mardi 5 juin 2018

Abandonner.

   En cette période troublée, où la maladie prend le pas sur tout le reste, il est difficile de ne pas se laisser aller à un abandon total de soi. Je ne peux plus faire ce que je sais faire, il me faut inventer une autre vie mais la médecine, par ses lenteurs, empêche tout choix d'activité sur le long terme. La seule médication efficace dans ces moments est l'attention des proches, qui aide à ne pas se penser obsolète et donne des raisons de continuer à se battre.
   Là, je dois avouer que ma première impression a été un peu mitigée, comme s'il n'y avait pas lieu de s'inquiéter, peu d'appels, pas de visites, famille ou amis confondus, ça pose des questions.
   Les réponses que j'ai pu apporter ne sont pas celles attendues, bien sûr, mais je ne m'attendais pas à  être à ce point l'unique responsable de cette situation. Il me faut incriminer cet optimisme débridé que j'avais toujours cru une qualité, jusqu'à ce que la neuro-psychiatrie ne m'en démontre la potentielle dangerosité.
   A force d'affronter les problèmes comme s'ils n'existaient pas, j'ai pris la fâcheuse habitude de les remiser au plus profond de mon inconscient, on ne voit plus ce qu'on ne peut regarder. Le système est efficace, je n'en saurais douter, puisque je me suis sorti des différentes péripéties de ma vie à peu près entier et que j'ai encore le sourire!
   Je ne sais non seulement pas demander d'aide, mais je fais en sorte que l'on croit que je n'en ai pas besoin et ça semble fonctionner...au-delà de toute espérance! Personne ne s'inquiète puisque je ne m'inquiète pas visiblement moi-même, en fait si je ne subissais pas quelques perturbations physiques, je ne saurais vraiment pas que je suis handicapé, c'est pourtant bel et bien ce que je suis vraiment.
   Le coeur transpercé, les larmes aux yeux, je me dois de dire adieu à cette vie de labeurs, parfois laborieux, de rares fois honteux, mais toujours me rendant heureux puisque je n'en voyais que le côté joyeux! Cette détresse là est perceptible et je ne m'en cache pas, mais tout le monde semble penser que c'est une opportunité de pouvoir arrêter de travailler plus tôt...sans trop de dégâts... financiers, s'entend!
   Mais j'ai l'impression d'abandonner sans même me battre, puisque je ne peux pas même essayer de me battre. Pour la première fois de ma vie, je me sens impuissant, la médecine ne peut que soulager, en aucun cas guérir et j'ai besoin de soutien mais là, j'ai l'impression d'être abandonné.
 
 

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