mercredi 19 octobre 2011

J'aime la tempérance.

   Je n'ai plus le choix, je ne puis plus reculer, il me faut franchir ce nouveau cap, la tempérance définitive de mes ardeurs guerrières m'est devenue inéluctable, je dois me modérer car, si j'ai vaincu ma colère, il me reste des résidus de résistance à la sérénité.
   L'apprentissage de la retenue m'est encore difficile, mais comment vaincre la rusticité de mes propos avec un caractère aussi entier, je ne puis me résoudre au silence perpétuel qui me semble, aujourd'hui, la seule mesure efficace pour ne pas tenir de discours déplacé. De plus, avec mon regard expressif, mes yeux disent ce que ma bouche veut taire, devenir muet ne me servirait à rien, c'est une vertu nouvelle qui doit m'imposer la maîtrise de mes sentiments enflammés, il faut que je refroidisse mon bouillonnant esprit afin qu'il n'entre plus en ébullition, tout en restant moi même, c'est un vrai challenge!
   Il est des barrières infranchissables, la tempérance, à mes yeux, n'est qu'une forme de neutralité passive, elle ne peut exister que pour des esprits faibles ou n'ayant rien à dire, c'est une forme de chasteté verbale qui ne sert qu'à masquer ses vrais sentiments, une nuisance au débat animé. Mais elle apporte un équilibre aussi, elle permet l'abstinence de colère, ouvrant l'esprit à l'acceptation de ce qui pourrait passer pour inacceptable, le regard, adouci par la sobriété, devient plus perçant et décèle le mal d'une façon plus précise, permettant l'assouvissement de ses désirs d'expression dans une sobriété bénéfique.
   En fait, la tempérance peut devenir une colère froide et bien plus consciente, ce qui permet de la mieux exprimer, la modération remplace alors l'éructation, elle permet de dire sa colère plutôt que de l'éructer, ce qui la rend plus audible. Le bannissement de la haine devient alors définitif, mais ce n'est pas un renoncement à son affirmation, tout juste une atténuation qui lui donne plus de présence et de crédibilité.
   Mais ma tempérance ne m'amènera pas à la chasteté, je refuse de condamner mon verbe à la frugalité, il sera simplement exprimé avec plus de conviction, il gagnera en sagesse ce qu'il aura perdu en pugnacité. Et c'est dans l'enrichissement de la modération qu'il trouvera toute sa force d'expression, les colères apaisées seront alors magnifiées.
    Voilà, c'est pour tout cela que j'aime la tempérance, il ne me reste plus qu'à réussir à l'atteindre, mais ce texte en est la preuve, il faut seulement oser aborder un sujet pour mieux le cerner, c'est le début de l'acquisition, les évènements se chargent ensuite d'aider à aboutir.
    Allez, éteignez moi ces ordinateurs, par cette continence vous gagnerez en tempérance de vos ardeurs informatiques et vous verrez qu'un jour, vous n'allumerez même pas votre ordinateur.

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