mardi 7 mai 2019

Le défaut dans la cuirasse.

   Est-ce pour me protéger de cette pernicieuse maladie qui ne veut pas me laisser de répit ou, plus simplement pour suivre cette mode dénoncée juste avant? Je ne saurais le dire, mais le fait est là, je me suis recouvert d'une cuirasse et, comme pour confirmer mes propos du texte précédent, c'est la découverte de son principal défaut qui m'a fait prendre conscience de sa présence.
   Et c'est dans sa partie qui recouvre le cœur que se situe la faiblesse de mon armure, le hasard m'a donné rendez-vous avec un cardiologue, mais j'ai bien peur qu'il ne trouve pas la faille. Il n'appartient qu'à moi de réparer cette fissure pour retrouver une certaine sérénité, à moins que je ne me débarrasse de cette cuirasse qui, finalement, ne fait qu'empêcher tout mouvement.
   Alors ce défaut, qui aurait dû être le pire de tous, pourrait se révéler sa plus belle qualité, il suffit de peu, mais de tant à la fois, de temps aussi d'ailleurs. Il faut réapprendre à encaisser les coups sans protection, durcir le cuir assez pour de la cuirasse se passer, le temps durera un peu moins longtemps, c'est tout.
   Ce peut même être le début d'une autre façon d'être, de vivre et même de penser. Cette fabuleuse liberté ne peut passer que par une forme de solitude, c'est son prix, mais les rencontres qu'elle provoque ne me laisseront pas solitaire.
   Finalement, la vie me mène où je voulais aller, le fameux adage "travail, famille, patrie" ne pouvait être le mien, j'ai dû pourtant l'adopter jusqu'à ce jour, bon gré, mal gré. Si je suis heureux d'avoir eu trois magnifiques enfants, de les avoir éduqués, de les avoir aidés à grandir, je n'ai pas su ou voulu fonder une famille au sens propre de la définition. Maintenant, ils sont grands, ils vont bien et semblent heureux dans leurs vies respectives que je respecte quelque soit la forme qu'elles prennent.
   Il me reste un fond d'esprit de famille, au fond, tout au fond.
   La patrie m'a poussé à lui tourner le dos assez rapidement, entre l'autorité paternelle et celle des enseignants mes velléités guerrières ont été promptes à m'exclure d'un système trop stéréotypé pour moi. Là encore, j'ai fait face aux obligations, mais dans une grande liberté de conception et d'action qui, là encore, m'ont très vite sorti de la norme.
   S'il me reste un petit sentiment patriotique, il est voué à ma chère Bretagne et à elle seule.
   Quand au travail comme tout un chacun, il ne suffit que de s'y mettre et de ne pas se relever avant que d'avoir fait sa part. C'est la question qui se pose en ces temps de doute quand à ma santé défaillante, ai-je suffisamment œuvré pour mériter d'arrêter? La réponse m'est donnée par la maladie elle-même, ne me laissant aucun autre choix que de prendre ce qui m'est dû et de ne vivre que pour vivre.
   Je ne dois plus travailler qu'à apprendre à ne plus travailler!
   Bon, ce texte me semblait devoir être une complainte à l'Amour défaillant, il est en fait un remerciement à l'Amour qui permet de déployer ses ailes pour un envol sans frein, sans fin et sans retour.
   Comment conclure autrement qu'en reconnaissant que "l'amour rend libre"!!!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire