samedi 30 juillet 2011

J'aime rentrer tard du travail.

   Comme je vous l'ai dit précédemment, ces jours ci je rentre très tard de mon travail, deux heures du matin hier, et aujourd'hui, il était près de trois heures. Hier, j'ai été enchanté car je suis rentré après la "bataille", à savoir que les bars étaient fermés et ma rue étrangement calme, j'ai même réussi à dormir sans boules Quiès, c'est vous dire que ce fut un grand moment de jubilation intense.
   Seulement nous étions vendredi en ce jour et à trois heures, les rues étaient encore hantées par des cadavres qui ne savaient pas encore qu'ils étaient des cadavres! Je suis contraint de garer ma voiture à environ cinq cent mètres de mon appartement, cela m'a semblé être un croisement entre un marathon et un slalom géant! J'ai croisé des dizaines de gens tous plus ivres les uns que les autres, avec tout ce que cela implique de variété. Tout le monde n'a pas la même vision de l'ivresse en ce bas monde et il y a autant de comportements différents qu'il y a de gens alcoolisés.
   A peine sorti de la voiture, je suis tombé sur un premier type, une bande de quatre ou cinq gars qui se prenaient la tête pour des histoires de cigarettes, il y en a un qui, visiblement, en avait mais il ne voulait pas les partager. Les dialogues sont assez croustillants pour que je vous en fasse une retranscription ici.
  - Allez, paye ta clope espèce de rat.
  - Non, j'en ai p'us assez, t'avais qu'à en acheter.
  - J'vais te casser ta gueule, p'tain, ta mère el' va pas t'reconnaître ( n'oubliez pas qu'ils sont ivres morts et qu'ils ne tiennent que difficilement en position verticale!), là ils m'aperçoivent!
  - hé, m'sieur, t'as pas une clope? me demande l'un en vacillant dans ma direction présumée
  - oui, mais c'est du tabac à rouler.
  - ouah, super cool m'sieur. Je lui donne une feuille à rouler et une pincée de tabac, puis je prends la direction de mon chez moi en riant tant je suis sur que ce mec n'a pas réussi à se rouler une cigarette dans l'état de délabrement dans lequel il était!
   Un peu plus loin, je tombe sur une troupe à l'alcool joyeux qui se moque de l'un d'entre eux qui vomit tripes et boyaux, au milieu de la rue comme il se doit, la drôlerie vient du plus virulent à se moquer qui finit par lui aussi se mettre à vomir et qui fait ça mieux que son copain puisqu'il se "fait dessus".
   Puis je tombe sur des philosophes de l'ivresse, vous savez ces gens qui pensent que plus on est saoul, mieux on réfléchit et on s'exprime. Ils ont le verbe haut si propre à l'alcool et des propos très documentés sur les grands mystères de la vie. Le principe étant de parler plus fort que les autres pour imposer son point de vue, mais, surtout, de dire plus d'âneries que son interlocuteur avec cet air convaincu des personnes à l'ivresse chancelante. Ça rassure de savoir que les jeunes générations s'intéressent de si près aux problèmes socio-économiques de notre pays!
   J'arrive enfin à la porte de mon appartement, content de n'avoir croisé que de gentils fêtards, pas trop énervés, ni violents, hélas, je me suis réjoui trop vite! Les brutes de l'alcoolisation excessive m'attendaient devant ma porte, un groupe d'une dizaine de personnes s'insultant copieusement, se bousculant, se prenant le col, avec les filles qui hurlent "mais arrêtez, merde!" Ou, à l'inverse, "vas y tape le ce con!" ( depuis le temps que je dis que les femmes ne savent pas ce qu'elles veulent!). Il faut que je me fraye un chemin au milieu de ces ostrogoths de l'ivresse! Je n'en reviens toujours pas de ce qui s'est passé, je me suis excusé en élevant la voix afin d'être mieux entendu, ça a dû leur faire peur, ou plutôt, ils n'avaient aucun courage, ni l'envie véritable de se battre, ils se sont écartés de mon chemin et j'ai pu rentrer sans le moindre heurt!
   Voilà, jusque là je n'avais eu que le son, là j'ai eu l'image, mais, à l'image du son, ça ne vaut vraiment pas le détour, même si je suis rentré chez moi avec le sourire aux lèvres! Allez éteignez votre ordinateur et allez faire un tour tard le soir, dans les rues les plus animées de votre ville, vous saurez ainsi pourquoi vous avez arrêté de boire.

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