mardi 3 juillet 2018

Apparaître à part.

   Mon dos, par ses douloureuses contributions, m'a contraint à des promenades en des lieux aménagés à cet effet, donc sur le front de mer avec tous ses désagréments. La chaleur s'étant associée à la surabondance de touristes, je refluais vers les rues adjacentes qui sont beaucoup moins fréquentées mais, surtout, qui sont "mieux" fréquentées.
   Je veux parler de cette catégorie de riches qui ne sont pas assez riches pour habiter sur le front de mer, alors ils vivent dans le dos des plus nantis qu'eux. Avouons que ce n'est déjà pas un grand signe d'intelligence, ils arrivent pourtant à en rajouter par des exhibitions de paraître.
   Il y a la grosse voiture que l'on se donne une raison de tripoter, du coup de chiffon sur les jantes à la remise en place imaginaire du rétroviseur, il convient de montrer à qui elle appartient! Les vêtements sont à l'avenant, il convient que la marque soit parfaitement visible, la différence avec les gosses de banlieues ne se fait que sur la taille des lettres mais je trouve ça aussi pitoyable, plus encore de la part de gens qui ne font pas pitié!
   D'ailleurs, au vu des regards auxquels j'ai eu droit, ils ne semblent pas même savoir ce qu'est la pitié ou alors par l'expression "quelle pitié!". Le plus simple est de les saluer, leur éducation les contraint à répondre, elle leur permet de rester encore de vrais êtres humains ou d'y ressembler en tout cas.
   Mais ces façons de vous détailler des pieds à la tête avec une moue réprobatrice, les yeux exprimant tout le dédain que leurs bouches n'ont pas le droit de dire, suffisent. Il était cependant écrit que cette promenade contrainte en des lieux dont seule l'originalité de l'architecture a un charme, serait bénéfique.
   Depuis quelques semaines il est une question que je me pose, j'ai, comme tous les étés, pris très vite mon teint hâlé et cela provoque toujours les mêmes réactions. La plupart des personnes que je croise me sourient aimablement et je me suis toujours réjoui de cet état de fait, sauf cette année.
   Il m'est difficile de rester souriant quand j'entends les habituelles remarques sur ma bonne mine alors que je vis très mal ma maladie. Cela m'a amené à me poser une question qui ne m'avait jamais effleuré, si ce n'est lors de mon adolescence.
   Comment les gens que je croise me perçoivent-ils? Un grand escogriffe tout maigre, bronzé, en sandales et bermuda, déambulant le nez en l'air, les yeux en recherche de points de vue sortant de l'ordinaire d'une ville côtière.
   Et c'est justement lors de ma balade qu'une réponse s'est fait jour. Un père et sa fille d'une vingtaine d'années sortaient d'un lieu levant tout doute quand à leur niveau de richesse, lorsqu'elle m'aperçut, la charmante demoiselle n'a pu s'empêcher de lâcher un "qu'est-ce c'est que ça!" des plus explicatifs.
   La sincérité avec laquelle elle s'est exprimée me permet au moins de lever un peu le doute, je ne suis cependant pas certain d'en apprécier la valeur!
 

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