jeudi 2 avril 2020

Aimer toujours.

   Il est des histoires sans fin, on pense avoir tourné la page et un détail minime, presque dérisoire, permet de comprendre qu'il est des livres où chaque page raconte le même épisode, l'amour refuse de se laisser effacer. La tête a beau avoir voulut le tuer cet amour refuse d'empêcher le cœur de battre encore, il est des feux que l'on  éteint pas, celui de l'amour vrai est de ceux là. Seule la fuite permet de ne pas devenir le mendiant d'un simple regard, d'une seule attention et là encore il continue de brûler l'âme jusque dans ses tréfonds.
   Il faut pourtant apprendre à vivre autrement, à vivre seul puisqu'il n'est aucune femme qui fera battre ce cœur à nouveau. Devenir un aveugle d'amour, ne plus voir qu'une image mais qui reste la plus belle, la plus forte, la plus intense. L'homme doit affronter seul ses démons, continuer d'avancer sans but, errer comme une âme en peine et ne plus pleurer sur un sort toujours contraire.
   Mais qu'il est difficile d'effacer ce qui n'est plus, le plus beau des rêves est devenu cauchemar sans raison apparente. C'est la raison que l'on perd avec cet amour éteint, une folie que l'on ne peut canaliser envahit tout le corps, le laissant exsangue, vidé de sa substance vitale, tuant la capacité d'aimer encore.
   Il ne reste plus que le départ vers d'autres lieux, d'autres vies qui, peut-être, permettront de ne plus souffrir en cessant d'espérer l'impossible. Choisir une étoile et la suivre pour s'éloigner de ce lieu emprunt de la plus grande tristesse, se laisser guider dans la nuit qu'est devenue la vie sans plus d'amour. Apprendre à aimer de nouveau l'inconnu pour ne plus aimer le connu, n'être plus reconnu afin de revivre malgré cette fièvre qui n'est plus. Faire battre le cœur par la découverte des autres, quels qu'ils soient, où qu'ils soient, mais loin, toujours plus loin.
   Mais il est impossible d'oublier l'inoubliable, ce ne sont plus les pages qui répètent la même histoire, c'est la page qui refuse de se tourner. L'amour est ancré dans le cœur et le maintient au port par une chaîne d'airain, que nul ne saurait plus briser, rendant le départ plus lourd à supporter.il faudra errer avec ce poids, le regard devant mais les épaules basses, malheureux jusqu'au bout du grand voyage que l'homme ne peut se résoudre à écourter. La distance seule peut alléger le fardeau sans avoir la certitude de pouvoir oublier, loin des yeux mais pas du cœur, c'est la seule certitude qui reste.
   Aimer toujours, aimer encore, pour l'éternité, jusque dans les autres vies où il ne sera, peut-être, plus un fardeau, juste un souvenir magnifique, juste le souvenir afin de ne jamais oublier l'inoubliable sans larmes, à jamais.

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