lundi 18 juin 2018

Le père dure.

   Je devrais me réjouir, le texte sur la fête des pères me confirme un sens de la prémonition très développé, le problème est que ce sont mes deux filles qui m'apportent cette confirmation en m'ayant déchu du titre de père, elles ont préféré me faire ma fête plutôt que de me la souhaiter.
   Ma première réaction a été celle du mâle offusqué, pensant que, décidément, les femmes sont incompréhensibles, même lorsqu'elles sont filles elles arrivent à créer des barrières infranchissables.
   Elles nous imposent d'être des conquérants permanents de leur simple intérêt, ne nous laissant d'autres choix que la soumission ou la rébellion, mais lorsque ces femmes sont mes propres enfants il ne saurait être question d'accepter l'un ou l'autre.
   Il ne faut que se taire et attendre...qu'elles aient besoin d'un service pour bénéficier de ce que l'on s'empresse de faire passer pour une preuve de leur amour. Je finis par me demander si les femmes sont capables d'aimer sans retenue aucune, d'oublier vraiment leur rancune de ne leur avoir pas décroché la lune.
   Puis, après que la colère ait été remplacée par la frustration est venu le temps de la réflexion.
   Alors, j'ai fait ce que je fais le mieux, pratiquer l'observation des couples père-fille croisant mon chemin et le constat est très parlant.
   Il n'est qu'un moment de la vie des filles où elles sont éperdument amoureuses de leurs chers papas, entre cinq-six et onze-douze ans et c'est tout, cela ne dure plus longtemps que pour ceux d'entre les pères qui auront su répondre à toutes les attentes, on en revient à une forme de soumission!
   Mais dans beaucoup de cas, à peine entrées dans l'adolescence elles font de nous "l'homme à abattre", peut-être sommes-nous juste les victimes des comportements d'adolescents pré-pubères un peu énervés, pourtant c'est bien le père le coupable!
   Il vaut mieux alors adopter l'attitude de la tortue, rentrer la tête dans les épaules et laisser passer l'orage, pensant naïvement que cela suffira mais rien ne peut suffire, juste accepter d'être la cible.
   Puis elles deviennent adultes, nous laissant penser que les difficultés de la vie vont les amener à faire preuve de compréhension quand à nos maladresses paternelles, mais rien n'y fait.
   Voilà, mes fautes sont donc trop graves pour mériter un quelconque pardon, ce qui me touche d'autant plus que j'ai cru avoir pardonné à mon père un comportement qui me semblait trop violent et des fautes que je croyais moins impardonnables que les miennes.
   Là, mes filles me signifient que je suis pire que lui, cela en deviendrait presque impardonnable, si je n'étais pas un père!

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