jeudi 21 juillet 2011

J'aime les balades solitaires.

   Le soleil a fait son retour dans le ciel de la magnifique ville où je vis, je ne me lasse pas d'y déambuler, laissant mes pieds décider seuls de la direction à prendre, ma tête étant toujours ailleurs dans l'un des quelques nuages qui parsèment encore le ciel.
   J'ai atterri dans un petit square où j'ai pu me livrer à l'un de mes jeux favoris, l'observation de la faune et de la flore environnante. C'est un lieu très passant qui se situe le long des remparts majestueux de Dinan, suffisamment proche du centre pour qu'il n'y ait pas que des touristes qui, pour pittoresques qu'ils soient, limiteraient mon texte à des banalités.
   Sacrés touristes, quelle que soit leur nationalité ils sont les mêmes, le nez en l'air, la bouche entrouverte, des aah et des ooh au bord des lèvres. Ils viennent de divers pays et l'on se rend vite compte que les idées préconçues ne sont pas si dénuées d'une certaine vérité.
   Les premiers à se sacrifier à ma plume acérée sont des Allemands, ils aiment que tout le monde le sache. La voix forte du père, qui, muni du petit livret explicatif raconte ce que sont ces remparts, couvre à peine les conversations de ses enfants qui n'en ont rien à faire, ils mangent leurs glaces et boivent un soda, jetant leurs déchets par terre sans vergogne en dignes touristes Allemands hors d'Allemagne! Pendant ce temps, la maman prend des photos dans tous les sens avec son appareil numérique, l'important est la quantité plus que la qualité, mais ce n'est pas propre qu'aux Allemands!
   Deux petites mamies dinanaises qui les croisent semblent faire des écarts pour les éviter, les regardant avec un air effarouché, eux ne les remarquent même pas. Elles me voient les regarder et me gratifient d'un sourire, mais c'est devenu normal pour moi de voir des sourires s'afficher, j'irradie tellement du bonheur d'Aimer et d'être Aimé.
   Arrive alors ce que l'on fait de plus touristique dans le milieu des touristes, un car d'asiatiques, des vrais! Chacun ayant son appareil photo à la place des yeux, leurs conversations se limitant à quelques exclamations entrecoupées par les clic-clic des déclencheurs, jamais le verbe mitrailler n'aura été aussi adapté à une situation. Même moi, ils m'ont pris en photo, bermuda, sandales et chemisette font de moi une attraction pittoresque sans doute, tant pis pour ma fierté, ils sont si souriants que l'on ne saurait rien leur refuser!
  Après ce joyeux tapage, je vois apparaître une bande d'adolescents, bien Français ceux là, skate, trottinette (sans doute appellent ils ça autrement, mais ça reste une trottinette!), casquette de travers, roulant des épaules, boitant (je ne vois pas comment appeler autrement cette démarche bizarre qu'ils adoptent!), ils sont déguisés en jeunes "de banlieue"! Arrivés à mon niveau, ils me toisent un peu du regard, puis, comme je leur souris, ils me lancent un éclatant "bonjour, m'sieur", à quoi je leur réponds "bonjour messieurs", ce qui a le don de les faire rire et, entre deux onomatopées, je crois percevoir des "cool"!Être poli suffit donc à faire leur bonheur, il faudra le dire aux professeurs et aux policiers, cela évitera bien des heurts!
   Puis vient une bonne famille française, grands parents, parents et enfants, la conversation ne porte que sur la météo, les enfants pestant parce qu'hier ils étaient à la plage sous la pluie et qu'aujourd'hui ils sont en ville sous le soleil! Les parents leur répondent qu'ils n'ont qu'à regarder les remparts, alors qu'eux même les ignorent superbement, tant ils sont pris par leur passionnante conversation sur les incertitudes du climat Breton!
   A peine ont ils disparu que surgit un couple d'Italiens, ils ne marchent pas, ils courent! Ils ne parlent pas, ils gesticulent! Ce n'est pas un couple, c'est un flot de paroles, ils n'ont pas un coup d'oeil pour le site qu'ils traversent. Ce qui me fait penser que les Italiens parlent avec les mains, pensent avec les pieds et marchent avec leur langue!
   Je suis interrompu dans mes pensées sur les clichés raciaux par un :"oh, on va être bien là au soleil, à côté du monsieur", à peine ai je le temps de tourner la tête, "bonjour monsieur", je marmonne un "bonjour mesdames". C'est un troupeau de mamies, elles sont six et c'est "leur place" cela se sent, une fois assises, c'est au milieu d'un banc de mamies que je me retrouve! Voyant mon carnet sur mes genoux, ma voisine me demande ce que j'écris tout en essayant de déchiffrer les hiéroglyphes qui parsèment mon papier. J'éludais vaguement la question tout en rangeant mes affaires, car il y a des certitudes dans la vie et, quand vous êtes pris dans un banc de mamies, vous ne pouvez plus que répondre à leurs questions et entrer dans la conversation. Je vous raconterai bien ce qui s'est dit mais c'est toute une histoire, ça fera donc l'objet d'un autre récit!
   Voilà, j'ai réussi à quitter mes sympathiques mamies pour vous livrer les impressions d'un promeneur solitaire bien qu'entouré! Allez, vous pouvez éteindre votre ordinateur pour aller offrir vos oreilles en sacrifice à la première mamie qui passe, elles n'ont pas souvent la possibilité de converser!

3 commentaires:

  1. Bizarre, je n'ai jamais fait de balade solitaire avec toi?

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  2. Nos balades sont bien plus solidaires que solitaires, c'est ce qui fait leur indéniable charme!

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