dimanche 29 avril 2018

Instinct de survie.

   En cette période de troubles de ma santé, je prends conscience que ma résistance n'est due qu'à un instinct de survie chevillé au corps. Par jeu, autant que par nécessité, j'ai décidé de le laisser prendre certaines décisions difficiles, mais nous luttons depuis trop longtemps contre nos instincts pour qu'ils soient encore totalement efficaces!
   J'ai rencontré de vrais spécialistes de la survie en conditions extrêmes, handicaps ou affections sévères, rien ne semble pouvoir les convaincre que leur vie n'est plus qu'un souffle, même s'ils sont conscients qu'elle ne tient qu'à un fil, ils pensent décider de sa longueur, fut-ce dans la douleur.
   J'entre à peine dans les méandres de la douleur que des questionnements se font jour, l'inactivité liée, l'inactivisme pourrais-je dire tant je suis contraint à l'immobilité certaines fois, pour commencer. Je ne peux plus proposer mes services aux voisines âgées, un simple sac de courses peut m'être nuisible!
   Je dois adopter un comportement qui me paraît contre-nature, il n'y a plus de place pour ma spontanéité. Je suis en recherche d'activités auxquelles je puis me consacrer sans retenue, mais ne plus me servir de mon corps m'est une gageure pour l'instant rédhibitoire. Comment être actif en étant contraint à l'immobilité?
   Cet instinct qui m'a tant servi, dont je me suis tant servi, souvent malgré moi, et que je dois, aujourd'hui, transformer en intelligence afin de simplement accepter une vie qui ne serait qu'une survie!
   Car instinctivement, ce n'est pas la survie à tout prix qui prime, j'aurai une tendance naturelle à laisser faire la nature, en vrai écologiste, dans le plus pur respect des lois de la vie, la vraie, celle dont on peut mourir à tout instant.
   Il n'est pas question de devenir un résident, un usager ou quel que soit le sobriquet dont on m'y affublerait d'une quelconque structure dédiée à la mort. Je refuse par avance d'être un moteur pour l'emploi de désoeuvrés qui penseront que me torcher le cul est un métier!
   Je ne céderais pas plus aux sirènes de la médecine, quand bien même elles ressembleraient à d'accortes infirmières, je ne me ferais pas l'épigone de quelque professeur fou, convaincu que ce n'est que l'âge de la mort qui importe, pas l'état dans lequel on y arrive. Ils deviennent des dealers de drogues de plus en plus fortes qui ne nous font oublier les douleurs qu'en nous endormant, quelle vie!
   Voilà où j'en suis de mes pérégrinations intérieures, une prochaine rencontre avec de nouveaux spécialistes médicaux me laisse dans l'attente d'une évolution, mais je reste instinctivement prudent!
 

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