mardi 25 octobre 2011

J'aime la fumée.

   En ces temps de retour du froid, on voit de plus en plus de panaches de fumées s'élever des toits, les feux s'allument petit à petit, réchauffant les frileux, emplissant l'air d'odeurs de bois brûlé, donnant à la ville un aspect plus médiéval encore. Les fumeurs exhalent aussi leurs fumées de façon plus visible, surtout qu'ils sont contraints de le faire dehors, risquant la pneumonie en plus du cancer, mais c'est pour le bien de la sécurité sociale nous a-t-on dit! Il n'y a pas de fumée sans feu dit l'adage, là c'est il n'y a pas de fumée sans feu le fumeur!
   Tous ces nuages créés par des cheminées, qu'elles soient en pierre ou humaines, forment des volutes qui permettent à l'esprit de s'échapper dans les nuées, avant que de disparaître dans le néant. Il y a aussi les fumées d'usines mais elles ne servent qu'à polluer l'air et n'ont rien d'attractif, tout comme les fumées de tabac, je m'en tiendrai donc aux fumées des feux de bois.
   J'aime beaucoup les feux de cheminées, leur fumée est épaisse et se répand dans l'air subissant les assauts du vent ou de simples courants d'air, elles réchauffent par leur simple odeur, prennent des formes particulières, tout en volutes, parfois rabattues par l'air, elles forment une brume aux senteurs qui nous ramènent à nos instincts primitifs. Nous redevenons alors des hommes préhistoriques, humant l'air, les inquiets diront qu'il y a le feu quelque part, les insouciants penseront qu'il doit faire bon dans une maison voisine, les nostalgiques se diront que ce devait être une époque heureuse que celle des cavernes, mais tous auront une réaction instinctive.
   Seuls les romantiques y verront se dessiner des formes étranges, imagineront une famille réunie autour du feu, y préparant à manger ou discutant du temps qui passe, partant en fumée, lui aussi, faisant ressembler le passé à une chimère. Ils rêveront le maître de maison tisonnant l'âtre pour en faire partir ces nuées de petites flammèches qui font penser à de petits diablotins s'élevant vers les cieux, provoquant l'extase des enfants, ceux ci jouant à dessiner des formes avec des brandons enflammés.
   La chaleur émanant de ces visions enveloppera même le rêveur, son esprit se transformera en fumée et s'échappera de sa tête, pour créer des nuages de pensées heureuses qui enfumeront ceux qui les croisent, les poussant, eux aussi, dans les nuages de la rêverie. Laissons ces brumes envahir nos pensées, devenons aussi éthérés que les fumées, la griserie peut alors nous envahir, enivrons nous de fumées, laissons leur fumet faire vibrer notre odorat, devenons vapeur et envolons nous loin des contingences terrestres, laissons le vent nous emporter.
   Et voilà, tout n'est que fumée, c'est pour ça que je l'aime, elle n'est rien mais elle est tout, elle représente ce que l'on veut y voir, mais elle ne montre rien. Elle représente la chaleur salvatrice mais aussi le feu destructeur, elle masque les vues mais en dessine aussi les contours. Elle peut créer un rideau occultant de la réalité, mais, surtout, elle part....en fumée!
   Allez, éteignez votre ordinateur avant que je ne vous enfume avec mes théories fumantes, mais point fumistes!

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