jeudi 14 juin 2018

Le mauvais fils.

   Je n'ai pas le droit de laisser l'impression que j'ai un père indigne sans livrer ce qui pourrait être les raisons de ce désamour, je veux parler de mes erreurs et de mes fautes.
   Car il me faut bien l'avouer, je n'ai pas été un enfant exemplaire sur bien des points, être sage n'était pas ma plus grande qualité mais, par dessus tout, j'aimais rire, tout le temps et de tout.
   Ce qui n'est pas recommandé face à un père en colère suite à une bêtise, mais si un enfant fait une bêtise, il ne peut qu'être fier de voir sa créativité reconnue, fut-ce à grandes claques sur les fesses!
   Dès les premiers échanges, nous nagions dans l'incompréhension. Ce n'était pas encore trop difficile à vivre, mon école primaire s'étant déroulée de façon plutôt positive, il y a même eu un moment de relative entente.
   La pratique de différents sports, encouragée et soutenue par mon père nous permettait d'améliorer un peu la relation. Mais j'étais quasi nul dans tous les sports pratiqués, mais autant j'aime le sport autant il semble me détester! C'est surtout mon manque d'esprit de compétition que mon père me reprochait et je n'ai le souvenir que d'un seul compliment de sa part, mais je ne suis pas sûr d'en avoir mérité plus. Mon art du contre-pied n'était que verbal, je le crains!
   Puis il y eut la première étape de l'éloignement avec l'entrée au collège, puis dans l'adolescence et ses fulgurances d'intelligence, surtout dans la bêtise mais c'est un apprentissage essentiel. C'est aussi le moment de la vie où les garçons testent leur virilité en s'opposant au père, surtout au père!
   Ce fut à partir de là qu'eut lieu le véritable décollage, d'abord de l'autorité paternelle, puis la  tentative d'envol qui ressemblait plus à une chute du nid...aidée par le pied paternel dans les fesses!
   Avec le recul de l'âge, je me rends compte que je n'ai agi, jusqu'à mes vingt-cinq ans environ, que pour ne pas plaire à mon père, mon art du contre-pied n'était pas que verbal, finalement.
   Tout ce qui a suivi n'était que de mon fait, ou des événements indépendants de ma volonté qui m'imposaient des choix pas toujours choisis. J'ai essayé de tenir mon rôle, tant bien que mal, en évitant autant que faire se peut la violence physique, je n'ai pas su éluder la rigidité verbale.
   Il m'aura fallu vingt années pour me convaincre que seul le pardon pouvait me sortir de la spirale de haine dans laquelle je vivais, dont acte.
   Ce n'est qu'alors que mes yeux se sont ouverts, mon père a été la victime d'un père qui l'a dédaigné pour une femme qui n'était pas sa mère, ironie du sort, nous étions en admiration devant le grand-père qu'il était devenu.
   De plus, ma philosophie de vie correspond plus à celle de mon grand-père qu'à celle de mon père, mais ce n'est en aucun cas par défi, juste par conviction.
   Il me faudrait en convaincre mon père, afin qu'il pardonne vraiment à son père, ainsi pourrai-je moi aussi lui accorder mon pardon et ne plus être le mauvais fils?

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