dimanche 31 décembre 2017

Les mots contre les maux.

   Je sais que je ne devais pas revenir, mais je suis un incorrigible bavard, comme je n'ai personne d'autre pour m'écouter, je discute avec mes doigts!
   Ce sont eux qui m'ont poussé à reprendre la plume (c'est bizarre de l'écrire avec un clavier!), lorsqu'ils m'ont, fort justement, fait remarquer que plus ils s'activaient, plus j'avançais.
   Il est vrai qu'ils marchent mieux que mes jambes en ce moment, ce sont eux qui me portent. J'ai les doigts qui claquent mais les gifles sont, à l'instar de celles de mon Papa, constructives.
   J'ai dû être un punching-ball dans une précédente vie!
   Laissons donc s'exprimer ces prétentieux prétendants à la réussite, transformant les mots en émaux pour lutter contre mes maux, sauront-ils faire entendre leur voix pour m'aider à trouver la voie de ma voix?
   Comme j'ai foi en moi, je n'ai pas les foies puisque cette fois je laisse à mes doigts le soin de retrouver ma joie.
   Je vais dire pouce, mais pas me mettre à l'index, une nouvelle majeure annulerai (hé, hé, vous vous demandiez comment je m'en sortirais avec lui, il est juste un peu tordu!) de potentiels problèmes auriculaires!
   Il va me falloir mettre la main à la pâte, je semble avoir la patte pour ça, sans faire dans l'épate j'aurais l'air d'une nouille, sans griller les étapes lentement je me retape.
   Ma vie sera gardée au doigt et à l’œil, le doigt pour montrer, l’œil pour regarder. J'ai gardé un grand sens des responsabilités. Je ne me mettrais pas le doigt dans l’œil afin de garder mes doigts dans mon champ de vision.
   C'est que mes doigts ont l’œil, dès qu'ils échappent à mon regard, ils font dans le faux-fuyant, de peur de se faire taper dessus. Ils ne sont pas marteaux et refusent d'être mis au clou, je n'ai pas les outils pour lutter.
   Il va me falloir faire preuve de doigté si je veux amener mes doigts à obéir à mon cerveau qui est si lent qu'il s'envole facilement, sans pour autant être volage! Il a voulu voler dans les plumes de mes doigts, ces porte-plumes à la plume si acérée qu'elle a desserré l'étau, faisant baisser le taux d'adrénaline d'un cerveau au bord d'une ébullition due à son manque d'érudition!
   C'est dans le nez que mes doigts s'en sont sortis, contraignant le cerveau, qui manquait d'air, à une reddition sans conditions. Deux doigts dans les oreilles confirmèrent la sentence, après l'audition des témoins tous les voyants étaient au vert!
   Plus de doutes, je dois me mettre au diapason de mes doigts puisque ce sont eux qui donnent le...là!
 
 

Bonnes résolutions.

   Je ne peux pas finir une telle année sur un texte un peu triste, puisque c'est l'heure du bilan...et qu'il n'est pas triste!
   Elle avait démarré bizarrement, elle savait déjà qu'elle serait particulière, elle devait permettre la résolution de mes problèmes d'emploi, tout en ménageant mes os vieillissants, mais pas vieux pour autant!
   Certes, j'avançais dans le noir, mais pas à tâtons, j'aurais pris une baffe! Pour ma plus grande joie, j'intégrais le monde de la nuit, presque toujours en compagnie féminine, l'année s'annonçait riche d'enseignements!
   En 2016, j'ai obtenu le titre de grutier pour comprendre que mon dos ne supporterait pas!
   En 2017, je deviens veilleur de nuit après six mois de formation, je trouve un emploi, je fais en sorte de le rendre durable et l'épilepsie me tombe dessus.
   Autant vous dire que j'ai les meilleurs espoirs pour cette année!
   Il me faut entamer une formation d'adulte handicapé par une maladie qui ne se voit pas, mais qui sait faire sentir sa présence pesante.
   Mais je reste un incorrigible optimiste, je vais exorciser mes démons dès cette nuit pour qu'à minuit ils aient quitté ce corps , presque, sublime qui est le mien!
   Je fais un réveillon "coups de canons", depuis le temps que les voisins posent des questions, je vais leur répondre! Surtout que l'artillerie médiévale est de plus en plus reconnue comme anti-dépresseur par la médecine, peut-être pourrais-je me faire rembourser la poudre noire?!
   Je vais me soufrer pour ne plus souffrir!
   La poudre sera bourrée par mes soucis pour les mieux souffler, puisque je n'ai pu le faire de mes bougies lors de mon vieillissement annuel!
   C'est la meilleure solution pour assurer la résolution de mes problèmes, lors des prises de bonnes résolutions, une fumigation au soufre!
   De simplement l'écrire, déjà mon coeur explose de joie, tirer des coups, avec des canons de surcroît, pour commencer l'année, l'annonce sous les meilleurs auspices, m'évitant l'hospice sans regrets, même si les infirmières sont canons!
   Allez, bonne fin-bon début d'années, évitez de conduire si vous êtes trop nazes, je m'en fous un peu mais j'aurais bonne conscience en suivant votre cercueil!!!
    Bonne année à ceux qui ont envie qu'elle soit bonne et, dans un élan de générosité, aux autres aussi!

Ca ne marche plus.

   J'ai toujours aimé marcher, c'est le seul moyen de déplacement qui permet d'être attentif à d'autres choses que son chemin. Et j'aime autant laisser s'égarer mon regard que mes pieds!
   De plus, pour mon dos, c'est le seul traitement non-chimique qui me soulage, avec le cannabis herbacé, mais les docteurs refusent toujours de me le prescrire!
   Alors  je marche, pour muscler mon dos afin de soulager mes disques vertébraux, c'est terrible de constater que j'écris comme parlent les docteuses et les docteurs!
   Je joins donc l'utile à l'agréable, même en cette période de météorologie perturbée, il y a toujours au moins un rai de lumière qui justifie notre présence. Un coin de ciel bleu permet d'assister à la lutte que se livrent le vent et les nuages, c'est impressionnant de beauté malgré la violence affichée.
   Je m'approche de la bande côtière, mais les coups de vent rendent l'opération trop périlleuse, les embruns finissent de m'aider à retrouver la raison.
   Les parcs avec leurs pins trop bavards pour être audibles sont à éluder aussi, il ne me reste que les rues.
   Si elles n'ont pas ma faveur, elles offrent l'abri du vent et leur platitude un repos pour mon dos, alors je m'y engage, porté par le vent, le regard tourné vers les cieux et leurs tourments.
   Je retrouvais ma joie de l'observation, bien que seuls les nuages s'y prêtent, les rares personnes se pressant, de gros sacs en main, déjà tournées vers le réveillon, ne regardant que leur périmètre, n'offrent pas assez de variété pour être mis en mots!
   Je m'apprêtais à me tourner vers les cieux, lorsqu'une douleur pernicieuse se fit sentir. D'abord latente, elle éclata très vite en une douleur aiguë, me contraignant à l'arrêt, des larmes de douleur au bord des yeux.
   Après mes habituels étirements, je reprenais mon cheminement plein de confiance, mais très vite j'ai compris que j'allais regagner mes pénates au "pas de l'oie".
   Je ne veux pas m'étendre sur la douleur, elle est intime à chacun de nous, dans notre façon de la supporter comme dans celle de l'acceptation.
   Je ne veux que parler du sentiment confus qui s'est installé dans mon esprit quand je n'ai pas pu rattraper ce couple de personnes âgées qui ne faisaient même pas la course, puisqu'ils revenaient des courses!
   Mon corps, devant ma persistance à ne pas comprendre, a décidé de me contraindre à être calme et à apprendre à prendre mon temps.
   Mais, à peine ai-je écris un texte que déjà l'envie de bouger me contraint au mouvement, peut-être devrais-je écrire plus grand et debout?
 

samedi 30 décembre 2017

Ça me branche.

   Je lis un livre magnifique sur les arbres ( "La vie secrète des arbres". P.Wohllenben), il confirme la vision que j'avais de ces majestueux représentants de mère nature. Quelques textes témoignent de cet immense respect dont je faisais la preuve lorsque mon métier me contraignait à leur infliger quelques égratignures, voire à les abattre.
   Je ne savais pas, alors, que la science tendrait à confirmer ce, qu'instinctivement, toute personne qui a côtoyé de près les arbres ressent. Ils ne sont pas que de simples végétaux, ils communiquent avec tout être vivant qui a des informations importantes pour eux. Ceux qui "savent les écouter" les entendent parfois!
   Lors d'élagages utiles, j'entends par là nécessaires à l'équilibre de l'arbre, il m'est arrivé de me sentir accueilli par celui qui devenait, pour lors, mon hôte. A aucun moment de mon intervention je ne me sentais en danger, quelle qu'en soit la hauteur.
   Je peux bien vous avouer que je lui parlais avant que de grimper dans un arbre, lui expliquant les raisons de ma présence et le profit qu'il pourrait tirer d'un travail propre. Des habitudes prises suite à des lectures sur l'approche de la nature des Amérindiens et des Celtes, de la superstition en quelque sorte! Quoique, on grimpe dans, jamais sur, un arbre.
   Et voila qu'un livre qui semble parfaitement documenté, écrit par un professionnel passionné, vient me laisser à penser que c'était une démarche scientifique!!!
   J'étais déjà sur le point de me laisser tomber de l'arbre de la raison, si la science me pousse à sauter, il n'y a plus qu'un pas à franchir...et j'aime marcher!
   Ayant perdu conscience suite à ma chute, je me suis réveillé au beau milieu d'une immense forêt primaire, entouré de vénérables pluricentenaires, voir plus pour de rares spécimens.
   A L'aulne de mon éveil je me sens un peu gland au milieu de cette forêt d'hêtres vivants, qui forment une chêne de solidarité.
   Ils se sont mis au bouleau, il y avait beaucoup de pin sur la planche. Comme la forêt est sous un charme, elle ne frêne pas sa croissance car elle peuplier devant certaines exigences. Oseraie je dire qu'elle sait faire preuve de souplesse?
   Je ne savais plus houx donner de la tête, alors j'ai été ouvrir le robinier pour me faire une tasse de tilleul, puis manger un sorbier à la châtaigne allongé sur le saule.
   Mais les arbres, ne voulant plus que je leur casse les noisettes, menacèrent de me noyer dans leur verdure. Mais c'est surtout l'odeur de sapin qui m'a fait fuir!

vendredi 29 décembre 2017

Des espoirs.

   Un titre qu'il faut bien prononcer, il peut être mal interprété! Il est pourtant représentatif de ma situation.
   J'ai des espoirs quand à mon adaptation à mes problèmes, mais je suis au désespoir tant l'attente d'un diagnostic certain est longue.
   Alors je déambule, errant sans but véritable laissant au hasard le choix des directions. En ce jour, il avait pris la forme d'un vent si violent qu'il m'a contraint aux petites rues sinueuses.
   Cela offre l'avantage de permettre la découverte de lieux jusque là ignorés, des maisons basses, avec de sympathiques jardinets, parfois encore fleuris même en cette période hivernale, c'est à noter!
   C'est l'un de ces quartiers qui avaient été bâtis dans l'urgence de l'après-guerre, Lorient en a aussi, les Américains ayant, entre autres, rasé ces deux villes lors de la libération. Près de soixante ans plus tard, ils sont totalement intégrés dans la ville et en font un certain charme, l'urgence traitée avec intelligence la rend plus durable!
    Malgré tout, les cieux tourmentés restent ma seule attraction pour cette ville, les nuages sont si déchirés par les vents qu'ils laissent entrevoir un petit coin de ciel de temps en temps. Ce sont des visions fugaces tant l'air est brassé en tous sens, ce cher Éole soufflerait-il par tous ses orifices, narines et bouche, bien sûr...je n'entends pas de tonnerre!
   Puis, il suffit de quelques pas distraits, vous vous retrouvez en plein vent, prenant la place des nuages, vous voici ballottés au gré des vents tant leur souffle est puissant.
   M'éloignant de mon but premier, je suivais le vent, me laissant porter, laissant mon imagination s'envoler, libérée de tout souci terrestre, mon corps, empesé, contraint de rester en plein vent pour mieux la propulser.
   La joie est arrivée la première, me libérant de certains poids, puis mon âme a rejoint mon imagination afin de se mieux laisser porter par elle. M'emportant loin de ces contingences, si malignes en ces temps de questionnements, je pivotais la tête pour que le vent, s'engouffrant dans une oreille et ressortant par l'autre, puisse chasser mes dernières idées noires.
   La médecine peut penser et affirmer ce qu'elle veut, chez moi ça marche!!!
   Bon, le cerveau a besoin d'un petit temps de latence après, mais c'est les idées parfaitement claires que j'écartais les bras afin de mieux prendre mon envol. Ce n'est qu'après douze mètres cinquante-sept, environ, de course effrénée en battant des bras que je pris conscience, le souffle commençant à me manquer, que je ne savais plus voler!
   Mais, loin de me mettre au désespoir, cette nouvelle m'ouvre de nouveaux espoirs.
   Libérée de toute contrainte physique, mon imagination pourrait devenir effrénée, si je ne la laisse pas déborder certaines limites, comme mon nom de famille est Bordes, ce devrait être facile, sinon à quoi ça sert de le porter!!!
 

jeudi 28 décembre 2017

Le résistant.

   J'écoutais la magnifique chanson de Léonard Cohen en hommage aux résistants français face à l'invasion allemande.
   Il y a un détail qui m'a fait sourire, pour nous Français, ils étaient des résistants, pour les Anglo-saxons, ils étaient des partisans! Cela pourrait prêter à confusion pour un esprit simple...mais pas un simple d'esprit, n'allons pas ajouter à la confusion qui déjà me gagne.
   Ainsi, nos chers voisins d'outre-tombe, pardon mes doigts ont fourché, il est trop tôt, nos voisins d'outre-Manche disais-je donc, avant que d'être interrompu par mes doigts, pensent qu'une personne qui entre en résistance est partisane. On comprend mieux l'évolution malsaine de leur société, les Américains, dans leur outrancier cousinage ont été encore plus loin!
   C'est plus simple ainsi, nul ne peut plus être contre le système puisque plus on résiste plus on est partisan! J'espère que notre tordu de service ne va pas prendre conscience que l'Anglais n'est jamais que de l'ancien Français pour l'essentiel de son vocabulaire. Ils agissent vite, mais ils pensent lentement, ce doit être la raison de leurs folies destructrices!
   Comme nous sommes à l'opposé, nous pensons vite mais agissons lentement, cela fait de nous des résistants, je crains cependant que notre cher président ne soit partisan du système anglo-saxon, tout pour moi, rien pour les autres!
   Ce serait omettre un fait de la plus grande importance, d'autres souverains nous ont déjà fait le coup du peuple paupérisé pour que "l'état" puisse paraître. Si nous sommes partisans, ce n'est que de la résistance au dédain négligeant des dirigeants pour leurs peuples.
   Alors, de grâce, monsieur le président de la république de France, cessez de vous prendre pour une réincarnation de Louis le quatorzième, n'imitez point Philippe le Bel et, définitivement, monsieur François Mitterrand n'est pas une bonne référence.
   Vous semblez pourtant un homme intelligent, comment pouvez-vous penser que le système mondial est viable et qu'il faut qu'une majorité ne devienne l'esclave d'une minorité. Un état qui marche sur son peuple pour paraître plus grand ne peut durer que si le peuple est assez fort.
   Et un peuple n'est fort que lorsqu'il mange à sa faim, même la dernière semaine du mois!!!

Abandons.

   A l'entrée dans l'âge adulte, on se sent fort, presque irrésistible, puis la vie se charge de nous remettre à notre place, petit à petit.
   Mais les épreuves, même difficiles, ne nous ouvrent pas toujours suffisamment les yeux, il en est même certains qui pensent que ce ne sont que des expériences. Cela est vrai, mais il faut en tirer les conséquences pour qu'elles soient effectives.
   C'est là que, souvent, le bât blesse, nous en voulons aux autres plutôt qu'à nous-même, il est toujours difficile d'admettre sa propre responsabilité.
   Il faut pourtant en passer par une acceptation entière de l'échec pour que sa portée ne soit pas que négative.
   Alors nous pouvons cerner nos points faibles, ce qui nous ouvre les yeux sur nos capacités, donc nos points forts.
   La réussite se bâtit dans la durée par cet équilibre qu'il convient de trouver, certains n'ont pas besoin d'écueils pour y arriver, mais une majorité échoue avant que de réussir.
   Le secret est de ne jamais abandonner et d'avoir une bonne mémoire!
   Le plus difficile étant de ne jamais renoncer, l'abandon est proscrit, c'est ainsi qu'on avance, sans avoir à se retourner puisque l'on a pas oublié.
   Oublier c'est s'oublier. S'oublier c'est s'abandonner. S'abandonner c'est se perdre. Se perdre est un abandon de soi. Et l'abandon de soi c'est l'oubli!
   C'est ce qui donne toute sa valeur à la mémoire, elle s'oppose à l'abandon.

mardi 26 décembre 2017

Noël n'est pas un cadeau.

   En cette année si particulière, où j'aurais pu ne pas voir mes cinquante-deux ans, si les hasards avaient été moins heureux, il se trouve que c'est dans la solitude que je porte un regard neuf sur la vie.
   Noël est d'abord une fête de famille, mais je n'en ai plus, trois enfants devenus grands, une compagne dont je vis séparé, j'ai l'impression de m'être arrangé pour passer Noël sans famille.
   Alors me voici, accompagné par ma seule, mais si fidèle, solitude!
   Souventes fois muse inspiratrice, je me fie à elle pour trouver les mots qui sauront exprimer les sentiments qui m'habitent en ce jour de fête où je ne suis pas à la fête.
   Outre ma santé vacillante, il est des nouvelles qui semblent s'être mises au diapason, ainsi, ce Noël aurait pu se passer en compagnie de mon fils, mais je ne peux voyager seul en cette période d'incertitudes. Il me propose alors de venir, bonne nouvelle surtout qu'une amie me propose de me laisser son logement.
   C'était compter sans cette fatalité qui tant s'acharne à vouloir me nuire, la voiture de mon cher enfant l'a laissé tomber au plus mauvais moment.
   J'espère que les problèmes relationnels ambigus avec les automobiles ne sont pas génétiques, sinon il n'est qu'au début d'un défilé de véhicules divers et variés, qui, invariablement, finiront par lui faire défaut aux pires moments!
   Il m'aura fallu l'épilepsie et son interdiction de conduire pour faire cesser mes ennuis mécaniques, c'est tout vous dire!
   Je me suis donc retrouvé seul, mais la solitude est vite pesante sans autre compagnie, plus encore en ce jour particulier. J'essayais de sortir, mais le climat était si défavorable que même les enfants testant leurs jouets étaient peu nombreux.
   Mais il n'est nulle porte suffisamment amicale pour que j'y puisse frapper un jour de Noël, surtout les mains vides! Je retournais à ma solitude contrainte, avec tous ses questionnements qu'elle ne peut s'empêcher d'imposer, des cadeaux empoisonnés pour certains.
   C'est la magie de Noël!
 
 
 

dimanche 24 décembre 2017

Catas-logues.

   Je sais que je devais porter un regard neuf sur la vie, mais que voulez-vous, cet autre moi, qui supporte les problèmes de santé, a encore des velléités d'expression. Vu le caractère explosif du noble vieillissant que je deviens de plus en plus, il vaut mieux laisser libre court à mes résidus de haine sur certains sujets.
   Cela fait maintenant deux ans que ma santé défaillante me met en contact avec différentes variétés de spécialités médicales, je n'ai pu m'empêcher de les cataloguer. Et j'ai fait un constat incroyable, je ne m'entends presque jamais avec les spécialistes en "logue"!
    J'ai déjà exprimé mon rejet des psychologues, le peu de respect que m'inspire les rhumatologues, j'ai épinglé les neurologues il y a peu. Mais je me suis rendu compte qu'il existe, en médecine, d'autres spécialités ayant de vrais problèmes de communication.
   Au hasard, les radiologues, ils sont maintenant divisés en différentes catégories, selon le type d'examen. Les plus abordables, ceux qui expliquent le mieux en tout cas, sont ceux chargés des radiographies.
   Comme cela ne suffit jamais, la suite se passe en compagnie des préposés au scanner, seul endroit où il y a autant de femmes que d'hommes! Là, tout est feutré, jusqu'aux paroles, les résultats nous sont toujours transmis ultérieurement par un médecin autre que radiologue, le scanner rend muet!
   Puis, suite à l'incurie des premiers examens, il faut passer par l'imagerie à résonance magnétique. Là encore, les intervenants ne ressemblent pas aux autres, d'abord ils sont souvent plus jeunes, souriants, prévenants. Les explications sur l'examen à subir sont précises, on sent une certaine crainte de mes potentielles peurs. Un simple :"tout va bien" conclut l'examen.
   Là encore, puisque le scanner a dit que tout allait bien, il faut aller jusqu'à l'échographie, je ne puis m'empêcher de penser :"pourvu que je ne sois pas enceinte"! Je suis vite rassuré, c'est à mon cerveau qu'ils en veulent, le radiologue spécialisé a une particularité, il ne sait pas parler. Chaque questionnement a dû se contenter d'un grommellement pour réponse, "grmblmblm", ne puis-je m'empêcher de penser!
   Je préfère éluder les urologues et les proctologues, leur nom à lui seul suffit à déclencher des crises d'hémorroïdes! Même s'ils sont des hommes de coeur, je ne veux pas voir de cardiologues et être gastronome ne fait pas de moi un adepte des gastro-entérologues! Je n'ai aucune addiction pour les addictologues, ce qui prouve, peut-être, leur efficacité.
   Tout cela n'est pas très grave car, à mon grand soulagement, le prochain spécialiste est un dentiste, heureusement l'étymologiste ne l'a pas nommé dentologue!!!
 

Intégrité.

   J'aimerais beaucoup qu'elle me soit rendue, dans son intégralité, mais c'est peine perdue, j'intègre un monde nouveau où les actes ont des conséquences...immédiates!
   En ce jour anniversaire, j'avais un peu le moral dans les chaussettes alors je n'en ai pas changé, l'odeur a fait remonter mon moral! D'ailleurs, peu de temps après, j'ai été sollicité pour assurer la garde de Lou, six ans, pendant l'après-midi, j'ai accepté de bon coeur, c'est une bonne copine.
   Bien m'en a pris, le sourire et l'énergie de ma protégée m'a protégé de la tristesse de ne pas fêter ce jour avec au moins un proche.
   Munis de son "skate", planche à roulettes pour moi, nous avons entrepris d'accélérer son apprentissage par l'exemple. Après avoir rejoint un lieu dédié, avec des obstacles adaptés à différents niveaux, 
   Mais ma charmante compagne refusant de prendre confiance, même fermement tenue, je décidais alors de lui prouver que c'était sans risques. 
   Ma franchise me contraint de reconnaître que la petite avait raison, il y avait des risques!
   Après m'être remis d'une chute sans véritable gravité, grâce au magnifique gâteau d'anniversaire aux graines de platane, feuilles de trèfles et fleurs de pissenlit, confectionné par ma chère Lou!
   L'innocente gentillesse des enfants a, souvent, un prix, là ce fut un retour à la case départ en poussant la miss assise sur son skate. Seulement le chemin était long, très long, trop long et mon dos est douloureux, très douloureux, trop douloureux pour qu'une enfant ne se rende pas compte du souci.
   Après le gâteau, la gentillesse et le soin dont a fait preuve cette chère enfant ont achevé d'effacer toute douleur, qu'elle soit physique ou morale.
   Voila, j'ai fait ma bonne action et le père Noël m'a apporté mon cadeau en avance, pour une fois que ça marche!

samedi 23 décembre 2017

La renaissance.

   J'ai trouvé le moyen de ne plus fêter mon anniversaire, il suffisait d'en changer le nom, ce sera dorénavant le jour de ma renaissance!
   Comme il y a peu de chances pour que ma maman accepte un véritable retour aux sources, je me contenterai de retrouver un regard neuf sur le monde, tel le nouveau-né que je fus, il y a cinquante-deux années.
   Le premier bienfait de cette nouvelle vision du monde devrait me permettre de faire la grasse matinée, vu que mon dos ne me forcera plus à me lever! Bon, ça ne durera que le temps de faire mes étirements, mais adopter de bonnes habitudes dès la naissance me permettra de mieux vieillir, je veux dire plus tard, quand je serai vraiment vieux...dans cinquante-deux ans!
   Je crains cependant de devoir limiter le rajeunissement à mon regard, j'en aurais la confirmation de bonne heure demain matin, parce que je n'ai pas poussé le vice jusqu'à attendre l'heure du réveillon pour apparaître, cela fait cinquante-deux ans.
   Ainsi, ouvrant les volets pour la première fois, je découvrirais un étrange lieu, appelé magasin, où, dès potron-minet, des gens se ruent l'air décidé. D'autres, déjà, en sortent poussant d'étranges chariots remplis de victuailles à ce qu'il me semble. Tout le monde paraît vouloir fêter un événement, mais ce ne saurait être ma naissance puisqu'elle date de cinquante-deux ans!
   Puis, pour justifier l'orgie du soir, on me parlera d'un homme qui serait né d'une maman vierge, mais il devait s'agir de son signe zodiacal, dont on fête la naissance parce qu'il a prôné l'amour de tous les gens.
   Je suis content, ma renaissance se fait dans un monde d'amour et de respect, mais je vais peut-être lire ce livre qui raconte sa vie. Il y a beaucoup d'ambiguïtés dans son histoire, encore n'en ont-ils gardé que quatre versions parce que les huit autres étaient différentes! La seule certitude que j'en ai, c'est que l'enseignement de cet homme n'est pas celui qui est transmis par ses pseudo-héritiers. Un autre détail semble, à peu près, certifié, c'est qu'il n'a pas vécu jusqu'à ses cinquante-deux ans!
   Voila, en attendant que je découvre le nouveau monde, je vais vous laisser préparer la fête pour ma naissance, ou celle l'autre, si vraiment vous y tenez!

La lettre à mon papa.

   J'ai longtemps reculé ce moment, le craignant autant que je le désirais, sans doute ne voulais je pas qu'il ne soit qu'une lettre vengeresse, il fallait que mon pardon soit entier et sincère. Certes, j'aurai attendu de tomber malade pour y arriver, mais c'est ce malheureux hasard qui m'a permis d'ouvrir enfin les yeux.
   Ce pardon ne peut, cependant, inclure les coups, même s'ils ne sont que l'expression maladroite de ton affection et de l'attention que tu nous a toujours portées, papa, il est des douleurs que je ne puis omettre.
   L'obéissance était une qualité essentielle à la préservation de nos épidermes fessiers, tu avais toujours raison, quelles que soient les raisons. Mais ces méthodes laissent trop de traces, physiques ou morales, pour être acceptables, l'autorité vraie ne peut s'obtenir par la violence.
   Je n'attends, ou plutôt, nous n'attendons, mes frères et moi que ta demande pour te pardonner ces violences, tu le sais bien.
   Mais je ne veux voir que mon papa, celui qui nous a accompagnés dans nos activités sportives, qui a été attentif à notre bonne éducation. Tes farces et plaisanteries nous ont appris à rire de nos propres défauts ou soucis, à pratiquer la résilience jusqu'à ce qu'elle confine à l'oubli, je ne suis toujours pas sûr que ce soit une qualité, d'ailleurs!
   Tu as fait de nous des hommes solides comme des rocs, que même les épreuves de la vie n'ont pas fissurés. Le problème, c'est que pour pénétrer un roc, il faut un marteau et un burin!
   Ainsi, la période troublée que je traverse m'a ouvert les yeux sur une terrible réalité. La facilité avec laquelle je m'adapte aux situations de crise est aussi celle qui m'empêche de m'installer durablement.
   Ne pas réussir est devenu le seul acte de résistance à ton autorité, je te dois ce que je suis, un homme qui ne laisse que des souvenirs derrière lui.
   Ma seule réussite vient de mes trois enfants, de la bonne éducation que je leur ai inculqué et de la non-violence à laquelle j'ai su me contraindre. C'est grâce à toi, bien que ce ne soit qu'une forme de "résistance passive", j'ai toujours su canaliser ma violence physique. Merci à toi, même si c'est à cause de toi, plus que grâce à toi, papa!
   Les défauts de ton système d'éducation ont fait les qualités du mien, mais ce sont mes défauts qui m'ont ouvert les yeux sur tes qualités!
   Alors voila, mon papa, ces quelques lignes sauront, je l'espère, te convaincre de l'amour que je te portes puisque tu es mon papa.
   Je t'aime, ton fils,
                                 Alain
 

La lumière des fêtes.

   L'américanisation de notre société n'a pas trop accroché sur les décors de Noël, il y a de moins en moins de maisons ou lieux de vie privés qui sont extérieurement décorés.
   Ce qui permet de se rendre compte que des décorations d'intérieur sont, par leurs discrètes apparitions, beaucoup plus dans l'esprit de cette période qui devrait n'être la fête que pour les chrétiens!
   Je profite de la nuit qui, très tôt, bien avant la fermeture des volets, contraint les lumières de s'allumer, permettant au regard du déambulateur de voler discrètement un peu de l'intimité des chaumières.
   Il y a peu d'endroits qui n'aient ne serait-ce qu'une ou deux décorations, rappelant que c'est Noël, j'avance le cœur réchauffé par ces lumières douces.
   Un simple regard nous ramène à des souvenirs heureux de notre enfance ou de nos enfants, à ces moments de joie vraie que nous avons tous éprouvés un jour.
   Au fil des pas, la flamme se rallume, se remettant à briller dans un cœur vrillé, éclairant le regard éteint, les lumières raniment la lumière.
   Les moments de vies volés par de discrètes œillades permettent de se rendre compte qu'il n'est pas que les chrétiens pour participer à l'illumination des intérieurs!
   D'ailleurs, les sourires enfantins n'ont pas de religion, si ce n'est celles que leurs parents leur imposent, et les regards brillent autant quels que soient les yeux qui les portent face aux jouets, lumières encore!
   Voila, je finis ma promenade par quelques courses, là aussi, les lumières de Noël brillent, mais elles ont une clarté aveuglante. Après la discrétion des intérieurs, je suis ramené brutalement en pleine lumière!
   Mais ils n'éteindront plus la flamme, Noël, quoiqu'ils fassent, restera la fête de l'amour.

jeudi 21 décembre 2017

Enchaînements déchaînés.

   Nous sommes en pleine préparation des fêtes de fin d'année, enfin pas tous, il en est pour qui ce n'est pas la fête. J'aurais attendu d'avoir cinquante deux ans pour vivre le réveillon tout seul, il aura suffit d'un simple enchaînement de faits.
   Nous devions nous retrouver, mon fils et moi, afin de passer Noël ensemble, mais un déchaînement d'éléments contraires est venu jeter le trouble dans la partie.
   Ce fut d'abord une incapacité de ma part, les troubles liés au traitement de l'épilepsie sont par trop instables pour me laisser toute latitude aux déplacements. Nous convenions donc d'un déplacement de mon fils, mais c'est sa voiture qui l'a laissé dans l'embarras, les frais engagés ont fini de refroidir les ardeurs filiales!
   Ce n'est qu'une fois le téléphone raccroché que je me suis rendu compte de ce que signifiait cet enchaînement de nouvelles, le risque de déchaînement de ma tristesse, déjà latente.
   Une chose est sûre, cette année restera comme la pire de toutes celles que j'ai connues. Après la défection de mon dos l'année dernière, l'épilepsie pour celle-ci, vivement l'année prochaine!!!
   Et là, cerise sur le gâteau (d'anniversaire), je vais passer Noël tout seul, mais cela ne me rend pas triste pour autant. Pour une fois, je peux prendre une vraie distance avec ce consumérisme excessif, hypocritement déguisé en fête religieuse.
   Mais ce n'est pas mon sujet de ce jour, je suis encore sous le coup de la mauvaise nouvelle, la gorge serrée, les larmes aux bords des yeux, l'esprit au bord du gouffre...
   Pute vierge de nom de zeus de sort contraire de mes...parties génitales! Je ne vais pas, en plus, y perdre ma dignité!
   Bon, il y a un côté positif à cette affaire, n'ayant pas à fêter mon anniversaire, je ne vieillirais pas cette année! Et gagner un an, avec la célérité dont fait preuve ma santé pour se dégrader, ce peut être plus que bénéfique!

Rapports médicaux.

   Une épilepsie aussi tardive qu'incongrue essaie de nuire à ma perfection, elle ne s'en sort pas trop mal, malgré la résistance que j'essaie de lui opposer.
   Contrairement à mes problèmes dorsaux qui m'ont été expliqués de façon précise par un très compétent ostéopathe (profession à peine reconnue, soit dit en passant!) et que je peux donc maîtriser par un comportement adapté, mon épilepsie se heurte au manque d'honnêteté intellectuelle des neurologues.
   La méconnaissance de cette maladie les rend maladroits, mais ils refusent d'admettre leurs incompétences de peur, sans doute, d'effrayer leurs patients.
   Ainsi, la source inconnue de mes crises d'épilepsie contraint la médecine à se livrer à de nombreux tests me transformant, malgré moi, en victime expiatoire de la recherche médicale tâtonnante! Ce qui me gêne le plus dans cette situation, c'est le manque d'ouverture d'esprit quand au choix des pistes à explorer.
   La neurologie en est aux prémices des découvertes du pouvoir extraordinaire du cerveau humain, nous pourrions penser que les spécialistes sont des gens curieux et attentifs aux interconnections des différentes parties de notre corps, qui n'est qu'un tout ce me semble.
   Mais non, nous avons eu diverses conversations sur ma vie passée, afin d'y trouver de potentielles sources d'empoisonnement de mon organisme. Hormis quelques surprises sur le degré d'agression de certaines professions ou activités pratiquées, aucune piste sérieuse n'est ressortie de ces entretiens.
  Je parlais alors de mes problèmes dorsaux, ainsi que de l'état déplorable de ma dentition, de mes acouphènes permanentes aussi, mais je me suis heurté à ce sourire narquois du spécialiste face à ce qu'il prend pour de la naïveté.
   Je suis convaincu que la médecine moderne a évolué dans sa communication, ayant compris que c'est par l'écoute attentive du patient que se résolvent beaucoup de soucis de santé. Ma très compétente jeune médecin traitant en est la meilleure preuve, en m'écoutant, elle m'a apporté les réponses à mes questionnements et n'a pas éludé les rapports possibles entre mes différentes affections.
   Si tout se passe bien, je n'ai plus qu'un seul rendez-vous avec Pocahontas, ma neurologue disneyphile, et il ne me servira pas à apprendre des nouvelles sur la source de mes maux, je le sais par les aveux arrachés à "lunettes roses", son collègue. Je n'honore cette dernière rencontre que pour la convaincre de nous laisser, ma toubib et moi, explorer les pistes qui leurs semblent désuètes à eux, les spécialistes si spécialement spécialisés que ça les rend spéciaux, si ce n'est spécieux!
   Je sais que j'aurais encore de nombreux rapports avec la médecine, mais je ne me ferai le rapporteur que des rapports affectifs, entendez par là ayant un rapport avec mes affections non amoureuses!

mercredi 20 décembre 2017

Destination.

   Je fais partie de ces personnes qui pensent que nous avons un destin qui est tracé, même si je pense que ce n'est qu'une trame et que le scénario nous appartient. Mais, il est un élément qui reste le dernier décideur, c'est le temps, qu'il soit celui qui passe ou celui qu'il fait et je ne parle pas de celui qui reste!
   Ainsi, le temps passant, le corps ne semble plus être raccordé à la tête, il y a une discordance dans la relation qui influe sur le destin. J'ai, depuis quelques temps, l'impression que le corps vieillit plus vite que la tête, beaucoup plus vite dans mon cas particulier!
   Je pensais pouvoir continuer à louvoyer au gré de mes envies ou nécessités professionnelles, choisissant le nouveau métier qui me sortirait de l'ennui, voire des ennuis au gré de mes envies.
   Le destin a placé une première limite à cette liberté, mon dos m'a fermé des portes, celles de la dépense physique en premier lieu, si vitale pourtant.
   Il existe de nombreuses façons de faire bouger son corps, sans pour autant nuire à son dos, ces compensations me semblaient suffisantes pour accepter des activités peu contraignantes physiquement. Vous aurez noté que je ne parle plus de "boulot de fainéant", j'évolue, enfin je crois!
   Mais le destin est un incorrigible farceur, il a donc placé un deuxième obstacle afin de me contraindre à accepter l'immobilisme de mon corps. Je dois accepter de ne dépenser mon énergie qu'intellectuellement, mais simplement l'écrire est déjà difficile!
   La nécessité de mouvement refuse de me laisser en paix, mon esprit n'a aucune autorité sur mon corps, je n'ai que la douleur comme frein. Peut-être est-ce la raison de mon amaigrissement, mon corps s'efface doucement pour que la tête comprenne qu'elle doit assurer les dépenses.
   Naturellement dépensier, je ne devrais pas errer trop longtemps dans les méandres tortueux de la prise de conscience. Mais que faire de ce corps qui n'est plus qu'un support pour la tête et les jambes, ainsi que les bras, sinon je ne vous écrirais plus!
   Le pire est que les organes internes semblent être en bon état, ce n'est qu'un problème de carrosserie, mais il suffit à m'immobiliser.
   Si je veux retrouver une destination, il me faut reprendre mon destin en main en prenant le problème à bras-le-corps mais avec la tête!
   Le chemin est moins sinueux, mais un peu plus tortueux, sans doute pour que j'apprenne la lenteur!

mardi 19 décembre 2017

Le professeur.

   J'ai fait un constat étonnant en me renseignant sur une nouvelle profession liée à l'enseignement, le mot qui désigne les enseignants est à double sens!
   Un professeur est-il celui qui apprend ou le pro-fesseur qui est un adepte de la fessée?
   Ce fut une révélation si forte qu'elle ressemblait à une prophétie, je décidais d'en tirer profit pendant que je traçais mon propre profil professionnel, sans concessions comme une confession.
   En toute probité (non, je ne mettrais pas le tiret!), je procédais sans procédé, comme un promeneur mais je n'aime pas les meneurs pour autant! Profitant de mon statut protecteur, je ne protégeais pas mes arrières, me livrant à la providence, comptant sur la probabilité d'une solution proche à mes problèmes.
   Mais il me fallait suivre une procédure qui prône un processus progressif sans pour autant être processif. Ne voulant pas profaner (non, je n'aime pas faner!) les programmes établis, je ne proférais pas trop de protestations provocantes.
   Pourtant, il me semblait logique de faire de la provocation en cherchant une vocation!
   Mais il faut se prosterner pour prospérer et ne pas devenir prostatique, qui n'est pas quelqu'un qui aime l'immobilité. Si ma prose n'est pas proscrite, elle sera le propylée de ma propulsion dans la propédeutique! Ce qui ne signifie nullement que j'aime piler mes pulsions pédeutiques!
   Je ne serais jamais un proctologue et encore moins un procureur pro-cure, si je deviens prodigue, cela ne va-t-il pas boucher mon horizon?
   La profusion de professions provoque la prolongation de mes problèmes de prolixité et je n'en suis qu'au prologue.
   Je veux ici faire la promesse (sans aller à l'église!) que l'année prochaine (non, je n'aime pas être enchaîné!) je me serais procuré (non, définitivement, non!) les moyens de proclamer ma réussite parce que, oui je suis pro-clameurs!

Le droit de mourir.

   Je suis contraint d'écouter la radio tant que mon hébergeur est présent, il dort énormément, mais je subis plusieurs heures de conversations pas toujours dignes d'intérêt, voire pire. Je pensais que ce n'était qu'une peur du silence, mais même une musique de son choix ne peut lui convenir. Comme tous ces gens qui allument la télévision pour se sentir reliés à la réalité, alors qu'ils ne regardent ni n'écoutent ce qu'il s'y passe.
   Mon problème tient au fait que, non seulement j'entends, mais j'écoute ce qui se dit et ce n'est pas toujours très reluisant!
   Cependant, il est une constante dans ces discours, c'est au moment des informations que c'est le plus marquant, c'est toujours excessif!
   Chaque information se doit d'être sensationnelle, jusqu'aux discours de notre président qui sont toujours si "novateurs" et quel sens de la repartie! Ainsi, tout au long de la journée s'égrènent des informations sur de "formidables" avancées, technologiques, sociétales et autres qui vont, dans les années qui viennent, bouleverser nos vies...mais seulement si nous sommes riches! Ah, non! Ça, ils ne le précisent pas!
   Ainsi en est-il de la pauvreté et de la misère, elle se déroule très loin de nous, mais elle est toujours pire que la nôtre. A nos immeubles vétustes aux loyers hors de prix, on nous oppose des tentes dans des montagnes enneigées. A nos soucis de violences, on nous oppose les peuples dans les tourments de la guerre.
   Je crains pourtant que ce ne soit pas le pire. Que penser de l'exhibition quotidienne des morts de tous acabits? Des cadavres plein les placards, de toutes formes, de toutes les couleurs, de tous les âges, même si les enfants ont leur préférence!
   Le même discours est tenu partout, il ne faut annoncer que des mauvaises nouvelles. Ce que je n'arrive pas à comprendre, c'est l'aveuglement dans lequel sont maintenues les masses par ces images de mort.
   Ainsi, nous sommes arrivés au stade ultime, la mort de deux personnes connues efface les autres, un accident de la route, comme il en arrive tous les jours, fera disparaître le meurtre de Palestiniens désarmés par des militaires israéliens surarmés. Il ne faut pas pleurer trop longtemps un sujet, les morts doivent se succéder à tout prix.
   Alors, j'aimerais bien comprendre ce qui motive les décideurs à nous imposer un tel déploiement de morts, mais il faut  admettre que ça fonctionne, il n'y a qu'à regarder le nombre grandissant de cadavres ambulants, les yeux fixés sur l'écran de leurs téléphones...

lundi 18 décembre 2017

Inactivisme.

   Je suis obligé d'inventer un nouveau mot pour définir un type de comportement pourtant aussi vieux que le monde, depuis qu'il s'est érigé en société.
   Comme son énoncé le laisse présager, c'est une autre façon de définir la passivité, car elle est, ici, érigée en art de vivre.
   C'est peut-être lié à l'environnement dans lequel je suis contraint d'évoluer en ce moment, mais j'ai une impression de lassitude générale. Les conversations sont devenues ouatées, quel que soit le lieu où elles se tiennent, plus de passions exprimées haut et fort, même les colères sont chuchotées!
   D'ailleurs, les récentes manifestations anti-gouvernementales n'ont déplacé que peu de monde, les lanceurs de pierres Palestiniens ont à peine exprimé leur colère contre Donald la Trompe, tandis que le reste du monde faisait à peine semblant d'être offusqué.
   Jusqu'à notre élection présidentielle où il n'y a qu'une moitié des électeurs qui se sont exprimés, cela ne nous offusque pas plus que le peuple américain apprenant que ce n'est pas la candidate, pour qui ils ont majoritairement voté, qui est leur présidente.
   Alors, comme des journalistes qui ne posent plus de questions qui fâchent, une majorité du peuple passe son temps à accepter l'inacceptable, puisqu'il n'est plus possible de le refuser, il s'impose!
   Pour donner le sentiment de révolte, les pouvoirs s'appuient sur les médias où, de temps en temps, on reçoit un "révolté", en s'arrangeant pour lui faire perdre sa crédibilité par la débilité des autres intervenants.
   Mais comme les organismes qui dénoncent des exactions sont dénoncés comme pervertis par ceux-là même qu'ils ont dénoncés, cela provoque la renonciation de potentiels volontaires à la résistance.
   Une autre façon de se croire agissant est de signer l'une des forts nombreuses pétitions circulant sur internet, trop nombreuses pour que l'une d'entre elles ne sorte du nombre!
   De fausses activités pour masquer l'inactivité dans laquelle sont entretenus de potentiels acteurs de révolte.
   Mais cet inactivisme, comme je prétends le nommer masque une autre réalité, à force de ne pas bouger, les gens ont le temps de se rendre compte de leur environnement proche.
   Ils se mettent alors à échanger, dans tous les sens du terme. En se rapprochant, ils se raccrochent à des valeurs d'un autre temps.
   Les relations de bon voisinage étaient leur nom, agir ensemble étaient leur don, j'espère juste qu'elles sont de retour pour de bon!
 

dimanche 17 décembre 2017

Je suis malade!

   C'est encore une journée maussade qui s'annonce, je ne sais pas si c'est lié à la ponction lombaire mais mon dos a décidé de se rappeler à mon souvenir!
   Il serait vain de décrire le ressenti, il n'appartient qu'à moi, mais c'est si intense que je ne puis masquer la douleur lorsqu'elle se présente. Où que je sois, quoi que je fasse, les larmes de  la souffrance s'écoulent sans que je n'y puisse rien. C'est comme une paralysie temporaire, plus rien ne compte que trouver une position qui arrête le mal.
   Je n'ose plus aller marcher, je fais mes courses dans la peur, ne pas exhiber mes maux était mon dernier rempart mais c'est par ses fondations qu'il cède.
   Alors, me voici, je viens écrire ce que je ne sais ressentir, je suis malade. Plus jamais je ne pourrais être fou, je suis passé de jeune à vieux sans transition.
   Mon corps refuse toute sollicitation, il contraint mon cerveau à accepter ce nouvel état de fait mais j'ai le cerveau lent, c'est pour ça que je plane souvent!
   Là, je me retrouve cloué au sol, mais je continue de battre des ailes, même si c'est vain ça maintient une forme d'espoir.
   Et, ce matin, il est trop douloureux de faire le moindre mouvement, mais il est aussi dur de ne rien faire, quel que soit le sens dans lequel on le prend, le problème n'est que douleurs.
   Alors, j'ai arrêté de battre des ailes, je vais devenir immobile jusqu'à ce que la douleur s'efface. Puis je tenterais de ralentir jusqu'aux battements de mon coeur pour ne plus agir que dans la lenteur protectrice.
   Merde, rien qu'en lisant la précédente phrase, ça me fait déjà "mal au cul"! Bon, tant pis, je n'ai plus qu'à faire taire mon dos, cela ne devrait pas être si compliqué, après tout, il n'a pas de bouche!
   Mais, rassurez-vous, je vais continuer d'essayer à apprendre à être malade!

samedi 16 décembre 2017

Tu seras, peut-être, un homme mon fils.

   Cette nuit, j'ai, de façon irréfléchie, épinglé un peu légèrement les avancées de la science médicale. Mais la nuit porte conseil et ce matin, j'ai pris conscience de l'ampleur du drame qui s'annonce!
   J'ai un fils de vingt ans, l'âge de tous les possibles, de tous les éveils mais notre société a décidé que cela avait assez duré, les hommes sont devenus la bête à abattre!
   Attaqués dans notre virilité par les féministes et leurs agressions subies, ou ressenties comme telles face à certaines maladresses masculines. Certes, ces hommes vils existent bel et bien, mais pourquoi est-il nécessaire de tout amalgamer, provoquant une confusion qui ne peut rien apporter de bon?
   Et voila que la science vient annoncer aux hommes que la simple éjaculation va les plonger dans les affres de la maladie!
   Alors, j'ai tenté de me mettre dans la peau du jeune homme de vingt ans d'aujourd'hui, avec tous les codes d'une société régie par l'image des séries télévisées et des médias en général.
   C'est le matin, je vais aller travailler, je suis paysagiste, je fais des jardins, c'est mon premier emploi depuis que j'ai fini mes études. Je me suis acheté une voiture, un coupé sport un peu vieux mais elle a encore de quoi attirer l'oeil. Après une demi-heure dans la salle de bains à parfaire mon look, au cheveu près, je bois un jus de fruits et c'est parti.
   Je croise ma voisine, jolie demoiselle à peine plus âgée que moi, je la salue sur un ton enjoué et souriant, elle marmonne une réponse, bon, elle n'est pas du matin! Arrivé au travail, je salue la secrétaire, une quadragénaire récemment divorcée qui semble en vouloir à tous les hommes, en tout cas son regard n'invite pas à la conversation. Les salariés plus âgés engagent la conversation avec elle jusqu'à ce qu'une remarque sur sa tenue ou son allure la force à obtenir un peu de respect!
   Je n'ai pas de copine attitrée, plusieurs filles gravitent dans mes pensées, on est vite distrait à vingt ans! Mais il faut que j'adopte un comportement adapté à chacune d'elles, comme toute notre génération, nous avons été éduqués dans le sens d'une égalité vraie entre les femmes et les hommes. Du coup, les filles se sentent supérieures et ne semblent s'épanouir que dans la domination des mâles.
   Le seul moyen de s'en sortir est de laisser son côté féminin apparaître et elles redeviennent de vraies femmes avec toutes les sensibilités que cela comporte, sans ambiguïtés féministes!
   Comme s'il n'était pas assez compliqué de jouer à l'homme sûr de lui et viril, tout en faisant montre d'une sensiblerie non-feinte, la médecine vient nous dire qu'il ne serait pas bon pour la santé d'avoir une sexualité normale!
   Les femmes qui nous ont pris en grippe se serviraient de la sexualité pour nous affaiblir plus encore, nous autres pauvres hommes!
   Voila, mon cher fils, il n'était déjà pas facile de devenir un homme, mais là, il te faudra, en plus, apprendre à féminiser ta virilité tout en restant aussi solide qu'un roc. Face à des femmes qui ne seront séduisantes que pour la forme, puisque même le compliment sera une agression potentielle, il te faudra t'asseoir sur tes désirs au risque...d'avoir le nez qui coule!

J'ai con...science!

   Dans ma quête d'informations sur l'épilepsie, je tombe parfois sur des informations médicales de premier ordre, de ce genre de nouvelles qui donnent une confiance aveugle dans la science!
   Comme je suis en plein doute sur les réelles capacités de mes deux noeud-rologues quant à trouver une source autre que mystique à mon affection, je me suis dit qu'il me fallait aller chercher du côté des chercheurs!
   Alors, j'errais sur cette intarissable source qu'est internet afin d'y trouver l'inspiration, mais point besoin de chercher que déjà je trouvais! Comme si les informations étaient raccordées à mes désirs, voila que deux grandes avancées médicales sont dévoilées au public!
   La première me confirme que le précédent texte était prémonitoire, il n'y a aucun avenir comme jointoyeur. En effet, de savants scientifiques ont découvert Le médicament qui permettra de lutter contre l'addiction au cannabis! C'est une très grande découverte, issue de plusieurs années de recherche, une drogue chimique pour lutter contre une drogue naturelle!
   Il faut reconnaître que, pour quelqu'un qui cherche à se rassurer sur la recherche médicale, j'ai deux raisons d'être perplexe. D'abord, je ne pensais pas que l'on pouvait tomber en addiction avec le cannabis, je suis très naïf, il est vrai!
   Mais, si je me base sur ma propre expérience, entouré de gros consommateurs, ayant moi-même parfois outrancièrement consommé ce genre de produits, jamais, je dis bien jamais, je n'ai entendu parler de plus qu'un léger mal-être de quelques jours. Alors, simplement croire qu'il est possible d'être en addiction autre que mentale n'est pas très dignes de médecins dignes de ce nom!
   Heureusement, ma confiance dans la médecine moderne et ses techniques de recherches de pointe, aidée par le développement des imageries informatisées a été renforcée par une autre découverte essentielle!
   Après seulement une quinzaine d'années de tâtonnements, de vrais médecins vont permettre une grande avancée de l'humanité dans sa quête de bonheur absolu. Ils ont résolu le plus grand problème de tous les couples, à savoir, comment gérer l'incompréhension post-éjaculatoire propre à tant de couples!
   En fait, nos doctes scientifiques, après avoir observé des hommes qui se masturbaient, ont fait le constat que c'est ainsi que l'on attrapait la grippe! Bon, j'exagère peut-être un peu mais c'est, à peu près, du "post-coïtum, animal triste"! Vous voyez, mesdames, si l'on semble vous prendre en grippe sitôt l'acte consommé, ce n'est pas de notre faute!
   Le plus délirant, c'est qu'ils disent avoir obligé une trentaine de volontaires à se masturber sans aller jusqu'au bout, pendant un mois!!! Mais ils ne parlent pas du nombre d'explosions en vol!
   Je vous concède que ce n'est sans doute pas une des découvertes qui restera dans les annales!
   Mais je ne puis m'empêcher de penser que le prochain voisin que j'entends renifler risque plus de me faire sourire que d'avoir pitié! D'ailleurs, en cette période froide, les faits donnent raison à la science. Les gens se réchauffent de façon écologique beaucoup plus facilement, j'en veux pour témoins tous ces hommes qui reniflent à longueur de journées!
   Par dessus tout, ces deux grandes avancées de la science médicale me rassurent sur les chances de découvrir les causes de mon épilepsie, même si le sujet est de moindre importance!

vendredi 15 décembre 2017

Le jointoyeur.

   C'est une personne ayant en charge de faire les joints disent des dictionnaires, d'autres parlent de les remplir, cela entretient une certaine confusion!
   J'ai donc entrepris des recherches, il me faut trouver un nouveau métier et celui-ci m'a interpellé. L'idée de faire des joints jusqu'à ma retraite avait, d'emblée, tout pour me plaire!
   Après avoir rejoint un conseiller que j'avais joint et qui m'avait enjoint de le rencontrer afin de faire le point sur ma capacité à faire des joints, j'ai compris que je m'étais fait rouler!
   Devant mon visible désarroi, il me dit qu'il existe bien des lieux dédiés où on peut faire des joints, il m'a parlé de "coffee-shop" mais n'a pas voulu m'en dire plus!
   Bien qu'anglophobe, je compris le message caché et ce n'est que devant l'éclat de rire du torréfacteur que je me rendis compte de ma méprise.
   Il me revint alors en mémoire qu'il était aussi question de remplir les joints dans les définitions, je me mis en quête d'un dealer.
   Mais il me dit qu'il n'avait aucun besoin d'un jointoyeur en herbe! Je lui répondis que j'avais de l'expérience dans les joints, outre ceux de maçonnerie, j'ai même changé un joint de culasse un jour.
   Mais, loin de le convaincre, il m'a enjoint d'aller me les rouler ailleurs, alors je lui ai pris un peu d'herbe et j'ai joint l'utile à l'agréable....d'où ce texte enjoué!

jeudi 14 décembre 2017

En pire.

   Ce fut une triste journée
   Par la maladie affectée
   Passant le temps à lutter
   Je ne l'ai pas vue passer

   Amour qui tant m'habite
   Derrière toi je m'abrite
   De cette vie qui s'effrite
   Avant qu'elle ne m'irrite

   Maladie, de pire en pire
   Tu étends ton empire
   Mais je te vois venir
   Me préparant d'en rire.

   Voila, je laisse ma colère s'exprimer en agressant la poésie, elle sera ma seule victime, je me sens déjà mieux!
   La littérature pour médicament, à mon prochain coup de mou, ce sera la philosophie qui me servira d'exutoire!

Tomber de son lit.

   En ces temps d'incertitudes, je n'ai rien d'autre à faire qu'attendre des résultats qui ont de fortes chances de ne donner aucun résultat. Il en résulte qu'hormis quelques occupations, je passe mon temps à regarder le temps passer. J'en profite parfois pour vagabonder dans mon passé afin d'essayer de mieux comprendre mon présent, qui n'est pas un cadeau. Pourtant c'est bientôt mon anniversaire, mais je ne suis pas à la fête!
   Je devrais dormir afin de passer plus de temps dans cet oubli de soi, mais mon corps se fait fi des désirs de ma tête. Il profite de mes douleurs dorsales pour me contraindre à l'éveil et à la mobilité, me jetant hors de mon lit dès qu'éveillé pour enchaîner par des assouplissements qui, s'ils me soulagent, finissent de me réveiller.
   Je ne puis rester assis que le temps du petit déjeuner, ensuite il me faut trouver une activité, faire le ménage, marcher, aller faire des courses. Au bout d'un moment, je sens une grande fatigue me gagner mais, à peine me suis-je posé que déjà mon corps se remet à trembler d'ennui!
   Alors, je mets mes doigts face au clavier pour qu'ils permettent à mon cerveau de s'échapper dans la succession des mots qu'ils aligneront. Les cieux, en se couvrant de nuages sombres comme la nuit me confirment que je ne m'évaderai que dans l'écriture, seule échappatoire à cette peur de l'ennui qui tant me hante.
   Je suis là, surpris de me mettre à haïr cette pluie que j'ai tant aimée, alors même que je devais travailler dessous. Un vêtement adapté, une volonté de ne pas rester enfermé frisant la claustrophobie et peu importe le climat, pourvu que je sois dehors! Ensuite, l'activité suffisait à réchauffer les plus frileux, l'oubli par le travail, la fatigue physique servant d'antidépresseur.
   Ce furent des années d'enchaînements déchaînés de métiers que je visitais comme d'autres le font d'expositions, j'essayais d'enchaîner mes déchaînements.
   Mais l'hyperactivité n'a pu empêcher l'ennui de toujours me pousser plus loin dans la recherche d'un ailleurs.
   De cette course échevelée, il ne me reste que quelques souvenirs et ces problèmes de santé qui prétendent m'immobiliser, mais mon corps refuse de laisser le cerveau gérer la dépense d'énergie. La seule activation de mes doigts sur un clavier ne suffit pas, l'activité doit être physique pour n'être pas inactive.
   Ce qui m'effraie un peu dans cette nouvelle aventure qui se présente, c'est qu'au désarroi ne succède la colère et qu'à l'inactivité ne réponde la haine. Alors, pour tuer le temps autant que mes velléités guerrières, j'ai postulé à une place de grutier à laquelle mon état m'interdit d'accéder. Ma satisfaction est qu'il aura fallu mentionner mon épilepsie pour n'être pas embauché, ça n'a l'air de rien, mais croyez-moi, c'est pourtant tout!
   Alors je vais laisser mon corps m'éjecter du lit, des fois que je tombe sur une opportunité!

Tempétueuse saison.

   C'est l'automne, les arbres qui avaient encore quelques feuilles en sont les meilleurs témoins, les coups de tabac succèdent aux tempêtes, nous rapprochant plus vite de l'hiver.
   La végétation se met au repos, le soleil, s'il éclaire magnifiquement ne le fait plus que de rares fois et il ne réchauffe plus que les cœurs. Le vent vient du nord, apportant le froid qui tant nous manque depuis quelques années, il rend chaque sortie difficile, mais personne n'ose plus se plaindre!
   Les journées semblent plus courtes tant l'on est pressé de s'abriter dans son cocon, les rares promenades sont souvent écourtées.
   C'est une saison particulière que l'automne, on ne peut s'empêcher d'y associer une certaine tristesse.
   Ainsi, l'esprit, pour peu qu'on le laisse vagabonder, semble s'accorder aux variations climatiques très changeantes de la saison. Cette année, mon épilepsie contribue à me rendre particulièrement "de saison"!
   J'ai eu la déraison de croire que j'avais avancé, mais une ponction lombaire un peu douloureuse a tôt fait de me ramener à cette réalité étrange.
   Peut-on être malade sans se sentir malade?
   Le neu-neurologue à lunettes roses, après que je lui ai expliqué la franchise de ma docteuse (je sais, mais je trouve ça plus joli que doctoresse!), a accepté de m'expliquer l'état d'avancement des travaux. Heureusement, il était accompagné d'une fort compétente infirmière traductrice, j'ai donc compris qu'ils ne comprenaient rien, mais qu'ils allaient continuer de chercher en me pompant mon fluide vital!
   D'ailleurs, malgré un régime alimentaire spécial gros, j'ai encore perdu du poids, à force de me faire pomper, rien d'étonnant!
   Maintenant, j'attends que la médecine ait consulté les augures pour connaître mon avenir, peut-être définitif, mais peut-être pas. J'en arrive à me demander si les résultats ne sont pas liés à l'humeur du neurologue le jour de la consultation! La neurologie ressemble plus à de l'oniromancie qu'à une science médicale!
   En attendant, je subis les humeurs de cette étrange affection comme un nuage dans les cieux d'automne. Sans savoir la direction dont seuls les vents décident, je me laisse ballotter en versant, de temps en temps, une petite goutte ou deux!
 

mardi 12 décembre 2017

La grande créatrice.

   En ces temps de féminisation exacerbée, il est un sujet, pourtant essentiel, que personne ne semble vouloir aborder. Qu'en est-il des différentes religions, milieu masculin s'il en est?
    Il existe de très nombreuses façons d'appréhender le côté mystique de la vie, nous appelons communément cela religions, mais force est de constater que, pour beaucoup, elles font la part belle aux hommes et relèguent les femmes dans des rôles secondaires, voire impies!
   Dès le départ, les fictions religieuses ont inventé UN créateur, il n'existe que de rares cas où c'est une femme qui a donné le jour à l'univers, ce qui paraît pourtant plus crédible! Mais je n'ai pas encore entendu la moindre récrimination féminine sur le sujet.
   La suite n'est pas très différente, les représentants d'UN dieu ne peuvent être que des hommes, qui ont résolu le problème des femmes en en faisant la cause de nos soucis.
   Il faut étudier des sociétés primitives d'aujourd'hui, ou les nôtres d'il y a bien longtemps, pour retrouver un matriarcat décideur.
   La mythologie grecque, suivie fidèlement par celle des romains, pour ne pas dire copiée, laissait une place aux femmes, mais le beau rôle est masculin. D'ailleurs, la dualité homme-femme est mise en exergue par nombre de religions, rarement à l'avantage de la femme!
   La simple mention des trois religions monothéistes suffit à clore le débat, entre la mère de tous les vices avec sa pomme et une vierge au fils élu, ils ont choisi de mettre en avant la fautive plutôt que la ceinte! La messe est dite, pour les tenants juifs et musulmans aussi bien que pour les chrétiens, il leur arrive d'être en accord bien que croyant au même dieu!
   Nous pourrions penser que d'autres types de religions font une part belle aux femmes, mais que ce soit les bouddhistes ou les taoïstes, les révélations sont faites aux hommes. Leurs représentants, dalaï lama, le grand maître sont des hommes au même titre qu'un pape, un patriarche, un calife, un rabbin, rien que des mâles!
   Nous n'entendons pas de récriminations autour de ce sujet si important puisque ce sont les religions qui ont conduit nos sociétés à traiter les femmes ainsi qu'elles le sont!
   En tout cas, si le sujet est souvent tourné en dérision, l'égalité homme-femme reste une nécessité, mais je suis pressé d'entendre des débats autour d'une "religion inclusive"!
 

lundi 11 décembre 2017

Violences ordinaires.

   Je vis actuellement dans un quartier de Saint-Malo à la sinistre réputation héritée d'un temps passé, mais entretenir la légende n'a pas que du bon.
   C'était le lieu de tous les abus, de toutes les dépravations, même la loi, surtout la loi, était persona non gratta, comme dans tous les lieux de sur-concentration d'humains. La refonte de ces quartiers a permis de les rendre moins insalubres par l'élargissement des espaces extérieurs et, surtout, par la déconcentration de ces si nuisibles entassements.
   Cela a permis un assainissement des violences et une nette diminution des actes délictueux. Mais la légende a la vie dure et ce sont certains habitants de ces mêmes quartiers qui semblent vouloir l'entretenir!
   Il y a des groupes nostalgiques de ce passé, ou le laissent-ils croire. Les plus âgés sont des alcooliques notoires qui vivent de minima sociaux, ils passent leurs journées dans un square ou à l'entrée d'une cave si le climat est défavorable.
   Le problème tient au fait qu'ils sont sur un lieu de passage et vous vous retrouvez parfois contraint de passer au milieu d'eux. Loin de s'écarter, c'est alors une forme d'agression pour quémander un euro ou une cigarette suivie d'insultes en cas de refus. Cela n'a l'air de rien, mais c'est une agression par sa constance, leur seule présence est une forme de violence pour tous les passants.
   Il y a un autre type de nostalgique, plus surprenant pour le naïf que je suis, les plus âgés ont à peine vingt ans, les plus jeunes treize-quatorze. Ils squattent les entrées d'immeubles où ils passent leur temps à fumer des joints impunément et au vu et au su de tout le monde.
   Ils laissent les lieux dans de piteux états, puis une équipe de nettoyeurs vient réparer les dégâts. Ce qui me surprend le plus, c'est que rien n'est fait pour empêcher cet état de fait. Les habitants qui subissent n'osent pas se plaindre, d'un côté c'est la sourde oreille, de l'autre c'est prendre le risque de se faire insulter.
   Alors les gens subissent cette violence pernicieuse, personne n'ose plus récriminer. Mais les tensions montent et il est un moment où "les nerfs lâchent", provoquant de véritables violences physiques.
   Mais le plus triste de cette affaire, c'est lorsque l'on se rend compte que ces comportements ne sont adoptés que pour une réputation à entretenir.
   Il paraît que l'on nomme ces comportements une nouvelle forme d'évolution...ah...bon!!!
 

samedi 9 décembre 2017

L'arboriste.

   Je sais que le terme adapté est arboriculteur, mais je n'ai aucune intention de me remettre à la production d'arbres, alors je crée le mot adapté à un amoureux des arbres.
   J'ai toujours eu le plus grand respect pour ces majestueux représentants de la nature, ce avant même de les étudier, les entretenir, les soigner, mais aussi les élaguer, couper, débiter.
   Mais ayant lu, dans mon enfance, des livres sur les indiens d'Amérique et leurs rapports très particulier avec la nature, assez proche de ceux des Celtes comme je l'apprendrai plus tard, j'ai toujours fait montre d'un respect quasi religieux!
   J'aime le contact avec leurs écorces, sentir physiquement la sève apporter la vie jusque dans leurs extrémités, qu'elles soient racinaires ou bourgeonnantes. J'éprouve une grande humilité face à leurs âges, forcément respectables, facilement centenaires, fermement pluricentenaires, rarement millénaires mais il en existe!
   En cette période de l'année, ils se retrouvent dénudés, nombre d'entre eux en tout cas, et leurs silhouettes apparaissent dans toute leur splendeur.
   Aux Hêtres les frondaisons les plus torturées, leurs branches semblent avoir été contraintes aux circonvolutions tant elles paraissent surnaturelles.
   A l'opposé, les platanes veulent se dresser le plus possible, offrant de solides branches qui ont l'air de vouloir griffer les nuages.
   Les peupliers ont des troncs larges et noueux, solidement enracinés, ils ne craignent que le bris de leurs membres supérieurs, resserrant leurs branches le long de leurs corps!
   Les Prunus offrent leurs contrastes de couleurs entre le tronc et les branches, les rendant aussi beaux et décoratifs nus qu'habillés.
   Puis apparaissent les "arbres aux quarante écus", encore vêtus de leur blonde chevelure, les troncs des Ginkgo biloba en semblent plus noirs.
   Les bouleaux dévoilent impudiquement leurs troncs blancs, fouettés par leurs branches aussi fines que sombres.
   Les conifères tout de vert vêtus, ne les narguent pas trop, de peur de se faire enguirlander, sans doute!
   Quels qu'ils soient, il est impressionnant de constater leur adaptation aux lieux où ils sont implantés. Ils font évoluer leurs formes, leurs ports, selon les intempéries, les sources de pollution, même les nuisances sonores qu'ils subissent.
    Ils prennent leur temps pour pousser, pour s'adapter, ils savent qu'ils sont là depuis longtemps et pour longtemps...eux!!!

jeudi 7 décembre 2017

Galanterie.

   Nous sommes, paraît-il, les champions de la galanterie, je ne sais pas si c'est encore une vérité mais je continue de la pratiquer tant elle me semble naturelle.
   Mais il est une grave question qui me taraude l'esprit depuis quelques semaines, n'est-il pas devenu déplacé d'être galant?
   Avec tous ces témoignages de femmes bafouées, humiliées, voire pire, certains comportements que l'on croyait courtois, du haut de notre masculine naïveté, ne sont que des insultes à la féminité.
   Ainsi, arrivant à l'entrée d'un bâtiment en même temps qu'une jeune femme, je lui tenais la porte et lui proposais de passer la première. Après m'avoir dûment détaillé d'un regard hautain, la dame me lança un agressif :"merci bien, pour que vous puissiez mater mes fesses!". Aussi heurté que surpris, je m'entendis lui répondre dans un large sourire :"il n'est pas assez joli pour que je m'y attarde!".
   Je dois avouer que les mots m'ont échappé, mais me faire insulter alors que je me contente d'être naturellement aimable m'est une insulte!
   Encore perturbé par cette réaction, je me dis qu'il serait amusant de procéder à un test, essayer de trouver à quel niveau la galanterie devient harcèlement!
   J'attendais de pouvoir accéder à un distributeur de billets quand une femme arriva en affichant son désappointement par une danse du genre "j'ai envie pipi et c'est très pressé"! Je saisis l'opportunité de vérifier ma théorie en lui proposant de passer avant moi, ce qu'elle accepta avec un grand sourire et un merci.
   Bon, je peux rester galant sans passer pour un harceleur, il faut juste que la personne ait une envie pressante d'aller aux toilettes!
   Une autre occasion me fut donnée d'avancer dans mes recherches sur les limites à la galanterie. Une femme dont le regard semblait dire :"je viens de quitter mon mari, alors n'y pensez même pas!", s'escrimait à charger un sac bien trop lourd dans son coffre. Afin de soigner mon approche, je jouais l'honnêteté en annonçant que je pourrais l'aider malgré un dos fragile, elle accepta avec le sourire!
   Elle m'avoua, après coup, être plutôt féministe mais que l'idée d'une "faible femme aidée par un homme affaibli", selon sa propre expression, était amusante.
   Bon, je peux rester galant sans passer pour un harceleur, il me faut juste afficher une certaine fragilité!
   Acte trois de ma quête du savoir absolu. Le hasard met sur mon chemin une dame d'un certain âge, faute de pouvoir lui donner un âge certain. Elle offre l'avantage d'être à la peine de simplement déplacer son chariot de courses. Fort de mes acquis, je n'hésite pas à afficher mes problèmes dorsaux, là encore, le stratagème fonctionne, la dame accepte mon aide.
   Ce n'est qu'au moment de se séparer que je compris que la dame eut aimé que ma galanterie aille un peu plus loin. Plus que de la courtoisie, elle attendait que j'aille jusqu'au badinage, mais la prévenance n'est qu'une forme de politesse, en aucun cas une tentative de marivaudage!
   Bon, je peux rester galant sans passer pour un harceleur, mais passé un certain âge, les femmes auront droit à plus de respect que de galanterie, si je ne veux pas risquer le harcèlement!

Enfantillages.

   Cet après-midi avait un double air de nostalgie, je devais, outre l'aide aux devoirs à apporter à mon élève préférée, assurer la garde de sa petite sœur, de six ans sa cadette. Cela me ramenait une vingtaine d'années en arrière, avec mes deux filles chéries, c'est vous dire si j'y allais avec grand plaisir!
   Le vent, très froid, ne refroidit pas mes ardeurs et j'arrivais les joues rouges et les mains glacées mais le sourire radieux aux lèvres. Le regard pétillant de joie de Maëva achevant de me réchauffer, je pouvais entreprendre de séduire Izia afin que notre après-midi se déroule dans la joie et la bonne humeur.
   Je proposais à ma jeune apprentie de se débarrasser des devoirs tout de suite, ainsi fut décidé. Mais, au moment d'éteindre la télévision, la plus jeune de mes deux enfants du jour, deux ans, émit les plus vives protestations!
   J'eus alors une idée dont j'étais loin de mesurer la portée, quand je dis qu'il faut se fier à son instinct face aux enfants!
   Je proposais aux filles de faire les devoirs ensemble, je les asseyais côte à côte, me tenant entre les deux pour parer à toute attaque de la petite. Je donnais à Izia un vieux cahier, pour faire exactement comme sa grande sœur.
   Nous avions, en entrée, une liste de mots à orthographier, je les récitais en détachant les syllabes afin de mieux aider Maëva à ne pas douter. Ce n'est qu'au bout de trois mots prononcés que je remarquais le comportement de la petite, elle gribouillait, certes, mais avait respecté les trois lignes comme sa soeur!
   A la fin de l'exercice, il y avait autant de lignes que de mots prononcés, devant mon ébahissement affiché, la grande a été piquée au vif. La fin des devoirs s'est déroulée avec une attention très disciplinée et, à l'inverse de ses habitudes, elle s'est appliquée jusqu'au bout. Ce qui m'a permis de mieux lui faire comprendre que sa simple concentration fait d'elle une bonne élève!
   Nous avons pu passer le reste de l'après-midi à jouer, tant et si bien qu'il aura fallu le retour de la maman pour que la télévision soit rallumée. Je n'ai rien dit, j'ai pris mes deux gros câlins avec la joie appropriée et je suis parti!
   Grâce à mes deux grâces, je me suis senti plus jeune, cela m'a fait du bien, ne pas faire de remarques à la maman me fait me sentir plus vieux, mais cela me va bien aussi!

mercredi 6 décembre 2017

Un léger détail.

   Depuis quelques mois, j'apprends à regarder la vie sous un angle différent, de nouvelles rencontres m'ont permis d'évoluer. Un certain délai m'a été nécessaire pour accepter de ne plus me regarder le nombril, mais j'avais deux problèmes à régler avec moi-même.
   Il est assez surprenant de constater qu'il suffit d'accepter d'être malade pour ne plus se sentir malade!
   C'est bel et bien ce qui m'arrive, depuis peu je me sens redevenu cet olibrius délirant et débordant d'énergie qui ne s'était qu'abrité, le temps de laisser passer l'orage.
   Mais, vous connaissez maintenant ma curiosité...maladive! Il me fallait comprendre pourquoi un matin, je me suis levé en pleine forme alors que la veille j'étais encore malade!
   Je me suis donc assis sur un paquet d'essuie-tout Lotus, n'ayant plus la souplesse nécessaire à l'adoption de la position du même nom.
   Je sentais l'inspiration arriver quand un imprévu interrompit ma transe, une simple broutille mais suffisante à me déconcentrer.
   C'est à ce moment précis que tout s'est éclairé, enfin ce qui fonctionne encore, ce n'est qu'une succession de détails qui m'a permis de comprendre et d'accepter.
   Je ne vous détaillerais pas par le menu les nombreux petits riens qui composent cette sortie du tunnel, mais je dois bien avouer que cela m'a ouvert les yeux, dans le détail!
   Toute notre vie n'est qu'une succession de détails, ce sont eux qui forment cet ensemble que nous nommons Vie. Il nous arrive même de rencontrer le détail qui tue, ce n'est pas rien!
   Nous ne devrions pas oublier que nous ne sommes que d'infimes détails de l'univers, puisque notre planète n'en est qu'un simple élément. Si nous tentons de détailler le développement des humains n'apparaissent qu'une suite de petits hasards, la vie elle-même est née d'une vétille, celle-là même que certains prétendent dieu!
   Il est des détails qui sont de taille, une vétille n'est pas une brindille! Il arrive que l'accessoire devienne incontournable, il est alors l'objet de toutes les attentions comme un ustensile fort utile!
   Il n'est donc pas superfétatoire de tenir compte des détails, sans pour autant devenir sourcilleux, ce serait superflu!
 

mardi 5 décembre 2017

Je hais les études.

   Je prenais mon petit déjeuner, joyeux à l'idée d'une journée en plein air, j'allumais la radio, plus par habitude que par envie, mais le mal était fait.
   En cette heure matinale, il n'y a que des informations, entrecoupées de sujets sur les informations, de façon à être sûrs d'être informés! Il est une nouvelle qui m'interpella un peu plus que les autres, il y était question d'une étude qui prouverait qu'il ne faut plus augmenter le salaire minimum, parce que cela pénaliserait les pauvres!
   Je coupais aussitôt la source des maux émis par ceux qui sont sensés nous informer, mais qui ne se font que les porte-voix de mauvaises nouvelles. J'ai réussi à faire abstraction de ces inepties étatiques destinées à favoriser notre nouveau roi dans ses visées de paupérisation du peuple pour que notre pays soit grand. Louis le quatorzième avait la même idée de l'état, cela a fini dans le sang et la misère du peuple, jusqu'à ce que les têtes tombent!
   Ma journée de pêche m'ayant permis de faire abstractions des informations, je rentrais aussi heureux que fatigué. Mais je commettais l'erreur fatale de rallumer la radio, au moment de la tranche d'informations.
   Et, là, le sujet de l'un des débats porte sur une étude qui prouverait que nos enfants lisent moins bien que les autres, lesquels, ça personne n'a pensé à en parler. Les invités étaient, pour une majorité, des enseignants, les autres étant des "spécialistes", vous savez, ces personnes qui savent tout sur tout, et sur tout le reste aussi!
   Voila, ils passent leur temps à se demander pourquoi ils se posent des questions auxquelles ils ne peuvent pas apporter de réponses. On commence par dire que les enfants sont plus idiots, puis ce sont les enseignants qui n'ont pas su s'adapter, enfin, c'est parce que l'on ne bourre pas assez tôt le crâne de nos pauvres enfants!
   Les seules victimes de ces études sont les personnes étudiées, ce qui m'étonne, c'est que l'on étudie jamais ceux qui font ces mêmes études!

J'ai la pêche!

   En ce jour de grande marée, j'ai été invité par des autochtones à aller à la pêche à pied, une occasion de prendre l'air en profitant du magnifique littoral et, accessoirement, de ses opportunités nourricières.
   Dûment équipés, nous voici en route pour le littoral malouin et ses promesses de homards. Le climat, étonnamment doux semblait vouloir favoriser nos visées. Arrivés sur les lieux du délit, après avoir profité du paysage, nous nous mîmes au travail sans plus attendre, la partie de "bouge-cailloux" démarra fort.
   Deux crabes de taille fort respectable semblaient n'attendre que nous et c'est avec la pêche que nous nous lancions dans notre pêche. Seulement, l'euphorie du début céda vite la place à un certain désarroi, hormis quelques spécimens bien trop petits, pas la moindre trace de homards!
   Après quelques heures de labeur, pas désagréables vu le cadre, le bilan était plutôt maigre, trois homards pas très gros et quatre dormeurs, plus un congre attrapé à la main dans les rochers où la marée l'avait abandonné!
   Calculant que le partage risquait de ne laisser que peu à chacun, je proposais à mes deux compagnons de prolonger un peu la pêche, la marée ne faisant que commencer à remonter. Après quelques tergiversation, ils acceptèrent et ils firent bien!
   Nous marchions devant la marée montante, ne soulevant que les pierres les moins lourdes. Bien nous en pris, à peine une heure plus tard, exténués, nous étions heureux des trois magnifiques homards que notre persévérance nous a permis de capturer.
   Mais le plus délirant de cette journée est à venir, nous sommes rentrés chez l'un de mes compagnons. Une fois décrottés, notre pêche dans l'évier, je demande comment s'organise la répartition. C'est là que mes deux acolytes s'exclament en coeur qu'ils ne mangent jamais de crustacés, un seul prend deux homards pour sa femme et le reste est pour moi!
   Je suis content, bien sûr, mais je ne puis m'empêcher de trouver ce comportement étrange. Il est vrai que l'on passe plusieurs heures dehors, face à La Manche, se promenant sur un site superbe, cela peut suffire. Mais le climat était clément, s'il avait plu avec du vent, nous y allions de la même manière!       Aller à la pêche pour ne pas consommer le fruit de sa récolte me fait le même effet qu'aller acheter de la nourriture pour ne pas la manger. Tant pis, je vais manger mes fruits de mer avec d'autres amis qui, s'ils sont trop faignants pour aller à la pêche, ont la pêche pour la manger!

lundi 4 décembre 2017

Devoir d'aide.

   Comme je l'ai déjà mentionné dans un précédent texte, je fais de l'aide aux devoirs autant pour mon élève que pour moi, d'ailleurs. Cela fait maintenant deux semaines que nous faisons nos devoirs ensemble, physiquement pour Maëva, moralement pour moi.
   L'évolution est absolument sidérante, la télévision n'est plus dans la chambre, ma petite élève a lu le livre que je lui ai offert, ce que l'on pourrait considérer pour un exploit tant il y avait de retard à rattraper!
   Mais ce n'est pas la qualité du précepteur qui a permis cela, c'est la volonté de l'élève et l'envie naturelle de l'enfant curieux! Mon apprentie est motivée, une fois encore ses difficultés ne sont que celles de ses parents à lui accorder une réelle attention. Ainsi, cet après-midi étant ensoleillé et agréable, avons-nous décidé d'apprendre la poésie du jour en promenant le chien qui va finir par être l'animal le plus lettré de Saint-Malo!
   C'est au retour que j'ai commencé à comprendre ce qui poussait Maëva à ne pas réussir à l'école. Elle savait particulièrement bien son texte et voulait le réciter à sa maman dès notre retour, dans l'impossibilité de l'écouter puisque concentrée sur un jeu!
   C'est le visible et profond désarroi exprimé par ma chère élève qui a déclenché la suite, la bête s'est réveillée! Pour mes lecteurs les plus proches, je peux dire que Boutefeu a fait du Boutefeu! Ce sont ses parents qui ont mis le feu aux poudres, peut-être ne savaient-ils pas que j'étais un baril de poudre juste mis sous l'éteignoir!
   Bon, je ne vous rapporterai rien du dialogue virulent qui s'en est suivi, j'y ai, cependant, acquis une certitude. Si on ne commence pas par rééduquer les parents, nous ne pourrons jamais aider efficacement ces pauvres victimes que sont leurs enfants.
   Il est une autre vérité qui s'est fait jour, celle-là ne concerne que moi, autant je semble faire un très bon pédagogue avec les enfants, autant, pour les adultes, il faudra que je travaille ma communication!

dimanche 3 décembre 2017

Jeux de maux.

   Je me suis levé aux aurores, empli d'une énergie qui me semblait nouvelle tant cela fait longtemps que je n'ai pas senti la sève couler ainsi dans mon corps. J'ai pris un copieux petit déjeuner puis, m'ennuyant déjà, j'ai entrepris le nettoyage des agapes d'hier soir. Une fois ma tâche achevée, j'ai refais un petit déjeuner, là aussi, il y avait longtemps qu'un tel appétit ne m'avait habité!
   Il m'était impossible de rester assis très longtemps, aussi m'habillais-je, toilette de chat et en route pour assister au lever du jour en extérieur.
   Malgré un temps à rester au coin du feu, je me retrouve à déambuler dans des rues totalement désertes en ce dimanche. Après une heure de marche dans les ondées et les bourrasques, entrecoupées des fugaces rayons du soleil levant, je rentrais heureux et serein.
   Mais, à peine eus-je le temps de me servir un café, je sentais une violente poussée de tristesse m'envahir. Un sentiment de lassitude aussi bien physique que moral me laissait comme hébété, incapable de la moindre envie.
   J'entreprenais alors un peu de ménage, histoire de m'obliger à bouger pour moins penser. Ce fut à ce moment que mon cher dos, pourtant muet depuis des semaines, décida de se rappeler à mon bon(?) souvenir!
   Après quelques exercices d'étirement, la douleur s'estompa un peu, mais refusa catégoriquement de me rendre ma totale liberté de mouvements. La journée, si bien démarrée, semblait tourner au maussade, mais mon cerveau refusa de se mettre au diapason, encore ce déni, pensais-je d'abord.
   Contraint à l'immobilité, je me décidais à faire face au clavier afin de savoir ce que mes doigts pensaient de la situation. Grand bien m'a pris, je n'ai plus le moindre doute maintenant!
   Je suis redevenu moi-même, je sens que mon état d'esprit est différent, je sais que j'ai, une fois encore, réussi à vaincre la maladie. Je reste épileptique, ne rêvons pas, mais j'ai accepté cet état de fait comme établi.
   J'ai encore un long cheminement pour apprendre à canaliser mon énergie, mais, depuis ce matin, je sais que je suis sur la bonne voie.
   Alors peu m'importe la durée du voyage, puisque je sais qu'il me mènera quelque part!

samedi 2 décembre 2017

Le déni.

   J'ai passé une drôle de nuit, la fille de mon hébergeur a laissé ses deux chats en pension, je leur ai ouvert la fenêtre hier soir, ils voulaient sortir. Le problème est qu'ils ne sont pas rentrés, j'ai donc passé ma nuit à courir le félin, c'est moins amusant que la gueuse!
   Je ne suis pas inquiet pour eux, ce ne sont que des chats, s'ils ne sont pas capables de retrouver leur chemin, cela confirmera tout le bien que je leur voue! Je dois, cependant, avouer que leur comportement n'est pas pour me déplaire, ce sens de l'indépendance poussé à l'extrême me correspond bien.
   La recherche de chats égarés me permet de me retrouver un peu plus, encore un de ces paradoxes dont la vie a le secret!
   En quête des félidés, me voici, noctambule déambulant sans but, errant plus que cherchant, poussant les portes d'immeubles entrebâillées. Mais, hormis quelques alcooliques aussi enfumés que les caves où ils semblent vouloir accélérer leur mise en bière , les pétards succédant aux alcools, il n'y a pas un chat!
   Un peu plus loin, une fenêtre entrouverte et éclairée, malgré le froid et l'heure tardive, laisse échapper des nuages de fumée, les fumeurs doivent fêter la fin du mois sans tabac!
   Et toujours pas un chat à l'horizon, je continue mes explorations nocturnes du quartier, mais même le bruit des croquettes remuées dans leur gamelle ne les fait réapparaître. Tout ça pour des animaux que je n'aime pas!
   Je n'ai jamais aimé la chasse, si ce n'est celle aux éléphants volants mais c'était une autre époque et j'ai toujours très mal visé! Je suis donc rentré bredouille et abattu, paradoxe de chasseur. Il m'a fallu appeler la fille de mon ami pour lui annoncer la perte de ses chats. Un immense éclat de rire m'a répondu, il leur arrive régulièrement de fuguer plusieurs jours et, dans le pire des cas, ils sont pucés!
   Ce n'est qu'à ce moment que j'ai ouvert les yeux, cet acharnement que je mets à n'être attentif qu'aux autres, humains ou animaux, me sert à ne pas m'occuper de mes problèmes. Je me voile la face pour ne pas avoir a simplement penser à ma situation, je vis dans le déni d'une réalité que je trouve inacceptable.
   Mais c'est ce même déni qui est inacceptable!
    

Oxymore.

   Je ne suis responsable des mots qui vont suivre que parce qu'ils sont l'ouvrage de mes doigts. Le titre m'est inspiré par le plus grand des hasards, je l'ai entendu à la radio juste avant de le lire sur la quatrième de couverture d'un livre.
   Sa définition étant figure de style qui réunit deux mots en apparence contradictoires, je me rends compte que je suis un oxymore vivant!
   Je suis un handicapé hyperactif, ou un hyperactif handicapé, quel que soit le sens cela reste à double sens. Ce n'est pas la position des mots qui les met en opposition, mais l'imposition de l'un par rapport à l'autre!
   Mais j'ai toujours été un homme de contrastes, je fus même un tel contradicteur que j'ai fini en contradiction avec moi-même! Être un oxymore passe encore, accepter de devenir une antinomie est un autre pas à franchir!
   Moralement, je ne me sens pas encore oxydé, c'est physiquement que je n'ai plus le moral. Je vais devoir adopter une nouvelle moralité, pour ne pas augmenter mes risques de mortalité, quoique mourir alité ne me déplairait pas!
   La discordance entre mon cerveau et mon corps a toujours été visible, mais il y a, dans mon nouveau statut, une officialisation qui la rend dissonante à mes yeux. C'est pour ça qu'il faut que je change mon regard sur moi, n'étant pas toujours très regardant, ma difficulté est grande!
   Je suis en état de contradiction avec mon état d'esprit, ce qui est contre-indiqué par les médecins, pourtant contredits par mes résultats contradictoires d'examens!
   Bon, je viens de relire mon texte, finalement le seul oxymore de ma vie est mon nom, Fleuriquet du Boutefeu!
 

jeudi 30 novembre 2017

Handicapé.

   Aujourd'hui, je devais franchir un nouveau pas dans l'acceptation de mon état, j'ai pris contact avec un organisme spécialisé dans l'art de valoriser son handicap.
   Ils ne veulent pas de moi, ce qui me permet d'écrire ce texte en toute décontraction!
   Le sujet en est pourtant grave, il me faut réellement accepter ma nouvelle situation, je suis handicapé.
   J'ai commencé par vouloir utiliser un synonyme, mais aucun n'exprimait mieux mon état.
   Je vais tenter de vous en restituer la liste, de façon non-exhaustive, dans les quelques lignes qui vont suivre.
 
   Or donc, me voici handicapé
   Par une défaillante santé
   En cette si saine société
   Je suis devenu inadapté
   Je suis estropié
   Sans être amputé
   J'ai l'air mutilé
   Je ne suis que déshérité
   Pas encore retardé
   Je reste un incurable
   Et complet anormal

   Je l'ai écrit sous vague forme poétique, cela m'est une agréable surprise de le découvrir, la maladie rendrait mes doigts romantiques!
   Heureusement, parce que le vocabulaire, lui, est sans concessions. Car, si le handicap est un désavantage, voire une infirmité, il ne saurait être une infériorité, n'en déplaise aux dictionnaires!

mercredi 29 novembre 2017

Vent debout.

   Dans la direction opposée à celle que l'on veut suivre sur un voilier, mais il est des moments où l'expression peut mettre pied à terre!
   J'ai vraiment le sentiment que ma vie est liée au climat, je suis en pleine période de turbulences, mais j'ai surtout le sentiment d'avancer vent debout. Quelle que soit la direction choisie, j'ai le vent de face et je le trouve particulièrement agressif.
   Le bon sens devrait me pousser à ne plus lutter, sans pour autant me laisser emporter, tirer des bords, ou zigzaguer pour les terriens, pour résister et avancer, pas à pas.
   Mais il y a l'image que l'on a de soi, le souvenir de luttes passées, qui s'annonçaient pires que celle que j'ai à mener aujourd'hui et dont je suis sorti debout, quel que soit le sens du vent!
   Là, je ne suis pas même sûr d'avoir la force de border les voiles, l'envie de les laisser faseyer me tente beaucoup.
   Mais il y a toujours cette nature qui dit debout, même, et surtout, vent debout. Je dois accepter de prendre le temps, mais je n'ai pas le sentiment de l'avoir. Alors, je courbe l'échine, je rentre la tête dans les épaules et je me laisse croire que j'avance.
   Cependant, ce n'est que le souffle contraire du vent qui provoque ce sentiment.
   Il ne me reste plus qu'à louvoyer en attendant la fin de l'avis de tempête, là ce sera un duel entre mes envies et mes réalités.
   Il m'est, cependant, une réalité qui apparaît établie.
   Je ne me sentirai, vraiment, heureux que lorsque l'on me dira que mon projet va dans une direction opposée à celle que l'on s'attendait à me voir suivre!

mardi 28 novembre 2017

Comme un goéland dans le vent.

   Passant outre une météo plutôt défavorable, je décidais d'aller m'aérer, c'est le bon terme! J'ai décidé, pour me motiver, d'aller prendre rendez-vous chez ma toubib ( c'est le seul mot qui me permette d'éluder l'horrible "doctoresse" que l'on prétend nous imposer!) en direct, plutôt que d'appeler.
   Ce que je n'avais pas prévu, c'est que l'aller se ferait en vent contraire et il était très fraîchissant comme le disent les météorologues, froid et pénétrant, en Français! L'avantage d'un vent de face à l'aller, c'est qu'on l'a dans le dos au retour!
   C'est à ce moment que j'ai pu, vraiment, observer les alentours et surtout le ciel, j'aperçus alors quelques goélands jouant dans le vent. Là, une idée folle m'est venue, peut-être pourrais-je moi aussi me lancer dans le vent et le laisser m'emmener au gré de ses caprices.
   Je prenais la direction des petites rues sinueuses et m'y laissait guider par les caprices du vent.  Suivant du regard les gracieuses circonvolutions de mes aériens cousins, au milieu de nuages porteurs d'ondées aussi brèves qu'intenses, mêlant grêle et pluie froide.
   Le vent fut parfois si violent qu'il me transperçait les oreilles, aérant mon cerveau, chassant ce qui n'y avait pas sa place. J'errais emporté par la folie du vent, gagné peu à peu par elle, devenu un goéland!
   C'est ainsi que, de nuage en nuage, j'arrivais chez ma charmante élève du moment, échevelé, les joues rougies éclairées du sourire béat de celui qui, tout à coup, prend conscience qu'il fait très froid dehors!
   Nous avons, comme d'habitude, terminé nos révisions par une promenade littéraire, où j'essaie peu à peu d'enrichir le vocabulaire de mon intéressante épigone. Par l'un de ces curieux hasards de la vie, Maéva m'invite à regarder le ciel où elle "adore regarder les oiseaux dans le ciel"!
   Nous avons donc devisé ornithologie, elle a appris les noms des oiseaux qu'elle ne connaissait pas et m'a lancé le défi de les orthographier, sans fautes, lors de notre rendez-vous de demain!
   Voila, ensuite j'ai dû rentrer avec le vent en pleine face, mais je n'en ai pas été incommodé le moins du monde, allez savoir pourquoi!

lundi 27 novembre 2017

Dialogue de sourds.

   Je vis dans un appartement, juste en-dessous d'un couple de retraités aussi sympathiques qu'ils sont sourds, ils vivent donc en réalité, auditive, augmentée!
    Tous les volumes sont au maximum, une seconde sonnerie stridente a été ajoutée au téléphone qui ne fonctionne qu'avec le haut-parleur! Je ne vis pas ça comme une contrainte, ils ne sont guère bruyants et leurs conversations ne sont pas nombreuses.
   C'est juste que j'ai, parfois, l'impression de faire partie de la famille, ainsi ai-je pris le petit déjeuner en leur compagnie!
   Je ne vous rapporterai pas le détail de la conversation. Il vous suffit de savoir que ce sont deux personnes âgées qui s'aiment d'autant plus qu'elles sont devenues le soutien l'une de l'autre.
   Au fil de leur vie, ils ont su apprendre à compenser les faiblesses de l'autre, cela s'entend, très fort, dans leurs échanges, j'ai parfois l'impression que c'est à moi qu'ils parlent!
   Je trouve cette situation plus drôle que contraignante, cela me rappelle les premiers logements occupés où l'on avait l'impression de vivre avec les voisins. Le confort nous a menés à l'isolement!
   Si je me décide à vous parler d'eux maintenant, c'est que ce matin ils se sont surpassés pour m'offrir un dialogue de sourds dans tous les sens du terme.
   Madame devait s'absenter et tentait d'expliquer à son mari ce qu'il devait faire pour préparer le déjeuner.
   Mais, elle avait beau lui crier les consignes, il n'est de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre!
   Il se fit répéter trois fois les directives pour la cuisson des pommes de terre, c'est vous dire sa mauvaise volonté!
   Je dois vous avouer que j'ai attendu le retour de madame pour écrire ce texte, je voulais savoir si le mari avait pris le risque de ne rien faire!
   Je n'ai eu droit qu'à un :"tu vois quand tu veux", qui' étrangement, me ramena à mes parents!
   Finalement, les philosophes se sont trompés quand ils ont prétendu que l'amour ne pouvait durer, je pense, au contraire, que le vieillissement de l'amour le magnifie!