mardi 7 avril 2020

Le sophiste paresseux.

   Un nouveau titre m'a été attribué lors d'une discussion sur un réseau social, au prétexte de mon inconscience à continuer de sortir en ces temps de confinement et des réponses apportées à mes contradicteurs. C'est l'avantage des échanges avec des personnes cultivées, cela permet d'enrichir son savoir et, dans ce cas particulier, de nouveaux vocables. Là, je fus accusé de sophisme, étant de nature curieuse je n'ai pu m'empêcher de chercher à comprendre pourquoi j'étais accusé d'aimer les Sophie, bien m'en a pris puisque cela n'a rien à voir avec le prénom.
   En fait, il s'agit de se servir d'une réalité pour la déformer et aboutir à une absurdité difficile à réfuter, là je me retrouve effectivement. Cet art que j'ai appris à développer à l'extrême a donc un nom, ajoutant une qualité supplémentaire à mon panel, je suis maintenant officiellement un sophiste paresseux, à l'instar d'un monsieur Leibniz, chantre de l'optimisme dont je puis me revendiquer être l'un des héritiers, c'est donc un compliment qui m'a été fait.
   En ce qui concerne le sophisme paresseux, il s'agit de penser que ce qui doit arriver arrivera quoique l'on fasse, étant convaincu que notre destin est déjà écrit, je me retrouve dans cette vision de la vie. Je n'adhère pas cependant au terme de paresseux parce que je suis un grand optimiste et que j'essaie malgré tout d'influer sur les évènements qui m'arrivent, bons ou mauvais. J'ai cependant un côté fataliste qui me pousse à penser qu'il ne nous arrive que ce qui doit nous arriver, je suis donc bel et bien un sophiste paresseux, et voilà que je fais du sophisme en essayant de m'en dédouaner. Je comprends enfin pourquoi je n'ai jamais aimé la philosophie (encore une Sophie, décidément, elles sont partout), elle ne fait qu'expliquer ce qui ne peut l'être et entraîne une incompréhension totale des évènements, quels qu'ils soient, ou pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué. Je  suis par trop terre à terre pour apprécier ce mode de pensée, brasser de l'air pour en tirer de grandes conclusions ressemble à la politique moderne, une tentative de tuer la réalité par des écrits incompréhensibles, et c'est moi le sophiste !!!
   Mais je reste un incorrigible optimiste qui pense que demain sera toujours meilleur, puisque nous ne pouvons savoir ce qui arrivera, le pire ne peut être que derrière nous, sinon nous cesserions d'avancer et l'immobilisme est une forme cachée de recul. Mon sophisme n'est donc pas totalement paresseux, il ne consiste qu'à aider le destin à s'accomplir afin de continuer à évoluer, en bien ou en mal, mais évoluer.
   Et là, la lumière se fait jour éclairant mon esprit embrumé, je ne suis pas une exception, au contraire, nous sommes entourés de sophistes patentés. Nos dirigeants ne font rien pour enrayer le cours des évènements, ils réagissent au coup par coup, comme pour l'actuelle pandémie, en cherchant juste à s'adapter du mieux qu'ils le peuvent pour sauver non pas le peuple mais juste les apparences. Alors tout à coup, ce que je prenais pour un compliment et une qualité devient presque insultant, je ne serais qu'un homme politique déguisé en révolutionnaire, ne faisant que confirmer la définition du terme.
   Partant d'une dénomination vraie, le sophisme, j'en arrive à une conclusion si absurde qu'elle ne peut plus être réfutée, en acceptant l'appellation de sophiste je me contrains moi-même à devenir un candidat à l'élection présidentielle, mais est-ce si absurde que ça, finalement !

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