samedi 9 juin 2018

Partir sans se départir.

   Maladie perverse qui point ne se montre, qui point ne se voit mais qui met un point final à beaucoup d'envies, sans mettre fin à la vie, elle clôt une vie.
   Loin d'y voir une opportunité, j'ai du mal à accepter ce que je vis comme une contrainte, je ne peux pas choisir, je dois choisir, la différence est de poids!
   Finalement, je n'aimais les aléas que lorsque j'en étais le déclencheur, devoir les subir n'est pas dans mes compétences, pas encore. Mais l'aide attendue, parce que nécessaire, ne vient pas, ou je ne la perçois pas, ce qui revient au même.
   Alors plus rien n'a d'importance et, puisque nul ne s'inquiète de mes absences, le plus raisonnable est de disparaître de façon effective et définitive.
   Un grand départ pour l'inconnu, à l'aveugle, avec une simple direction, un cap, puis partir vers cet ailleurs et ses possibles, sans plus donner la moindre nouvelle afin que nul ne sache si je suis vivant ou mort, devenu quasi immortel!
   J'ai enfin pris conscience que je ne suis supportable que sur une durée limitée, je dois partir avant d'avoir usé mon entourage comme pour m'interdire toute stabilité. J'ai beau essayer, il m'est toujours aussi difficile de ne pas finir les phrases de mes interlocuteurs, dès que je crois connaître une personne, je sais ce qu'elle va dire avant même qu'elle ne l'ait formulé.
   Il me faut devenir un nomade errant sans buts, juste pour voyager et rencontrer cet inconnu qui saura ne pas m'ennuyer.
   Le hasard de mes lectures m'a ouvert les yeux, je suis un cynique au sens philosophique du terme, aucune possession, aucune attache contraignante, la liberté vraie où l'on transforme jusqu'à la misère comme une chance, où tout ne prête qu'au sourire puisqu'il n'y a plus d'attentes à décevoir.
   Cette période étrange que je traverse où des amis ont su se révéler présents pour m'aider, alors que mes proches ne semblaient pas même s'inquiéter de ma nouvelle réalité, m'éclaire sur bien des points, à commencer par une certaine forme de naïveté.
   J'ai très souvent rendu service, je continue, bien malgré moi, de le faire naturellement. Je suis hyperactif et je me rends aussi service ainsi, tout est pour le mieux donc, sauf qu'il est un imprévu qui me handicape au point de faire de moi une personne normale.
   Mais personne, moi le premier d'ailleurs, ne semble vouloir s'en rendre compte, les demandes de services continuent d'affluer et je ne sais toujours pas refuser, heureusement que mon dos est plus raisonnable que ma raison!
   Je suis hors service pour beaucoup d'activités et peu fiable pour les autres, l'épilepsie en se rappelant parfois à mon bon souvenir vient s'ajouter à mes incapacités physiques. J'ai beau le dire, je ne suis pas entendu ou pas cru, ma fatigue n'empêche pas les :"il faudrait que je...mais je ne sais pas le faire, connais tu quelqu'un?" d'affluer, ma naïve gentillesse s'occupant de tout!
   Je dois fuir les autres pour devenir égoïste, afin de ne m'occuper que de ce qui me préoccupe, vivre juste pour survivre.

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