jeudi 28 juillet 2011

J'aime les moissons.

   Je vous ai expliqué, il y a peu, que je travaillais à la collecte des moissons, vu le temps exceptionnellement pluvieux qu'il y a eu ces derniers temps sur notre chère Bretagne, je me suis retrouvé dans l'inactivité forcée. Cela ne m'a pas inquiété outre mesure vu que je vais enchaîner rapidement sur un autre emploi, mais il y a un phénomène aussi étrange que la pluie en Bretagne qui se passe en ce moment, le beau temps étant revenu, les agriculteurs ont décidé de se dépêcher de moissonner. Ce qui fait que je vais passer tout les prochaines journées au travail, avec des horaires de dingue, jusqu'à dimanche soir où je devrai finir mon contrat vers deux heures du matin, pour reprendre le lundi à neuf heures dans la jardinerie qui se propose de m'employer pendant les prochains mois!
   J'étais heureux de participer aux moissons, je n'avais jamais approché ce type d'emploi et je me réjouissais de la découverte, satisfaisant mon insatiable curiosité. Seulement je ne pensais pas que ce pourrait être aussi étrange, des journées entières à ne pas travailler, et , quand je suis au boulot, l'attente pendant des heures d'inactivité quasi totale pour, tout à coup, me retrouver submergé d'agriculteurs déchaînés et pressés de vider leurs remorques, pour aussitôt retourner les remplir.
   En fait les premières heures de la journée se passent à évaluer le degré d'humidité des grains récoltés, sur des échantillons que m'amènent les agriculteurs. Ils passent parfois jusqu'à trois ou quatre fois et, dès que le taux requis est atteint, c'est la ruée avant que l'hygrométrie de l'air ne remonte! Une sorte de "course à l'échalote" de  la récolte de blé se met alors en place, chaque agriculteur essayant de faire venir une moissonneuse dans ses champs avant les autres!
   Ils viennent alors roder autour de ma cabane comme des âmes en peine, me demandant, innocemment, "qui c'est qui moissonne en ce moment?" Là, il faut que je vous raconte une anecdote que je ne puis m'empêcher de trouver cocasse, ils donnent tous des noms à leurs fermes, mais des noms spécieux, l'orangerie, les roseaux, les chesnots, il y en a même un qui l'a appelée la ferme du tonquin! Vous vous dîtes sans doute, comme je le fis, c'est le nom du lieu dit où se trouve la ferme, que nenni, j'ai appris qu'ils demandent à leurs femmes de trouver un nom et elles se prennent à inventer des noms qui leur semblent devoir les démarquer des autres fermes! D'où ces noms qui sortent du commun!
   Tout ça pour vous dire que quand je réponds à la question que me posent tous les agriculteurs en mal de moissonneuse, c'est toujours un peu pittoresque, surtout qu'ils ne savent généralement pas à quelle ferme je fais allusion, vu qu'ils s'appellent tous par leurs prénoms. Vous me connaissez, il m'arrive d'être quelque peu espiègle parfois, je prends donc un malin plaisir à ne donner que le nom de la ferme et, comme je ne suis pas de la région, je ne peux leur dire d'où viennent exactement les tracteurs qui livrent les céréales. Alors ils restent discuter avec moi jusqu'à ce que l'un de leurs concurrents revienne! Moi ça me fait de la compagnie et eux ça leur évite de trop gamberger en se disant que la pluie pourrait faire son retour avant qu'ils aient moissonné.
   Voilà, c'est surtout pour ces moments d'échange que je parviens à leur arracher que j'aime les moissons, quand ils n'ont plus rien à dire, j'improvise et il m'arrive même de parler reconstitution historique avec eux! Il faut bien reconnaître aux agriculteurs qu'ils font preuve d'une grande ouverture d'esprit et les quelques uns qui ont vu Fleuriquette (elle dort dans ma voiture en ce moment) n'en sont toujours pas remis, j'en suis sur!
   Allez, j'en ai assez dit, éteignez votre ordinateur et arrêtez de m'obliger à veiller aussi tard pour vous pondre des textes!

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