dimanche 3 novembre 2019

Le voile est à vapeurs.

   Il aura fallu que les foudres républicaines ne s'abattent sur une pauvre femme qui prétendait juste rendre service, pour que je prenne conscience d'avoir subi moi aussi certaine discrimination. Ce fut moins spectaculaire, certes, mais il m'a été refusé d'apporter de l'aide aux devoirs, dont manquent cruellement les écoles, au prétexte de mon épilepsie!
   Au-delà de cette anecdote et de l'offense vécue, il faut bien faire le constat d'un nouvel ostracisme très pernicieux dans sa sélection. Ainsi, cette femme qui souhaite porter un voile sur les cheveux afin de masquer ses attraits attire plus encore les regards, mais qu'en est-il des autres parents, ceux-là même qui ont refusé mon aide?
   Ils sont beaux et purs, qu'importe leurs sexes et leurs couleurs, tant qu'ils ont une grosse voiture, mais ce n'est que pour la sécurité des enfants, et qu'ils ne fassent prendre aucun risque, aucun effleurement de risque à ces mêmes enfants. Il n'est donc pas outrancier d'arriver en pantalon ou short plus que moulant et d'exhiber ses formes, qu'elles soient belles ou pas, l'important est d'être vue. Les couleurs de cheveux disparates, tout comme les tatouages et boucles d'oreilles partout sauf dans les oreilles semblent moins choquants qu'un simple foulard. Je me demande si, parfois, on ne se voile pas un peu la face.
   Les pères ne sont pas en reste, quasiment tous barbus ou mal rasés, ils sont des papas modèles, ils ne crient jamais sur leur enfant chéri, ils lui parlent calmement pour lui expliquer que donner des coups de pied aux filles ce n'est pas bien et que, surtout, il conviendrait qu'il arrête de taper son papa pendant qu'il lui fait la leçon. Là encore, l'important est de paraître moderne, peu importe l'impact sur les enfants, mais quels enfants déjà, ah, oui, cette marmaille mal éduquée qui crie et coure tout le temps, empêchant les parents de prendre des photos en mirant cet hypnotique téléphone qu'ils ne lâchent plus...que pour le donner à leurs enfants afin qu'ils soient sages.
   Mais toutes ces personnes ne portent ni voile ni maladie honteuse, n'est-ce pas, il n'y a plus de risque de voir cette femme expliquer aux autres enfants pourquoi elle porte un foulard, ni de voir cet homme faire une crise d'épilepsie devant ces innocents chérubins. Ils les préparent au monde de demain, celui où il n'y aura plus aucun danger, surveillés de près qu'ils seront par les techniques de la nouvelle révolution numérique qui va aussi sauver le monde de la catastrophe écologique, d'ailleurs, enfin peut-être, si ça rapporte de l'argent, c'est en cours d'étude, nous serons prêts dans cinquante ans mais nous cherchons activement une autre planète!
   Finalement, le voile "islamique" a plus de succès médiatique que la dénonciation de crimes quotidiens contre l'humanité en général, mais une fois encore nul ne saurait dire que l'on se voile la face!

vendredi 1 novembre 2019

La guerre des mots.

   Au cours de mes déambulations, je croise, en ces jours de vacances, beaucoup de groupes de jeunes gens, filles ou garçons, filles et garçons, peu importe leurs apparences ils ont un point commun, ne s'exprimer que par des onomatopées venues d'ailleurs, quels que soient ces ailleurs, je crains qu'ils effacent la richesse de notre si belle langue.
   Cela semble être dans l'air du temps, de plus en plus de dictatures sont en place et entretiennent des relations plus que commerciales avec nos seules véritables démocraties, dont "nos" gouvernants  démocratiques ne s'offusquent que par quelques récriminations verbales. Comme ils doivent s'acquitter de cette tâche humanitaire dans le machoullis de ces connards d'anglais, ils ne disposent que d'un vocabulaire limité et ne peuvent exprimer les colères avec la teneur nécessaire. En serait-il de même avec Goethe et Molière?
   Le problème est qu'il nous manque cet héritage que seuls les archéologues pourraient sauver. Il semble si profondément enfoui que notre très coûteux, euh, très cher président soi-même s'empêtre régulièrement dans ses tentatives de parler Le français. Son gouvernement est pire, certes, jusqu'aux chargés de communication mais je ne vise personne en particulier, il devient un langage coloré cependant!
   Donc, l'état fait preuve d'une identique exemplarité dans sa volonté de bien parler et son sens de l'économie, et là je ne parle pas de mots. Cette volonté affichée de paupériser le langage en même temps que les citoyens ne nous mène-t-elle pas vers une forme de dictature, juste de l'ordre avant qu'il n'y ait plus que des ordres. D'ailleurs, les peuples révoltés comme vents et marées contre des gouvernements devenus autoritaires au seul nom de l'économie de marché paraît les réjouir plus que de les inquiéter, nous devrions nous en inquiéter. Car ces populations, malgré des forces de l'ordre implacables et aveuglément obéissantes dans leurs brutalités, restent debout dans les rues, dans les brumes policières, affichant plus leur désespoir que la colère.
   Là encore, les mots manquent pour décrire l'injustice grandissante qui, seule, pousse des personnes jusque là silencieuses à faire du bruit, mais tout ce bruit empêche les mots de se faire entendre, plus personne ne sait alors pourquoi il manifeste. Mais les réponses apportées par les grands penseurs de l'état étant tout aussi inaudibles, nous ne sommes pas sortis de ce dialogue de sourds.
   Pour s'entendre, il suffirait de parler la même langue, celle que l'on maîtrise le mieux, celle qui, seule, peut exprimer tous les maux et tous les biens et assurer une compréhension commune à tous.
   Cette langue, c'est le français, nous le parlons tous les jours et, à part bien sûr les anglais, tout le monde semble parfaitement me comprendre, pourtant je n'use que rarement de mots courants seulement ils font aussi le français, c'est ce qui rend le discours compréhensible!