jeudi 30 avril 2020

Chronique du racisme ordinaire.

   Une conversation avec un homme aux origines visiblement indiennes, fils d'une maman noire de surcroît, m'a éclairé sur ce sujet si délicat du racisme. Il en a souffert tant il a subi de remarques déplacées et de noms d'oiseaux associés, surtout lorsqu'il s'est engagé dans l'armée, ce fut alors continuel m'a-t-il dit. Il me semble difficile de juger ce sentiment puisque je n'ai jamais eu à subir cette vilenie, même lors de mon séjour au Sénégal où je ne me suis jamais fait traité de sale blanc, au contraire, j'étais surnommé l'Africain.
   Une fois n'est pas coutume, je me suis tu, écoutant les doléances de cet homme contre ce qu'il est convenu d'appeler le racisme ordinaire, tant les protagonistes ne semblent pas se rendre compte du mal qu'ils font subir. C'est à la fin de sa virulente diatribe que la conversation a quelque peu achoppé, nous avons parlé de l'Afrique, ce magnifique continent où je prétends aller finir mes jours.
   Ce charmant monsieur a entamé une très violente diatribe contre le peuple africain, sans me laisser développer mes arguments contre ce jugement péremptoire qu'il portait, contre cette vision étriquée et convenue des personnes qui ne jugent que sur les critères occidentaux. Ce discours m'était d'autant plus inadmissible qu'il me donnait là une vision très claire de ce qu'il avait dénoncé au début de notre échange, je me permettais alors de lui en faire la remarque. Ce fut l'ancien militaire qui me répondit, m'expliquant que ces sauvages n'avaient aucune notion de ce qu'est la vie en communauté, prétendant qu'ils passent leur temps à s'entre massacrer sans raisons autres que leur sauvagerie. J'avais l'impression de parler avec un sudiste de l'Amérique des années soixante, lorsque Martin Luther King tentait d'obtenir le simple droit de vivre pour la communauté noire, le racisme dans ce qu'il a de pire.
   Ne pouvant accepter un tel discours sans réagir, je l'accusais de racisme en lui disant que c'était encore plus inadmissible de la part de quelqu'un qui en a souffert. Sa réponse fut très basique, "ma mère est noire, je ne peux pas être raciste", je lui répondais que l'un de mes frères est homosexuel ce qui n'empêchait pas mon autre frère d'être homophobe. Le racisme n'a rien à voir avec l'homophobie me soutint alors mon interloquant interlocuteur, je compris alors que cet homme ne comprenait rien préférant couper court à ce dialogue de sourds.
   L'histoire ne s'arrête pourtant pas là, ce triste personnage étant mon colocataire de la semaine, il alla se plaindre auprès de notre hébergeur en lui demandant de le loger dans une chambre où il ne risquerait plus de me rencontrer. Son argument principal étant...que j'étais un raciste, voilà, je me pensais très tolérant et n'être pas de ceux qui jugent les gens sur leur couleur, ni même sur leur aspect et je me découvre raciste. Je me rassure en me convaincant que je ne suis qu'un raciste envers les cons obtus, mais je dois avouer que cela me fait quelque peu douter de mes certitudes, il va me falloir devenir un anti-raciste pour m'en dédouaner...au risque de devenir raciste !!!

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