lundi 13 novembre 2017

Chevaucher les nuages.

   Ce dimanche s'annonçait joyeux, la tempête de la veille ayant dégagé les cieux, le soleil brillait de mille feux magnifiant les couleurs automnales. Aucune place au questionnement, à cette époque de l'année, il faut profiter de chaque opportunité de sortir.
   Je m'habillais chaudement, le soleil n'étant plus un gage de chaleur en cette saison et je sortais. Dès le début, j'aurais dû écouter mon instinct, les premières gifles assénées par le vent laissaient augurer d'une promenade aérée!
   Malgré tout, c'est d'un pas décidé que je prenais la direction du quartier de la gare, j'avais quelques emplettes à y faire pour "mes" hospitalisés. En prenant les rues de traverse, j'arrivais à éviter les zones les plus venteuses, c'est vers l'hippodrome que ça s'est compliqué. Une longue ligne droite, avec le vent de face, c'est courbé par l'effort que j'avançais avec peine.
   Mais, tout à coup, le vent a forci, me bloquant sur place, je m'accroupissais pour n'être point emporté, le vent s'engouffra dans mon caban. Celui-ci, se gonflant comme un parachute, me projeta cinq mètres en arrière. Je m'apprêtais à ramper jusqu'au caniveau, seul endroit protégé, quand le vent m'accorda une accalmie.
   C'est en me relevant que je voyais, dans le ciel, un magnifique nuage en forme de cheval, je bondissais aussitôt, aidé par le vent dans mon ascension, je rejoignais le nuage que j'enfourchais résolument. Quel magnifique spectacle s'étala alors sous mes yeux, le soleil illuminant de tous ses feux le spectacle des arbres aux feuilles multicolores. Ces mêmes arbres qui, du sol, pourraient sembler être générateurs de ce vent, deviennent, vus des cieux, les victimes qu'ils sont en réalité.
   Leurs dernières feuilles, jaunies par l'automne, semblent s'accrocher à la vie, résistant aux bourrasques, comme si leur présence retardait l'arrivée de l'hiver. Les branches, secouées dans tous les sens, font la preuve de leur grande souplesse, se laissant mener dans un sens, puis un autre, toujours pliant sans jamais se rompre, admirable nature!
   Puis, je tourne mon regard vers la mer, écumante, qui fait l'étalage de sa force par d'énormes vagues qui déferlent sans cesse. Concentré sur le spectacle d'une nature déchaînée, je ne remarquais le renforcement du vent que lorsqu'il m'eut désarçonné de ma monture. Je fus brutalement ramené les pieds sur terre, poussé dans la réalité par le vent qui me menait droit vers mes devoirs hospitaliers!         Après une lutte acharnée, j'arrivais enfin à atteindre mon but où abrité du vent, je pouvais reprendre mon souffle. Mais, en me voyant arriver, ébouriffé, les joues colorées par le froid, mon ami Dominique m'annonça qu'il renonçait à notre promenade dominicale. Nouvelle que j'accueillis avec soulagement, promener quelqu'un en fauteuil roulant par grand vent, c'est un coup à finir les roues voilées!
   Nous nous sommes donc installés avec café et gâteaux, face à une baie vitrée d'où nous avons pu regarder le défilé des nuages, ballottés par les vents par eux-même générés. C'était une magnifique chevauchée, illuminée par le soleil se préparant au coucher, permettant aux esprits de librement vagabonder.

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