jeudi 31 mai 2018

Quadragénécolos.

   Encore un néologisme dû à cette folie qui semble s'être emparée de l'humanité, il y a tant de nouveaux comportements que les mots manquent!
   Nous étions à cette heure que l'on dit entre chien et loup, j'arpentais les sentiers côtiers attendant que le soleil gratifie les cieux de ses dernières lueurs, créant les couleurs les plus improbables. C'est un véritable moment de plaisir dont seule une poésie saurait rendre la beauté, mais je hais la poésie alors tant pis pour vous, je garde le spectacle pour moi tout seul!
   Pour compenser, je vais médire, c'est ce que je fais le mieux.
   Je n'étais pas seul à profiter des lumières du couchant, quelques promeneurs déambulaient ça et là, en groupes ou solitaires, ainsi que votre serviteur.
   De ces personnes seules, une majorité était des femmes et beaucoup d'entre-elles étaient des quadragénaires de type écologistes, vous savez, sur un vélo, bronzée, sans maquillage mais une peau visiblement très entretenue et l'éternelle tenue décontractée!
   Jusque là, rien de très nouveau, c'est leur comportement qui a évolué, elles jouent à "Diane chasseresse"! J'en arrive à me demander si elles viennent profiter du coucher de soleil ou faire leur marché, j'ai été ausculté plus que regardé!
   La pénombre jouant à plein, je devais paraître plus jeune au vu de la façon de me faire outrageusement draguer jusqu'à ce que la proximité laisse apparaître mon grand âge...à leurs regards effarés en tout cas!
   Elles ont à ce point besoin d'être rassurées qu'il leur faut séduire des plus jeunes, quitte à passer pour des nymphomanes, terme désuet pour désigner ce que le politiquement correct nous contraint de nommer femmes émancipées!
   Il est un point commun à toutes ces femmes, leur extrême maigreur à la limite du dessèchement, qui me ferait presque passer pour un gros! Elles ont dû passer au régime herbivore pour la plupart, elles ne bêlent pas encore, mais je crois en avoir entendu braire!
   Il me vient une idée incongrue, si j'excepte le vélo, j'ai beaucoup de points communs avec ces femmes, physiquement j'entends. Je suis maigre, bronzé et je passe mon temps à mater des femmes puisque je les observe pour vous les décrire.
   Une observatrice pourrait me décrire tel que je l'ai fait de ces femmes, en pensant que je ne les trouve pas assez jeunes pour les courtiser!
   Alors que je ne les trouve que trop vieilles!

dimanche 27 mai 2018

Assouplissement.

   Plein de cette énergie que me redonnent mes exercices d'étirements, j'ai décidé de pousser plus avant la recherche par la variété, c'est ainsi que je prends actuellement contact avec le yoga.
   Je pensais aborder un art totalement inconnu, mon initiateur n'avait aucune notion d'ostéopathie, nous avons pourtant très vite compris que nous parlions du même sujet, l'équilibre.
   Les postures du yoga sont plus douces et basées sur une durée dans l'équilibre quand l'ostéopathie agit, par le mouvement, dans la bonne posture. Ce n'est qu'une histoire de corps, asiatique ou européen, qu'il convient de soulager, je ne suis simplement pas certain qu'un Chinois qui exprime sa douleur dise "aïe" quand il a mal!
   Les méthodes du yoga font travailler la souplesse qui me fait cruellement défaut, pas que physiquement, mais il paraît que la flexibilité va de pair, ça ne peut donc pas nuire de prendre la pose!
   Bon, la première posture pose plus de problèmes par son nom que par la position à adopter, c'est celle de la foudre mais devrait être celle du foudre, pour une histoire de diamants, mais c'est pour nous détendre!
   Nous avons ensuite la montagne puis, fléchissant les genoux, nous faisons la chaise mais pas le temps de s'asseoir que la cigogne se fait remplacer par le chien tête-en-bas.
   Mais pas le temps de mordre ou de finir la gamelle, le guerrier impose sa posture sans imposture, avant que le triangle ne me rappelle ma phobie des mathématiques.
   Pour finir, le sphinx a précédé de peu le chien museau face au ciel, mais, plutôt que de faire pipi sur un réverbère, nous avons pris la posture de l'enfant.
   L'avantage du yoga est que ses bienfaits sont immédiats, je complète donc mes exercices de musculation par des assouplissements d'autant plus naturellement que je me sens effectivement plus souple, physiquement pour le moment, psychiquement je ne suis pas encore certain!

vendredi 25 mai 2018

Doux leurres.

   Il est des douleurs si vives qu'aucune drogue, légale ou pas, ne peut en venir à bout, il convient alors de trouver d'autres méthodes.
   C'est ce que m'apprend mon ostéopathe, les positions ou exercices permettant un soulagement efficace, si ça ne supprime pas la souffrance, elle est atténuée.
   Mais il est un point qui a décidé que c'était lui qui déciderait et il ne s'en prive pas, particulièrement sous un climat tourmenté, il devient mon unique tourment mais parce qu'il efface tous les autres par son intensité.
   C'est son côté capricieux qui le transforme en supplice, tout à coup plus rien ne compte, quel que soit le lieu, le moment, la douleur occupe tout l'espace, même l'air semble chassé. Une douleur si intense qu'elle en devient humainement indescriptible, muette parce qu'il n'existe aucun mot pour définir ce qui est ressenti comme un hurlement qui transperce jusqu'au coeur de sa victime.
   Seules quelques larmes témoignent de la violence subie, comme un trop-plein débordant, mais pas de joie!
   Alors, il ne reste qu'une solution et ce n'est pas la drogue, légale ou pas, je tente la guérison par omission, si j'oublie la douleur, elle fera comme les clés, elle disparaîtra! Mais je ne serai pas perdant pour autant, ce ne sera qu'un égarement qu'il conviendra de faire perdurer, durablement, mais ça va être dur.
   Je recommence donc à m'activer activement, sans cependant reprendre d'activité à cause de l'instabilité de mon état, j'ai beau leur répéter que je n'ai jamais été stable, les spécialistes médicaux ne veulent rien entendre!
   Heureusement, j'ai un allié, mon kiné-ostéopathe qui pense que le sport est le meilleur médicament contre les douleurs de dos, je voulais juste oublier la douleur, il veut la détruire, ou faire de moi un sportif de haut niveau, j'ai parfois des doutes!
   Par divers exercices, ou tortures selon le point de vue, il m'apprend l'existence de muscles et tendons qui semblaient ignorer jusqu'à leurs rôles! Ils sont pourtant essentiels à notre équilibre et notre souplesse, c'est d'ailleurs sur ce dernier point qu'il faut être dur!
   Là, je dois avouer que je n'avais que l'idée de fuir, mais le praticien a commencé à me citer certains noms, je sais maintenant pourquoi la curiosité est un vilain défaut!
   En effet, après m'avoir décontracté le multifide, il m'a mis à contribution pour la suite et il m'a fallu remuer le carré et l'ilio-costal des lombes, les érecteurs du rachis, ainsi que l'interépineux et l'intertransversaire, tout ça pour finir par le ligament ilio-lombaire.
   Je suis si concentré sur les noms que j'en oublie la douleur, certes ce n'est qu'un doux leurre, mais j'en fais mon beurre!

Hyper-tout!

   J'avais déjà effleuré le sujet précédemment, mais la recherche des chimériques causes de mon épilepsie me permet d'accéder dans les arcanes secrètes de la science médicale. Omettant mon hyperacousie, les spécialistes échangeaient leurs propos sans retenue aucune, j'ouïs donc leurs conciliabules.
   Ils appellent les personnes atteintes de troubles tels que les miens des H-P, pour hyper-potentialité, oubliant qu'il y a peu, cela désignait un hôpital psychiatrique! Mais peu importe, puisque je ne pouvais pas lire entre des lignes non-écrites, j'apprenais à écouter entre leurs mots.
   Bien m'en pris, j'ai pu découvrir que je n'étais qu'un maillon dans leurs recherches, mais que j'avais un côté pratique par mon acceptation totale des nombreux examens proposés!
   Après toutes les qualités dévoilées par leurs soins, j'aurai eu mauvaise grâce à refuser. Je me demande cependant si la médecine ne chercherait pas à créer les surhumains de demain qui ne se contenteront pas de savoir tout faire mieux que les autres, ils feront tout hyper-mieux!
   L'être humain du futur sera hyper ou ne sera pas, nous en sommes déjà entourés mais nous refusons de le voir.
   Cela commence souvent de façon anodine, afin de mieux nous faire accepter cet état de fait, la médecine nous laisse penser que c'est une dégradation oculaire, alors que c'est notre entrée dans le monde hyper, hypermétrope dans ce cas.
   Très vite, l'enchaînement se met en place, on que dit se c'est hyperbate(1) et que c'est un coup d'hyperbole!
   En état d'hyperexcitabilité, il faut vite aller dans un hypermarché, y faire une crise d'hyperphagie(2) jusqu'à provoquer une hyperémie(3) des intestins!
   On tombe alors en hypersomnie(4), due à l'hypertrophie de notre estomac, qui nous rend hyperesthésiques avant que les nutriments ne nous rendent notre hyperthymie(5) adolescente.
   Sinon, nous n'aurons plus qu'à nous mettre à l'hypertrichose(6), enfoncés dans un fauteuil attendant l'amère morte!
   Voilà, en fait il suffit de vieillir pour devenir hyper, mais les médecins ayant entamé la recherche y persévèrent!
 Lexique : (1): modification de l'ordre habituel des mots
                 (2); trop manger
                 (3): congestion
                 (4): on dort énormément
                 (5): cf :"j'aime la poulpe attitude"!!!
                 (6): pilosité très dense

mercredi 23 mai 2018

La ballade de la balade.

   Encore une réjouissance de notre si aimable langue, qui pousse le sens de l'humour jusqu'au bout puisqu'un baladin jouait des ballades tandis qu'un baladeur se joue des balades!
   La langue française se joue-t-elle de nous ou essaie-t-elle de nous faire marcher?
   Devrais-je écrire une ballade pour décrire mes balades, transformant le modeste baladin baladeur en troubadour?
   J'y intégrerai des choeurs, pour les canons!
   Elle pourrait débuter ainsi :
   "Par une belle journée, sous un soleil éclairant de tous ses feux, je me baladais en cette ville toujours froide par son exposition à tous les vents sauf celui, chaud, du sud.
   Muni d'un baladeur qui me diffusait la douce musique d'un violoncelle, je me dirigeais vers la côte, ses chatoiements colorés et ses criques abritées!
   Ce n'est qu'en ces lieux que peut se composer une ballade, puisque seule une ballade saurait leur rendre l'hommage mérité. mais si je sais jouer des mots, il n'en va pas de même pour les notes, je ne connais pas la musique!
   Alors, transformons les mots pour leur rendre leur musicalité, ils deviendront les notes qui donneront plus de portée, afin que ce texte soit une partition.
   Le long de cette côte dite, fort justement, d'émeraude qui ajoute à la magnificence de ses couleurs par les déchirures de son littoral. Les rayons solaires ajoutant à la magie du lieu, c'est le regard qui s'illumine, éclairant jusqu'à l'esprit.
   La promenade n'est jamais une déambulation aveugle, au contraire elle permet d'ouvrir les yeux en marchant au milieu des rochers, du sable et de l'eau, la tête dans les nuages. Où que se pose le regard, que ce soit pour regarder ou s'assurer, s'offre un spectacle magique aussi bien par les couleurs que les formes.
   C'est une balade qui aère plus que les poumons, mais elle ne m'inspire pas l'air de ma ballade, c'est peut-être mieux, je chante très mal!
 
   
 

mardi 22 mai 2018

Endogmez-vous bien.

   Depuis quelques mois, je me vois contraint de rencontrer des spécialistes divers et variés, dans des domaines aussi divers que variés mais ayant un dénominateur commun. Ils ont tous fait des études et ils ont des postes à responsabilités, ça inspire confiance, ou ça le devrait!
   Il est un problème commun à tous les étudiants, le fait d'avoir réussi un examen leur laisse penser qu'ils ont acquis le savoir quand il ne s'agit que d'un savoir. Certes, sir Francis Bacon a dit que "le savoir, c'est le pouvoir", mais c'est un Anglais donc il devait faire de l'humour!
   Il est une question que soulève la découverte de certaines capacités, occultées jusque là, et qui me poussent à développer mes savoirs, voire à en découvrir d'inconnus, mais de quelle façon?
   Certaines voix, pour qui j'ai le plus grand respect, se sont élevées pour me souffler l'idée de reprendre ou de faire des études, des vraies, dans une université, avec des professeurs.
   Les plus perspicaces d'entre vous l'auront déjà compris, pour l'instant, je ne me sens pas particulièrement attiré par ce qui ne m'a jamais paru qu'un endoctrinement, l'école, car quel que soit le niveau, cela reste l'école dogmatique de la bien-pensance bourgeoise, je préfère les leçons enseignées à l'école de la vie.
   Certes, il n'y a pas de validation d'acquis officielle pour un étudiant de la Vie, mais pas biologiste puisque le sens réel en a été dévoyé...par les étudiants et leurs dogmatiques classifications!
   Certes, il existe de doctes personnes ayant les connaissances et la capacité de les partager, mais elles sont rarement dans des amphithéâtres entourées d'un potentiel fan-club buvant leurs paroles.
   Un professeur, par définition, professe, parfois il enseigne ce qu'il sait, depuis qu'un professeur le lui a appris. Ce n'est pas apprendre, c'est transmettre, l'école devrait apprendre à réfléchir, elle n'apprend qu'à obéir à l'ordre établi, avec quelques évolutions pour se donner l'impression d'avancer.
   En fait, les études se déroulent dans un cadre, les cours se suivent enfermés dans une pièce, les professeurs ont des programmes à suivre, mais ce n'est en aucun cas une pose d'oeillères, juste de l'enseignement de règles.
   La connaissance ne s'acquiert que par l'observation dans l'inobservance des règles établies, c'est la condition pour que le regard, par son innocente ignorance, voit ce que l'oeil exercé ne voit plus.
   Beaucoup de grandes découvertes sont issues d'erreurs ou de scientifiques n'ayant suivi aucune étude, juste leurs instincts parce qu'ils savaient qu'ils pouvaient et que cela me permet de conclure par un clin d'oeil à sir Francis!
 

Ô ma voiture.

   Que les plus peureux se rassurent, je n'ai pas racheté de voiture et je suis toujours interdit de conduire, ce texte ne fait suite qu'à un long moment d'attente sur le parking d'une grande surface commerciale.
   J'ai ainsi pu faire le drôle de constat que j'entends vous rapporter ici, il concerne les automobiles, je n'ose plus même écrire le mot voiture!
   D'abord, elles sont de plus en plus grosses, pas plus grandes mais bel et bien encombrantes au vu des difficultés à se garer des conducteurs, tous sexes et âges confondus c'est la croix et la bannière.
   Au bout d'une dizaine de minutes de laborieuses manoeuvres, le carrosse est en place, mais pas garé puisque trop volumineux pour des places de parking de plus en plus étroites, paradoxalement!
   Mais les simples galères de ces consommateurs passionnels ne justifieraient pas un texte tant ces comportements nous sont devenus communs, c'est leur attitude dès que l'engin a trouvé sa place.
   Aussitôt descendus, ils entament un étrange ballet, ils tournent autour de l'objet de leur passion avec un chiffon à la main, chassant de façon quasi obsessionnelle la moindre trace, la plus petite poussière.
   Et les voilà en train d'astiquer leur trésor, même l'intérieur des portières n'est pas oublié, avant que de les fermer délicatement et d'agiter un porte-clefs pour les clore.
   Là encore, malgré les feux clignotants qui confirment la fermeture, ils vont refaire un tour de voiture pour vérifier manuellement, puis se retourner une dernière fois à quelques mètres afin, à grands tourniquets de la main porteuse de la clef!
   Les maniaques de l'automobile ont toujours existé, mais là il semble s'agir d'une généralisation du mouvement, cela m'est d'autant plus incompréhensible que je n'ai dû laver mes différentes voitures que pour des grandes occasions! Je ne les ai jamais considéré que comme des objets, fort utiles certes, mais juste objets.
   Là, j'ai un sentiment bizarre qui se fait jour, le rapport au véhicule de ce type de personnes me fait penser aux rapports aux animaux domestiques, tout à coup ils sont des membres à part entière de la cellule familiale!
   Mon épilepsie n'est apparue que pour m'éviter de tomber amoureux d'une voiture, je conserve ainsi plus de place pour mon canon dont je tairais le nom pour ne pas faire de jaloux!

lundi 21 mai 2018

RExistence.

   L'existence exprime la réalité de la vie aussi bien que d'un fait; de ce qui existe vraiment au sens physique. Il a été mis en exergue par l'existentialisme qui est un mouvement littéraire, dont l'existence est mise en doute par les auteurs sensés en être les représentants!
   J'avais pensé avec orgueil, découvrant une littérature existentialiste, que ce blog en avait les orientations, mais en progressant dans mes recherches, j'ai compris qu'il me faudrait le supprimer pour qu'il devienne existentialiste!
   Heureusement que je suis réaliste et capable de me transcender sans aller jusqu'au transcendantalisme tout en rejetant l'immanentisme de façon innée.
   Bon, mon existence est avérée jusqu'à ce que je meure d'avoir existé trop longtemps, ou pas assez d'ailleurs, ce n'est qu'une question de point de vue. Mais si une existence peut être perçue comme une vie, elle ne garantit pas d'exister pour autant, juste d'avoir un vécu.
   La dégradation de mon état de santé m'offre l'avantage d'améliorer ma vue et mes points de vue, je découvre une partie du monde que j'avais ignorée, l'existence d'existences qui n'existent pas au sens propre du verbe.
   Des personnes semblent n'être que dans l'attente du temps qui passe, pas de lectures, une télévision allumée pour n'éclairer que la pièce où elle se trouve et, seul moment de sociabilisation, les courses nécessaires de la semaine. Une visite de voisinage de temps en temps pour maintenir un sentiment d'amitiés et beaucoup de somnolences, la journée est plus courte!
   Ce n'est pas toujours par choix, sauf pour les fainéants, beaucoup subissent cet état de fait contraints par les événements, les maladies, le manque d'argent. Leur existence entière n'a été consacrée qu'au travail, à tel point que c'était leur seul lien social mais devenus vieux et malades, ils se rendent compte qu'ils ne comptent pour personne et qu'ils n'ont personne sur qui compter.
   Il existe cependant un type particulier d'existence, il en est qui semblent ne pas même s'être aperçus de leur existence. Une vie de travail dans le même emploi, dans le même lieu mais qui n'ont laissé aucune trace hors de souvenirs succincts, même les voisins ne les connaissent qu'à peine. Jamais de sorties, jamais d'activités, peu d'échanges, ils n'ont l'air que d'attendre tout en n'ayant aucune attente, si ce n'est une mort naturelle.
   Je connais trois personnes dans cette situation, ils n'ont pas de chance, me rencontrer à un moment de ma vie où je m'ennuie! Je tente de leur prouver que la curiosité n'est pas qu'un vilain défaut, elle est aussi une immense qualité, si l'on ne regarde pas que par le trou de la serrure.
   Mon expérience d'artilleur m'est très utile puisqu'elle me permet de savoir qu'on ne traîne pas un boulet, on le roule! C'est donc par la ruse que j'arrive à provoquer des réactions, parfois cela va jusqu'au mouvement et, exceptionnellement, le déplacement! Je pensais que me lancer dans le défi de les amener à prendre la navette et aller jusqu'à Dinard ne me prendrait que peu de temps, mais le Malouin d'origine à l'air d'avoir du mal à franchir le cap, paradoxe de marin!
   Mais je fais de la résistance, un peu pour eux, beaucoup pour moi, au moins ai-je l'impression d'exister encore pour quelque chose de plus qu'une simple existence.
 
 

dimanche 20 mai 2018

L'art d'être feignant.

   Après avoir quelque peu tergiversé, je me résous à écrire une version édulcorée du texte précédent, que dis-je, la seule version que je puisse m'autoriser, étant devenu un homme calme et tolérant!
   Or donc, il était un homme fort affaibli par le traitement d'une affection psychologique, la médication entraînant une somnolence incontrôlable, il ne se maintenait éveillé que le temps strictement nécessaire.
   Je pensais qu'une diminution des doses dans le traitement médicamenteux entraînerait une réaction de légère vivacité retrouvée, mais force m'est de constater qu'il n'en est rien, si les yeux sont moins souvent fermés, le corps est toujours aussi difficile à mouvoir! Parfois, cependant, il arrive à se contraindre à aller chez des amis, afin de leur montrer l'état de ses paupières sans doute! On ne se soucie jamais assez de cet endroit du corps que jamais nous ne regardons!
   Ce n'est donc pas de l'indolence mais bel et bien un grand soin apporté à son état de santé générale! Donc, s'il ne sort jamais de son fauteuil, c'est pour ménager son squelette sans doute, ayant, par son immobilité pris du poids, il ne veut pas prendre le risque de l'infarctus par un geste inconsidéré, fut-ce un peu de ménage!
   Le pauvre n'a plus que la force d'exprimer ses envies ou volontés oralement, contraint de s'abaisser à une forme de dépendance contrainte par son immense fatigue...morale! D'ailleurs cela apparaît jusque dans sa voix lorsqu'il émet quelque idée d'activité, il y fait preuve d'une telle démotivation que l'on se sent pressé de lui venir en aide!
   C'est alors que l'on prend conscience qu'aider une personne handicapée, le fut-elle par quelque abus de drogues légales, fait surtout du bien à notre propre conscience, c'est un système avantageux pour tout le monde!
   Voilà, je ne suis pas certain d'avoir écrit ces lignes avec une sincérité absolue mais il paraît que c'est ainsi que l'on change, lentement mais sûrement, il faut vraiment que je devienne fainéant, sans feintes!

samedi 19 mai 2018

L'art d'être fainéant.

   Je me suis toujours pensé fainéant, surtout depuis que mon grand-père paternel m'en a fait l'éloge vers mes treize-quatorze ans. Il m'avait alors expliqué toute l'intelligence dont devait faire preuve un fainéant pour réaliser une tâche sans se fatiguer, ce qui lui permettait de travailler plus efficacement que les autres.
   C'est donc avec fierté que je revendiquais le titre, mais, depuis ma cohabitation contrainte avec un colocataire qui n'est pas des plus courageux, voire même paresseux, le doute m'envahit.
   Me serais-je trompé ou, pire, mon grand-père m'aurait-il trompé? Vite, le dictionnaire; "1.personne qui ne veut rien faire. 2. Personne qui n'a rien à faire.
   Fichtre, voilà que la langue française elle-même se heurte au problème, nous voici tous deux des fainéants, mais chacun dans sa définition!
   Etant un fainéant hyperactif "qui n'a rien à faire", cela m'arrange d'être tombé sur la "personne qui ne veut rien faire". De plus, il m'est d'un grand secours pour changer mon regard sur la vie. Pour faciliter votre compréhension et, je dois bien l'avouer, me servir d'exutoire, je vais vous servir une version selon l'ancienne vision, pour la nouvelle...nous verrons!
   Or donc, il était un homme, enfin il avait encore apparence humaine, qui ne se levait que dans le but de s'asseoir, ne se relevant que pour les nécessités absolues de remplissage-vidange par lequel nous passons tous.
   Je ne le crus qu'un lézard indolent dans les premiers temps, mais force m'est de constater l'horrible vérité, il n'est qu'un branleur paresseux de tire-au-flanc! Là aussi, il faut développer une forme d'ingéniosité pour ne pas se faire remarquer, c'est une qualité essentielle pour un flemmard patenté, la discrétion.
   Dans son cas, cela confine même à la disparition, il semble s'enfoncer dans son fauteuil, au point qu'un jour ça fera ventouse à n'en pas douter et comme il n'a plus de ressort, l'homme pas le fauteuil!
   Devenu maître absolu de l'art du :"il faudra que...", il répète plusieurs fois à haute voix la tâche à effectuer, mais ce n'est pas, comme je l'ai naïvement cru, pour se motiver mais bel et bien pour que, lassé de la répétition, quelqu'un le fasse à sa place!
   Finalement, le seul effort consenti par cette grosse feignasse est celui déployé pour continuer à glander allègrement, il ressemble de plus en plus à une icone de saint infarctus!
   Mais je ne m'en plains pas puisque cela me permet de rester plus actif, ce qui m'est, malgré les affections, essentiel. De plus, cela accroît mon sentiment d'être encore en pleine forme, seulement je n'ose plus revendiquer de mon titre, il va me falloir faire dans le néologisme afin de différencier un fainéant d'un feignant!

jeudi 17 mai 2018

Le vieil homme.

   C'était par une de ces belles journées que le printemps sait si bien éveiller, j'en profitais pour faire une promenade côtière afin de profiter de la magie des lumières printanières. Passant par un long quai jalonné de bancs, habituellement vides à cette heure de la journée, là, la générosité du soleil les avait transformés en jardinières où auraient poussé des êtres humains!
   Il n'en était plus qu'un où je pouvais m'asseoir, il y avait une seule personne, un homme qui semblait très âgé, son magnifique sourire lorsque je le saluais me poussa plus qu'il m'invita à prendre place auprès de lui.
   Nous nous débarrassions très vite des habituelles billevesées météorologiques ou sociétales, comme si nous savions déjà qu'il y avait autre chose, je n'avais qu'un pressentiment, il avait une certitude!
   Je sus très rapidement  son prénom, André, et son âge, quatre-vingts ans, il me dit qu'il fait cette promenade tous les jours dans l'attente de rejoindre son épouse partie il y a bientôt cinq ans. Il n'est pas dans ses habitudes de parler ainsi, me dit-il, mais ma démarche et, plus encore, ma voix lui avaient trop rappelé son fils décédé de maladie il y a dix-sept ans de cela, il aurait à peu-près le même âge que moi, la "cinquantaine bien assise"!
   Il n'y avait aucune apparence de nostalgie malsaine dans sa démarche, il était juste curieux de savoir comment aurait pu être son fils s'il avait vieilli. Je me prenais au jeu rapidement, surtout grâce à l'humour d'André, très proche du mien et comme il adorait m'entendre rire, ce fut un moment fort agréable.
   La conversation finit cependant par prendre une tournure plus sérieuse et la mort y tint une bonne place, enfin, pas la mort, mais "le manque de savoir-vivre" ainsi que le nomme Pierre Dac. D'avoir "survécu" à deux personnes, qu'il n'avait jamais imaginées plus pressées que lui jusqu'à ce qu'elles soient parties, lui avait permis de retrouver la foi, donc il attend "patiemment son tour, en faisant de petits tours de son actuelle à sa future demeure"!
   Lorsque je mentionnais le risque de l'ennui dont ma grand-mère paternelle m'avait parlé à quatre-vingt-treize ans, en me disant qu'elle ne se sentait plus dans son monde, il eut un sourire épanoui puis  me répondit: "je pense que nous avons un destin et que je ne pourrais m'en aller que lorsque j'aurais accompli mon chemin, quelle qu'en soit la fin j'ai une raison au moins d'être toujours là, si je la trouve, Il me laissera quitter ce lieu. Donc, je ne m'ennuie pas puisque je cherche!"
   Voilà, je ne sais pas si je reverrais André un jour, nous avons décidé de laisser faire le hasard, même s'il fait tous les jours cette promenade, cela ne tiendra donc qu'a mes choix d'itinéraires et j'aimais déjà beaucoup l'endroit.
   Surtout, un doute me gagne, notre conversation en adéquation avec mes problèmes actuels, le bien-être que j'ai ressenti après notre séparation et cette étrange ressemblance avec son fils, serais-je l'objet de sa dernière quête?
 
 

lundi 14 mai 2018

Originellement original.

   Il m'a toujours été difficile d'accepter les enseignements, quels qu'ils soient, sans que la personne enseignante n'ait gagné ma confiance, ne m'ait convaincu d'accorder ma confiance devrais-je dire!
   Mon premier souvenir est si lointain que je ne sais plus quel âge exact j'avais, six-sept ans, c'était au catéchisme, à Strasbourg. Le curé nous parlait des miracles accomplis par un certain Jésus que je ne portais déjà pas dans mon coeur, étant né un vingt-quatre décembre, de surcroît je sortais de la lecture des travaux d'Hercule. Ma question fut aussi naïve que sincère lorsque je demandais pourquoi il me fallait accepter les exploits de Jésus comme réels, alors que ceux d'Hercule, n'étant pas moindres, étaient officiellement légendaires! Je ne me rappelle que du visage et, plus particulièrement, du regard, du curé, mais c'est ce jour que j'ai su que dieu n'existait pas, jusque dans l'esprit de ses représentants.
   Après, j'ai subi une éducation en école privée catholique, il est surprenant qu'il y ait eu achoppement! Comment accorder sa confiance à des personnes qui glorifient un mythe? Commencer sa journée d'adolescent athée par une prière à une femme sensée avoir eu un enfant vierge, avouez que ça peut perturber le collégien!
   Mais je ne veux pas accuser la gabegie du corps enseignant de mes errances scolaires, je tiens à en assumer l'entière et totale responsabilité, on ne m'a traité en original que parce que je me suis comporté en original. "Vous avez les capacités pour réussir des études, mais pas chez nous." doit être la phrase qui résume le mieux cette carrière contrariée dès ses balbutiements!
   C'est là que s'est imposée la décision de ne plus décider, laissant les hasards de la vie guider les choix, c'est plus simple, ça ne rate pas, ce n'est qu'un mauvais choix! Cela m'a permis de côtoyer dix-huit métiers et une quarantaine d'entreprises, ce n'est donc pas un échec, juste une légère forme d'instabilité, j'ai l'ennui à fleur de peau et quand je m'ennuie, je m'en vais.
   Je n'ai accepté aucun métier comme titre, lorsque l'on me demande quelle est ma profession, je ne peux que dire : "laquelle?", ou : "je suis un voyageur de métiers, au pluriel."!
   Sans être totalement anormal, je n'ai pas accepté toutes les normes, c'est là mon originalité mais je n'arrive pas à en cerner l'origine, est-elle due à mon éducation ou est-elle originelle?
   Il était si confortable de rendre le rejet d'une autorité paternelle, exagérément brutale, responsable que je ne m'étais jamais posé plus de questions, heureusement l'épilepsie m'autorise à soupçonner d'autres causes à ce besoin perpétuel de mouvement, à cette apparente originalité.
   Si je ne puis éluder un certain héritage génétique, il est partagé entre deux parents dont je viens de comprendre la complémentaire complicité, puisqu'elle est cet héritage!
   Je ne suis donc que la, relative, innocente victime de la biologie et de son esprit farceur, il va vraiment falloir que je fasse mes études de médecine si je veux comprendre.
   Et puis, faire des études normalement me remettrait dans la norme, au moins ne serais-je plus un original!
 
 

vendredi 11 mai 2018

Quel monde merveilleux.

   J'emprunte le titre à monsieur Louis Armstrong tout en l'écoutant égrener les raisons d'aimer le monde, tel qu'il est, pas tel que nous le voudrions car ce n'est que ce simple désir qui nuit à notre bonheur.
   Pour être en vie, il faut avoir envie mais pas être envieux, en se contentant du moment présent pour continuer de s'améliorer en observant des personnes ayant d'autres qualités, pas en les jalousant.
   Ceux pour qui le monde n'est pas merveilleux sont tous ces jaloux haineux qui, par définition, ne seront jamais satisfaits, mais nous faisons, que nous le voulions ou non, tous partie du système, faisant de nous les seuls responsables de l'état du monde.
   Je sais que l'optimisme est considéré plus comme un handicap que comme une qualité par notre société, mais j'ai appris que la neurologie pense tout le contraire et que, cerise sur le gâteau, elle me classe dans cette catégorie.
   Etant devenu officiellement un optimiste, j'ai le droit de me réjouir de tout puisque c'est dans mes gènes alors je ne vais pas me gêner, surtout que les gênés tiquent.
   Cela me permet d'accepter ma nouvelle situation et, en lui découvrant quelques côtés positifs, d'en faire un nouveau départ vers une autre vie, afin que le monde continue d'être merveilleux!
   Ainsi, ne plus travailler quand on est un hyper-actif semble inacceptable, mais les contraintes au travail seront telles que ce ne pourra plus être qu'une activité que je n'aurais pas même choisie! Cela m'a permis de prendre la distance nécessaire pour m'apercevoir que nous sommes devenus des esclaves, mais dont nous sommes nous-mêmes les maîtres.
   Plutôt que de m'en plaindre, je dois me réjouir de la dégradation de ma santé qui me permet de sortir la tête haute, et avec un peu d'avance, de ce cercle si vertueux qu'il en est devenu vicieux.
   Il faut tomber malade à cause du travail pour ne plus se comporter comme un malade du travail!
   Je prends du plaisir grâce à mes ennuis qui m'ont réappris les avantages de l'ennui, il est bon de ne rien faire, pas même penser, c'est le meilleur moyen de panser ses blessures, sans dépenses.
   Bien sûr, tout le monde ne peut pas être touché par la grâce de la maladie, mais il existe beaucoup d'autres façons de voir dans quel monde merveilleux nous vivons, déjà, vous n'êtes pas malades et je suis certain qu'en cherchant un peu, outre le fait de me connaître, vous avez bien d'autres raisons de penser,
"What a wonderful world"!

 

jeudi 10 mai 2018

L'ascension.

   Je ne puis empêcher un sourire narquois de fleurir quand je songe que tout un pays sensé être laïc ne travaille pas pour rendre hommage à la montée de Jésus auprès de "papa"!
   C'est de l'un des extraits où l'évangile ressemble le plus à ce qu'elle est, à savoir un récit de science-fiction, que provient l'idée de ne pas travailler ce jour, un peu comme si le jour du décollage de la fusée de " de la terre à la lune" de Jules Verne devenait jour de fête nationale!
   Bref, ne boudons pas notre plaisir, pour une fois qu'un ascensionniste n'est pas un conquérant de l'inutile, bien qu'il soit vain, il a montré l'exemple.
   Mais je ne suis pas absolument certain que son message ait été bien compris par ses disciples, je ne suis pas certain que s'entourer d'illettrés un peu idiots fut la meilleure idée de Jésus! Surtout que son dernier message était : "je vous laisse seuls avec l'Esprit Saint", s'ils ont compris "sain", ça expliquerait que l'ascension ne soit plus que liée à l'enrichissement financier et non plus spirituel!
   Nous étions conviés à une élévation, nous pratiquons la surévaluation, tout ça parce que douze crétins ont mal compris...ou interprété le message! Comme en plus il parlait par paraboles, c'est à se demander s'il ne l'a pas fait exprès!
   Donc, nous fêtons le départ d'un homme vers un lieu de délices, selon son propre aveu, après qu'il ait semé la confusion et le désordre afin de créer un monde meilleur, pas de doute c'est une réussite, ça vaut bien une fête!
   Bon, en attendant d'avoir atteint des sommets, je vais entreprendre l'ascension de mon lit, il n'y a que celle-ci de fiable!
 

mardi 8 mai 2018

Médaille de bronze.

   C'est de saison, les premiers rayons solaires réchauffent à peine l'air que c'est la ruée vers la plage et ce ne sont pas les jeunes qui gagnent! Après avoir mangé des carottes tout l'hiver, ils se ruent sous le premier rayon de soleil, peu importe le coût, dents et oreilles qui poussent l'hiver, bronchites au printemps, l'important est de ne jamais être blancs, bande de racistes!
   Ayant délaissé les grandes plages populaires, je longeais une partie de côte plus escarpée et irrégulière, parsemée de petites plages séparées par de grosses masses rocheuses, un endroit dédié à la randonnée et au plaisir des yeux...pour sa partie paysagère. Car, pour la part humaine, je ne suis pas absolument certain de pouvoir parler de plaisir des yeux!
   Déjà, il y avait tant de monde que chaque centimètre carré de sable était recouvert, ce n'était plus des plages mais des barbecues recouverts de saucisses, comme la moyenne d'âge devait avoisiner les soixante-dix ans, je n'exagère qu'à peine le trait! Pour le coup, c'est moi qui me suis transformé en saucisse entourée de regards affamés jusqu'à la concupiscence.
   J'ai fui devant tant d'expérience étalée, n'est pas Macron qui veut!
   Continuant ma déambulation, je pris conscience que c'était une journée consacrée au bronzage plus qu'à la randonnée, je ne croisais que des gens en recherche d'un carré de sable mais toujours souriants. Le soleil radieux poussait à la bonne humeur et donnait un air estival au lieu, un petit vent soutenu me poussait cependant à ne point trop me dévêtir.
   Malgré cet anachronisme apparent, les personnes étalées au soleil continuaient de me saluer avec force amabilité, comme si j'étais l'un des leurs! C'est alors que je me suis rappelé que je prenais très vite des couleurs et que mon visage devait leur confirmer mon appartenance au groupe.
   J'arrivais au seul endroit où il n'est pas possible d'éviter la plage, il faut la traverser sur une centaine de mètres, afin d'éviter tout risque je décidais d'utiliser une méthode efficace pour détourner les attentions. Je me mettais torse nu, vu qu'il n'a pas encore été exposé, le contraste entre lui et mon visage devait me faire ressembler à un cycliste du tour de France!
   C'est d'une efficacité redoutable, pas un sourire, pas un bonjour, pas même un regard, victime de ce rejet du blanc cité au début!
   J'ai pu traverser cet étalage de chair humaine dans la plus totale impunité, regardant sans la moindre gêne, si ce n'est esthétique, ces cachets d'aspirine se préparant à passer du blanc au rouge en une demi-journée. Ils pourront soigner leurs coups de soleil en même temps que le rhume qu'ils n'auront pas manqué d'attraper, ah, le joli mois de mai...oui mais!
 

lundi 7 mai 2018

Observateur.

   C'est un mot à double sens puisqu'il s'agit à la fois de celui qui obéit à une règle et de celui qui regarde tout d'un oeil curieux. Autant le premier peut aussi être curieux, si c'est la règle qu'il suit, autant le deuxième peut difficilement devenir obéissant puisqu'on ne saurait imposer de règles à un observateur passionné.
   Ainsi en est-il de la promenade de ce jour qui devait m'aider à changer mon regard. Déambulant dans les parties les plus nanties de Saint-Malo, au milieu de ce qu'il est convenu d'appeler une exhibition de différences sociales, j'essayais d'observer une certaine neutralité dans mes regards.
   Je marchais donc au long de ces plages qui, pour jolies qu'elles soient, ne sont fréquentables que pour la promenade. Entre leur exposition plein nord et la mer qui reflue à des centaines de mètres, c'est le bonheur du petit baigneur!
   Mais c'est le haut lieu du lieu, les familles pauvres viennent se faire bronzer en se pelant le jonc sous les yeux des riches bien abrités derrière leurs baies vitrées face à la mer. Comme j'ai décidé de changer mon regard, l'idée m'est venue d'observer le côté jardin plutôt que le côté mer.
   Déjà, puisque je parle jardin, leur situation exposée à tous les vents en fait des déserts, seules quelques plantes grasses tentent de faire illusion, mais le spectacle de la mer compense cet inconvénient. Pour les vents, ils ont tous des terrasses protégées par des vérandas, ils sont sous verre!
   En lieu et place du spectacle de la mer, j'ai eu droit aux humains en aquarium, rien que des gros poissons à en juger par leur lieu de vie!
   A première vue, ils n'aiment pas être regardés, bizarre pour des gens qui se mettent en vitrine mais, au vu de leurs regards réprobateurs, j'ai fait semblant de ne rien voir en regardant autrement. Je faisais semblant d'observer les plantes de leurs jardins avec un air docte, ça a marché au-delà de mes espérances puisque l'un d'entre eux a engagé la conversation afin de prendre quelques conseils.
   Les conseils gratuits sont aussi bien perçus par les riches que par les pauvres, cela nous fait un point d'égalité! Pendant que nous conversions près de l'entrée de sa maison, j'ai pris conscience que cet homme prenait une forme de plaisir à être observé ainsi, loin de le déranger, les regards paraissaient le valoriser!
   Ce n'est plus une promenade au milieu d'aquariums, c'est un zapping sur la télé-réalité! Des pauvres grelottant sur des plages inadaptées regardant les riches qui, depuis leurs remparts de verre les regardent en retour, c'est beau la vie quand c'est simple!
   J'ai préféré m'éloigner de ce lieu en écoutant le chant des oiseaux, regardant les plantes et leurs façons de se montrer, tout en beautés, sans mesquinerie, c'est si beau la vie, quand c'est simple!

samedi 5 mai 2018

Changer le regard.

   Puisque les plantes montrent l'exemple, j'ai décidé d'ouvrir les yeux mais en essayant d'adopter un autre regard. Le corps médical m'aide beaucoup, le mois d'avril a beau être passé, il continue à pratiquer l'humour, enfin j'espère que c'est de l'humour!
   J'ai toujours pensé que si l'on ne trouvait pas la réponse à une question, c'est que l'on ne se pose pas la bonne question. Les médecins semblent penser le contraire puisqu'ils se posent la même question depuis le début, malgré l'absence évidente de réponse, avouez que ça pose des questions!
   Cet achoppement pourrait paraître sans gravité mais ma santé continue de se dégrader, alors je n'ai plus le choix, il faut que j'adopte un autre comportement et ça commence par le regard.
   Je vais me livrer à une déambulation au rythme imposé par mes jambes, sans tenir compte des velléités guerrières de mon cerveau, plus lent donc plus propice à l'observation sous un angle nouveau.
   Déjà, j'ai une impression de folie environnante, tout le monde semble courir, je n'y avais jamais prêté attention. Le regard fixe afin de n'en point croiser d'autres, surtout ne pas perdre de temps, même les personnes âgées!
   Hier encore, j'avais ce regard aveugle où le point de vue est la cécité!
   Alors, à l'instar des plantes, j'ouvre les yeux sur un regard neuf, encore un peu chiffonné mais qui va aller s'éclaircissant pour illuminer ma vision nouvelle.
   Je décide de tenter de croiser les regards avec les passants, prêt à les toiser au besoin. Mais ce n'est pas nécessaire, une simple oeillade, voire un coup d'oeil suffisent à déclencher des regards expressifs, même s'ils ne sont pas toujours parlants!
   Le plus incroyable est qu'il suffit d'y ajouter un sourire pour déclencher un salut, un petit bonjour rend le jour bon! En fait les gens attendent d'être regardés pour montrer leurs regards, qu'ils soient fuyants, absents, neutres, interrogateurs ou inquisiteurs, ils sont regardants!
    Il faut décrocher son regard pour accrocher celui des autres, là, qu'ils soient clairs, humides, exorbités ou même vitreux, ce sont des regards croisés donc exprimés, c'est un droit de regard qui devrait être un devoir.
   Changer de regard est un nouveau départ, il faut juste éviter qu'il ne s'égare, enfin pas complètement!

jeudi 3 mai 2018

Et l'oeil s'est ouvert.

   Le soleil brille dès son lever ce matin, ses premiers rayons ne sont que légèrement filtrés par quelques nuages égarés.
   Je déambule déjà, le nez en l'air inspirant les odeurs parfumées exhalées par les  premières inflorescences de ces arbustes et arbres qui, plus tôt que d'autres, ouvrent déjà les yeux.
   Sortant de leur sommeil hivernal, leurs branches semblent s'étirer vers les cieux, si l'on prête l'oreille on entend même la sève apportant la vie.
   Là, regardant dans leurs yeux à peine ouverts, nous voyons les apparences multicolores d'une vie renaissante.
   Laissant les fleurs à leurs exubérantes exhibitions, ce sont les bourgeons déployant leurs premières feuilles encore chiffonnées de sommeil qui attirent le regard.
   Ce sont elles qui, dans leur discret déploiement, font apparaître les teintes les plus variées, toute la palette des tons pastels est ainsi offerte à l'oeil attentif.
   Alors, les yeux dans les yeux, laissez la nature vous faire un clin d'oeil!