vendredi 9 février 2018

Refus-je.

   Le hasard m'a mis face à moi, je venais juste de raccompagner Maëva et m'apprêtait à repartir lorsque j'ai croisé deux de ses voisines, plus âgées que moi toutes deux.
   Elles m'ont exprimé leur admiration pour ce que je faisais pour la petite et les changements visibles que cela avait induit.
   Ce ne sont que quelques mots échangés mais ils ont éveillé un vieux démon, par ma façon d'essayer de minimiser la valeur de mes actes aux yeux de ces personnes, j'ai compris le message d'un psychologue sur mon refus de la réussite.
   Je veux que mes actes soient inscrits dans la normalité, mais je n'agis pas dans la normalité ou alors dans ma normalité qui n'est pas la normalité, me fais-je bien comprendre?
   Rendre service sans contrepartie m'a toujours semblé naturel, mais c'est devenu une qualité si rare qu'elle fait de moi un homme d'exception.
   Mais ce n'est que dans le regard des autres, j'ai préféré regarder avec le mien.
   Jusqu'à cet instant étrange, cette rencontre de deux regards qui m'ont convaincu de changer ma façon de me regarder.
   Il m'est difficile de dire du bien de moi-même, sans masquer d'un peu de dérision tous ces moments où j'ai prouvé mes qualités, où j'ai fait le bien juste parce que c'était à faire.
   Je me rends compte que je n'ai évolué qu'en regardant et faisant, si possible, le constat de mes défauts, sans jamais réfléchir à mes potentielles qualités tant elles me semblaient naturelles.
   Mais à ce jour, dans les questionnements liés à mon épilepsie, il me faut mettre en avant mes valeurs afin de mieux encaisser cette situation de handicap non handicapant!               
   Cette foutue gentillesse qui tant m'habite qu'elle en finit par me hanter, je sais plus quand je fais le bien, l'ai-je seulement su un jour?
   Je ne sais pas faire le mal, à tel point que je ne l'ai fait que par inadvertance, insouciance, voire même négligence, jamais, ou exceptionnellement, volontairement.
   Ce ne sont pourtant que ces quelques fois que j'ai préféré retenir, omettant qu'elles étaient rares.
   Tout ce que j'ai réussi est mis sous l'éteignoir, comme si je ne voulais pas en tirer les lauriers, comme si je m'interdisais d'accepter les remerciements.
    Le dernier exemple en date est la maison de ma compagne que j'ai retapé de toute mon âme, avant que de la fuir dès que finie!
   Ce n'est pas par ennui que j'ai quitté toutes les personnes, les lieux, les emplois, c'est avant
que mes mérites ne soient reconnus.
   Je dois accepter mes qualités à leur vraie valeur sans le moindre déni, mais sans autre prétention que de devenir encore meilleur.
   Je ne dois plus me refuser.
   

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