne comprenez rien à la phrase précédente, vous n'avez qu'à consulter un dictionnaire, ainsi que je le fis, bande d'illettrés!
   Vous savez l'appétence que j'ai pour les nourritures et leurs goûts, me sustenter mieux ne pouvait me déplaire. Mais il est des contraintes médicales qui sont en totale opposition avec les contraintes gustatives.
   Un exemple, cette charmante doctoresse me dit que je peux continuer à boire du chocolat chaud en mangeant des tartines.
   Jusque là tout va bien, mais, très vite, il y a achoppement.
   Lorsqu'elle me dit que le chocolat doit être allégé, noir, sans sucre, je me réjouis.
   Lorsqu'elle me dit que le lait doit être écrémé et surtout pas bouilli, je commence à m'inquiéter.
   Lorsqu'elle me dit qu'il faut mettre très peu de beurre sur mes tartines et qu'il vaut mieux qu'il soit doux, mon sang ne fait qu'un tour!
   Par chance, je parviens à maîtriser le flot d'imprécations en le ravalant, redonnant à ma façade une trompeuse apparence de calme.
   J'étais en état de sustentation, mais grande était la tentation d'atterrir brutalement pour mieux lui expliquer l'inconcevabilité* de son plan, manger sans plaisir n'est pas se nourrir, lui dis-je.
   Semblant sourde à mes récriminations, ma chère interlocutrice pensa pouvoir me parler de compléments alimentaires sous forme de pilules, me rendant sourd à ses élucubrations.
   Voilà, je vais aller me faire cuire une crêpe, avec "suffisamment" de beurre et, peut-être, du fromage, du jambon et un œuf, il me faut un régime complet!

*Je sais que ce mot n'existe pas, mais il devrait!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire