mercredi 25 décembre 2019

Un Noël pas très chrétien.

   Cette année, j'avais décidé de ne fêter que mon anniversaire en lieu et de ne pas penser du tout à cette fête imposée qui m'a tant fait d'ombre jusque là. Alors, j'ai pu traverser la période qui précède les agapes sans la moindre envie de ce qui avait trait à Noël, ni cadeaux, ni guirlandes. Je n'ai pu, cependant, éviter de croiser tous ces gens qui se préparent à cette fête de la chrétienté et j'ai fait un bien étrange constat.
   En fait, tout le monde fête Noël, nul ne peut ignorer ce moment de partage, quelles que soient leurs religions ou leurs convictions, qu'ils veuillent l'admettre ou non, ils fêtent tous la naissance de ce Jésus "sauveur du monde". Des commerçants israélites pratiquants m'annoncent avec le sourire qu'ils ferment le jour de Noël parce qu'ils réveillonnent en famille et que les petits enfants ouvriront leurs cadeaux au matin, à chacun ses convictions n'est-ce pas?
   Puis, au fil des rayons de magasins, j'ai appris que les musulmans aussi fêtaient la naissance, mais celle d'un simple prophète, pas le messie annoncé par les chrétiens. Cela ne les empêche pas de participer à la folie ambiante avec le même engouement que leurs ennemis de religion, prouvant, s'il en était besoin, que les trois religions monothéistes sont beaucoup plus proches que ne le laissent penser leurs comportements le reste de l'année.
   Noël n'est donc plus une fête chrétienne, plus même une fête religieuse d'ailleurs et ce ne sont pas les quelques fidèles présents à la messe qui me feront penser autrement. Je me demande s'il n'existe pas une catégorie de personnes qui ne savent même pas que c'est la naissance du "messie" des chrétiens qui est la seule raison d'être de cette fête de Noël. Sans doute pensent-ils que c'est grâce à caca cola que l'on célèbre noël, dans une débauche de mercantilisme débridé au point d'en être dépravé.
   Ainsi, il devient impératif que les enfants aient plusieurs cadeaux, qu'ils croient à cette immondice de père noël le plus tard possible afin que les marchands ( du temple?) continuent de s'enrichir toujours plus. Ils s'offrent une bonne conscience en laissant croire que c'est la fête des enfants, ils sont si joyeux en cette période! J'aurais tendance à les trouver plus capricieux qu'heureux, mais c'est sans doute parce que je deviens un vieux grognon qui ne voit plus que le mauvais côté des choses.
   Alors, ce matin du jour de Noël, j'ai voulu tester les personnes que je croisais au cours d'une de mes déambulations en leur souhaitant, après le bonjour, un joyeux Noël. Les réponses furent moins nombreuses que les regards torves qui me voyaient tel un illuminé, mais pas par les décors de pacotille qui se multiplient, heureusement sinon ils auraient déclenché ma colère, un jour de Noël ce ne serait pas très chrétien pour un athée convaincu, n'est-ce pas?
   Bon, joyeux Noël à tous malgré tout, mais surtout aux gens de bonne foi!

mardi 3 décembre 2019

Révélations.

   C'est une étrange anecdote qui me ramène vers le clavier, il m'est arrivé une étrange aventure qui aurait pu être dramatique, mais ce serait oublier mon immortalité! Depuis quelques mois, par un jeu de patience et de dialogues, j'ai noué contact avec des adolescents intéressés par la pratique du basket mais peu désireux d'intégrer un club. Petit à petit, je leur ai montré les gestes et postures à adopter pour mieux jouer et apprendre le respect des règles, j'ai aussi compris que je ne pourrai plus pratiquer ce sport autrement que sur un banc! Ce fut une première révélation, enfin presque, il y a déjà quelque temps que je devrais le savoir mais là j'ai pu en faire le constat physiquement, au moins ne puis-je plus nier ce "vieillissement prématuré" que m'impose ma santé, pour l'instant en tout cas.
   Au fil des semaines, nous avons réussi à réunir les cinq joueurs nécessaires à former une équipe mais nous ne pouvions qu'échanger quelques ballons et nous entraîner régulièrement. C'est alors qu'eut lieu la deuxième révélation, d'autres adolescents de ce quartier, à la sulfureuse réputation car revendeurs de diverses drogues en toute impunité ou presque puisqu'adolescents, se mirent à discuter avec nous, puis certains demandèrent à jouer. Une vraie bande de jeunes adolescents parfaitement dans leurs rôles d'adolescents s'amusèrent sous mes yeux ébahis, sans trop de grossièretés et aucune violence. Cela a doublé le nombre de pratiquants, nous permettant d'y prendre plus de plaisir et, surtout, d'avoir l'ossature d'une équipe, certains des revendeurs ont même arrêté leur business pour mieux se consacrer au sport.
   C'est donc plein d'optimisme que je prenais contact avec les services de la mairie dans le but d'avoir accès à une salle de sport. Mais tout le monde ne fait pas preuve d'optimisme à Saint-Malo, le responsable des sports entre autres, il m'a donc fallu engager ma responsabilité pour obtenir gain de cause. Il n'y a pas de droit à la rédemption pour ces jeunes délinquants, pour les adolescents de ce quartier maudit de la Découverte, ils allaient tout casser ou voler, alors j'ai signé un papier me rendant responsable de potentiels dégâts, sans peur puisque je connais les garçons qui jouent et je sais par avance qu'ils sont surtout reconnaissants d'être simplement reconnus!
   Nous avons donc pu nous entraîner à l'abri une fois par semaine en intérieur et en extérieur lorsque le climat s'y prête, neuf gars motivés et un drôle d'entraineur peuvent y croire, l'équipe rejoindra un championnat dès la saison prochaine. J'ai essayé de prendre contact avec des équipes officielles afin de pouvoir jouer des matches amicaux, mais peine perdue, outre le fait que l'équipe ne soit pas inscrite en ligue, il y a encore une fois cette sulfureuse réputation du quartier. Par contre je me suis vu proposer de rejoindre une structure sportive pour y entrainer de gentils petits apprentis, sages et obéissants, vu que: " vous, vous avez l'air de quelqu'un de bien" me fut-il annoncé, s'ils savaient, bande de racistes de bas étage.
   Cela n'a cependant pas réussi à me mettre en colère, j'étais juste dépité à l'idée de devoir annoncer mon échec à l'équipe, pensant que certains d'entre eux allaient abandonner à cause de ces rejets successifs. Mais non, ils ont été contaminés par mon optimisme et ma joie de vivre, ils ont confiance en moi, un adulte, ce qui ne leur était plus arrivé depuis longtemps, il suffit de peu! Nous avons continué nos entrainements et organisé de petits matches entre nous, pour qu'ils apprennent que les règles du basket ne sont pas celles de ces trouducs d'américains, rien de bien ne peut provenir de cette zone de non-droits de toute façon. Je me demande même si ce rejet de tout ce qui ressemble à un anglican n'est pas la raison de mon succès auprès de mes jeunes amis, ils en rient beaucoup en tout cas!
   Ce fut à ce moment qu'eut lieu la dernière révélation, après le rejet de la " bourgeoisie bien- pensante" se fit jour celui des habitants de ce quartier de la Découverte. Les parents de deux joueurs me firent comprendre que leurs fils ne devaient se consacrer qu'à leur scolarité et que la pratique d'un sport n'était pas une priorité. Mais je n'étais pas au bout de mes surprises, les jeunes revendeurs de drogues aussi m'annoncèrent qu'ils devaient reprendre le commerce sous peine de sanctions de la part des adultes pour qui ils agissent. Je me suis senti obligé d'intervenir, allant rencontrer ces immondices de profiteurs pour leur expliquer que les jeunes ne voulaient plus travailler pour eux.
   C'est à ce moment que je me suis rendu compte de la fragilité de la vie, je me vis menacé de mort par ces déchets, couteaux à l'appui, ils m'enjoignirent d'abandonner l'idée d'aider les adolescents du quartier à pratiquer une autre activité que la revente de drogues. Bien décidé à ne pas me laisser faire, j'allais directement au poste de police afin d'y porter plainte, mais la police reste la police et ils ne firent qu'une main courante, arguant du fait qu'une plainte ne ferait que me mettre plus en danger encore, le plus simple étant de laisser tomber ces jeunes gens. Dès mon retour dans le quartier, je me fis agresser par deux dealers déjà au courant de ma plainte, mais ma colère était trop grande pour me laisser faire, au moins ont-ils compris que j'étais aussi apte qu'eux à la violence.
   Mais voilà, j'ai cédé au chantage de bandits de bas-étage, cautionnés par les forces de l'ordre, abandonnant toute envie de faire le bien puisque le bien n'existe plus, sans possibilités de changement parce que, à Saint-Malo, il convient de ne pas vouloir faire mieux et sortir de sa condition. Je suis redevenu inutile, après l'aide aux devoirs pour cause d'épilepsie, voici le sport éclipsé par la délinquance.
   Sans doute les malouins n'ont-ils pas besoin d'aide, alors je vais cesser de vouloir aider qui que ce soit d'autre que moi-même, au moins je serais sûr de ne me voir imposer aucune entrave!