vendredi 29 juin 2018

Regarder le soleil se coucher.

   Hier soir, j'avais décidé de m'offrir un spectacle qui n'a de banal que le nom, un coucher de soleil sur la mer. Il est vrai que les couleurs offrent des teintes particulières aux lieux, la Côte d'Emeraude n'usurpe pas son nom.
   J'étais seul face à la mer, ayant été aimablement dirigé par des adolescents en goguette vers un promontoire un peu particulier. Il s'agit de la racine d'un pin maritime dont le tronc est au-dessus du vide, la falaise s'érodant au fil des marées. En plus d'un certain confort et d'une vue imprenable, le lieu offrait l'avantage de m'isoler de la foule des touristes.
   Bien qu'ils soient en groupes bruyants, il est un moment du spectacle qui leur intime le silence, les rendant aussi seuls que moi. Il n'est que le silence pour rendre hommage à cet instant de magie pure offert par la Nature dans ce qu'elle a de plus resplendissant.
   C'est la jonction du soleil avec la ligne d'horizon, il semble littéralement plonger dans le mer. Quelques nuages apparaissent comme pour magnifier plus encore les chatoiements colorés de l'astre solaire, illuminant les visages de sourires béats.
   Mais la forme étrange des nuages, évoquant plus un panache de fumée que de hasardeuses nuées, éveille en moi une drôle d'idée. Le soleil se couche dans la mer, comme il est très chaud son contact fait bouillir la mer, créant les nuages!
   Prouvant ainsi que des générations de scientifiques nous mentent depuis des années en inventant cette grotesque histoire d'évaporation. Il ne me reste qu'à éluder le mystère du rallumage du soleil, mais je ne serais pas surpris qu'il ressorte de l'eau vers l'Australie, ça a l'air très sec par là-bas, ils ont tout le temps une bière à la main!
   D'ici à ce que le soleil se lève ivre, il n'y a qu'un pas que je franchirais allègrement puisqu'il se lève souvent dans le brouillard. C'est aussi pour ça que les pôles ne sont éclairés que la moitié de l'année, le soleil va réellement se coucher dans l'océan.
   Je comprends pourquoi les philosophes de la Grèce antique en ont perdu leur latin, le soleil était à la fois Zeus et Poséidon, la lune n'étant pour lors que le soleil en train de sécher!
   Le problème qu'il me reste à résoudre est de savoir si ce sont mes médicaments ou les couchers de soleil qui nuisent à ma santé mentale!
   Allez, éteignez ces ordinateurs et allez éclairer vos regards en regardant l'extinction du soleil.

dimanche 24 juin 2018

Trompeuse apparence.

   C'est l'été, il fait beau mais pas très chaud pour un Breton du sud, ce qui est un avantage lorsque l'on aime pas faire la saucisse sur le sable. Je pensais arpenter l'un de ces chemins côtiers si pleins de charme, mais l'été a le don de les emplir de touristes de plus en plus nombreux.
   J'aime le contact humain mais pas à ce point là surtout que, malgré ma tenue estivale, bermuda-sandales-sacoche en bandoulière, j'ai plus l'air d'un touriste qu'eux. Mais je ne peux pas croiser trois ou quatre touristes sans être sollicité, il paraît que l'on voit que je sais où je vais, alors même que je déambule aux hasards de mes pieds.
   Lassé de cette trompeuse appartenance à la communauté malouine attribuée à tort, je décidais qu'il valait mieux sortir des sentiers battus afin d'être plus tranquille. Seulement ma seule échappatoire était une bande rocheuse léchée par les flots de la marée haute, je m'élançais plein de confiance, convaincu que ce serait un exercice bénéfique pour la souplesse de mon dos.
   Le début de ma promenade fut fort agréable, je trouvais un rocher au confort relatif pour profiter mieux du ballet des bateaux entrant ou sortant du port. Puis je reprenais ma marche, mais très vite la marée me contraignit à passer par les endroits les plus escarpés, la promenade se transforma peu à peu en randonnée sportive avant que de tourner à l'escalade. 
   Mes sandales me contraignant à bien choisir mes appuis, ce qui avait l'apparence d'un chemin un peu ardu s'est révélé être une chausse-trappe, trop tard pour faire demi-tour et sans autre choix que de  continuer.
   Après quelques frayeurs et face à un mur de cinq ou six mètres de haut, je décidais qu'il valait mieux essayer de passer plus près de l'eau. Deux vagues plus tard, trempé jusqu'à la ceinture, je changeais d'avis et décidais qu'il était plus sage d'escalader que de nager au vu de ma tenue.
   Les sandales mouillées étant incompatibles avec les acrobaties imposées, je dus attendre qu'elles sèchent, dès que possible je me relançais décidé à en finir avec ce qui ressemblait plus à une épreuve qu'à une promenade.
   Aussi fus-je soulagé d'apercevoir une possibilité de couper court en rejoignant directement le sentier battu que je retrouvais complètement abattu! Heureusement, le temps que j'arrive là, les touristes étaient partis pour la plupart et j'ai pu reprendre mon souffle en même temps que le chemin de la maison.
   Je me rendis compte que mes périlleux exercices avaient duré plus de trois heures, avant de constater que je n'avais pas fait plus de cinq cent mètres qui ne m'ont, pour lors, pris que quelques minutes!
   Il n'y a donc eu que mon état de fatigue à n'être pas qu'une trompeuse apparence!
 
 

vendredi 22 juin 2018

Nationalisés.

   La glorification des patriotismes du football par les journalistes m'a fait prendre conscience que je n'avais pas un attachement forcené pour ma patrie de naissance.
   Même le mot patriote me paraît désuet puisque nous devrions penser en continentaux, plus particulièrement nous, les Européens. Mais un simple ballon suffit à faire renaître nos vieilles rivalités, l'union européenne peut attendre!
   Par contre, il est un constat très surprenant concernant ces histoires de nationalités, pour mieux l'expliquer nous allons nous installer dans un aéroport international et observer le ballet des voyageurs.
   Voici justement un groupe de touristes qui semblent nerveux et qui passent leurs nerfs sur une hôtesse, même sans les entendre, nous les savons Français!
   Un peu plus loin, des grands blonds ventrus et très bruyants sont sans doute Allemands, aussi sûrement que les grands blonds pas ventrus d'à côté sont Suédois.
   Le groupe qui apparaît est composé de personnes au teint mat, les cheveux noirs, ils sentent l'ail, ils doivent être Espagnols, voire Portugais.
   Car, s'ils sentaient le couscous, nous dirions qu'ils sont Arabes et s'ils étaient plus bronzés encore, nous dirions qu'ils sont Africains.
   En fait, plus notre peau est foncée, plus nos lieux de vie sont imprécis, nous percevons l'Afrique comme un pays, les pays arabes comme un territoire et chaque pays européen comme un continent, suivis de près par les pays asiatiques d'ailleurs.
   Quand à l'Amérique continentale, son nom a été spolié par les USA, ils se font appeler Américains alors qu'un Brésilien, un Mexicain et même un Antillais peuvent légitimement se réclamer du nom. Il y a cependant une différence majeure, les USA se pensent LE continent, alors qu'ils ne sont qu'incontinents!
   Voilà, pendant environ un mois, nous nous devons de soutenir notre nation, nous n'en avons pas le choix. Et si, par malheur, notre pays est éliminé de la compétition, j'irais chercher dans de plus lointaines origines voir de quelle autre nationalité je puis me revendiquer. Je suis sûr de trouver, depuis que l'homme est homme, je dois avoir des ancêtres de partout, à commencer par l'Afrique.
   C'est une bonne nouvelle, je suis certain que mon équipe va gagner la coupe du monde!

Il attire la satire.

   Encore lui, il semble qu'il aime que nous ne l'aimions pas, alors je vais tenter par ces quelques lignes de le satisfaire. Je veux parler ici de notre président qui, après avoir trompé ses propres électeurs, continue allègrement sa politique élitiste.
   Lui-même indigne de notre confiance, il nous demande de nous fier à la générosité des nantis et des patrons pour compenser l'argent dont il nous spolie, juste pour éponger ses propres dépenses et celles de ses prédécesseurs.
   Prompt à donner des leçons filmées par un pur hasard à chaque fois, il vous faudrait Messire président de la république apprendre l'exemplarité. Vous trouverez le sens de ce mot dans le dictionnaire.
   De surcroît, Monseigneur le président de la république, nous vivons toujours en république démocratique, vous seriez donc aimable d'attendre d'avoir rétabli la royauté pour vous comporter de façon aussi dédaigneuse envers vos concitoyens que ne l'eut fait Louis le quatorzième. Vous trouverez les détails de sa vie dans le dictionnaire, si vous prenez le temps de l'ouvrir entre deux (coûteux) voyages.
   Je préfère laisser les sujets tels que l'écologie, où vous vous surpassez, en autorisant les entreprises privées à construire des éoliennes sans le contrôle et les deniers de l'état, comme ça il n'y a que les grosses entreprises qui en auront le monopole et l'assouplissement de la loi littoral leur permettra de les construire en des lieux inadéquats.
   Que dire de la simili indépendance dont la Bretagne sera le laboratoire qui n'est qu'un moyen supplémentaire pour l'état de ne plus rien financer, juste pour que vous puissiez rénover plus que la vaisselle de l'élysée!
   Bon, je ne vous retiens pas plus longtemps, monsieur le président de la république, vous avez des pauvres à culpabiliser,
   manu militari!!!

mercredi 20 juin 2018

Coupé du monde.

   Les jeux du cirque battent leur plein, tout se passe bien, il y a plein de gens qui regardent avec passion des nantis courir après une baballe comme des bons chien-chiens à leurs mémères! 
   S'ils ne se contentaient que de regarder une télévision en hurlant, cela ne me dérangerait pas, chacun ses plaisirs. Seulement c'est la coupe du monde de football alors il n'est plus question que de ça dans les conversations et les médias.
   Si l'on veut s'en désintéresser, il faut s'isoler, ne plus avoir la moindre relation sociale, ou très prudemment sélectionnée si l'on ne veut pas se voir poser LA question :"tu crois qu'on va la gagner?", à laquelle, invariablement, je me vois contraint de répondre :"non! Nous ne jouons même pas au foot, comment pourrions-nous la gagner?".
   Le plus drôle est la confusion qui s'en suit, l'interlocuteur pense que je parle des joueurs de l'équipe de France, alors que je ne parle que de ...nous!
   Je me retrouve donc isolé sur une île entourée de ballons, comme coupé du monde, feindre l'ignorance la plus totale du déroulement de l'événement. Ce n'est pas toujours suffisant, l'interlocuteur peut vouloir vous convaincre que c'est un plaisir de traiter des riches de tous les noms pourvu qu'ils soient insultants et de beugler en sautant dans tous les sens pour un simple but.
   J'y ai contribué aussi, à l'adolescence, guère plus longtemps, sauf exceptions, les matches de rugby contre les Anglais par exemple, mais là c'est de la rivalité historique, contraint que je suis par ma passion du moyen-âge de haïr l'Anglois!
   Bref, j'ai trouvé la parade ultime contre tous ces obsédés du football, je leur explique qu'il m'est insupportable de voir un joueur se tordre de douleur, cependant que nous voyons des ralentis qui nous prouvent qu'il n'a pas même été heurté. De voir un but accordé, alors que les images nous prouvent tout le contraire.
   L'air quelque peu marri de votre interlocuteur montre qu'il subit aussi ce genre de désagrément, mais qu'il arrive à les éluder, en allant faire pipi, ou en allant chercher une bière qui lui donnera l'envie de faire pipi. Peu importe, il suffit de détourner le regard pour ne pas se rendre compte de ce genre de menus détails.
   Tant que ce ne sont pas ceux qui tuent!
 

mardi 19 juin 2018

La vieillesse n'attend pas le nombre des années.

   Je vis actuellement en colocation avec un homme qui est considéré comme bipolaire et sensé être suivi par la médecine. En fait, il rencontre brièvement un psychiatre à qui il lui suffit de dire qu'il va mieux pour ne rien changer.
   Du coup, rien ne change, il passe de son lit à son fauteuil et de son fauteuil au lit, avec des passages réguliers par la cuisine. Pour se donner le sentiment d'être encore en vie, il a trouvé un autre malade, schizophrène quand à lui, qui vient jouer aux échecs tous les jours.
   De prime abord, l'idée semble bonne, le problème est qu'ils ne le font que dans le but de se croire toujours vivants malgré leur immobilisme. En fait, ils ressemblent à une peinture de maître représentant des joueurs d'échec, ils ont la pose, mais je crains que ce ne soit tout. Leurs parties sont prévisibles à force de se ressembler, ils réfléchissent si longtemps avant de jouer qu'ils en oublient ce qu'il fallait jouer!
   Si je me permets ce texte, c'est que je vis là et que je ne peux pas passer mes après-midi à déambuler juste pour ne pas les voir, j'ai donc besoin d'un exutoire!
   C'est l'histoire d'hommes ayant atteint la cinquantaine et diversement marqués par le temps, malades chacun à sa manière, mais le même but, ne plus rien faire en attendant que quelque chose se passe. Comme les affections sont psychologiques, ils sont assommés par des médications qui permettent d'assurer la tranquillité de tous, mais qui les maintiennent dans une léthargie chronique.
   De fait, à certains moments leurs délais de réflexion sont si longs qu'ils frisent le coma, on croit qu'ils pensent, en fait ils dorment! Mais ils sont sûrs que la durée d'une partie en fait la qualité, alors ils évitent les coups qui pourraient abréger le jeu.
   Ils paraissent penser que le nom des échecs définit la finalité du jeu, il faut perdre ou, au moins, ne pas gagner! Parfois, des pièces s'offrent sur plusieurs coups, mais non, s'ils se décident à la prendre ce n'est dû qu'au hasard et ils se félicitent mutuellement du très beau coup!
   Heureusement qu'il leur arrive de réussir un échec et mat, fréquemment dû au hasard, ils ne le découvrent que lorsque celui qui est menacé se rend compte qu'il est dans l'impossibilité de jouer! Là encore, ils vont discuter pendant dix minutes pour être certains que c'est bien la fin, le gagnant s'excusant presque du malheureux hasard!
   Je pensais pouvoir dire qu'ils se comportent déjà comme des vieux, mais les vieux sont toujours vivants, eux!
 

lundi 18 juin 2018

Le père dure.

   Je devrais me réjouir, le texte sur la fête des pères me confirme un sens de la prémonition très développé, le problème est que ce sont mes deux filles qui m'apportent cette confirmation en m'ayant déchu du titre de père, elles ont préféré me faire ma fête plutôt que de me la souhaiter.
   Ma première réaction a été celle du mâle offusqué, pensant que, décidément, les femmes sont incompréhensibles, même lorsqu'elles sont filles elles arrivent à créer des barrières infranchissables.
   Elles nous imposent d'être des conquérants permanents de leur simple intérêt, ne nous laissant d'autres choix que la soumission ou la rébellion, mais lorsque ces femmes sont mes propres enfants il ne saurait être question d'accepter l'un ou l'autre.
   Il ne faut que se taire et attendre...qu'elles aient besoin d'un service pour bénéficier de ce que l'on s'empresse de faire passer pour une preuve de leur amour. Je finis par me demander si les femmes sont capables d'aimer sans retenue aucune, d'oublier vraiment leur rancune de ne leur avoir pas décroché la lune.
   Puis, après que la colère ait été remplacée par la frustration est venu le temps de la réflexion.
   Alors, j'ai fait ce que je fais le mieux, pratiquer l'observation des couples père-fille croisant mon chemin et le constat est très parlant.
   Il n'est qu'un moment de la vie des filles où elles sont éperdument amoureuses de leurs chers papas, entre cinq-six et onze-douze ans et c'est tout, cela ne dure plus longtemps que pour ceux d'entre les pères qui auront su répondre à toutes les attentes, on en revient à une forme de soumission!
   Mais dans beaucoup de cas, à peine entrées dans l'adolescence elles font de nous "l'homme à abattre", peut-être sommes-nous juste les victimes des comportements d'adolescents pré-pubères un peu énervés, pourtant c'est bien le père le coupable!
   Il vaut mieux alors adopter l'attitude de la tortue, rentrer la tête dans les épaules et laisser passer l'orage, pensant naïvement que cela suffira mais rien ne peut suffire, juste accepter d'être la cible.
   Puis elles deviennent adultes, nous laissant penser que les difficultés de la vie vont les amener à faire preuve de compréhension quand à nos maladresses paternelles, mais rien n'y fait.
   Voilà, mes fautes sont donc trop graves pour mériter un quelconque pardon, ce qui me touche d'autant plus que j'ai cru avoir pardonné à mon père un comportement qui me semblait trop violent et des fautes que je croyais moins impardonnables que les miennes.
   Là, mes filles me signifient que je suis pire que lui, cela en deviendrait presque impardonnable, si je n'étais pas un père!

Les arbres sont des humains qui s'ignorent.

   J'ai toujours ressenti une grande attirance pour ces majestueux représentants de la vie dans ce qu'elle a de plus inaccessible pour l'humain, la longévité. Je pensais n'avoir que le respect de leur grand âge mais les épisodes paysagistes de ma vie m'ont ouvert les yeux sur d'autres motifs, beaucoup plus forts.
   Cela a commencé de façon anodine, comme par instinct, je me suis très vite rendu compte que je parlais aux plantes sur lesquelles j'intervenais. Si j'ai continué, c'est que j'avais le sentiment d'un retour, de la part des arbres plus particulièrement. Comme je m'étais beaucoup intéressé à la culture amérindienne durant mon enfance, j'adoptais leurs coutumes d'expliquer à une plante les raisons de mon intervention.
   Au fil du temps, j'ai noué une relation amicale avec les arbres, ils m'ont accepté comme ami et c'est un grand privilège à mes yeux. Avoir gagné le respect des êtres les plus vénérables de cette terre est l'une de mes plus grandes fiertés, mais ne voyez point d'orgueil où il ne peut être question que d'humilité.
   Car pour qu'un arbre accepte de vous laisser y grimper, harnaché, la tronçonneuse à la hanche, il faut d'abord bien l'observer, afin de voir où l'on peut poser les pieds sans heurts, pour lui comme pour nous puisque nous sommes liés. C'est par l'attention qu'on lui porte que l'on pousse l'arbre à nous prendre dans ses bras, et c'est pleinement rassuré que l'on peut l'embellir et le soigner par quelques tailles appropriées.
   Ce sont les arbres les plus expérimentés qui m'ont appris à encaisser les coups sans se laisser abattre, à survivre aux plus graves blessures en les ignorant, voire en les contournant. Ils m'ont beaucoup plus apporté que je ne saurai jamais leur ôter!
   D'ailleurs, il m'aura fallu la maladie pour apprendre à les écouter vraiment, le bruit de la tronçonneuse s'étant éteint, il n'est plus que le souffle du vent pour interrompre nos échanges qui, pour lors, sont devenus fructueux.
   La rencontre avec un chêne pluricentenaire a été le déclencheur, par son tronc noueux il m'invitait à venir me jeter dans ses bras. Il a élu domicile à l'embouchure de la Rance, offrant à nos yeux ébahis un spectacle grandiose, les chênes ne sont pas tous des glands!
   Par un léger mouvement de ses branches, il me fit prendre conscience de sa situation, la côte ayant subi l'érosion s'est dangereusement rapprochée de ses racines et c'est au bord du gouffre qu'il se retrouve, au sens propre!
   Il répondit à mes inquiétudes en me dévoilant son système racinaire parfaitement adapté à la situation, bien que considéré comme inapproprié par la biologie, il est approprié à la survie! Les racines qui devraient être mises à nu par l'érosion se sont détournées afin d'aller chercher l'ancrage dans la terre ferme.
   Il a suffisamment d'expérience pour savoir que l'éternité n'est pas de ce monde, ainsi chaque tempête passée lui est une victoire, il est heureux!
   Rassuré, je me suis installé plus confortablement afin de mieux profiter du murmure des feuilles qui, pour discrètes qu'elles soient, n'en sont pas moins d'incorrigibles bavardes. C'est un léger souffle de vent qui me permit de les mieux entendre.
   Elles parlaient de cet humus nourricier dont elles tirent la vie, cette richesse composée d'êtres vivants en décomposition puisque ayant quitté la vie. Tous les êtres vivants, nos ancêtres y compris, ce qui fait qu'en chaque arbre sommeille un aïeul au moins!
   Le bruissement des feuilles serait donc dû aux chuchotements des voix éteintes, c'est pour ça que nous y sommes si sensibles.

dimanche 17 juin 2018

Une fête des pères due.

   Un clin d'oeil de la vie, quelques jours après un très amer constat sur la relation entretenue avec mon géniteur, je devrais être contraint par la bienséance de lui souhaiter une bonne fête des pères.
   La vraie question est de savoir si tous les pères méritent qu'on la leur souhaite, il est des fois où l'on aimerait mieux leur faire leur fête!
   Je m'inclus dans cette dernière situation, n'ayant pas été un père exemplaire, voir même absent ou trop présent, mais deux enfants sur trois qui font des remarques similaires laissent à penser que je n'ai pas su être un bon père.
   Le regard de l'enfance est intransigeant et nous restons des enfants tant que nos parents vivent.
   Devenir parents nous permet d'assouplir la vision, de prendre conscience de l'imprévisibilité du rôle, il faut faire preuve d'une diplomatie qui ne semble pas naturellement acquise par les pères, dans mon entourage en tout cas.
   Par contre, il est une qualité qui n'appartient qu'aux pères, la fiabilité, elle est un devoir absolu, être le socle stable sur lequel il est possible de s'appuyer à tous moments.
   C'est là, je le crains, que nous ne sommes pas à la fête, nous les papas de la famille, difficile héritage qu'aucun d'entre nous n'a eu le courage de pardonner suffisamment pour l'interrompre.
   Peut-être devrions-nous profiter de ce jour de fête pour y remédier, alors je vais faire le premier pas,
  Bonne fête, Papa puisque, quoiqu'il arrive, tu es mon Papa et que je t'aime comme seuls les enfants savent le faire, avec une aveugle sincérité.

jeudi 14 juin 2018

Il faut l'arété!

   Il n'y a pas de faute d'orthographe, c'est un mot de Grec ancien dont le sens premier correspond plus à rareté qu'à arrêter, il signifie l'excellence dans un ou plusieurs domaines. Par ce titre, je ne veux que signifier qu'il faut arrêter notre Manupilateur qui pense qu'il a atteint l'arété politique et qu'il a toujours raison.
   En attendant, j'aurais plutôt tendance à être inquiet , il a essayé de casser la main de DDT, juste avant qu'il n'aille sceller l'accord de paix du siècle en serrant celle du nain jaune, qui va casser son missile qui pouvait atteindre une île perdue du Pacifique mais Américaine.
   Après avoir prouvé son plus vif intérêt en faveur de la déforestation, voilà qu'il veut empêcher la paix de s'installer, notre président serait-il le représentant du mal sur cette terre?
   Heureusement qu'il est rentré en France pour donner une leçon de morale au méchant premier ministre italien et prouver qu'en volant du "pognon" à ses pauvres, la France pouvait accueillir, temporairement, les réfugiés de l'Aquarius.
   Il faut dire qu'entre tous les voyages, la vaisselle à changer, les tenues de madame, il ne lui reste plus grand chose, sinon il aurait payé les frais lui-même. Il ne peut décemment pas se permettre d'entraver les investissements et les dons des plus riches en les taxant, il est donc logique d'amputer le seul budget excédentaire de l'état, celui des aides sociales.
   Voilà, les mauvaises langues en sont pour leurs frais, c'est un homme pragmatique et qui a un vrai sens des réalités, il n'agit pas en infant capricieux, il est juste un enfant capricieux, ce qui est moins grave...enfin peut-être!

Le mauvais fils.

   Je n'ai pas le droit de laisser l'impression que j'ai un père indigne sans livrer ce qui pourrait être les raisons de ce désamour, je veux parler de mes erreurs et de mes fautes.
   Car il me faut bien l'avouer, je n'ai pas été un enfant exemplaire sur bien des points, être sage n'était pas ma plus grande qualité mais, par dessus tout, j'aimais rire, tout le temps et de tout.
   Ce qui n'est pas recommandé face à un père en colère suite à une bêtise, mais si un enfant fait une bêtise, il ne peut qu'être fier de voir sa créativité reconnue, fut-ce à grandes claques sur les fesses!
   Dès les premiers échanges, nous nagions dans l'incompréhension. Ce n'était pas encore trop difficile à vivre, mon école primaire s'étant déroulée de façon plutôt positive, il y a même eu un moment de relative entente.
   La pratique de différents sports, encouragée et soutenue par mon père nous permettait d'améliorer un peu la relation. Mais j'étais quasi nul dans tous les sports pratiqués, mais autant j'aime le sport autant il semble me détester! C'est surtout mon manque d'esprit de compétition que mon père me reprochait et je n'ai le souvenir que d'un seul compliment de sa part, mais je ne suis pas sûr d'en avoir mérité plus. Mon art du contre-pied n'était que verbal, je le crains!
   Puis il y eut la première étape de l'éloignement avec l'entrée au collège, puis dans l'adolescence et ses fulgurances d'intelligence, surtout dans la bêtise mais c'est un apprentissage essentiel. C'est aussi le moment de la vie où les garçons testent leur virilité en s'opposant au père, surtout au père!
   Ce fut à partir de là qu'eut lieu le véritable décollage, d'abord de l'autorité paternelle, puis la  tentative d'envol qui ressemblait plus à une chute du nid...aidée par le pied paternel dans les fesses!
   Avec le recul de l'âge, je me rends compte que je n'ai agi, jusqu'à mes vingt-cinq ans environ, que pour ne pas plaire à mon père, mon art du contre-pied n'était pas que verbal, finalement.
   Tout ce qui a suivi n'était que de mon fait, ou des événements indépendants de ma volonté qui m'imposaient des choix pas toujours choisis. J'ai essayé de tenir mon rôle, tant bien que mal, en évitant autant que faire se peut la violence physique, je n'ai pas su éluder la rigidité verbale.
   Il m'aura fallu vingt années pour me convaincre que seul le pardon pouvait me sortir de la spirale de haine dans laquelle je vivais, dont acte.
   Ce n'est qu'alors que mes yeux se sont ouverts, mon père a été la victime d'un père qui l'a dédaigné pour une femme qui n'était pas sa mère, ironie du sort, nous étions en admiration devant le grand-père qu'il était devenu.
   De plus, ma philosophie de vie correspond plus à celle de mon grand-père qu'à celle de mon père, mais ce n'est en aucun cas par défi, juste par conviction.
   Il me faudrait en convaincre mon père, afin qu'il pardonne vraiment à son père, ainsi pourrai-je moi aussi lui accorder mon pardon et ne plus être le mauvais fils?

mardi 12 juin 2018

Scolarité.

   C'est par hasard que j'ai découvert les origines de ce mot qui aura tant torturé nombre d'entre nous, il est directement issu du mot grec "skolê" qui signifie : "arrêt de travail" ou "loisir consacré à l'étude"!
   Les moines auraient inventé la scolastique juste pour pouvoir ne rien faire, tout en laissant croire qu'ils étudiaient les textes sacrés, alors qu'ils ne savaient pas même les traduire. Ainsi, ils ont pu leur donner la signification qui leur permettait de continuer à exploiter la naïveté des peuples, mais ce n'était encore que de l'escolavagisme!
   Les moeurs évoluant malgré les efforts de ces irréligieux tenants d'une obéissance, aussi aveugle qu'absolue, à un être impalpable dont les moines étaient les seuls intermédiaires, ils durent accepter de partager leurs savoirs, lecture et mathématiques en priorité.
   Ils ne le firent que contraints et de façon à nous faire comprendre que nous comprenions rien, mais pouvaient-ils faire autrement, eux-même n'avaient pas l'air d'y comprendre quelque chose! Au début ils contraignaient les volontaires à rejoindre leurs rangs, pensant que cela suffirait à les rebuter omettant que l'on éreinte mieux ce que l'on connaît.
   Cela ne fonctionnant pas comme prévu, ils ont adapté les traductions des textes anciens à leurs enseignements et non l'inverse, allant jusqu'à déformer les propos de celui-là même qu'ils étaient sensés représenter.
   C'était les temps anciens, nous avons séparé l'enseignement de la religion depuis longtemps disent les tenants de la laïcité.
   Il est vrai que l'étude de Voltaire, Rousseau, Montaigne et autres philosophes résolument anti-religion est très laïque, mais ils ont tous écrit sous l'influence inconsciente, d'autant plus perverse que dédaignée, de cette même religion puisqu'ils se sont vus imposer son enseignement comme La vérité. D'ailleurs la plupart d'entre eux se sont rapprochés de la vision chrétienne de la vie en sentant la vie leur échapper!
   Donc, depuis plus de mille ans que nos cerveaux sont farcis de leurs légendes, qu'on le veuille ou non, l'école est le premier vecteur, aujourd'hui encore, de transmission des religions dans ce qu'elles ont de plus pervers, la croyance dans l'incroyable!
   Et on nous demande de faire confiance à l'école!
 

dimanche 10 juin 2018

Un cynique stoïque.

   Je n'en avais pas conscience à l'époque mais lorsque, en classe de sixième, nous avions étudié la Grèce antique, j'ai été pris d'un véritable engouement pour cette période et ses héros mythiques autant que mystiques. J'avais même demandé au curé qui nous enseignait le catéchisme en quoi son histoire de Jésus était plus crédible que les douze travaux d'Hercule!
   J'avais onze ans et seuls les actes héroïques avaient mon attention, la guerre de Troie, l'odyssée, Hercule était un modèle, Ulysse un exemple.
   Il m'aura fallu quarante ans pour rencontrer les philosophes de la même époque, chaque chose en son temps, avant je ne devais pas être prêt sans doute. Je me surprends à éprouver le même intérêt avec le même engouement, d'Hercule me voici devenu Diogène!
   Il faut revenir à l'école, remonter les souvenirs pour se remémorer les apprentissages, les professeurs ne nous ont pas présenté beaucoup de ces grands penseurs, s'en tenant aux plus connus, Platon en tête. Voilà pourquoi j'avais éludé ces philosophes, j'étais choqué de leur glorification de la pédophilie mais plus encore par la façon d'éluder la question des enseignants.
   Mon retour en terre de philosophie ne sera donc due qu'au hasard de la rencontre avec Epictète et sa vision du cynisme. Il était des hommes qui savaient que cette perversion n'était qu'une entrave supplémentaire à l'atteinte de la liberté, ils surent rester stoïques!
   Mais ce n'est pas,loin s'en faut, le seul motif d'intérêt, leur art de dénoncer, il y a environ deux mille cinq cents ans, la surconsommation, l'abus de lois si nombreuses qu'elles en deviennent contradictoires, la dictature de la bien-pensance est parfaitement adapté à la société...d'aujourd'hui!
   La différence avec les philosophes de notre époque est la liberté de rhétorique qui n'est plus que théorique, nos derniers représentants du cynisme philosophique se sont éteints et ne sont qu'à peine cités, Coluche, Desproges, Le Luron et Devos ont l'air de n'avoir jamais existé!
   Nous n'avons plus de véritable "fou du roi", la liberté de parole est devenue l'otage du politiquement correct, nous sommes devenus les esclaves du "qu'en dira-t-on".
   Et si l'on peut taxer nos dirigeants de cynisme, c'est parce qu'ils ne nous laissent que les os à ronger, ils se comportent comme des chiens en nous traitant comme des chiens.
   Peu importe, une majorité d'entre nous continue de les regarder amoureusement en espérant une caresse de temps en temps et là n'est pas mon sujet, même si le propos n'est pas hors sujet!
   En fait, je pensais que l'étude du cynisme m'amènerait au stoïcisme puisque beaucoup de philosophes ont suivi ce chemin, omettant que, par nature, j'aime sortir des sentiers battus. Je vais essayer de discourir de la philosophie du cynisme, tout en restant stoïque devant le scepticisme cynique de potentiels critiques!
 

samedi 9 juin 2018

Partir sans se départir.

   Maladie perverse qui point ne se montre, qui point ne se voit mais qui met un point final à beaucoup d'envies, sans mettre fin à la vie, elle clôt une vie.
   Loin d'y voir une opportunité, j'ai du mal à accepter ce que je vis comme une contrainte, je ne peux pas choisir, je dois choisir, la différence est de poids!
   Finalement, je n'aimais les aléas que lorsque j'en étais le déclencheur, devoir les subir n'est pas dans mes compétences, pas encore. Mais l'aide attendue, parce que nécessaire, ne vient pas, ou je ne la perçois pas, ce qui revient au même.
   Alors plus rien n'a d'importance et, puisque nul ne s'inquiète de mes absences, le plus raisonnable est de disparaître de façon effective et définitive.
   Un grand départ pour l'inconnu, à l'aveugle, avec une simple direction, un cap, puis partir vers cet ailleurs et ses possibles, sans plus donner la moindre nouvelle afin que nul ne sache si je suis vivant ou mort, devenu quasi immortel!
   J'ai enfin pris conscience que je ne suis supportable que sur une durée limitée, je dois partir avant d'avoir usé mon entourage comme pour m'interdire toute stabilité. J'ai beau essayer, il m'est toujours aussi difficile de ne pas finir les phrases de mes interlocuteurs, dès que je crois connaître une personne, je sais ce qu'elle va dire avant même qu'elle ne l'ait formulé.
   Il me faut devenir un nomade errant sans buts, juste pour voyager et rencontrer cet inconnu qui saura ne pas m'ennuyer.
   Le hasard de mes lectures m'a ouvert les yeux, je suis un cynique au sens philosophique du terme, aucune possession, aucune attache contraignante, la liberté vraie où l'on transforme jusqu'à la misère comme une chance, où tout ne prête qu'au sourire puisqu'il n'y a plus d'attentes à décevoir.
   Cette période étrange que je traverse où des amis ont su se révéler présents pour m'aider, alors que mes proches ne semblaient pas même s'inquiéter de ma nouvelle réalité, m'éclaire sur bien des points, à commencer par une certaine forme de naïveté.
   J'ai très souvent rendu service, je continue, bien malgré moi, de le faire naturellement. Je suis hyperactif et je me rends aussi service ainsi, tout est pour le mieux donc, sauf qu'il est un imprévu qui me handicape au point de faire de moi une personne normale.
   Mais personne, moi le premier d'ailleurs, ne semble vouloir s'en rendre compte, les demandes de services continuent d'affluer et je ne sais toujours pas refuser, heureusement que mon dos est plus raisonnable que ma raison!
   Je suis hors service pour beaucoup d'activités et peu fiable pour les autres, l'épilepsie en se rappelant parfois à mon bon souvenir vient s'ajouter à mes incapacités physiques. J'ai beau le dire, je ne suis pas entendu ou pas cru, ma fatigue n'empêche pas les :"il faudrait que je...mais je ne sais pas le faire, connais tu quelqu'un?" d'affluer, ma naïve gentillesse s'occupant de tout!
   Je dois fuir les autres pour devenir égoïste, afin de ne m'occuper que de ce qui me préoccupe, vivre juste pour survivre.

vendredi 8 juin 2018

L'impair du père.

   Il est des personnes avec qui le contact ne peut se faire, cela est d'autant plus difficile à admettre quand c'est avec son propre père.
   J'ai toujours pensé être la source de nos mésententes, n'ayant pas été un enfant très obéissant, mais une conversation anodine m'a ouvert les yeux, mon père ne m'aime pas, je n'ai plus le moindre doute.
   Bon, je ne saurais être aussi formel que lui, peut-être ne sait-il tout simplement pas comment me montrer l'amour qu'il me porte, il serait alors plus maladroit que mal-aimant.
   En fait, il est tellement béat d'admiration devant son fils qu'il en reste sans voix lorsqu'il s'agit de faire un compliment, heureusement que mes exceptionnels impairs lui ont permit d'exprimer son désarroi. Même dans ces cas là, il lui fallait invoquer la colère pour que puissent se former les mots qui font mouche sur un enfant.
   C'était pour m'apprendre le respect des règles afin que, bien formaté, je réussisse une formidable carrière professionnelle qui eut fait de moi un homme extraordinairement con. Mais mon père ne fréquente que ce genre de personnes, la réussite financière d'abord, l'humain n'est que secondaire, normal ce sont des socialistes! Le plus pittoresque est que mon père est résolument de droite!
   Bref, mon refus de ce système de pourrissement de l'humanité a fait de moi un paria aux yeux de mon père, peut-être plus encore que l'homosexualité de mon frère!
   Quand on a un vieux trou du cul pour père, il ne faut pas s'offusquer de ce qui en sort!
   Je pourrais m'en laver les mains et tourner la page, c'est ce que j'ai tenté ces dernières années, mais le pardon ne peut se pratiquer à sens unique, le "méa-culpa" a ses limites.
   Sans aucun doute aurais-je dû passer outre une fois encore, mais il est des mots qui ont une portée et une signification trop précises pour permettre de penser à une simple incompréhension. Quand bien même ne serait-ce qu'une énième maladresse, elle ne peut se voir accorder un pardon sincère.
   Voilà, je ne sais quel membre de ma famille lira ce texte LA première, mais j'espère qu'elle saura faire preuve de compréhension et acceptera ma demande, absolument sincère, de pardon puisque je sais que ce ne sera pas lui le lecteur!.
 

L'étudiant cynique.

   La maladie peut avoir des côtés positifs, elle laisse du temps libre alors, fort des capacités dévoilées par la médecine, l'idée me vint de reprendre des études. Mais le champ des possibilités est vaste et il me paraît dommage de ne s'en tenir qu'à un seul sujet, aussi ai-je décidé de ne rien décider tant que je n'aurais pas accompli un tour d'horizon des études auxquelles je pourrais accéder.
   Je suis en pleine découverte des philosophies antiques, il y en a une telle variété que l'on est sûr de trouver le mode de pensée qui nous correspond.
   Comme je n'ai pas de méthode, le choix de mes lectures n'est dû qu'au hasard, qu'il soit sous forme d'un nom d'auteur ou de titre. C'est ainsi que j'ai pu faire l'improbable rencontre d'un certain Epictète, stoïcien reconnu et avéré, dont le titre du livre , "De la liberté", justifiait à lui seul mon intérêt.
   Ce n'est qu'un peu plus tard que je me suis aperçu qu'il y avait une autre raison à cet achat, en plus petit était spécifié que la préface était titrée, "De la profession de cynique"! Je pensais que ce n'était qu'une qualité, voilà que je découvre que c'est un métier!
   Aujourd'hui est considérée comme cynique la personne qui est sans principes, provocante, insolente, aux limites de l'impudence, j'y trouvais des affinités avec certains de mes comportements les plus outranciers.
   Mais là, il faut cette succession de hasards pour que je prenne conscience que je suis un Cynique, digne héritier d'Antisthène qui en fit une philosophie basée sur le refus de toute possession afin d'atteindre à la vraie liberté par la sagesse et la vertu.
   Le sage Cynique peut alors vivre dans l'abstinence, sans recherche de richesses autres qu'intérieures, sans envie de célébrité  ou d'honneurs, sans même posséder un toit. Il n'a qu'une besace et un manteau et se contente du minimum vital, de nos jours, ils ne sont plus philosophes mais juste "sans domicile fixe"!
   Il est un seul détail qui me gène un peu dans cette philosophie, elle tire son nom du chien avec lequel le Cynique se doit d'avoir des points communs, faire pipi et se frotter partout entre autres. Là, je ne suis pas certain que les passants apprécieraient de me voir lever la jambe et uriner contre une façade du centre ville, à moins que je n'aboie en remuant la queue...et qu'ils aient un grand sens de l'humour! C'est dans ces moments forts qu'il convient de s'initier au stoïcisme sans doute!
   Bon, finalement je vais conserver le côté étudiant libre privilégiant le savoir de l'expérience au savoir théorique pour atteindre l'ataraxie, ou la paix de l'âme!
   Je reviendrais vous en parler, dès que je me serai trouvé une âme.

mardi 5 juin 2018

Abandonner.

   En cette période troublée, où la maladie prend le pas sur tout le reste, il est difficile de ne pas se laisser aller à un abandon total de soi. Je ne peux plus faire ce que je sais faire, il me faut inventer une autre vie mais la médecine, par ses lenteurs, empêche tout choix d'activité sur le long terme. La seule médication efficace dans ces moments est l'attention des proches, qui aide à ne pas se penser obsolète et donne des raisons de continuer à se battre.
   Là, je dois avouer que ma première impression a été un peu mitigée, comme s'il n'y avait pas lieu de s'inquiéter, peu d'appels, pas de visites, famille ou amis confondus, ça pose des questions.
   Les réponses que j'ai pu apporter ne sont pas celles attendues, bien sûr, mais je ne m'attendais pas à  être à ce point l'unique responsable de cette situation. Il me faut incriminer cet optimisme débridé que j'avais toujours cru une qualité, jusqu'à ce que la neuro-psychiatrie ne m'en démontre la potentielle dangerosité.
   A force d'affronter les problèmes comme s'ils n'existaient pas, j'ai pris la fâcheuse habitude de les remiser au plus profond de mon inconscient, on ne voit plus ce qu'on ne peut regarder. Le système est efficace, je n'en saurais douter, puisque je me suis sorti des différentes péripéties de ma vie à peu près entier et que j'ai encore le sourire!
   Je ne sais non seulement pas demander d'aide, mais je fais en sorte que l'on croit que je n'en ai pas besoin et ça semble fonctionner...au-delà de toute espérance! Personne ne s'inquiète puisque je ne m'inquiète pas visiblement moi-même, en fait si je ne subissais pas quelques perturbations physiques, je ne saurais vraiment pas que je suis handicapé, c'est pourtant bel et bien ce que je suis vraiment.
   Le coeur transpercé, les larmes aux yeux, je me dois de dire adieu à cette vie de labeurs, parfois laborieux, de rares fois honteux, mais toujours me rendant heureux puisque je n'en voyais que le côté joyeux! Cette détresse là est perceptible et je ne m'en cache pas, mais tout le monde semble penser que c'est une opportunité de pouvoir arrêter de travailler plus tôt...sans trop de dégâts... financiers, s'entend!
   Mais j'ai l'impression d'abandonner sans même me battre, puisque je ne peux pas même essayer de me battre. Pour la première fois de ma vie, je me sens impuissant, la médecine ne peut que soulager, en aucun cas guérir et j'ai besoin de soutien mais là, j'ai l'impression d'être abandonné.
 
 

samedi 2 juin 2018

Oscillations.

   C'est le problème lorsque l'on gagne en souplesse, le risque est grand de paraître hésitant à force d'oscillations qui ne sont que des mouvements ondulatoires, mais pas forcément un simple va-et-vient!
   La perplexité provoquée par les tergiversations de la neurologie ne m'aide pas à progresser vers une quelconque forme de stabilité. Les vacillations dues à la médication contre l'épilepsie ajoutent un frein à mes envies de mouvement et déclenchent des fluctuations nocives de mon humeur. J'ai le sentiment d'avoir régressé dans la maîtrise de mes émotions, la colère en tête.
   Je ne devrais pas être affecté par des oscillations puisque ma vie n'a été que mouvement, mais je me rends compte que c'était surtout physique et que je conservais une certaine constance dans mes actes. Là, il me faut accepter une période de flottement si je ne veux pas risquer la noyade ou, comme la situation me gonfle, un envol intempestif!
   Je suis en plein tâtonnement, pourtant je reste les bras ballants, attendant le coeur battant une variation dans le verdict des neurologues ou autres neuro-affidés.
   Mes hésitations ne sont dues qu'à ma nature, je n'arrive pas à m'imaginer assis et actif, j'ai besoin de mouvement pour me sentir vivant. Cette hyperactivité, modeste imitation de celle de ma Maman, me rend le mouvement aussi essentiel que la respiration, mais d'avoir brûlé la chandelle par les deux bouts à son prix, si j'accepte cet état de fait je pourrais avancer à nouveau.
   La recherche des causes de cette aussi soudaine que virulente épilepsie me contraint à regarder ma vie dans toutes ses réalités, enrichissantes comme impécunieuses.
   D'avoir vécu seize heures par jour permet d'élargir le champ d'activités, associé à mes capacités d'enregistrement cela m'a permis d'acquérir une expérience réellement hors du commun, il me faut maintenant apprendre à m'asseoir pour en profiter pleinement.
   Mais je n'arrive pas à m'arrêter et mes ralentissements ne sont dus qu'à la maladie, cet art de se mouvoir autrement m'échappe toujours, mes oscillations ressemblent encore à des atermoiements.
   Il me faut trouver le moyen de rester assis plus longtemps, d'ailleurs la longueur des textes de ce blog n'est liée qu'à une durée d'écriture, pas au-delà d'une heure et rares sont ceux qui ont excédé ce délai.
   J'ai pourtant le sentiment que cette affection ne m'arrive pas par hasard et que c'est peut-être le moment de m'atteler à raconter cette invraisemblable histoire qu'est celle de ma vie!