mercredi 28 février 2018

Evolution.

   Il est un fait certain, notre humanité ne cesse d'évoluer, mais ça ne signifie pas toujours que nous voulons avancer.
   Cela prend la forme d'une régression dans certains cas, les religions sont les premières adeptes d'une forme de retour aux sources, celle d'une obéissance aveugle à des préceptes d'un autre temps.
   Mais ce sont les peuples eux-même qui exigent d'avoir un guide, les fausses apparences des religions monothéistes sont remplacées par les apparences faussées de la religion médiatique et sont respectées avec la même...religiosité!
   Une majorité d'entre nous est contre tout type d'évolution, même de simples réformes soulèvent des objections, les avancées scientifiques sont toujours considérées comme suspectes, jusqu'à l'écologie, pourtant nécessaire, qui a ses objecteurs.
   Toutes les découvertes prouvent, de façon de plus en plus irréfutable, que nous sommes issus d'une évolution toujours en cours qui, par définition, n'aboutira jamais.
   Ce qui ne l'empêche pas d'avoir un rôle d'amélioration des espèces et de leurs coopérations garantissant leur survie dans des conditions sans cesse améliorées.
   C'est un phénomène parfaitement naturel qui profite à toute forme de vie, tant que c'est la Nature qui reste maîtresse des décisions.
   L'intervention humaine dans le processus l'a accéléré au point qu'il s'est emballé, la Nature a besoin de beaucoup plus de temps, pour assurer une évolution pérenne, que celui que nous lui accordons.
   Nous agissons dans l'urgence alors même qu'il conviendrait de prendre du temps, nous voulons adapter à nos envies une évolution qui décide de nos possibilités. Nous ressemblons à une bande d'enfants capricieux, tout et tout de suite!
   Lorsque des scientifiques qui, par leurs recherches et découvertes, prouvent qu'un être suprême qui aurait créé la terre juste pour y implanter ses humains est une grossièreté, se comportent comme si l'humain était le centre de la terre, cela autorise un certain doute!
   Ils ne cherchent pas à supprimer l'idée d'un dieu créateur, ils veulent juste le supplanter!
   Que sont quelques milliards d'années d'expérimentations d'une planète face au savoir humain?
   Les quelques "variations climatiques" des dernières années semblent être un début de réponse, nous évoluerons bientôt au rythme que la terre nous imposera, sinon ce sera bel et bien la fin de l'évolution, mais uniquement pour nous, les humains, si évolués!
 
 

mardi 27 février 2018

Originel.

   Une conversation anodine est à l'origine de ce texte, une simple conversation, pas même originale, sur nos origines et la vision que nous en avons.
   Il en est pour qui leurs origines doivent dicter leurs actes, ils perpétuent un attachement très fort à leurs patries d'origine, quand bien même ils n'y ont jamais vécu ou été.
   Cela donne naissance à des croyances qui, souvent, mènent aux extrémismes ou, pour le moins, un patriotisme acharné.
   Ainsi, l'un de mes interlocuteurs parlait avec tant d'attachement de sa patrie d'origine que j'ai cru qu'il en était natif et qu'il avait émigré en France plus tard. Mais ce n'était pas le cas, s'il n'est habitant de Saint-Malo "que" depuis vingt ans, avant, il vivait dans la région parisienne où son père s'était installé bien avant sa naissance!
   Il m'a exhibé son panel de journaux espagnols qu'il reçoit sur son téléphone afin de mieux prouver qu'il est un vrai Espagnol d'abord!
   J'ai alors posé la question fatale du pourquoi ne pas retourner s'installer là-bas. La réponse m'a laissé ébahi, c'est qu'il est difficile de s'implanter pour une famille française à cause de l'intolérance des autochtones...au nombre desquels il n'hésite pourtant pas à se compter!
   Ce fut ensuite un autre membre du groupe qui nous expliqua qu'il était Africain parce que noir de peau, bien que né en Guyane.
   J'arguais de ses chances d'avoir plus de sang indien, voire espagnol, qu'africain, vu les mélanges qui ont dû se pratiquer aux différentes époques de la colonisation.
   Mais non, il ne peut être que d'origine africaine pure puisque sa peau en témoigne, ses traits plus européens qu'africains ne comptent pas, c'est comme ça! Il est le descendant de cette peuplade brimée qu'a constitué le contingent d'Africains réduits en esclavage par les "méchants" hommes blancs.
   Puis, il nous a servi l'habituelle diatribe des descendants de victimes perpétuelles de la méchanceté des "autres".
   Le mot est lâché, le vrai nom des coupables, les "autres", ce sont toujours eux les méchants et les "nous" les victimes, quels que soient ces "nous"!
   C'est à se demander si ce ne sont pas les victimes qui créent les coupables plutôt que l'inverse, même le "crime originel" de certaines religions semble plus arriver par naïveté que par envie de nuire!
   En fait, je n'arrive pas à dissocier ces revendications sur de quelconques origines d'une forme de racisme, lui aussi originel puisqu'il ne saurait y avoir de racisme original!

lundi 26 février 2018

Mise en examens.

   Le titre est adapté à la situation que je viens de traverser, une succession d'examens médicaux, mais les résultats de ces derniers ne semblent pas plus probants que les examens scolaires que j'avais eu à subir, à une autre époque traumatisante de ma vie!
   Je dois bien avouer que j'eus aimé avoir quelques réponses, mais comme pour ma scolarité, je reste dans le flou.
   Les différents spécialistes médicaux rencontrés, pour intéressants qu'ils étaient, m'ont tant mis en examen que cela ressemblait plus à une autopsie qu'à une auscultation.
   Tout ça pour me dire que, hormis des vertèbres en piteux état et une épilepsie pour qui la médecine est impuissante, je suis en pleine forme.
   Finalement, ce qui nuit le plus à ma santé est le nombre incroyable de passages dans des "machines infernales" et les diverses drogues étranges que l'ont m'a contraint d'ingurgiter.
   Ainsi, au moment où j'écris, suis-je encore radioactif, mais c'est pour mon bien-être m'a précisé l'infirmière, ouf, me voici rassuré! D'ailleurs, la lampe que j'avais branchée dans mes narines ne s'est pas allumée, c'est plutôt bon signe!
   Quand aux petits champignons atomiques que je provoque en urinant, ils devraient avoir disparu demain! Je plaisante, bien sûr, ils auront disparu avant!
   Bon, je ne devrais plus avoir à affronter d'explorations médicales, s'ils n'ont pas de réponse après cet ultime examen, ils devront s'en contenter, tout comme moi.
   Parce qu'il est une certitude que j'ai acquise, jamais plus je n'accepterais d'être mis en examen, si ce n'est par la justice et encore faudra-t-il qu'elle ait de bonnes raisons!

dimanche 25 février 2018

Muette souffrance.

   Il est un sentiment que nul ne saurait partager puisqu'il n'appartient qu'à chacun de le jauger, c'est le ressenti de la douleur.
   Quelle qu'en soit la source, sa définition exacte ne peut être donnée que par la personne qui l'éprouve, les autres ne peuvent que tenter de compatir ou, mieux encore, se taire.
   Jusqu'à un certain stade, la douleur peut se masquer, à soi en premier, mais il est un cap où elle devient trop visible, à tel point que les proches n'osent plus simplement demander si ça va.
   Je suis dans cette période, les examens enchaînés ont eu raison de ma santé morale, je dois reconnaître mon mal-être.
   Comme c'était notre troisième rencontre, le personnel médical a su que je ne simulais pas et s'est donc appliqué à atténuer mes souffrances.
   Mais il en est une qui leur est restée inaccessible, mon acceptation de devoir laisser paraître mon mal.
   Cela m'a demandé tant d'énergie que je n'avais plus de mots pour écrire, je n'en avais plus même l'envie, la vie m'est apparue sous un jour totalement nouveau.
   Quand la souffrance est si forte que se fait jour un questionnement sur les raisons d'accepter cette situation coûte que coûte, est-ce vraiment continuer à vivre?
   L'immobilité imposée durant cette période a été plus difficile à supporter que la douleur, le seul remède proposé par la médecine étant d'être assommé par des drogues abrutissantes à base d'opiacées, je n'avais que mon envie de quitter les lieux pour anti-inflammatoire!
   J'ai pu quitter l'hôpital, mais la douleur ne m'a pas quitté pour autant, c'est une étrange maladie que la mienne, qui ne semble se manifester que lorsque l'on s'intéresse à elle!
   Je suis arrivé en forme pour quelques examens, j'en suis ressorti cinq jours plus tard, complètement détruit.
   Bon, je n'en ai plus qu'un à passer car, quel qu'en soit le résultat, ils ne feront plus la moindre expérience médicale sur moi!
   Sauf, peut-être, si la douleur s'en mêle!

samedi 17 février 2018

Décalage.

   C'est ce léger écart entre ce que l'on a choisi et ce que l'on a réellement acquis, entre l'image que l'on pense donner et la vision qu'en ont les autres regards.
   Nous avons tous de ces petits particularismes qui nous rendent si particuliers, ils sont le charme de nos relations sociales, nous avons tous intérêt à la différence.
   Mais ces décalages ne sauraient être trop importants, c'est ce que traversent mes relations en cette période de jeux olympiques. Une télévision a profité de l'événement pour s'introduire subrepticement dans le salon du lieu où je vis actuellement.
   En fait, j'ai accepté sans me renseigner et quand j'ai obtenu que la télévision soit éteinte hors jeux olympiques, ce n'était qu'une victoire à la Pyrrhus, ça dure toute la journée!
   Quelques discordances se sont vite fait jour car, pour tenir sur la durée, ils passent leur temps en rediffusions, entrecoupées des inévitables publicités.
   N'étant pas souvent présent dans la place quand le climat le permet, cela ne devait pas provoquer de gêne, il me suffisait de m'isoler en musique.
   Malgré cela, la durée de diffusion est trop longue pour qu'il n'y ait pas achoppements, surtout dans les périodes de "sports" comme le patinage artistique ou, pire, le curling!
   Je suis sûr que même Bouddha se fut impatienté, quoique non, il n'a pas connu ces tracas, c'est pour ça qu'il a pu rester zen!
   Bref, je suis contraint de subir tout ce que peut diffuser une chaîne vouée à un seul événement, là elles sont deux, de surcroît!
   J'en arriverai à apprécier les coupures publicitaires qui semblent pourtant toujours aussi rébarbatives à toute humanité, à leur décharge, je semble être le seul à le remarquer!
   Le plus difficile à admettre dans cette situation est le refus de mes arguments, au prétexte qu'ils sont justes, sans doute!
   Finalement, je crois qu'ils m'en veulent de donner une définition si juste de cet écran de fumée qu'est devenue la télévision.
   S'ils ne peuvent l'admettre, ce n'est que par peur du silence car c'est finalement lui qu'ils fuient!
 

vendredi 16 février 2018

Reprendre pied.

   Jusqu'à cette période de trouble de ma santé, cette expression me semblait plus concerner les plantes que les humains.
   Il s'agit de refaire ses racines lorsque l'on parle de plantes, mais je vis à Saint-Malo, ils ont une vision plus maritime de l'expression.
   Je suis donc un horticulteur qui reprend pied sur la côte, mais sans intention d'y prendre racine, je ne compte pas prendre pied dans une ville qui, déjà, me casse les pieds, entre autres!
   Afin de partir du bon pied, j'y vais pied-à-pied, il faut d'abord me remettre le pied à l'étrier de la remise sur pied.
   Je dois faire un pied-de-nez à la maladie, ça me casserait les pieds qu'elle me mette cent pieds sous terre donc je reste sur le pied de guerre.
   Comme j'ai les pieds beaux, je ne vais pas laisser qui que ce soit marcher dessus, moins encore les mettre à terre, fut-ce une épilepsie!
   Elle me tombe dessus au pied-levé mais elle ne me met pas un pied dans la tombe pour autant, c'est surtout la médecine qui y perd pied!
   Je garde cependant les pieds sur terre, il me faut trouver un pied-à-terre d'où je puisse prendre mon pied sans casser ceux des autres.
   Dès que j'y aurai pris pied, j'y reprendrais pied pour mieux en partir, à pieds puisque je ne puis plus conduire.
   A moins que je n'adopte le pied-marin, ça ne permet pas de vivre sur un grand pied mais cela m'aiderait peut-être à reprendre pied!

mercredi 14 février 2018

Rester dans le passé.

   Je voue une grande passion à l'histoire, plus particulièrement le moyen-âge des quatorze et quinzième siècles, ce n'est pas un secret.
   Ce qui l'est plus, est mon rapport au passé récent, surtout le mien, puisqu'il est le seul passé dont je puis être à peu près sûr de l'avoir vécu, même si ce n'est pas toujours consciemment.
   Je découvre une vision surprenante de ma vie, celle que m'en donne la médecine et, bizarrement, il est des incidents qui me semblent inconnus tant je les ai enfouis loin.
   En fait, mon jugement sur les neurologues était erroné, ils ne s'occupent pas des neurones, ils étudient les noeuds du cerveau, c'est pour ça qu'ils s'emmêlent les pinceaux!
   Ils ont, malgré tout, réussi à me dépeindre mon passé médical dans ce qu'il eût de moins bien soigné, c'est riche un passé médical, pour peu que l'on accepte de se pencher dessus!
   La décision ne m'appartenait plus, depuis ma précédente visite mon neurologue à lunettes roses avait compris que je voulais savoir vraiment ce qui se passait.
   Je suis content d'avoir été entendu au point que maintenant j'en sais tellement que je n'en sais pas plus, que la médecine, si j'ai bien compris mon médecin.
   Bon, j'ai eu l'immense joie de subir une série d'examens relativement peu agréables, si ce n'est l'électro-encéphalogramme avec sa quantité de gel et son aimable infirmière.
   Je savais que j'aurais dû me méfier d'une aussi aimable invitation de ma neurologue à venir me faire tripoter la moelle épinière et vibrer les neurones par trois visites à l'IRM, tout ça pour qu'il soit aussi fiable de jugement que la tante Irma!
   Ils ont profité de mon état de faiblesse pour me séquestrer, ils ont de la chance que les filles du service soit très gentilles et souriantes, mais mes chers neurologues m'avaient mis hors-service de toute façon!
   Cependant, aguerris par nos précédentes rencontres mes deux neurologues connus laissèrent le troisième, encore inconnu, venir m'annoncer l'échec de leurs investigations. Sa communication, plus franche et directe, me convenait parfaitement et je compris, et acceptais l'idée, qu'ils n'aient pas compris mais qu'ils n'acceptaient pas l'idée.
   Si je conserve un peu d'humour malgré l'apparent inconfort exprimé, c'est que les seuls résultats que permettent d'afficher ces investigations, c'est le peu de traces qu'a laissé mon passé sur ma santé intérieure!
   Il est des organismes qui se remettent mieux que d'autres ou est-ce juste le hasard? Mais le fait est que si ce n'est mon dos, il n'est aucun endroit qui garde de véritables cicatrices de maux, douleurs, chutes et autres incidents. Même les cicatrices semblent s'être effacées.
   Ou je n'ai jamais eu le moindre accident de la vie, je les ai juste rêvés!
   En attendant, la science se met à mon service pour m'apporter la réponse, ou pour se rassurer elle-même d'ailleurs, peu m'importe, pourvu qu'elle réponde!
   Je vais aller à la rencontre d'autres spécialistes de l'investigation médicale, qui creusent plus profondément encore, j'espère simplement qu'ils trouveront avant que d'avoir fait un trou!
 

vendredi 9 février 2018

Refus-je.

   Le hasard m'a mis face à moi, je venais juste de raccompagner Maëva et m'apprêtait à repartir lorsque j'ai croisé deux de ses voisines, plus âgées que moi toutes deux.
   Elles m'ont exprimé leur admiration pour ce que je faisais pour la petite et les changements visibles que cela avait induit.
   Ce ne sont que quelques mots échangés mais ils ont éveillé un vieux démon, par ma façon d'essayer de minimiser la valeur de mes actes aux yeux de ces personnes, j'ai compris le message d'un psychologue sur mon refus de la réussite.
   Je veux que mes actes soient inscrits dans la normalité, mais je n'agis pas dans la normalité ou alors dans ma normalité qui n'est pas la normalité, me fais-je bien comprendre?
   Rendre service sans contrepartie m'a toujours semblé naturel, mais c'est devenu une qualité si rare qu'elle fait de moi un homme d'exception.
   Mais ce n'est que dans le regard des autres, j'ai préféré regarder avec le mien.
   Jusqu'à cet instant étrange, cette rencontre de deux regards qui m'ont convaincu de changer ma façon de me regarder.
   Il m'est difficile de dire du bien de moi-même, sans masquer d'un peu de dérision tous ces moments où j'ai prouvé mes qualités, où j'ai fait le bien juste parce que c'était à faire.
   Je me rends compte que je n'ai évolué qu'en regardant et faisant, si possible, le constat de mes défauts, sans jamais réfléchir à mes potentielles qualités tant elles me semblaient naturelles.
   Mais à ce jour, dans les questionnements liés à mon épilepsie, il me faut mettre en avant mes valeurs afin de mieux encaisser cette situation de handicap non handicapant!               
   Cette foutue gentillesse qui tant m'habite qu'elle en finit par me hanter, je sais plus quand je fais le bien, l'ai-je seulement su un jour?
   Je ne sais pas faire le mal, à tel point que je ne l'ai fait que par inadvertance, insouciance, voire même négligence, jamais, ou exceptionnellement, volontairement.
   Ce ne sont pourtant que ces quelques fois que j'ai préféré retenir, omettant qu'elles étaient rares.
   Tout ce que j'ai réussi est mis sous l'éteignoir, comme si je ne voulais pas en tirer les lauriers, comme si je m'interdisais d'accepter les remerciements.
    Le dernier exemple en date est la maison de ma compagne que j'ai retapé de toute mon âme, avant que de la fuir dès que finie!
   Ce n'est pas par ennui que j'ai quitté toutes les personnes, les lieux, les emplois, c'est avant
que mes mérites ne soient reconnus.
   Je dois accepter mes qualités à leur vraie valeur sans le moindre déni, mais sans autre prétention que de devenir encore meilleur.
   Je ne dois plus me refuser.
   

Hospitalité malouine.

   Il faut croire que j'aime particulièrement l'hôpital puisque m'y voici de nouveau pour des examens qui ne vont servir qu'à rassurer les médecins.
   Je ne puis m'empêcher de me questionner sur ce débat qui concerne les conditions de travail des personnels hospitaliers, soi-disant au bord de la rupture tant les hôpitaux reçoivent trop de patients.
   Pour ce qui me concerne, j'avais un dernier rendez-vous avec ma neurologue, je devais être définitivement fixé sur mon sort, mais ce dernier est coquin!
   Je ne suis sorti de son cabinet que pour entrer à l'hôpital: "tant qu'on a de la place, autant en profiter.", m'a-t-on dit!
   Il faut éluder cette histoire de méningite mais rien n'aboutit puisque je n'en ai que les symptômes et pas la moindre trace d'affection.
   Je n'ai jamais été très affectueux, je n'affecte pas plus, c'est peut-être une explication!
   Bref, je suis redevenu la victime des personnels soignants, certains, me reconnaissant, ont même l'air content de me voir, peut-être leur manquais-je simplement!
   J'ai eu la visite matinale de Vampirella qui en voulait à mon sang, avant qu'un aussi diabolique que maladroit interne ne vienne me pomper ma moelle épinière et ils veulent que j'aille mieux!
   Je n'ai plus qu'un IRM à passer, mais nous sommes vendredi et je risque de rester enfermé ici pour le week-end, mais j'ai un plan!
   Je me comporte mal, je me plains tout le temps, j'appelle pour un oui ou pour un non, je les aurai à l'usure avant ce soir, c'est sûr!
   D'ailleurs, ma neurologue est venu m'annoncer elle-même que je pouvais repartir mais qu'il fallait que je m'engage à revenir dimanche soir.
   Je ne suis pas encore parti que, déjà, je leur manque, quand je vous dit qu'ils m'aiment!

mercredi 7 février 2018

Conversations avec les arbres.

   En ce froid mercredi, nous avons décidé, en compagnie de mon apprentie horticultrice, de rendre visite à nos amis les arbres.
   Nous étions en quête de graines, mais prendre conscience qu'une toute petite et fine plume donnera un majestueux Platane m'a rappelé à mon émerveillement pour la magie de la nature.
   J'ai l'émerveillement particulièrement expressif, certains le savent, pas Maëva!
   Elle n'a pas l'habitude d'une grande variété de vocables, c'est son air ébahi qui me l'a rappelé, me poussant à lui enseigner le verbe dans le même temps que les noms des arbres rencontrés.
   Leurs noms latins ajoutant à la richesse de la poésie que je créais pour ma jeune épigone, tant et si bien que notre promenade fut plus rafraîchissante par ses mots que par le climat, pourtant hivernal!
   Notre première rencontre fut elle d'un joli Frêne, dont le nom latin, Fraxinus exelsior, prouve qu'il est un logement de luxe pour les animaux.
   La blancheur d'un Bouleau verruqueux attira alors nos regards, les lambeaux d'écorces s'enroulant provoquèrent les premiers émois de mon élève, s'extasiant tout autant de leur beauté. Je complétais sa joie en lui expliquant les usages qui en étaient faits, colle ou pâte à papier.
   Un Cèdre, venu tout exprès du Liban, me permit de lui apprendre la différence entre feuillus et conifères ainsi qu'entre les feuillages persistants ou caducs. Vous, vous n'avez qu'à prendre un dictionnaire!
   Un Bouleau pubescent, cousin du Betula verrucosa cité plus haut, par son tronc gris et ses branches plus rouges fit comprendre le jeu des espèces et des genres pour les arbres.
   Nous croisâmes ensuite quelques Carpinus betulus, fiers de leur charme, s'exhibant sous des formes naturelles ou excessivement taillées mais toujours beaux de leur noirceur hivernale, quelques feuilles marescentes ayant résisté aux tempêtes ajoutent, par leur teinte marron, un charme à ces Charmes.
   Passant au milieu de pins, qu'ils soient des Pinus nigra 'Austria' ou pinea, ils nous donnèrent l'envie de pains au chocolat.
   Près de la boulangerie, un magnifique Sorbus aucuparia entretint notre conversation par l'explication de son nom commun, Sorbier des oiseaux, venu de ses grappes de fruits appétissants.
   Des Quercus ilex essayèrent bien d'embrouiller l'esprit de ma petite protégée, mais le feuillage persistant, fut-il celui d'un Chêne vert, est bien compris!
   Le trouble aurait pu venir d'un Acer pseudoplatanus mais il voisinait avec le Platanus acerifolia qu'il prétend copier, à moins que ce ne soit l'inverse. L'histoire de cet Erable faux-platane et de ce Platane à feuille d'Erable a beaucoup plu à la minette!
   Pour finir cette balade arborée, je lui offrais un peu de l'exotisme de l'Olea europea qui ne nous offrira sûrement jamais d'huile, suivit par le Peuplier noir d'Italie, si bien implanté dans nos contrèes qu'on en oublie ses origines méditerranéennes!
   Enfin, le Salix babylonica mit un terme à notre tristesse de déjà devoir rentrer, puisqu'il s'offrit de pleurer pour nous!

mardi 6 février 2018

Fanette.

   Il m'aura fallu entendre la chanson du grand Jacques, "la Fanette", pour prendre conscience que je n'avais jamais rendu à la mienne l'hommage qui lui est dû!
   Or donc, cela fait près de vingt ans que nous nous sommes rencontrés, nos premiers échanges ne furent que des balbutiements, mais je trouvais déjà intérêt à nos conversations.
   Puis, apprenant à maîtriser ses sautes d'humeur, je lui trouvais de plus en plus de charme, son caractère explosif n'étant pas le moindre.
   Nous sommes alors devenus inséparables, présentant notre duo en divers lieux qui, tous, ont gardé comme une empreinte indélébile le souvenir des fulgurances de ma chère Fanette.
   Farouche opposant à la violence en général, aux armes à feu en particulier, rien ne me prédestinait à l'amitié avec une haquebute.
   Elle m'a séduit par son apparence inoffensive, déguisée en massue elle trompe son monde qui a des réactions d'autant plus disproportionnée que personne ne s'attend à l'entendre tonner de façon aussi...tonitruante!
   Il est des remparts qui en tremblent encore, même si tous sont restés debout après notre passage puisque nous visons aussi mal l'un que l'autre!
   Mes virulentes diatribes, ponctuées par le cri de Fanette ont traumatisé bien des oreilles, ont fait pleurer des multitudes d'enfants.
   Mais, malgré ces petits inconvénients, ce sont des sourires qui fleurissent à l'évocation des séances de tirs qui ont ponctué notre présence en des lieux aussi pleins de magie que, parfois, inappropriés.
   Nous ne passons jamais inaperçus,
   car, peut-être ne le savez-vous pas,
   mais Fanette n'est pas un simple canon,
   c'est MON canon!!!
 

lundi 5 février 2018

Vieilles amitiés.

   Le temps sec et froid a ramené le soleil, avivant, si besoin était, mon envie de sortir marcher, bien couvert, le vent était vif!
   Il y avait peu de monde sur les trottoirs de la ville, mais, outre le ciel magnifique et la magie de la lumière solaire retrouvée, j'avais un but précis. La fête foraine annuelle et ses immanquables croustillons!
   Je les dégustais en me promenant distraitement face à la mer, remarquant que les quelques personnes présentes étaient plus âgées que moi pour l'essentiel.
   Un petit service rendu à l'une d'entre-elles me permit d'engager la conversation, pour banale qu'elle fut, elle m'a éclairé sur un phénomène étrange.
   Au moment où nos chemins se séparaient, la dame me remercia de mon amabilité et du temps que je lui avais consacré.
   Être remercié pour un peu de temps, un dimanche de surcroît, nous vivons dans un drôle de monde, de moins en moins drôle cependant!
   Je continuais à longer la côte, seul endroit où profiter du soleil en cette ville, par des sentiers un peu escarpés, c'est alors un autre type de rencontre qui me fut proposé par le hasard.
   Trois femmes, largement moins jeunes que moi, s'adonnaient à la pratique d'une gymnastique d'inspiration asiatique, ce me semble.
   Leurs explications confirmèrent ma première impression, elles avaient adapté les cours à leur façon d'être et de penser et avaient l'air de bien s'amuser! Une pensée pour ma maman!
   Décidément, il n'y a plus que les personnes âgées qui sortent de chez elles par temps froid, me disais-je, lorsque je fis ma rencontre du troisième type.
   Un monsieur, devrais-je dire, quatre-vingt-neuf ans et toujours vaillant!
   Il a profité de mon bras pour s'appuyer et de mes oreilles pour être écouté, ayant perdu sa femme et ses deux enfants, il n'a plus beaucoup d'occasions de discuter.
   Nous avons ainsi cheminé jusqu'à sa demeure, lui ayant dit que j'avais été paysagiste, il se servit du prétexte pour me faire entrer afin de voir son jardin.
   Voilà, je suis resté deux heures environ, mais j'ai illuminé la vie d'un vieil homme pour la semaine puisque nous devons nous revoir bientôt.
   Je suis reparti à la nuit tombante, le soleil n'illuminait plus les cieux, mais il brillait si fort en moi que je n'ai pas eu froid!
   En tout cas, maintenant j'ai un vieil ami à Saint-Malo!
 

samedi 3 février 2018

Lettres muettes.

   Je continue mes cours du soir niveau CM1, avec ma co-disciple nous nous sommes heurtés aux lettres muettes!
   Le coupable sait pourtant faire preuve de souplesse puisqu'il s'agit du caoutchouc, mais cette lettre "c" qui ne sert à rien a provoqué un raidissement de mon élève.
   Nous avons donc décidé, d'un commun accord, que toutes les lettres avaient un droit de cité sauf si elles pouvaient justifier leur présence.
   Plongeant dans l'encyclopédie de la rouquine, nous décidâmes de remédier à cette prétérition de lettres de la langue française.
   Très vite, je compris que nous nous engagions sur la pente, parfois glissante, de la rhétorique pure, mon émulatrice d'élève me confirma d'un regard brillant qu'elle se sentait prête!
   La première piste à explorer est l'origine des mots, ainsi savais-je que notre cher caoutchouc venait du mot indien de son pays d'origine.
   Mais ce mot serait cao-chu, l'arbre qui pleure, et il n'a pas le moindre "c" à la fin! Il ne serait que la lubie de quelque linguiste chevronné, à l'instar du "h" de rhétorique apparu tout à coup et officialisé de façon expéditive!
   Quelque peu dépités de ces découvertes qui ne nous ont rien permis de découvrir, nous reprenions notre liste de vocables à bien orthographier avec le mot habit!
   La logique enfantine a l'avantage du bon-sens: "pourquoi y-a-t-il un "h" au début et un "t" à la fin alors que le verbe habiter ne veut pas dire mettre un habit?".
   .............! Fut la réponse qui me vint spontanément à l'esprit, avant que l'étymologie ne vienne à mon secours, le Latin a le dos large!
   Je pensais éluder définitivement le problème en reprenant le fil de notre liste, mais un chameau vint se mettre en travers de notre chemin. Ses indéniables origines arabes me permettaient de justifier ce que les dictionnaires eux-mêmes se refusent à expliquer.
   Enfin, nous arrivâmes au bout de cette maudite leçon de vocabulaire, il n'y eut plus que le "g" de magnifique pour me rendre aussi muet que toutes ces lettres qui, finalement, ne sont là que pour nous contraindre aux fautes d'orthographe!

vendredi 2 février 2018

Le ressenti ment, parfois.

   Ou est-ce par foi, quoi qu'il en soit, les premières impressions ne sont pas toujours les bonnes, ainsi en est-il de relations que l'on croit bâties sur le respect mutuel.
   En pleine période d'acceptation d'une maladie qui ne se voit ni ne se ressent, je suis devenu plus attentif aux autres personnes atteintes d'une affection longue durée, ainsi que la nomme la médecine.
   J'ai fait un constat surprenant, moins leur handicap se voit, plus les gens se comportent ouvertement en grands malades. Ils exhibent leurs soucis de santé de façon outrancière et exigent que tous soient emplis de compassion, voire de dévotion, envers eux.
   A l'inverse, il en est dont les souffrances se voient alors même qu'ils refusent le moindre secours, rejetant l'offre d'aide avec raideur. Ils ont l'air de nous dire:"attendez que je sois handicapé pour m'aider"!
   Mais il est une réalité que l'on ne peut nier, tous sont et restent handicapés et ce n'est pas une situation facile à vivre dans une société qui se demande comment on pourrait rentabiliser jusqu'aux retraités!
   Il n'est pas toujours simple de trouver un emploi en étant valide, que dire de la recherche d'emploi d'une personne en situation de handicap?
   Les organismes dédiés se sont développés, j'ai pu prendre contact avec deux d'entre eux. C'est là que j'ai compris le comportement des autres personnes atteintes, comme moi, de pathologies non-visibles.
   Il faut avoir l'air malade et dépressif pour être pris en charge, ou plus simplement aidé, je n'y ai donc obtenu qu'une liste de quelques emplois auxquels je pourrais prétendre.
   Je ne m'attarderais pas plus que ça sur cette liste, elle ferait tomber en dépression un gagnant du loto!
   Je me sens mieux depuis que j'ai pris la décision de n'être plus malade que pour la science, il va me falloir adopter la même posture si je veux retrouver un nouveau métier qui me convienne.
   En attendant, je fais dans le bénévolat, ils sont moins regardant sur la qualité de la marchandise et ça permet de recréer des contacts avec des personnes dites normales.
   Là aussi, pourtant, un constat se fait jour, ce sont les bénévoles les plus actifs les plus discrets, ceux qui n'interviennent qu'exceptionnellement le font à grands renforts de ahanements afin que tous les remarquent!
   Finalement c'est rassurant, je vais vivre une autre normalité, mais ça reste une normalité!