dimanche 5 avril 2020

Réclusion.

   En cette période de confinement contraint par une simple maladie dont, finalement, personne ne sait rien, vu que chacun y va de sa version, c'est juste un gigantesque capharnaüm. Nous sommes tous en réclusion, condamnés sans avoir fauté à l'enfermement. Les seuls véritables responsables ayant tout loisir de se déplacer grâce à leurs fonctions, il n'est que les travailleurs qui peuvent sortir de chez eux, même si cela comporte des risques, nous allons finir par leur envier leurs situations.
   Il n'est qu'à voir les réseaux sociaux, au début tout le monde y allait de sa version, ensuite ce fut les soutiens aux travailleuses et travailleurs du monde médical, aux commerçants, aux routiers, j'en passe et des meilleures. Aujourd'hui, après vingt jours de confinement, chacun ne parle plus que de soi-même et des problèmes que cause cet emprisonnement, plus quelques voix qui s'élèvent encore contre les responsables de la propagation de l'épidémie, les résistants qui continuent de sortir régulièrement pour ne pas devenir neurasthéniques.
   C'est pourtant une des solutions pour enrayer la spirale infernale dans laquelle nous nous trouvons, apprendre à vivre ensemble dans le respect des autres, l'essentiel de ces résistants sont des personnes âgées qui ne verraient personne de la journée sans sortir. Ils sont les victimes les plus sensibles à la maladie mais semblent préférer mourir de ça que d'ennui, ou d'abandon, ils rencontrent d'autres passants avec qui ils peuvent échanger tout en gardant les distances nécessaires.
   Ne serait-ce pas la solution du problème, devenir respectueux des autres par cette éducation qui nous fait tant défaut, déjà les parents de jeunes enfants prennent conscience de n'avoir jamais éduqué leurs propres enfants, en laissant le soin aux institutrices et instituteurs, aux nourrices et autres. Il ne leur reste plus qu'à se rééduquer eux-même par l'éducation de leurs progénitures. Ils ne sont pas les seuls, loin s'en faut, puisque tous nous prenons des leçons de savoir vivre, en commençant par l'hygiène, combien d'entre nous avaient perdu l'habitude de simplement se laver les mains ?
   Dans les rues, dans les commerces, les gens recommencent à communiquer, à se saluer, il en est beaucoup qui découvrent qu'ils ont des voisins qui sont aimables, pour peu que l'on prenne un peu de temps pour parler et là, force est de reconnaître que nous avons du temps, beaucoup de temps. Tous nous prenons conscience que nous avions cessé de vivre vraiment pour servir ce système économique inhumain, que l'air est de nouveau respirable lorsque l'on utilise pas sa voiture, que le chant des oiseaux nous éveille le matin plutôt que le vrombissement des moteurs.
   Alors, finalement, cette réclusion n'est qu'une simple leçon de savoir vivre ensemble, de redécouverte d'une nature que nous sommes en train de détruire, de rires d'enfants qui, seuls, couvrent le chant des oiseaux, des odeurs des fleurs qui se répandent à nouveau enchantent nos narines et les insectes butineurs peuvent reprendre leurs droits, couvrant l'environnement de fleurs plus nombreuses.
   Il suffisait de nous redonner peur de la mort pour nous rappeler que nous sommes vivants...et en bonne santé, on ne peut que crier "merci au virus" et vive la réclusion.

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