samedi 19 mai 2018

L'art d'être fainéant.

   Je me suis toujours pensé fainéant, surtout depuis que mon grand-père paternel m'en a fait l'éloge vers mes treize-quatorze ans. Il m'avait alors expliqué toute l'intelligence dont devait faire preuve un fainéant pour réaliser une tâche sans se fatiguer, ce qui lui permettait de travailler plus efficacement que les autres.
   C'est donc avec fierté que je revendiquais le titre, mais, depuis ma cohabitation contrainte avec un colocataire qui n'est pas des plus courageux, voire même paresseux, le doute m'envahit.
   Me serais-je trompé ou, pire, mon grand-père m'aurait-il trompé? Vite, le dictionnaire; "1.personne qui ne veut rien faire. 2. Personne qui n'a rien à faire.
   Fichtre, voilà que la langue française elle-même se heurte au problème, nous voici tous deux des fainéants, mais chacun dans sa définition!
   Etant un fainéant hyperactif "qui n'a rien à faire", cela m'arrange d'être tombé sur la "personne qui ne veut rien faire". De plus, il m'est d'un grand secours pour changer mon regard sur la vie. Pour faciliter votre compréhension et, je dois bien l'avouer, me servir d'exutoire, je vais vous servir une version selon l'ancienne vision, pour la nouvelle...nous verrons!
   Or donc, il était un homme, enfin il avait encore apparence humaine, qui ne se levait que dans le but de s'asseoir, ne se relevant que pour les nécessités absolues de remplissage-vidange par lequel nous passons tous.
   Je ne le crus qu'un lézard indolent dans les premiers temps, mais force m'est de constater l'horrible vérité, il n'est qu'un branleur paresseux de tire-au-flanc! Là aussi, il faut développer une forme d'ingéniosité pour ne pas se faire remarquer, c'est une qualité essentielle pour un flemmard patenté, la discrétion.
   Dans son cas, cela confine même à la disparition, il semble s'enfoncer dans son fauteuil, au point qu'un jour ça fera ventouse à n'en pas douter et comme il n'a plus de ressort, l'homme pas le fauteuil!
   Devenu maître absolu de l'art du :"il faudra que...", il répète plusieurs fois à haute voix la tâche à effectuer, mais ce n'est pas, comme je l'ai naïvement cru, pour se motiver mais bel et bien pour que, lassé de la répétition, quelqu'un le fasse à sa place!
   Finalement, le seul effort consenti par cette grosse feignasse est celui déployé pour continuer à glander allègrement, il ressemble de plus en plus à une icone de saint infarctus!
   Mais je ne m'en plains pas puisque cela me permet de rester plus actif, ce qui m'est, malgré les affections, essentiel. De plus, cela accroît mon sentiment d'être encore en pleine forme, seulement je n'ose plus revendiquer de mon titre, il va me falloir faire dans le néologisme afin de différencier un fainéant d'un feignant!

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