jeudi 14 décembre 2017

Tomber de son lit.

   En ces temps d'incertitudes, je n'ai rien d'autre à faire qu'attendre des résultats qui ont de fortes chances de ne donner aucun résultat. Il en résulte qu'hormis quelques occupations, je passe mon temps à regarder le temps passer. J'en profite parfois pour vagabonder dans mon passé afin d'essayer de mieux comprendre mon présent, qui n'est pas un cadeau. Pourtant c'est bientôt mon anniversaire, mais je ne suis pas à la fête!
   Je devrais dormir afin de passer plus de temps dans cet oubli de soi, mais mon corps se fait fi des désirs de ma tête. Il profite de mes douleurs dorsales pour me contraindre à l'éveil et à la mobilité, me jetant hors de mon lit dès qu'éveillé pour enchaîner par des assouplissements qui, s'ils me soulagent, finissent de me réveiller.
   Je ne puis rester assis que le temps du petit déjeuner, ensuite il me faut trouver une activité, faire le ménage, marcher, aller faire des courses. Au bout d'un moment, je sens une grande fatigue me gagner mais, à peine me suis-je posé que déjà mon corps se remet à trembler d'ennui!
   Alors, je mets mes doigts face au clavier pour qu'ils permettent à mon cerveau de s'échapper dans la succession des mots qu'ils aligneront. Les cieux, en se couvrant de nuages sombres comme la nuit me confirment que je ne m'évaderai que dans l'écriture, seule échappatoire à cette peur de l'ennui qui tant me hante.
   Je suis là, surpris de me mettre à haïr cette pluie que j'ai tant aimée, alors même que je devais travailler dessous. Un vêtement adapté, une volonté de ne pas rester enfermé frisant la claustrophobie et peu importe le climat, pourvu que je sois dehors! Ensuite, l'activité suffisait à réchauffer les plus frileux, l'oubli par le travail, la fatigue physique servant d'antidépresseur.
   Ce furent des années d'enchaînements déchaînés de métiers que je visitais comme d'autres le font d'expositions, j'essayais d'enchaîner mes déchaînements.
   Mais l'hyperactivité n'a pu empêcher l'ennui de toujours me pousser plus loin dans la recherche d'un ailleurs.
   De cette course échevelée, il ne me reste que quelques souvenirs et ces problèmes de santé qui prétendent m'immobiliser, mais mon corps refuse de laisser le cerveau gérer la dépense d'énergie. La seule activation de mes doigts sur un clavier ne suffit pas, l'activité doit être physique pour n'être pas inactive.
   Ce qui m'effraie un peu dans cette nouvelle aventure qui se présente, c'est qu'au désarroi ne succède la colère et qu'à l'inactivité ne réponde la haine. Alors, pour tuer le temps autant que mes velléités guerrières, j'ai postulé à une place de grutier à laquelle mon état m'interdit d'accéder. Ma satisfaction est qu'il aura fallu mentionner mon épilepsie pour n'être pas embauché, ça n'a l'air de rien, mais croyez-moi, c'est pourtant tout!
   Alors je vais laisser mon corps m'éjecter du lit, des fois que je tombe sur une opportunité!

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