jeudi 1 août 2019

Esthétisme.

   Encore un mot dont le sens est dévoyé mais je ne suis pas en cause cette fois-ci, notre société et ses évolutions est seule en cause. Il n'est qu'à voir les efforts, le temps et l'argent dépensés à seule fin de sauver les apparences, car c'est bien de cela qu'il s'agit, sembler être ce que l'on ne saurait être sans artifices.
   Or donc, comme je me suis fait outrageusement draguer hier, j'ai décidé de m'amuser avec mon apparence physique qui, ce me semble, ne laisse pas certaines femmes indifférentes. J'ai donc revêtu mes plus beaux atours, soigné mon corps et je suis parti à la conquête des regards féminins. Ma naïveté reste grande malgré mon âge et dès les premières rencontres j'ai compris que ce n'est pas moi qui serait le plus regardé. 
   En effet, dès que je croisais un regard féminin, il se détournait avec un air gêné, me prouvant par là même que la dragueuse d'hier ne représentait qu'une minorité. En fait j'ai, à force d'attention, remarqué la raison des regards détournés, ce n'était que la gêne provoquée par mon attention soutenue. C'est alors qu'un détail m'a poussé à continuer mon petit jeu, à chaque fois que je posais mon regard sur une représentante de la gent féminine, celle-ci avait tendance à se recoiffer, regarder si les pans de la jupe sont bien en place, se redresser et marcher de façon un peu plus sensuelle. Le succès a très vite dépassé mes espérances, même mariées et accompagnées, le phénomène se reproduisait systématiquement. Une majorité de femme se  plaît à plaire et apprécie le regard d'un homme inconnu, pour peu qu'il soit celui de l'esthète, pour le regard pervers je ferais appel au goujat précédemment rencontré!
   Ce petit jeu m'a permis de faire un autre constat, j'étais en bordure de plage et le temps couvert et un peu frais n'incitait pas à jouer la saucisse sur le sable. Mais là encore, se faisant fi du climat, il y avait quelques cadavres épars allongés en maillot de bain, dans l'espoir de ramener des couleurs attestant qu'ils ont été en vacances. Ce n'est pas leur présence qui m'a le plus surpris, mais leur arrivée. En effet, les naïades, aux formes généreuses comprimées par des vêtements trop étroits dont elles débordaient allègrement, se transformaient, aussitôt dévêtues, en femmes aux formes beaucoup moins généreuses, pour ne pas dire absentes. Que dire des hommes qui les accompagnaient, souvent nantis de ces barbes ramasse-poussière à la mode en ce moment, qui une fois en maillot de bain laissent apparaître un torse totalement épilé! C'est donc ça le secret, ils passent tant de temps à s'épiler le torse qu'ils n'en ont plus pour le menton!
   Après cet étrange constat, je ne pus résister à l'envie de trouver, parmi les passants, ce qui se cachait réellement derrière les attributs vestimentaires. Une fois encore, mon attention fut détournée par les vêtements eux même tant leur variété est grande, tout autant que l'originalité de leurs formes. Jamais le mot unisexe n'aura été tant justifié, c'est uniforme, je ne saurais le dire autrement, les pantalons sont trop étroits pour les femmes tandis qu'ils sont trop grands pour les hommes. Beaucoup d'entre eux semblent apprécier d'être affublés en homme sandwich, affichant  en grand le nom de la marque en travers de leur dos ou sur le sac à main de madame. L'aspect du vêtement devenant secondaire, ils porteraient des slips en place de bonnets, pour peu que le logo adapté y soit imprimé.
   Bref, je suis rentré de ce périple en continuant d'observer les passants et les passantes surtout, mais n'y voyez aucune malice, lorsqu'une femme se promène en ville comme si elle était à la plage, pour peu qu'elle soit en plus jolie, il ne faut pas qu'elle joue les offusquées d'être regardée par tant d'hommes puisqu'ils ne sont, pour lors, que des adeptes de l'esthétisme!

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