dimanche 30 octobre 2011

J'aime la mort.

   Que voulez vous, nul ne peut sortir indemne de deux semaines consacrées à la Toussaint, vendre des chrysanthèmes à tour de bras ne saurait laisser indifférent! La grande braderie de la mort arrive à son terme, pour mon plus grand soulagement, mais je dois bien avouer que cette fête des morts a quelques points positifs, au delà des mauvaises gens qui n'achètent des fleurs que pour complaire aux bien pensants, il est de nombreuses personnes dont les achats sont guidés par la sincérité et les regrets de la personne disparue qu'ils honoreront.
    Finalement, cette institution d'un jour consacré à la mort a, au moins, un point positif, celui de nous ramener à notre mortalité, il semblerait que notre société ait décidé de supprimer la mort des esprits, pensant sans doute qu'il suffit de n'en plus parler pour qu'elle disparaisse! Les vieux sont cachés pour mourir loin des regards de leurs descendants, une fois morts, on les maquille pour qu'ils semblent vivants, on se voile la face mais la mort est pourtant indéfectiblement liée à la vie. Dès notre naissance nous sommes condamnés à mort, la seule incertitude concernant la date, mais nous sommes agonisants sitôt sortis du ventre protecteur.
    "Si tu veux pouvoir supporter la vie, sois prêt à accepter la mort" (S. Freud), pour une fois que je suis d'accord avec un intellectuel, je me permets de le citer. C'est un fait avéré, chaque jour qui passe nous rapproche du dernier, il convient donc de vivre pleinement tous les instants, profitons d'être en vie avant que la grande faucheuse nous emporte, acceptons cet état de fait et cessons de croire en une potentielle immortalité. Tout le monde se réjouit de savoir que l'on vit de plus en plus vieux, sauf les vieux qui, eux, savent qu'il arrive un moment où la vie n'est qu'apparence et qu'elle contient plus de souffrances que de joies. Nous en sommes au stade où il nous est interdit d'avoir envie de mourir, mais, quand les corps ou les esprits ont entamé leur décomposition, n'est ce pas de la survivance plus que de la vie, laissons partir ceux qui le veulent, quand ils le veulent.
    La mort n'est que le repos éternel, un grand sommeil qui n'affecte que ceux qui restent, c'est notre égoïsme qui provoque notre chagrin, surtout lorsque le défunt n'était déjà plus qu'une ombre. Il reste le cas, inadmissible, de l'enfant qui s'en va avant ses parents, là je dois bien reconnaître que c'est une injustice flagrante, mais si la vie était juste, nous nous y ennuierions, alors il faut accepter l'inacceptable et continuer de vivre, ne serait ce que par respect pour le disparu.
   Voilà, notez bien que je ne suis pas pressé de la rencontrer, mais la mort ne m'effraie pas, je l'aime bien car c'est par elle que je me sens pleinement vivant, elle permet de relativiser nos petites misères, en fait, elle donne la vie, ce qui n'est pas paradoxal puisque la vie mène à la mort.
   Allez, éteignez votre ordinateur et méditez cette profonde pensée de l'un de mes inspirateurs, Pierre Dac, " la mort n'est, en définitive, que le résultat d'un défaut d'éducation puisqu'elle est la conséquence d'un manque de savoir vivre."

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