dimanche 22 mars 2020

Quel monde merveilleux.

   Inspiré par la chanson de Louis Armstrong, j'erre sans but mais en jouissant des beautés de ce monde qui ne part en décrépitude que pour les humains, à peine sommes nous enfermés que la nature prouve sa capacité à guérir de notre nuisible présence rapidement. Notre seul acte volontaire d'arrêter d'utiliser des produits toxiques aux plantes et aux animaux dans les villes aurait pu nous ouvrir les yeux. Mais nul ne sait plus regarder autrement que par l'image, les gens ne s'extasient plus que par photos ou vidéos interposées, elles restent les seules preuves visibles de la nature aux yeux des aveugles que nous sommes devenus. Il m'a fallu la remarque d'une petite fille pour en prendre conscience, nous observions les chauve-souris et avons essayé de les prendre en photo, peine perdue bien évidemment. Là, cette innocente jeune fille m'a dit que ses amis ne la croiraient pas par manque de preuves, provoquant mon éveil à cette incapacité actuelle de croire ce que l'on ne voit pas, adultes compris. 
   Alors j'ai été attentif à nouveau aux surprises que nous réserve la nature, gardant l'essentiel de mes photos que pour mon propre souvenir, en montrant quelques unes pour que les aveugles retrouvent la vue. Mais l'essentiel de mes regards n'ont pas été photographiés autrement que par mes yeux, égoïstement peut-être mais les images n'eussent pas été assez parlantes. De toute façon il n'est que les plantes qui, dans leur immobilité, acceptent de prendre la pose, les animaux refusent d'être immortalisés devenus méfiants à la moindre présence de l'homme, ils se savent mortels et refusent de croire en une quelconque immortalité, fut elle photographique. Seul l'animal le plus idiot se croit au-dessus des lois naturelles et il s'agit de l'humain bien sûr, il est d'ailleurs le seul à prendre la pose n'hésitant pas à s'auto-photographier pour avoir des preuves de sa présence.
   Pendant ce temps il ne profite pas de ce qui l'entoure, il regardera ce qu'il a vu sur ces images qu'il ramène, tel un trésor, de ses explorations. La réalité ne saurait être que figée dans cette immobilité, refusant de voir plus loin que ces clichés garants de sa présence en tel ou tel lieu. 
   Prenant le contrepied de cette mode maladive, je suis sorti des sentiers battus de l'humanité en ne faisant plus qu'ouvrir les yeux devant cette perfection qu'est la nature, quitte à passer pour contre nature en cessant de lutter contre la nature. Je me suis intégré en toute humilité au sein de ces merveilles qui nous entourent, elle m'en remercie à chaque coup d'œil émerveillé que je lui porte. Les fleurs m'enivrent autant par leurs parfums que par leur si fragile beauté, les insectes toujours plus nombreux ne se cachent plus à mes regards, certains même semblent s'exhiber volontairement et les animaux ne craignent plus ma présence. Je peux emplir mes yeux de ces magnifiques créations de la nature jusqu'à l'ivresse déclenchée par la pureté retrouvée de l'air, grâce à ce confinement que nous nous imposons par notre incurie.
   Il faut bien en faire le constat, moins nous sommes présents plus le monde est merveilleux, si nous continuons à nous suicider à un rythme forcené la terre renaîtra très vite et mieux. Nous n'avons plus le choix, soit nous nous intégrons naturellement à cette vie, soit nous disparaitrons définitivement. Seule une humilité retrouvée pourra nous permettre de garder notre place au sein de ce monde, sinon il risque bel et bien de provoquer notre extinction avant qu'il ne soit trop tard, s'il n'est pas déjà trop tard. Mais sommes nous encore capables de retrouver l'innocence de nos si lointains parents, accepterons nous de régresser pour enfin progresser, rien n'est moins sûr.

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